GUANTANAMO À LA FRANÇAISE
Adlène Hicheur en
détention provisoire depuis près
de deux ans clame son innocence
Mercredi 29 juin 2011
Aujourd’hui, 29 juin
2011, jour de l’annonce de la
libération des deux journalistes de
FR3 retenus en otage en Afghanistan,
c’est aussi le 629ieme jour de
détention provisoire pour notre
collègue le chercheur Adlène Hicheur
qui, pour avoir surfé sur des sites
internet dits "islamistes", est
incarcéré depuis plus de 20 mois à
la maison d’arrêt de Fresnes sans
qu’aucun élément matériel concret ne
vienne justifier sa détention. Les
fonctionnaires du ministère de la
justice ont plusieurs fois été
alertés sur cette détention abusive
mais, contre toute évidence,
persistent à répondre que les droits
de M.Hicheur sont respectés. Ni les
élus UMP, ni les élus PS n’ont donné
suite à nos courriers, préférant
ignorer les conséquences de lois
qu’ils ont votées et qui permettent
d’emprisonner pour deux ans des gens
sur la base de simples soupçons.
Quelques informations récentes sur
l’affaire Adlène Hicheur, ce physicien
du CERN employé par l’EPFL de Lausanne
et maintenu en détention provisoire
depuis près de deux ans.
-
Adlène a fait appel a un nouvel avocat,
Maître Patrick Baudoin, président
honoraire de la Ligue des droits de
l’homme et avocat réputé qui a défendu
de nombreux « islamistes présumés » et
s’est opposé au juge Jean-Louis
Bruguières à plusieurs reprises par le
passé. Lors de ma visite à Paris le 31
mai j’ai pu m’entretenir avec Maître
Baudoin qui m’a dit avoir rarement vu
une détention provisoire aussi longue
pour un dossier presque totalement vide
d’éléments matériels convainquants.
-
Maître Baudoin m’a fait passer un
rapport de la FIDH datant de 1999 sur
les nombreux problèmes soulevés par
notre législation antiterroriste :
France : la porte ouverte à l’arbitraire,
rapport de la FIDH, janvier 1999. Il est
troublant de constater que de nombreux
abus dénoncés dans ce rapport vieux de
plus de dix ans correspondent exactement
à ce que vit M. Hicheur en particulier
en ce qui concerne le refus systématique
des demandes de mise en liberté et
l’absence de motivations claires pour le
maintien en détention, mais bien d'
autres également. Le rapport dénonce le
caractère flou et imprécis de la loi et
l’utilisation qu’en font les juges. il
est très instructif.
- La
chambre de l’instruction se réunissait
le 7 juin pour statuer sur le
renouvellement de 4 mois du mandat de
dépôt de M. Hicheur. Sans doute pour
montrer qu’il y avait un peu d activité
et éviter une remise en liberté, le juge
d’instruction a donc programmé une
audition de M.Hicheur pour le 7 juillet
(il y en a environ une tous les 4 mois)
et il a promis de clore l’instruction en
septembre : comme la loi lui donne 24
mois pour clore le dossier et que celui
ci doit donc être clos pour le 8
octobre, on voit qu il n’a pas fait un
gros effort. Lors d’une visite le 31
mai, Maître Baudoin m’avait d’ailleurs
confié qu’en raison de l’audition
programmée devant le juge d’instruction
début juillet, et compte tenu de la
clôture de l’instruction en septembre,
il serait très difficile de faire lever
la détention provisoire bien qu’elle
soit à ses yeux totalement injustifiée.
-
Compte rendu de l’audition du 7 juin :
" Malgré les arguments
développés, Monsieur MATON, magistrat,
qui avait déjà précédemment statué, et
dont la décision était manifestement
rendue d’avance, a refusé la mise en
liberté sous contrôle judiciaire
sollicitée. Il va de soi qu’appel de son
ordonnance va être interjeté dès ce
jour. On ose espérer que la Chambre de
l’Instruction se montrera cette fois
plus attentive aux éléments qui lui
seront présentés pour démontrer le
caractère injustifié d’un aussi long
maintien en détention."
-
Hier mardi 29 juin, la chambre de
l’instruction, qui s’était réunie
vendredi, a rendu son verdict sur
l’appel suite à la prolongation de 4
mois du mandat de dépôt d’Adlène. Elle
a, comme on pouvait hélas s’y attendre,
confirmé le maintien en détention malgré
le travail des deux avocats d’Adlène.
-
J’ai tenté d’alerter, au nom du comité
de soutien, de nombreux politiques, sans
beaucoup de succès. Au PS, le seul qui
m’aie pour l’instant répondu, assez
sèchement je dois dire, est M. le
sénateur Robert Badinter :
"Cher Monsieur,
n’exerçant plus la profession d’avocat
depuis trente ans, je n’interviens
jamais, sous quelque forme que ce soit,
dans le cadre de procédures judiciaires
en cours.
Bien cordialement
RB"
Je
croyais pourtant l’avoir vu toute une
soirée sur A2 plaider pour protester
contre le traitement infligé à M. DSK,
et en particulier les trois jours de
détention provisoire qu’il a dû subir.
J’ai dû rêver...
- La
Société française de physique était
intervenue auprès du ministère en avril.
Le professeur G. Panczer nous a transmis
la
réponse du ministère de la justice à
la
lettre que lui avait envoyée la
Commission Droits de
l’Homme et Questions Ethiques de la
Société Française de Physique. On note
que cette réponse est la même, à la
virgule près, que
celle que le comité avait reçue en
février 2011 du ministère de la
justice. Les seuls éléments présentés
sont que les droits de M. Hicheur sont
respectés…
Tout va très bien, madame la marquise...
Jean-Pierre Lees,
Président du
Comité international de soutien à Adlène
Hicheur
29 juin 2011
Le dossier Adlène Hicheur
Les interviews et analyses de Silvia
Cattori
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