Mardi 1er septembre 2009
Entendre Sami El Haj c’est prêter l’oreille à ces millions
d’Arabes et de musulmans anonymes qui, après les attentats du 11
septembre 2001, se sont trouvés arbitrairement associés au « terrorisme »,
jetés dans l’horreur par des guerres mensongères,
injustifiables, absurdes. Il est temps que des voix s’élèvent
pour demander que cesse cette barbarie qui a déjà dévasté la vie
de tant d’Irakiens, d’Afghans et de Pakistanais.
Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, Sami El Haj, est
ce journaliste et cameraman soudanais travaillant pour
Al Jazeera qui, après avoir été arrêté au
Pakistan, a été emprisonné durant près de sept ans sous
l’accusation fallacieuse d’« ennemi combattant » [1].
Soumis à des traitements inhumains et dégradants par les
tortionnaires du Pentagone, dans ces bases militaires échappant
à toute forme de droit comme Bagram, Kandahar et Guantánamo,
libéré, en mai 2008, sans la moindre excuse de la part de ses
bourreaux, il a été reçu en héros dans les pays arabes.
« Les souffrances que j’ai endurées à Guantánamo
m’ont permis de comprendre combien l’action et l’information en
faveur des droits humains est importante pour garantir à tous
les hommes, où qu’ils se trouvent, la protection et la dignité »,
disait-il alors.
Cinq mois après son retour à
la vie normale, un des vœux les plus profonds de Sami El Haj
s’est réalisé. Chargé de collecter des informations sur les
violations des droits de l’Homme et de les distribuer aux
différentes agences du réseau d’Al Jazeera,
il dirige depuis novembre 2008, à Doha, au Qatar, le « Centre
des libertés et des droits humains » [2].
Il ne marche plus en
claudiquant comme au moment de sa libération. Il fait plaisir à
voir. Toutefois, sous son apparente sérénité, nul ne peut jamais
oublier par où il a passé. Et que les terribles épreuves
endurées à Guantánamo sont la ligne de partage qui le sépare
désormais du commun des mortels.
Il s’est assis en bout de
table. Ingénu, timide, réfléchi, il ne parle pas de la douleur
de vivre qui est sienne. Mais de ses actions et projets. Mû par
de nobles buts, il en parle avec une douceur et une gravité
empreintes de foi. Se consacrer entièrement à la promotion du
respect des Droits humains et des libertés publiques,
réconcilier ce monde divisé, accomplir ce qu’il voit aujourd’hui
comme sa mission, est devenu sa raison d’exister.
Mes questions sont
maladroites, hésitantes. C’est un être infiniment blessé qui est
là, face à vous. Un être d’exception par sa stature morale. Les
images de Guantánamo s’interposent ; on ne peut s’empêcher de le
voir encore en cage, chaînes aux pieds, dans l’accoutrement
orange du prisonnier. Il doit faire effort pour parler de la
souffrance qu’il porte dans sa chair. On se demande comment il a
pu supporter tant d’horreur ! Torturé, en grève de la faim
durant une année, il n’était jamais appelé que par son numéro
matricule 345. Comment n’est-il pas devenu fou ? Dans quel état
serions-nous à sa place ? Mais il a la foi. Et en elle il trouve
cette paix qui satisfait sa conscience.
Toutefois, même libre, il
demeure intérieurement captif. Tant qu’il y a des tortionnaires
qui continuent à pratiquer des traitements dégradants et
humiliants sur des frères et sœurs, il ne peut pas se sentir
libre. Il vit avec eux, il souffre avec eux, il pleure avec eux,
il prie pour eux.
