Opinion
Les messages des
apparitions concordantes
de Nasrallah et d'Assad
Sami
Kleib
Lundi 5 août 2013
Israël surveille de très près tous les
mouvements syriens et iraniens, ainsi de
ceux du Hezbollah, surtout ceux liés au
transport d’armements sophistiqués de
Téhéran, à la Résistance, en passant par
Damas. D’autant plus qu’il n’a pu en
détruire qu’une très minime partie, et
qu’il est toujours incapable de détecter
les dépôts de la majeure partie d’entre
eux, et leurs voies d’acheminement.
Assad et Nasrallah dans le
collimateur
Depuis, grâce aux forces de l’Otan,
le régime sioniste poursuit ses
opérations de surveillance à l’aide
d’appareils super sophistiquées.
Ces deux dernières années, ces
opérations visent particulièrement les
déplacements du président syrien Bachar
el-Assad et ceux du secrétaire général
du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah.
Des informations sécuritaires
révèlent que non seulement les armes qui
préoccupent Israël sont d’ores et déjà
entre les mains du Hezbollah. Mais
d’autres armes bien plus importantes le
seraient aussi, et pourraient infliger
de lourdes pertes à Israël, s’il ose une
aventure militaire.
Hezbollah de la défensive à
l'offensive
Dans
les milieux de décision syriens à Damas,
on entend souvent dire : « nous
allons riposter avec virulence à Israël
s’il nous agresse de nouveau. Nous
n’avons plus rien à perdre après que la
guerre a détruit beaucoup chez nous, et
que l’activité économique a été
interrompue. Quant à lui (Israël) , il
ne supportera pas des missiles s’abbatent
chez lui et que ses activités dans
plusieurs régions soient détruites, ni
la destruction ciblée de son
infrastructure ».
Sayed Nasrallah est parfaitement
conscient qu’il est dans la ligne de
mire d’Israël. Il l’est depuis qu’il a
réalisé plus d’une victoire contre son
armée. Son apparition devant ses
partisans n’a rien « d’une aventure »,
surtout qu’il sait très bien que si
Israël dépasse les bornes la prochaine
fois, la terre s’enflammera sous ses
pieds.
Ce n’est certes pas par hasard qu’il
a dit depuis un laps de temps que la
résistance pénètrera en Palestine, et
qu’il a réitéré depuis deux jours la
volonté de déraciner Israël.
Pourquoi la spécificité
chiite
Ce
n’est pas par pur hasard non plus que
Sayed Nasrallah a mis en exergue la
spécificité chiite, au risque que cela
puisse gêner certains de ses partisans,
habitués au fait qu’il est le maitre
arabe, et non pas chiite seulement. Mais
ses déclarations recouvrent une
importance primordiale du point de vue
de l’analyse commune
irano-syro-Hezbollah.
Son éminence a tenu ses propos alors
que les Américains se promènent dans la
région pour faire passer un deal étrange
entre les Palestiniens et les
israéliens.
Il n’y a rien de mal qu’ils aient
torpillé le rôle européen en Egypte pour
y dépêcher leurs émissaires et profiter
de la crise actuelle qui a entre autre
détruit les tunnels de Gaza et assiégé
le Hamas. Ils étaient conscients que ce
dernier était sur le point de perdre son
poids militaire et financier qui lui
était fourni par l’Iran, la Syrie et le
Hezbollah. Mais ils ont été surpris de
voir Téhéran rouvrir ses portes devant
certains de ses dirigeants, par souci de
préserver la résistance.
Rien sans la Résistance
En
se focalisant sur la Palestine, Sayed
Nasrallah a voulu dans son discours
prononcé lors de la journée mondiale
d’al-Quds assurer qu’aucun règlement ne
peut passer sans les chiites,
c’est-à-dire sans l’axe de la
Résistance.
Ces propos insinuaient qu’en dépit de
toutes tentatives d’amplification et
d’exaspération des tensions
confessionnelles entre Chiites et
Sunnites, rien ne changera la direction
de la boussole fixée sur la Palestine.
Sayed Nasrallah s’adressait aux
Américains et à leur base avancée dans
la région, Israël. Il suffit de voir
comment Israël a été bouleversé de voir
Sayed Nasrallah devant ses partisans et
comment les medias israéliens ont
rivalisé entre eux pour rapporter
l'évènement, pour en déduire l’ampleur
de l’inquiétude.
