Opinion
Les Frères
Musulmans et le modèle turc, la mumana'a
de la Syrie et du Hezbollah dans la
tourmente arabe
Roger Naba'a
Jeudi 18 août
2011 Quatre sujets reviennent
régulièrement dans les médias qui
couvrent le Printemps arabe. Si les deux
premiers, l’islam politique et le
«modèle turc», sont des focaux de nombre
d’intervenants, les deux autres, ceux de
la mumāna’a de la Syrie et de l’avenir
du Hezbollah, ne retiennent pas
l’attention autant qu’ils le devraient,
cependant qu’ils sont de par leurs
enjeux stratégiques, au même titre que
le reste, au cœur du Printemps arabe.
Des Frères et du «modèle turc», il
est difficile d’en parler pour quelqu’un
qui n’en est pas spécialiste; mais
impossible de le faire depuis que, dans
l’après-11 septembre, toute une
mythologie fantasmatique a été
construite autour; et mythologie qui a
acquis une plus grande légitimité que
les faits eux-mêmes. Régulièrement
couplé, -sous couvert de description
«objective»- à des qualificatifs comme
«fondamentaliste», «fanatique»,
«radical», «terroriste», facho (le
facho-islamisme a été inventé pour
l’occasion), …ces «descripteurs
synthétiques» se veulent lecture même du
phénomène islamique.
Reste à s’interroger sur la fonction
que remplit une catégorie (une
qualification, une dénomination) qui
suggère plus qu’elle ne renseigne, car
de toute évidence, si cela sert à créer
un réflexe de peur qui oblitère toute
compréhension, le destinataire,
identifiant immédiatement le «phénomène
islamique» selon cette connotation
exclusivement négative, est déjà
prédisposé à l’accepter. Ce qui est déjà
énorme, mais bien en deçà du recherché
dans la mesure où, en la matière, il
s’agit, performativement, de «nommer
pour agir»: dès lors, il serait insensé
de s’opposer, en regard de l’horreur
«décrite», à une action visant à
éradiquer ce phénomène contre-nature
(d’où la «Guerre totale contre le
terrorisme islamique»), ou à tout le
moins, à justifier l’appui
inconditionnel accordé aux autocrates
arabes, un bien moindre mal que
l’abomination «décrite».
Or voilà que le système autocrate de
la région dans son entièreté vacille:
deux de ses Etats -le tunisien et
l’égyptien- ont déjà été balayés par le
vent de révolte qui s’y est levé pendant
que les autres luttent à mort pour leur
survie. Ainsi, en sonnant le glas des
autocrates, les «révolutions arabes»
ont-elles sonné le glas d’une double
stratégie: celle occidentale qui
tolérait les autocraties pour éviter les
théocraties; celle de la marche turque
vers l’Orient.
Que faire dans l’urgence d’une
situation incontrôlable qui peut
charrier un chaos géostratégique?
C’est à ce point précis que le «modèle
turc» vient opportunément pour renflouer
le renouvellement de la stratégie
américaine au sein de laquelle celle de
la Turquie s’inscrit. C’est alors que
les médias, arabes et occidentaux, se
sont fait l’écho de rencontres entre les
Frères et l’administration
états-uniennes, laquelle, sous la
houlette de Barack Obama, lèverait
l’ostracisme qui les frappait.
Les informations ajoutent qu’Obama,
pour pallier son impouvoir face à Israël
et contrer la montée en puissance de
l’Iran, concocterait une «Grande
alliance» avec les Frères -c’est-à-dire
avec les sunnites- qui seraient
réhabilités et légitimés en contrepartie
de l’acceptation tacite d’Israël et
d’une hostilité affichée contre l’Iran
chiite et ses «têtes de pont» régionaux,
c’est-à-dire l’axe de la mumāna‘a (sic)
:
Une des principales idées étudiées
ces deux dernières années s’articule
autour du principe de la normalisation
des relations entre les Etats-Unis et
les FM.
L’expérience turque a proposé un
modèle de coexistence entre l’adhésion à
l’OTAN et les relations avec Israël et
l’Amérique, tout en prenant en
considération les sentiments
pro-palestiniens de la rue turque.