On ne sent pas chez lui la
moindre haine. Seules une dignité et une bonté particulières
semblent l’habiter. Oui, ils ont fait l’innommable. Il y pense
tout le temps. Mais, quoi qu’il en soit, dit-il, ceux qui l’ont
si violemment meurtri n’étaient que des exécutants. Les vrais
coupables sont les gouvernements. Il n’a pas perdu l’espoir
qu’ils soient, demain, jugés par leurs peuples. Celui qui
n’entend pas la voix de la conscience, la voix du remord, est à
plaindre, pense-t-il. Sami croit que ceux qui donnent le bon
exemple sont le salut. Il éprouve une pitié fraternelle pour
tous ceux qui ont failli. Il appelle le monde à accepter et à
comprendre l’autre ; y compris dans ses croyances.
Son histoire est terrible.
Elle ressemble malheureusement à celle de dizaines de milliers
d’autres hommes suspectés sans raison de terrorisme, et dont
l’Occident a nié les droits et la dignité. Les propos qui
suivent ont été recueillis à l’occasion d’une rencontre à
Genève, le 29 juillet 2009, lorsque Sami El Haj nous a annoncé
la création du « Guantánamo Justice Centre »
dont nous avons rendu compte dans un précédent article [3].
Sami El Haj
Silvia Cattori :
A votre sortie de
prison, en mai 2008, vous disiez que, si l’administration Bush
fermait la prison de Guantánamo et reconnaissait ses abus, vous
étiez prêt à pardonner le mal subi. Mais que, si elle continuait
à faire du mal, vous alliez vous adresser à un tribunal, engager
une action contre elle [4].
Que pensez-vous aujourd’hui ?
Sami El Haj :
En ce qui me concerne – et je ne parle qu’en mon nom - s’ils
disaient : « Nous sommes désolés, nous avons fait des erreurs »,
j’en resterais là. Mais d’autres, qui ont été bien plus
gravement atteints que moi, je doute qu’ils puissent passer
outre. Chacun éprouve le besoin de s’assurer que ces abus ne se
répètent plus.
Guantánamo est une injustice
qui concerne tous les États. 229 détenus continuent de souffrir
à Guantánamo malgré le fait qu’il y a des pays qui sont d’accord
d’en accueillir.
Il y a, par exemple, le cas
de quatre Palestiniens auxquels Israël refuse l’entrée en
Palestine mais que le Venezuela attend. J’ai parlé avec le
Président Hugo Chavez ; il m’a dit « Je suis prêt à les
recevoir » mais le porte parole du ministère des affaires
étrangères des États-Unis a refusé de les laisser aller au
Venezuela. Nous devons donc chercher pour eux d’autres pays
d’accueil.
Il y a également de nombreux
détenus yéménites qui attendent que leur pays les autorise à
rentrer chez eux. Mais il y a une mésentente entre le Yémen et
les États-Unis. Le gouvernement du Yémen demande à ces derniers
de financer le camp qui devrait accueillir les prisonniers
libérés. Mais les États-Unis ne sont pas prêts à débourser les
sommes demandées. Et des pays voisins comme l’Arabie saoudite
voient d’un mauvais œil la sortie de ces détenus car ils
craignent qu’ils aillent demain combattre chez eux.
Les États-Unis ont dépensé
plus de 225 milliards de dollars pour faire la guerre en
Afghanistan. Mais ils ne donnent ni argent ni aucun
accompagnement aux anciens prisonniers pour leur réinsertion.
Nous savons bien que Guantánamo est un problème qu’ils ont créé
et qu’il leur incombe de régler. Mais en même temps, si nous
n’agissons pas, ce sont encore les victimes de cette situation
qui en payeront les conséquences.
Je suis allé rendre visite à
beaucoup d’anciens détenus de Guantánamo dans nombre de pays.
Ils font face à d’énormes difficultés. A leur sortie, sans
argent pour se réinsérer dans la société, les anciens
prisonniers ont besoin d’aide. Ils sont malades, brisés
psychiquement. Ils n’ont jamais eu droit à être soignés. Ils ont
un besoin urgent de soins et de soutien psychologique. C’est
pourquoi nous avons créé le « Guantánamo Justice
Centre » pour répondre à ces difficultés [5].