C’est
dans ce climat que Sayed Nasrallah
a fait son apparition devant son peuple
dans un jour hautement symbolique, en
l’occurrence la journée mondiale
d’AlQuds. L’idée de cette commémoration
est iranienne par excellence. Elle avait
été lancée par l’imam Khomeiny. Il
fallait coûte que coûte aller au-delà
des sectarismes étroits, des
zizanies ambulantes et des chicaneries
locales, pour retourner en Palestine. Il
s’agissait aussi d’un message, envoyé de
très haut certes, au président libanais
Michel Sleïmane qui venait d’ouvrir le
feu sur la Résistance à un moment de
grande confrontation entre les deux
axes.
Et Assad aussi
Justement,
c’est parce que cette confrontation en
est à son apogée, tout comme les sont
les « prises de pouls » auxquelles
s’adonnent Américains et Russes, que
Bachar el-Assad devait lui aussi faire
son apparition, dans une zone sensible
et dangereuse, qui ne fut autre que
Darayya. Celle-ci a longtemps été le
théâtre de combats d’une extrême
violence et le foyer d’un danger très
menaçant ainsi que le point de lancement
du bombardement de différentes régions
importantes de Damas.
Pendant longtemps, cette zone a été
impénétrable, à l’instar de Khalidiyyé.
Or l’armée syrienne est parvenue à
contrôler les deux zones et poursuit son
avancée.
Le message de messages
On
ne peut assurer que le fait de se rendre
à Darayya ait été sûr à cent pour cent.
Mais il fallait faire passer un message
porteur de messages innombrables, le
jour de la fête de l’armée syrienne.
L’un d’entre eux signifie du point de
vue des autorités syriennes, que
l’option militaire se poursuit et
qu’elle réalise des exploits.
L’autre estime que tout compromis, à
Genève ou ailleurs, devrait être pris en
considération, quoique les officiels
Syriens sont parfaitement conscients
qu’il n’est pour bientôt, que l’avenir
est tributaire des opérations militaires
de qualité et que la victoire évoquée
par Assad sera réalisée par l’armée.
L’un des messages refuse toute
participation des Frères Musulmans à une
solution politique.
Darayya est certes bien sensible à ces
égards.
Sur les plans régional et international,
le message affirme aussi bien à l’Otan
et à Israël, que le ciblage d’Assad est
impossible, compte tenu du soutien du
Hezbollah et de l’Iran, mais aussi grâce
au bouclier diplomatique, militaire et
politique que lui procure la Russie.
Et Rouhani de même
À
cette concordance entre les deux
apparitions de Nasrallah et d’Assad
s’ajoutent les propos du président
iranien cheikh Hassan Rouhanni
concernant la région et la Syrie, des
propos qui veillent à préserver
l’équilibre entre la rigueur de la
position politique et militaire de son
pays d’une part et la volonté
d’ouverture de l’autre.
Ce qui permet de comprendre
l'emballement israélien qui s’est
manifesté dans les propos de Benjamin
Netanyahou contre l’Iran et Rouhani.
D’autant plus que la position de ce
dernier en faveur du dialogue a
rapidement été suivie d’une
réponse américaine, ce qui permet de
croire qu’il se passe quelque chose sur
le chemin entre les deux antagonistes,
même à un rythme très lent.
Cela ouvre également la porte à de
nombreuses possibilités. Dans des
moments pareils, il est difficile
d’imaginer une aventure israélienne ou
atlantiste contre Assad ou Nasrallah,
même si Israël n'est pas du genre à
favoriser des compromis et les
règlements dans la région.
L'axe de la Résistance
l'emporte
Ce
qui explique peut-être la certitude de
Nasrallah et d’Assad que leur axe
avec l'Iran et la Russie en passant par
la Chine a commencé à gagner. Tous deux
l’ont dit dernièrement à leurs
visiteurs.
Entre temps, le chef des services des
renseignements saoudiens et de la
sécurité nationale le prince Bandar bin
Sultan se rendait à Moscou au moment
même ou se multipliaient des
déclarations politiques de l'opposition
syrienne critiquant l'Occident parce
qu’il ne répond pas à ses demandes.
Cependant, la prudence est de mise
aussi bien chez Assad que chez
Nasrallah et leurs alliés, de crainte
que ce qui reste de l'été ne porte, plus
que jamais peut-être, des risques
militaires considérables.
Par Sami Kleib
Traduit par notre site du journal
AsSafir
Le dossier Syrie
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