Liban
L'autre visage du
complot
Soraya Hélou
Samedi 2 juin 2012
Brusquement, alors que le Liban était en
train de s’embraser au Nord et même à
Beyrouth et que, il faut hélas le dire,
la scène sunnite était en ébullition,
l’actualité s’est brusquement transposée
sur la scène chiite et dans la banlieue
sud de la capitale, avec l’enlèvement de
onze pèlerins près d’Alep en Syrie. Tous
les yeux étaient aussitôt fixés sur la
réaction de ce qu’on appelle la rue
chiite pour voir dans quelle mesure elle
allait manifester violemment sa colère
devant une nouvelle aussi grave. Le
paysage libanais aurait ainsi été au
bord de la guerre interne: une scène
sunnite embrasée et une scène chiite en
colère, face à une armée neutralisée par
la campagne menée récemment contre elle
et la considérant comme confessionnelle.
Avec ce tableau, on comprend mieux
l’objectif initial de l’enlèvement des
onze pèlerins en Syrie. Quelle que soit
la partie qui a agi –et à ce sujet, il
faut rappeler que désormais hélas, les
officines sont multiples au sein de
l’opposition syrienne, et si elles ont
chacune des revendications propres,
elles relèvent toutes des mêmes
protecteurs dans le Golfe et en Turquie.
L’idée était donc de pousser le Liban
vers la fameuse discorde entre sunnites
et chiites qui aurait discrédité le
Hezbollah, mais aussi privé le régime
syrien d’un de ses principaux appuis
libanais, tout en livrant la scène
libanaise au chaos. Les habitants ont
d’ailleurs commencé par descendre dans
la rue avant d’être vivement rappelés à
l’ordre par les commandements d’Amal et
du Hezbollah qui ont vite saisi la
gravité de la situation et l’ampleur du
complot visant le pays dans toutes ses
composantes. Quelle que soit la douleur
des familles des onze pèlerins enlevés,
il fallait d’abord tenir compte de
l’intérêt général du pays et de l’axe de
la résistance dans son ensemble. Grâce
au respect et à l’aura des dirigeants de
la communauté, celle-ci s’est rapidement
retirée de la rue, acceptant de
canaliser sa colère et de se conformer
aux directives de la retenue, en
attendant les bonnes nouvelles annoncées
par sayed Nasrallah. Une fois de plus,
le complot est de nouveau intervenu,
lorsque ceux qui les fomentent ont
compris que la rue obéit à la voix de la
raison que représentent les
commandements d’Amal et du Hezbollah et
que sayed Nasrallah pourrait sortir
encore grandi par la libération rapide
des onze pèlerins.
Celle-ci a donc été compromise dans une
sorte de cafouillage généralisé, dans le
but de pousser une nouvelle fois la rue
chiite à se rebeller contre les
instructions de sayed Hassan et du
président Berry qui auraient été au
moins discrédités parce qu’incapables de
tenir leur promesse de libération
rapide.
Avec recul, la clarté du complot est
évidente et toutes les déclarations de
cheikhs plus ou moins inconnus ainsi que
les listes sans fin de revendications
n’y changeront rien. A peine une
manœuvre est-elle déjouée qu’une
nouvelle phase du complot visant la
résistance et son axe dans la région,
pointe-t-elle son nez de nouveau. Ceux
qui se tiennent derrière ce projet ne
désarment pas et ne renoncent pas et
dans ce contexte, l’enlèvement des
pèlerins n’est qu’un nouvel épisode,
qui, avec la sagesse des familles des
pèlerins et de l’ensemble des partisans
de la résistance a été déjouée. En dépit
de l’espoir toujours présent car humain,
les familles des pèlerins ont compris
que l’affaire dépasse le cadre
strictement humain et est devenue un
enjeu politique visant l’axe de la
résistance. Les négociations peuvent
être longues, mais en définitive, seules
la détermination du camp de la
résistance et la cohésion de ses
partisans parviendra à obtenir leur
libération dans la dignité. Il n’y aura
donc pas de bazar, mais une liberté
conquise en déjouant tous les complots
visant le Liban, la Syrie et tous les
pays qui s’opposent au plan diabolique
israélo-américain.
Source: moqawama.org
Le sommaire de Soraya Hélou
Le dossier
Liban
Les dernières mises à jour
|