J’ai cent histoires pénibles
à raconter. J’ai visité récemment des détenus que les autorités
du Nigeria ont fait emprisonner dès leur retour. En Tunisie,
deux anciens prisonniers de Guantanamo sont dans la même
situation, condamnés à 12 ans de réclusion. Le prisonnier
marocain Saïd Boujaadia qui a quitté Guantánamo par le même
avion que moi en mai 2008, a été condamné à 10 ans
d’emprisonnement dès son retour au Maroc.
Silvia Cattori :
Quand leurs
tortionnaires promettent à ces gens la liberté, une vie facile
et un salaire s’ils acceptent de travailler comme agents
doubles, certains n’ont-ils pas d’autre choix que de se plier ?
Sami El Haj :
Les officiers militaires à Guantánamo cherchent toujours à
amener les détenus à devenir des espions. Mais je ne crois pas
qu’ils y réussissent. Je doute qu’ils ne puissent jamais y
arriver. Demander à un prisonnier de devenir espions contre
qui ? S’il espionnait son pays, il se mettrait en danger. Ces
gens qu’ils ont enfermés à Guantánamo ont la foi en l’Islam, une
religion qui a des principes, qui n’admet pas que l’on puisse
devenir un espion et agir contre son propre pays. C’est
contraire à l’Islam de trahir d’autres gens. Mais, comme vous le
pressentez, ils poussent les captifs à la trahison en exploitant
leur vulnérabilité. Ils disent : « Si vous collaborez avec nous,
nous allons vous aider financièrement, etc. »
Silvia Cattori :
Avez-vous des
nouvelles de Khalid Sheikh Mohammed [6] ?
On a fait état de tortures particulièrement cruelles qui
l’auraient conduit à s’attribuer quantité de crimes qu’il
n’aurait pas commis ?
Sami El Haj :
Nous n’avions aucun contact avec Khalid Sheikh Mohammed, car il
était maintenu dans un lieu secret. Il est toujours soumis à
l’isolement et nous sommes sans nouvelles de lui. Des officiers
ont reconnu l’avoir torturé.
Nous pensons que chaque être
humain a des droits. Même ceux qui sont soupçonnés d’avoir
commis des fautes. Et même s’ils sont coupables, ils n’auraient
jamais dû subir des tortures. Khalid Sheikh aurait dû avoir
droit à un procès devant un Tribunal civil dans les règles du
droit. Et aussi la possibilité d’avoir recours à un avocat.
Toute personne doit avoir ce droit ; et, si elle est condamnée
par un Tribunal, elle est supposée être enfermée dans une prison
normale, sans être soumise à des tortures.
En ce moment, à Guantánamo,
il y a encore 41 détenus qui sont en grève de la faim. Certains
d’entre eux sont déjà en grève de la faim depuis quatre années.
Ce qui veut dire que les soldats US les nourrissent de force,
par un tuyau qu’ils passent par le nez. C’est quelque chose de
très douloureux. C’est de la torture.
Silvia Cattori :
Croyez-vous que
Barack Obama n’est pas au courant que les abus n’ont jamais
cessé depuis son élection ?
Sami El Haj :
Bien sûr qu’il est au courant. C’est le président des
Etats-Unis. Il est parfaitement informé. Comment pourrait-il
ignorer ce qui se passe ? S’il veut visiter Guantánamo ce n’est
pas difficile pour lui d’aller voir sur place.
En juin, je lui ai écrit une
lettre pour lui demander de tenir sa promesse de libérer tous
les prisonniers de Guantánamo. Je souhaite qu’il ait pris
connaissance de cette lettre. Punir, emprisonner des gens sans
aucune charge, sous prétexte que cela sert la « sécurité
du monde », c’est cela l’humanité ? Si l’on a des choses à
reprocher à des gens il faut les traduire devant un tribunal.
