Opinion
Vous avez dit
abolition de l'esclavage... depuis quand
?
Robert
Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 29 mai
2013
L’esclavage
survit à son abolition
Alors que François
Hollande, a commémoré l’abolition de
l’esclavage, rappelant que le préjudice
ne pourra jamais être réparé, quelques
jours auparavant 1100 esclaves salariés
modernes trouvaient la mort suite à
l’effondrement d’un immeuble au
Bengladesh dans lequel ils travaillaient
sans relâche, à coup de cravache, payés
misérablement, afin que les riches
puissent vendre pour quelques euros, des
habits «à la dernière mode». Le 10 mai
2013 Radio-France-Culture commémorait à
sa façon la journée internationale de
l’abolition de l’esclavage pourtant
encore bien présent sur tous les
continents (1).
«L'esclavage
existe bel et bien en Mauritanie», c’est
par ces mots, exprimés durant la
Convention de mai 2012, que Messaoud
Ould Boulkheir, président du Parlement,
répondait aux Mauritaniens qui
réfutaient l'existence d'un tel crime
contre l’humanité sur les terres
mauritaniennes. Des travaux réalisés par
les associations mauritaniennes de
défense des Droits de l'Homme, ont
affirmé la réalité de l'esclavage.».
Dernier État
à interdire l’esclavage, en 1981 la
République de Mauritanie a soi-disant
aboli les pratiques esclavagistes.
Depuis 2007, la loi considère
l'esclavage comme un crime passible de
10 ans de prison. Auparavant, le décret
colonial français de 1905 le réprimait
également, mais aucune sanction n'ayant
jamais été appliquée, l’esclavage sévit
et les pouvoirs politique, judiciaire et
religieux ainsi que certains milieux
intellectuels nient l'existence de
l'esclavage que 700 000 à un million
d’esclaves mauritaniens subissent encore
aujourd’hui (2).
«À la
quasi-indifférence de la «communauté
internationale» et des médias, 20% des
Mauritaniens seraient encore réduits à
l'esclavage. Le pays compterait le plus
grand nombre d’esclaves de la planète,
même si la loi criminalise cet acte.
Décryptage d'une injustice et du combat
de l'IRA
(Initiative
de Résurgence du mouvement
abolitionniste) dirigé par son
président Biram Ould Dah Boulkheir» (3).
Chacun d’entre
nous sait très bien ce qu’il faut penser
de cette soi-disant «Communauté
internationale» d’une poignée de
pays néo-colonisateurs qui prétend
imposer sa loi. Eh bien en Mauritanie et
au Sahel, la loi de cette «Communauté
internationale des riches», c’est
l’esclavage en catimini. Quant aux
peuples du monde ils ne savent rien de
ce qui se trame dans ce pays du Sahel en
crise perpétuelle par les manigances des
puissances métropolitaines.
Ainsi, la
pseudo «Communauté internationale»
s’accommode très bien de ce que l’Émirat
du Qatar – leur riche allié crapuleux –
pratique ouvertement les nouvelles
formes d’esclavage moderne et elle ne
dit mot donnant ainsi son consentement
(4).
Une culture
esclavagiste séculaire en Mauritanie et
au Sahel
La population
mauritanienne est composée de
Maures blancs, d'origine arabo-berbère
dite «beydane»,
et de noirs, appelés
Haratines, et de
Négro-Mauritaniens issus des ethnies
Peul, Soninké et Wolof. Le mot «haratine»
provient de l’hassanya, dialecte de la
région utilisant des bribes de langue
arabe. Cette correspondance linguistique
indique que ces derniers sont des
descendants d’esclaves – pseudos
affranchis – et appartenant
réellement à des propriétaires Maures [http://www.haratine.com/].
La société maure
ne fait pas de différence entre
l'esclave et l'affranchi-Haratine. Un
proverbe mauritanien exprime
parfaitement cette idée: «La
différence entre un
esclave et un
affranchi est comme la distance
entre la queue de la vache et la terre.
Lorsque la queue est longue, elle touche
terre». La différence est
inexistante.
Quand elle sera
conquise, l'émancipation des esclaves
Haratines bouleversera
l’économie et les rapports sociaux de
cette société arriérée – semi-féodale –
décadente, n’ayant pas encore accédée à
l’industrialisation. Cet immense progrès
social aura pour conséquence de détruire
les reliquats du mode de production
esclavagiste, d’abolir peu à peu les
pouvoirs des «castes», des clans et des
tribus et de renforcer le pouvoir des
bourgeois nationaux.
L'influence des
beydanes – propriétaires d’esclaves –
s’estompera. L’édification d’un
sentiment d’appartenance national
mauritanien prendra un nouvel essor, de
même que les forces productives et les
rapports de production bourgeois.
L’éradication complète de cet artéfact
fossile d’un temps archaïque est une
nécessité historique non seulement pour
les esclaves eux-mêmes, mais également
pour la bourgeoisie mauritanienne
compradore, qui ne pourra jamais jouir
pleinement de la spoliation du peuple
mauritanien tant que perdureront les
forces de la réaction esclavagiste-beydane.