Ankara a su trouver le juste milieu
entre l’appréhension de sa base
populaire à l’égard de l’Etat hébreu et
les considérations stratégiques liés à
ses relations avec l’OTAN et les
Etats-Unis. Mais sans aller jusqu’à
prendre des initiatives qui
modifieraient radicalement les rapports
de forces régionaux au profit de l’axe
de la Résistance, incarné par la Syrie,
l’Iran, le Hezbollah et le Hamas. »
L’Egypte postrévolutionnaire serait
«l e terrain idéal» pour tester ce
partenariat et tenter de reproduire le
modèle turc basé sur la coexistence
entre l’institution militaire et un
mouvement islamiste, et sur l’engagement
de la Confrérie à respecter les
constantes liées à la sécurité de l’Etat
hébreu et l’accord de camp David après
les élections présidentielles et
législatives»
ou encore: «Des analystes estiment
que la nouvelle stratégie de
l’administration américaine reposerait
justement sur l’utilisation des FM dans
l’ensemble du monde arabe pour combattre
l’Iran et ses alliés. Ces analystes
ajoutent que maintenant qu’ils se sont
débarrassés d’Oussama Ben Laden, les
Américains peuvent de nouveau miser sur
le courant islamiste pour juguler
l’influence iranienne au Moyen-Orient.
Ils auraient confié la mission de rendre
les FM « fréquentables » au parti au
pouvoir en Turquie qui représente un
islam moderne jugé tout à fait
acceptable par l’administration
américaine.»
Informations que confirmait Mme
Hilary Clinton lorsque, en visite à
Budapest, elle justifiait des «contacts
limités» avec les Frères d’Egypte:
«Invoquant la nouvelle donne politique
en Egypte, elle a déclaré qu’il est dans
l’intérêt des Etats-Unis, d’accompagner
le changement du paysage politique en
Egypte et de dialoguer avec tous les
partis pacifiques et non violents qui
acceptent la règle du jeu démocratique»
. Informations confirmées par les Frères
eux-mêmes: «Nous sommes ouverts à des
contacts avec les Etats-Unis, dans le
contexte de respect des valeurs de la
Confrérie», a déclaré un de leurs
porte-parole, Mahmoud Ghozlan. Si les
Etats-Unis veulent réellement respecter
nos valeurs et soutenir la liberté comme
ils disent vouloir le faire, alors cela
ne nous pose pas de problème. C’est sur
cette base que certains, extrapolant,
annoncent «Le commencement de la fin du
Hezbollah » .
Le «modèle turc» -jusqu’alors vague
idée qui flottait dans l’air- prenait
subitement de la consistance et se
transfigurait en concept qui se voulait
opératoire. « La région, et les peuples
du MyOr et de l’Afrique du Nord en
particulier, veulent retirer les leçons
de l’expérience de la Turquie. Il est
vital qu’ils apprennent les leçons que
la Turquie a apprises et qu’elle met en
pratique tous les jours. L’histoire de
la Turquie rappelle que le développement
démocratique dépend de dirigeants
responsables. Il est important que des
dirigeants responsables se fassent les
mentors de la nouvelle génération de
dirigeants arabes» .
La généralisation de son expérience
d’un islam «moderne et modéré»
procurerait à la Turquie un atout de
taille : en leur «ouvrant» les Frères
et, au travers, l’islam politique, la
«généralisation de leur expérience» leur
donnerait l’opportunité de se doter de
relais sociétaux qui leur faisaient
défaut, leur permettant de se passer des
entremetteurs autocrates et, surtout, de
prendre pied dans la société islamique
par l’intermédiaire d’une idéologie :
celle de l’islam sunnite «à la turque»,
«moderne et modéré».
Dans le récit de ces contacts et des
spéculations sur l’avenir, il y a ce qui
relève du fait -des contacts ont
effectivement été établis-, et ce qui
relève du présomptif et de
l’extrapolation : tout le reste.
S’il est vrai que la référence à
l’islam, commune majoritairement à
toutes les sociétés arabes en révolte,
demeure à l’évidence une composante
essentielle de leur discours politique
-car c’est le propre, et seulement, des
sociétés modernisées à l’occidentale que
le langage du pouvoir soit celui du
droit et non la religion- il me semble
que seule une élite, restreinte,
largement coupée de la majorité et
occidentalisée rêve de régimes laïques à
l’occidental.
Dès lors, le récit des noces
américano-turques avec les Frères, est
moins motivé par la nécessité de décrire
ou de comprendre les faits qu’orienté
subtilement par cette solution ultime
posée comme préalable, dans la mesure où
ce récit est, au fond, subtilement
biaisée dès lors que tous les faits
décrits s’enchaînent selon cette logique
«acceptable» cependant qu’elle est
entièrement portée par le désir final
qu’elles ont à charge de servir.
