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Opinion
La liberté
d'expression en France: une double
mesure
Sarah
Raad
Samedi 22 septembre
2012
« La liberté d'opinion et la liberté
de recevoir ou de communiquer des
informations ou des idées sans qu'il
puisse y avoir ingérence d'autorités
publiques et sans considération de
frontière », stipule l’article 10 de
la Convention européenne des Droits
de l’Homme.
La Déclaration des Droits de l’Homme
et du Citoyen garantit également la
liberté de l’expression, qui
regroupe la liberté de la presse, de
l’Internet, de la caricature mais
aussi de la manifestation.
Pas de
manifestations pacifiques à Paris !
Cette loi a été adoptée en France
depuis l’année 1789, mais une
violation flagrante l’a visée dans
la France d’aujourd’hui !
Conformément au souhait de Jean-Marc
Ayrault qui refuse de « laisser
venir dans notre pays des
conflits qui ne concernent pas la
France », le préfet Bernard Boucault
a signé un arrêté visant à interdire
un rassemblement pacifique déjà
autorisé officiellement devant la
Grande Mosquée de Paris.
Cette manifestation à Paris était
prévue pour protester contre le film
islamophobe américano-sioniste.
Cette mesure, rarissime, n'avait
jusqu'alors frappé que 5 des
quelques 2259 manifestations
revendicatives organisées à Paris
depuis le début de l'année.
Pire, si l'organisateur éconduit
persiste à maintenir son
rassemblement, il encourt « une
peine de six mois d'emprisonnement
et 7500 euros d'amende ».
L’un des organisateurs s’est
interrogé: « Le rassemblement était
autorisé, étant pacifique et
convenable aux mesures appliquées en
France. Mais ce même rassemblement a
été soudain interdit sans aucune
explication. Pourquoi ?! »
Car « toute manifestation qui vise à
troubler l'ordre public, à
provoquer, à attiser les esprits, à
semer la haine, ne sera pas
autorisée, et sera interdite »,
selon le ministre de l'Intérieur
Manuel Valls.
Une explication tellement illogique:
Comment accuser la proie et laisser
le prédateur ?! Comment exécuter la
victime et récompenser l’assassin ?!
Qui attise-t-elle les esprits et
sème-t-elle la haine, une
manifestation pacifique ou une
caricature provocante ?!
Liberté de l’expression ou
provocation à la haine ?
Le gouvernement Ayrault a accablé la
liberté de la manifestation pour
défendre celle de la caricature !
Au moment où le monde arabo-musulman
est en révolte contre le film
islamophobe US, l’hebdomadaire
satirique français Charlie Hebdo a
publié une nouvelle série de
caricatures du prophète Mohammad.
Sous prétexte de la liberté de
l’expression, Charb a publié des
dessins satiriques mettant en scène
le prophète Mohammad (S) -notamment
nu- dans des positions osées.
Une publication qui suscite la
colère, les critiques mais aussi les
soupçons...
Qualifiant les responsables de
Charlie Hebdo de « cons » et de «
masos », Daniel Cohn-Bendit, le
coprésident du groupe Verts au
Parlement européen, a indiqué qu’«
il ne faut pas me dire qu’il n’y pas
de limites dans la provocation. Ce
n’est pas vrai (...) ».
« Quand on est sur une poudrière, on
a le droit de réfléchir trente
secondes si on prend son allumette
et on l’allume », a martelé le
responsable écologiste, critiquant
notamment le timing de la parution
de ces caricatures.
Selon le Nouveau Parti
anticapitaliste, « avec cette
publication, "Charlie Hebdo" a
atteint son objectif : faire parler
de lui ».
« Mais, ce faisant, il participe à
cette agitation démagogique,
politique des tensions et de
diversion à laquelle les médias se
complaisent à donner la plus grande
publicité », a-t-il ajouté dans un
communiqué.
« A sa manière, "Charlie Hebdo"
participe à l’imbécillité
réactionnaire du "choc des
civilisations"», dénonce le parti
trotskiste, qui y voit « plus qu’une
maladresse ».
L’un de ses membres, Olivier
Besancenot, juge cette publication
de « non appropriée ».
Sur le même sujet, un analyste
économique a affirmé, sous le
couvert d’anonymat, qu’« à chaque
fois cet hebdomadaire vivait des
problèmes économiques, il publie de
telles caricatures pour attirer
l’attention ».
« C’était ainsi le cas l’année
dernière », a-t-il poursuivi.
Par ailleurs, la totalité des
exemplaires de l'hebdomadaire
satirique a été vendue le jour de sa
parution. « Les 75 000 exemplaire
tirés comme d'habitude ont été
vendus », a précisé Charb, qui a
reconnu au micro de RTL que ces
dessins « pouvaient faire polémique
».
Des kiosquiers du quartier de
Belleville à Paris ont rapporté que
des clients s'étaient précipités
dans les kiosques pour acheter et
détruire les exemplaires de Charlie
Hebdo contenant les caricatures en
question.
« Quand j'ai ouvert à 6 heures ce
matin, un homme attendait déjà là,
une liasse de billets à la main. Il
m'a demandé tous les exemplaires de
Charlie Hebdo, avant de me dire
qu'il comptait les détruire, ainsi
que tous ceux qu'il trouverait chez
les vendeurs de journaux du coin »,
a déclaré un kiosquier, qui avait
vendu tout son stock à 8 heures.
Contrairement à tous ces gens qui
trouvent dans ces caricatures une
atteinte à l’Islam, le ministre de
l’Education nationale, Vincent
Peillon, a prétendu qu’« on n’est
pas obligé de lire ce journal, ni de
l’acheter ».
« Il faut qu’il y ait dans une
société démocratique quelques
personnes qui n’aient pas à se
préoccuper des conséquences de
l’usage de la liberté d’expression
», a-t-il estimé.
« C’est la responsabilité du Premier
ministre et du ministre des Affaires
étrangères de protéger la vie d’un
certain nombre de Français », a-t-il
enfin lancé.
Les
ressortissants français: victime
oubliée
Ce haut responsable qui encourage
les actes irresponsables de Charlie
Hebdo a négligé que la sécurité,
même le sort, des milliers des
ressortissants français est en jeu.
Ces Français n’ont-ils pas le droit
de se déplacer et d’exercer leurs
travaux librement ? Ils n’ont
pas le droit de vivre en paix avec
leurs voisins dans les pays où ils
se trouvaient ?
Personne n’a pensé à ces pauvres
victimes du Charb !
« On en a ras-le-bol d’être sous
pression et de vivre dans la terreur
», s’agace une employée du lycée
français Pierre-Mendès France de
Tunis, qui préférerait « qu'on
arrête de se moquer de toutes les
religions ».
Et d’ajouter: « Je comprends la
liberté d’expression. Mais j’ai
l’impression que ce journal ne
mesure pas les conséquences de ses
actes. Il met en danger tout un pays
».
« Nos déplacements, nos affaires et
également nos relations avec nos
amis locaux... toute notre vie
quotidienne sera affectée à cause de
ces dessins satiriques non
respectables », a souligné pour sa
part un homme d’affaires basé au
Caire.
Bien que la majorité des Musulmans
défendent leur prophète d’une
manière civilisée et pacifique, il
s’agit toujours des exceptions... «
Souvent la foule trahit le peuple »,
comme le dit Victor Hugo.
La soi-disant « liberté de
l’expression » de Charlie Hebdo
mérite-elle tous ces sacrifices ?
N’est-il pas temps à Charb, et à
tous ses semblables, de réaliser que
« la liberté des uns s’arrête là où
commence celle des autres » ?!
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