Luttes de classe pour l’éradication de
ces pratiques fossiles
Cette lutte de
résistance anti-esclavagiste est
récurrente. Ainsi en 2009, Paris
accueillait au
Grand Palais une hypocrite
conférence sur les thèmes pompeux : «L'esclavage
en terre d'Islam : pourquoi les maîtres
mauritaniens n'affranchissent-ils pas
leurs esclaves ?». YAHYA Ould
Brahim, ancien esclave, racontait son
effroyable parcours : «
Je suis esclave depuis ma naissance.
J'ai été séparé de mes parents, de mon
frère et de ma sœur. Je travaillais dur
pour mon maître, sans rétribution et
toute la journée. Quand celui-ci me
battait, il me disait de ne pas crier,
car ça pouvait gêner les voisins»
[http://haratine.blogspot.fr/2013/05/mauritanie-hypocrisie-autour-de.html].
Expliquant les
relations entre les esclaves et les
maîtres, YAHYA témoigne d’une voix
empreinte de colère «L’esclavage
traditionnel persiste dans mon pays sous
trois formes :
1.
Domestique,
par laquelle l'esclave est attaché au
maître durant toute sa vie, sans contact
avec sa famille d'origine.
2.
Sexuelle,
donnant au maître un droit de cuissage
sur toutes les femmes travaillant et lui
appartenant
(le maître propriétaire du bétail humain
a le premier droit d’engrosser la femme
bétail esclave. Si la femme – bétail
esclave – met bât d’un bébé ce petit
«animal parlant» est la propriété du
maître esclavagiste qui peut en disposer
comme son bien propre – le vendre ou le
donner. NDLR).
3.
Agricole, les esclaves sont chargés
des travaux les plus durs, des tâches
considérées comme les plus avilissantes
par le groupe dominant arabo-berbère
»
Visionnez ce témoignage de deux esclaves
http://www.youtube.com/ watch?v=ifuHn_Hj5lU
L'IRA
et les autres associations combattant
l'esclavage, comme
L’Association des
Haratine de Mauritanie en Europe
(A.H.M.E),
S.O.S Esclaves, et
SOS-Abolition accusent les
esclavagistes de se fonder sur
l'interprétation de livres de juristes
datant du Moyen-âge pour légitimer
l'esclavage (…) Biram, leader de l'IRA,
a fait la seule chose digne d’un homme
libre, il a procédé à l’autodafé de
plusieurs de ces livres fossiles qu'il
appelle des «codes
esclavagistes». L’exégèse d'un
des textes carbonisés, «l'abrégé
de Khalil», traite l'esclave
«d'animal parlant».
«La destruction
des livres par le feu a créé l’émoi en
Mauritanie. Certains détracteurs de l'IRA
ont accusé l’association d'apostasie et
de blasphème. Argument fallacieux, si
l'on tient compte du fait que les
ouvrages n'ont aucun caractère sacré
déclare Biram. Conscients de la
polémique qu’aurait pu engendrer un tel
acte, les pyromanes des textes féodaux
ont pris soin de retirer toutes les
pages contenant des versets du Coran.
Cela n'a pas empêché Biram d'être
emprisonné en compagnie d'Abidine
Maatala, Issa Ould Alioune et Yacoub
Diarra pour atteinte aux valeurs
culturelles de la Mauritanie.» [http://haratine.blogspot.fr/2013/05/mauritanie-hypocrisie-autour-de.html].
L’État néocolonial mauritanien complice
«Il
est intolérable que de nombreux citoyens
mauritaniens continuent à gémir sous le
joug de l'esclavage alors que les
prisons sont vides de tous les
responsables de tels crimes. Une telle
situation ne saurait trouver
d'explication en dehors de la complicité
manifeste de l'État
(…).
C'est l'État qui freine l'application
pleine et entière de la loi 2007/08
criminalisant l'esclavage et les
pratiques esclavagistes.» (5).
Hommes et femmes,
ouvriers, prolétaires, travailleurs,
esclaves salariés occidentaux, doivent
solidarité à leurs frères esclaves
agraires en cet enfer du Sahel
mauritanien, malien, nigérien, somalien
et leur émancipation doit être une
préoccupation autant que leur propre
résistance quotidienne à l’exploitation.
Émancipation et liberté pour les frères
Haratines de Mauritanie.
COMPLÉMENT
D’INFORMATION
http://www.robertbibeau.ca/palestine.html
(1)
[http://www.
franceculture.fr/emission-les-matins-lutte-contre-l%E2%80%99esclavage-un-combat-actuel-2013-05-10].
Et [http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/arretons-la-comedie/].
(2)
Il est difficile
de connaître le chiffre exact car les
recensements sont rares et pas toujours
fiables. La population totale de la
Mauritanie serait de plus de 4 millions
d’habitants,
45 % sont analphabète et la
population esclave estimée à 20% [https://fr.wikipedia.org/wiki/Mauritanie].
(3)
[http://haratine.blogspot.fr/2013/05/mauritanie-hypocrisie-autour-de.html].
(4)
[http://www.courrierinternational.com/article/2013/04/19/au-royaume-de-l-esclavage-moderne].
(5)
[http://haratine.blogspot.fr/2013/05/abrogation-du-systeme-de-tacheronnat-en.html
].
[Source pour notre
article :
http://www.lejournalinternational.fr
/Mauritanie-hypocrisie-autour-de-l-esclavage_a740.html].
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