Il est vrai que les nouveaux régimes
issus de ces révoltes ne pourront plus
faire l’économie d’une redéfinition des
relations entre pouvoir politique et
cadre religieux; non pour les raisons
avancées mais parce que, depuis la Nahda
-qui fut, elle, portée et seulement par
des intellectuels occidentalisés qui ont
télescopé les concepts de l’Europe à une
réalité, celle de l’islam, qui ne s’y
prêtait pas sous prétexte de progrès et
autres Lumières- ce sont, en
l’occurrence, les «sociétés» (des
segments, des fragments…) qui s’emparent
à leur rythme et selon des besoins dont
ils sont seuls juges des éléments de
modernité.
Dans quelle mesure le terreau
anthropologique de l’islam va-t-il
colorer les nouveaux régimes dont ces
révoltes accoucheront? Quel sera le rôle
et l’influence de l’islam politique
(dont les FM) aussi bien aux plans
politiques que religieux? En quoi ces
«révoltes» vont-elles contribuer à
refondre et convertir tout cela ? Autant
de questions qui pour l’heure restent
encore une grande inconnue. Il faut,
plus humblement, donner au temps et aux
sociétés en révolte … le temps de faire
leur œuvre !
II- De la mumāna‘a de la
Syrie et du Hezbollah
Très certainement la mumāna‘a sera
affectée par le maelstrom qui agite la
région. Mais il y a mumāna‘a et
mumāna‘a: la mumāna‘a
géopolitico-stratégique de Puissance et
celle des sociétés ou des peuples.
La mumāna‘a affichée par la Syrie et
l’Iran est une stratégie qui s’inscrit
de plein pied dans la première
catégorie. Elle fut, à l’origine,
initiée par Hafez al-Assad lui-même, aux
lendemains de la Guerre d’octobre,
désormais que la qawmiyya ‘arabiyya
avait sombré corps et biens à l’issue de
cette guerre – par le lâchage de
l’Egypte sadatienne.
Aussi la Syrie s’est-elle trouvée
confrontée à un cul de sac: dans
l’impouvoir de conduire une «guerre de
libération» mais se soulant néanmoins
puissance régionale, elle a choisi, sous
l’égide de Hafez al-Assad la stratégie
de la mumāna‘a pour, très précisément
être à même de se positionner comme
puissance régionale. Dès lors, elle a
pris sur elle de se reconstituer en
«Grande Syrie» -la «Syrie ottomane»
quand wāli as-Shām exerçait son pouvoir
sur tout l’espace de Bilād as-Shām qui
recouvrait alors, totalement ou en
partie, la Syrie proprement dite, le
Liban, la Palestine et la Jordanie. La
guerre du Liban devait lui permettre en
y intervenant, de tenir deux des cartes
maîtresses de la géopolitique d’Israël
et celle de la Syrie ottomane: le Liban
totalement et la Résistance
palestinienne en partie.
La finalité de cette stratégie de
mumāna‘a n’est évidemment pas de libérer
quoique ce soit, ni le Golan occupé et
encore moins la Palestine . Car, en tant
que puissance étatique, exercer son
droit de résistance (au Golan ou
ailleurs) ne pouvait que conduire à une
guerre conventionnelle de laquelle la
Syrie, grande ou petite, ne pouvait
sortir que vaincue. «Adieu veaux,
vaches, cochons, couvées» et le rêve de
la Syrie puissance régionale se serait
effondrée avant même que d’avoir pris
forme et consistance.
C’est à ce point précis du calcul
stratégique de Hafez al-Assad
qu’intervient la mumāna‘a. Elle lui
permettait d’être à la charnière du
refus et de l’acceptation: le refus de
se plier aux desiderata de l’axe
américano/israélien -mais sans entrer en
guerre- pour préserver non pas tellement
les intérêts des Arabes ou des
Palestiniens, mais bel et bien ceux de
la Grande Syrie comme «dernier
représentant de l’arabisme»- d’où
l’utilité du parti Baath et de sa
rhétorique nationaliste arabe
(qawmiyya); mais refus compensé -pour
éviter tout risque de guerre- par
l’acceptation «stratégique» de la paix.
Une «stratégie de biais», auraient pu
dire les Chinois passés maître en la
matière. De biais signifiant en
l’occurrence, maintenir intact sa
«capacité de nuisance» -comme disent les
Occidentaux- et en user quand c’est
nécessaire pour contraindre l’adversaire
au compromis.