Mais les enfermer durant des années sans jugement, sans que rien
ne le justifie, c’est de la torture.
Silvia Cattori :
Quand vous avez été
kidnappé au Pakistan, en 2001, vous vouliez aller filmer les
régions afghanes où les bombardements frappaient des civils.
N’est-il pas douloureux pour vous d’être si éloigné de ces
peuples plongés dans la souffrance que vous connaissez et aimez
et que les soldats de l’OTAN continuent de martyriser dans
l’indifférence de l’opinion occidentale ?
Sami El Haj :
Je suis actuellement totalement engagé à défendre les Droits
humains au sein d’Al Jazeera, à Doha. Mes
activités ne me permettent plus de me rendre en Afghanistan. Je
sais que, pour moi, voyager dans ces pays, sous occupation
militaire, ce n’est pas dépourvu de risque. Al
Jazeera a des correspondants sur place qui continuent de
nous renseigner. Je peux suivre ce qui s’y passe. Bien sûr, si,
demain, on interdisait aux journalistes l’accès à ces régions,
je me sentirais encore plus éloigné.
Silvia Cattori :
Nous vous
remercions.
Au moment de prendre congé,
Sami El Haj m’a annoncé avec une grande gentillesse : « J’ai un
cadeau pour vous ». J’ai pris les deux livres qu’il m’offrait.
Je les ai ouverts avec reconnaissance. Je savais qu’il me
donnait là sa confiance, qu’il savait que je ne trahirais pas
ses paroles. Cela m’a profondément touchée. Il s’est levé et
s’en est allé poursuivre sa mission. Tout en sachant que la
tâche est immense, que Guantánamo n’est que l’arbre qui cache la
forêt.
Combien d’Arabes et de
musulmans, dépourvus de toute dangerosité, respectueux de leur
prochain, n’ont-ils pas été, comme lui, injustement kidnappés,
encagoulés, brutalisés, empaquetés dans des sacs en plastique,
transférés dans des centres de torture, entassés comme des
bestiaux dans des camions où ils sont morts étouffés [7],
et cela uniquement parce qu’il fallait fabriquer des terroristes
pour justifier des guerres qui reposaient sur des mensonges ?
Pourquoi en est-on arrivé
là ? Il n’y avait pas de menace islamique ; il n’y avait aucune
raison d’engager des troupes en Irak ou en Afghanistan. De
commettre ces monstruosités sous prétexte qu’elles protégeaient
notre sécurité (en quoi les Talibans, les peuples afghans,
irakiens, ou pakistanais menaçaient-ils notre sécurité ?). Ces
guerres atroces sont toutes perdues d’avance, car les peuples
qu’elles humilient n’ont d’autre choix que de résister. Tout
cela n’est pas acceptable !
Tuer des civils est un crime.
Soumettre des hommes, fussent-ils coupables, à des traitements
dégradants, qui ne respectent pas l’intégrité de la personne est
un crime. La plupart des journalistes de nos principaux médias,
n’ont bien évidemment jamais rien expliqué, ni jamais dénoncé le
fait que ces hommes soient soumis à des traitements inhumains.
La justice c’est le respect
de l’homme, du faible. Au moment de son arrestation, Sami El Haj
se rendait précisément en Afghanistan couvrir la guerre de
l’OTAN qui faisait alors déjà des ravages parmi les civils. Il
était en empathie avec cette population que les bombes
écrasaient.
Nous sommes nombreux je crois
à être bouleversés par l’inhumanité et l’absence de compassion
de nombre de nos reporters. Par leur incapacité à se situer du
côté des victimes. Ils ont objectivement participé à la Croisade
insensée dans laquelle les Etats Unis ont embarqué l’Occident,
ceci bien avant le 11 septembre 2001. Ils ont, par leur lâcheté,
légitimé les mensonges [8]
présentés comme des « terroristes dangereux » des hommes, des
pères de familles, des résistants, que des occupants étrangers
continuent à massacrer sur une large échelle. Alors que les
vrais terroristes dangereux étaient, et continuent d’être, ces
soldatesques cruelles de l’OTAN qui vont semer la mort et la
misère en Afghanistan, ou au Pakistan, comme du reste les
troupes israéliennes au Liban et en Palestine.