Si cette stratégie n’empêche pas la
violence, sinon à décrédibiliser sa
capacité de nuisance, elle consiste
néanmoins à éviter de s’épuiser dans le
face-à-face, à éviter l’affrontement
frontal et direct -ce qui n’empêche pas
l’affrontement par alliés obligés
interposés- pour aborder l’adversaire
indirectement court-circuitant les
effets catastrophiques de sa puissance
guerrière: bref elle se propose de
vaincre sans avoir à livrer bataille.
Bachar n’a fait que chausser les
bottes de son père jusqu’aux récents
troubles. La Syrie qui jusqu’à présent,
et sous couvert de mumāna‘a, a joué de
main de maître dans la cour des autres
(Liban, Palestine, Irak) est devenue
elle-même un terrain de jeu pour les
grands joueurs que sont la Turquie, les
Etats-Unis, l’Iran. Quelle que soit
l’issue de la révolte syrienne, le rêve
de Hafez a définitivement sombré -non
pas tellement parce que cerné
géopolitiquement par la ceinture sunnite
de sécurité , mais parce que la logique
cette mumāna‘a s’inscrivait dans la
dynamique d’un Etat en montée de
puissance prise en défaut par la levée
en masse des Syriens (et des Arabes)
articulée, elle, à une dynamique
populaire (ou sociétale) de libération.
Tout le contraire de la montée en
puissance d’un Etat à la facture
d’empire.
Première conséquence: que la balance
penche en faveur de l’acceptation du jeu
turco-américain (réforme et fin du
régime Assad), et c’est la
Turquie/Amérique qui rafle la Syrie;
qu’elle penche du côté du refus
(mumāna‘a) et c’est l’Iran qui la rafle.
Mais la Syrie elle-même ne pourra plus
engranger les fruits de sa mumāna‘a en
fin de partie.
La seconde affecte l’avenir du
Hezbollah. Comment dynamiser sa mumāna‘a
en résistance, telle est la grosse
question qui se pose à lui ? Acteur
régional mais non décideur régional, le
Hezb ne peut, à l’instar des mouvements
de libération nationale (Vietnam,
Algérie,…), prendre l’offensive sur le
terrain, non seulement parce que l’ordre
devra lui venir d’ailleurs, mais plus
fondamentalement, comment concevoir une
résistance populaire qui chercherait à
«libérer» une terre (la Palestine) qui
n’est pas la sienne propre, à partir
d’un territoire (le Liban) qui est le
sien ?
L’impasse du Hezbollah est à
l’inverse de celle des Palestiniens:
quand ceux-ci voulaient libérer leur
terre (la Palestine), à partir d’un
territoire qui n’était pas le leur (le
Liban); celui-là veut libérer une terre
(la Palestine) qui n’est pas la sienne,
à partir d’un territoire (le Liban) qui
est le sien ! Les Palestiniens en leur
temps n’ont pas réussi à résoudre cette
quadrature du cercle et il ne semble pas
que le Hezbollah puisse le faire. Plus
grave encore, en optant pour une logique
de la puissance, sa mumāna‘a -toujours
authentique, il ne s’agit pas d’un
procès d’intention-, s’étant elle aussi
déconnectée de la dynamique populaire
qui travaille la région, le réduit en un
outil «outilisable» par la puissance
d’autrui.
Toutefois, le fait de se porter
garant de la protection de l’espace
maritime libanais et de ses prometteuses
ressources énergétiques off shore, en
recentrant sa stratégie sur des
préoccupations proprement libanaises,
donnerait une justification
complémentaire à la détention de ses
armes, alors que ses adversaires pro
occidentaux lançaient le débat de son
désarmement, à la faveur de
l’affaiblissement de la Syrie.
Dynamique de puissance contre
dynamique populaire! Bien que leurs
termes aient changé, cette logique
portée par des dynamiques différentes et
des acteurs différents n’a pas elle-même
changé et continuera de travailler pour
longtemps encore la région.
Roger Naba’a:
Philosophe libanais, co-auteur avec René
Naba du livre «Liban-Chronique d‘un pays
en sursis». Editions du Cygne 2008.