Ces hommes que l’Occident
haït et piétine et jette dans des sortes de Goulags, sont des
gens qui ont une stature morale que nous n’avons plus. Ils sont
admirés dans le monde arabe et musulman. Et cette estime du
public, cette considération, cette identification avec les
victimes de l’injustice est une force avec laquelle, tôt ou
tard, l’Occident devra compter.
[1]
Le terme « combattant illégal », (« unlawful
combattant »), « combattant ennemi » est
un terme défini dans le PATRIOT ACT par le
gouvernement des États-Unis pour qualifier les prisonniers se
trouvant dans les centre de détention de Guantanamo et d’autres
centres de détention clandestins de la CIA ou du Pentagone.
Définir les prisonniers de « combattants
illégaux » permet aux États-Unis de ne pas leur appliquer la
Convention de Genève relative aux prisonniers de guerre.
[2]
Voir :
« Al
Jazeera Announces the Launch of the Public Liberties and Human
Rights Desk on its 12th Anniversary »,
Aljazeera.net, 2 novembre 2008.
« Les
détenus algériens étaient notre boussole à Guantanamo »,
par Fayçal Métaoui, Hassan Moali,
algeria-watch.org, 6 juillet 2009.
[3]
Voir : « Sami
El Haj fonde le Guantánamo Justice Centre »,
par Silvia Cattori, Réseau Voltaire, 30
juillet 2009.
[4]
Voir : « Sami
El Haj, journaliste d’Al-Jazeera, témoigne »,
par Silvia Cattori, Réseau Voltaire, 18
juillet 2008.
[5]
Voir note (3).
[6]
Il fallait un coupable. On l’accuse, sans preuve, d’être le
cerveau des attaques du 11 septembre. Selon Dick Marty, Khalid
Sheikh, a été secrètement transporté de Kaboul à Szymany en
Pologne en mars 2003 à bord d’un vol « délibérément camouflé au
moyen de plans de vol fictifs » . Et que l’ex-président polonais
A. Kwasniewski « connaissait et a approuvé » le rôle de la
Pologne dans les activités secrètes de détention de la CIA sur
son territoire. Khalid Sheikh, a été soumis à la technique
connue sous le nom de « sous-marin » (supplice de la baignoire)
plus de cent fois.
[7]
Voir : « Afghanistan :
Crimes sans châtiments ? », par
Annelise Arcq, archivessolidaires.org, 9
septembre 2002.
[8]
L’association des musulmans avec le terrorisme a été faite, dès
les années 90, par des journalistes liés, nous a-t-on dit, aux
services de renseignements, comme Guido Olimpio, en Italie,
Richard Labévière en France. Ces journalistes ont objectivement
préparé l’opinion occidentale à se méfier des musulmans.
Labévière a affirmé des contre vérités, dans son insistance à
associer dans des articles, livres, conférences, des hommes
aussi estimables que Youssef Nada au terrorisme, (et à travers
lui les Frères musulmans) à des attentats en Egypte. A l’origine
des fausses nouvelles répandues contre M. Nada et les Frères
musulmans il y avait le Mossad. Cette diabolisation contre les
Frères musulmans faisait partie de la stratégie de guerre
d’Israël contre ses voisins.
Voir à ce sujet :
« L’incroyable
histoire de Youssef Nada », par Silvia
Cattori, Mondialisation, 13 juin 2008.
Notice
concernant M. Olimpio, sur le
Site officiel de Youssef Nada.
Notice
concernant Richard Labévière, sur le
Site officiel de Youssef Nada.