Roger Naba’a est en outre l’auteur
d’«Israël et la fin de la pureté des
armes».
http://www.renenaba.com/israel-et-la-fin-de-la-«purete-des-armes»/
(revue Esprit Novembre 2010)
Références
1- Axe qui comprend l’Iran, la
Syrie, le Hezbollah et le Hamas
-quoique dans le cas du Hamas cela
devient aléatoire depuis la chute de
Moubarak et sa réconciliation avec
le Fath!
2- Luc TORREELE «Partenariat
entre les Etat-Unis et les Frères
Musulmans»
http://polymedia.skynetblogs.be/archive/2011.05.03/partenariat-entre-les-usa-et-les-freres-musulmans.html;
Fatmeh KAYABAL «L’alliance de la
Turquie et des Frères syriens
au-delà de leur communauté
religieuse», al-Akhbar du 19 juillet
2011.
3- Voir sur le site
http://ovipot.blogspot.com/, la
suite d’articles qui s’est
échelonnée du dimanche 30 janvier
2011 («Les déboires de l’Egypte
renforceraient la position de
puissance régionale de la Turquie»)
au mardi 1er février («La Turquie
reste prudente devant les événements
d’Egypte») au mercredi 2 («La
Turquie sort enfin de son mutisme»)
au samedi 5 («Alors que la crise
égyptienne est dans l’impasse, la
Turquie vante son expérience
politique et se rapproche du Qatar»;
Luc TORREELE, Partenariat entre les
Etats-Unis et les Frères musulmans»,
sur le site
http://polymedia.skynetblogs.be/archive/2011.05.03/partenariat-entre-les-usa-et-les-freres-musulmans.html
;
Pierre HASKI, «Tariq Ramadan vante
l’ »exemple turc » pour rassurer les
Occidentaux, Rue 89 du 9 février
2011; Marc SEMO, «La Turquie tricote
un nouveau modèle musulman» et
François SERGENT, « Aimant », les
deux dans Libération du 13 juin
2011.
4-Didier BILLION (IRIS), «La
Turquie et les révoltes arabes»,
http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article5091;
5- Voir entre autres, LExpress.fr
du 30 juin 2011: «Washington et les
Frères musulmans d’accord pour des
contacts».
6- Titre d’un article de Fida
ITANI paru dans al-Akhbar (quotidien
libanais proche du Hezbollah) du 15
juin 2011.
7- La Turquie n’apprécie pas
cette expression et lui préfère
«source d’inspiration». «Nous
n’essayons pas d’être un modèle pour
qui que ce soit, mais on peut être
une source d’inspiration (…) car la
Turquie a démontré que l’islam et la
démocratie peuvent parfaitement
coexister», déclarait fin février à
l’AFP le PM turc Erdogan.
8- «veulent» affirme Mme Clinton,
et non «peuvent».
9- Christophe SCHMIDT, «Hillary
Clinton érige la Turquie en modèle
pour le Printemps arabe» AFP/
Istanbul, 16 juillet 2011.
10 – Un «islam moderne et modéré»
: pendant que «moderne» est un
descripteur axiologique qui connote
«qui a adopté l’essentiel des
valeurs occidentales, quoique pas
toutes» ; «modéré» est un
descripteur nettement géopolitique
signifiant «à l’égard» d’Israël
plutôt qu’«à l’encontre». Dans le
cas turc il y a donc une dimension
géopolitique que ce «modèle» est
censé servir.
11- Au sens de Gramsci qui la
définit par «l’union d’une vision du
monde et de normes de conduite»,
grâce à laquelle une entité sociale
– une «classe sociale» dit Gramsci-
«prend conscience d’elle-même: de sa
place, de sa fonction et de son rôle
historique».
12- C’est ce que n’a pas compris
Salamé KILA, qui dans son article
«Les limites de la « mumāna‘a »
syrienne», parue dans al-Akhbar du
12 juillet 2011, reproche au régime
syrien des Assad de ne pratiquer que
la « mumāna‘a » et d’ignorer la
résistance (mūqāwama).
13 –Ce qui se dit ici à propos de
la Syrie s’applique tout aussi bien
à l’Iran: la mumāna‘a iranienne lui
sert surtout, pour ne pas dire
exclusivement, à se positionner
géostratégiquement comme puissance
régionale, dès lors que, puissance
chiite, il ne peut mobiliser le fond
qawmi (nationaliste arabe) des
sunnites que par la mumāna‘a.
14- comme l’affirme Fida Itani
dans l’article déjà cité à la note
6.
© René Naba
Publié le 19 août 2011 avec
l'aimable autorisation de René Naba.
Publié sur René Naba.com
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