Gaza
Outrage à la
résistance
Rim al-Khatib
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Jeudi 29 novembre
2012 La visite éclair à
Gaza d’une délégation du « 14 mars »
libanais, coalition composée de
plusieurs partis hostiles à la
résistance islamique au Liban et à
ses alliés, suscite colère et dégoût
au sein de la population
palestinienne à Gaza, qui vient de
remporter une victoire de plus
contre l’ennemi sioniste. D’autant
plus que cette délégation a inclus
un député des Forces Libanaises,
principale force ayant participé aux
massacres des camps palestiniens de
Sabra et Chatila en 1982, et dont
plusieurs dirigeants avaient
rencontré et collaboré avec
l’ennemi, officiers de l’armée de
l’occupation ou hommes politiques. Gaza la victorieuse,
Gaza dont la résistance a bombardé
Tel Aviv et les colonies situées aux
abords de la ville occupée d’al-Quds,
Gaza qui représente la dignité
arabe, Gaza la meurtrie par un
blocus qui dure depuis 6 ans, mené
par les amis du « 14 mars »
(Etats-Unis et Union européenne) et
par l’ennemi, Gaza a été injuriée
par la visite d’un représentant des
Forces Libanaises. C’est tout le
peuple palestinien qui se sent
insulté par un tel affront. La visite de la
délégation du « 14 mars » fut boudée
par la presse palestinienne, prompte
d’habitude à accueillir les
délégations solidaires, venues pour
briser le blocus. Celle-ci a plutôt
mis l’accent sur les réactions
populaires sur les réseaux, à cette
visite, où les Palestiniens ont
exprimé leur colère et leur dégoût,
sachant bien que les visiteurs ne
peuvent être refoulés, surtout s’ils
ont reçu l’aval et la bénédiction,
sinon la suggestion de Qatar, et
certains disent de l’Egypte ou de
l’Arabie saoudite. Mais la presse
palestinienne a diffusé, à grande
échelle, l’hommage de la population
de Gaza à la république islamique
d’Iran, pour la remercier d’avoir
fourni les fusées à la résistance,
qui a frappé et frappé Tel Aviv. Pourquoi cette
visite ? se demandent les
Palestiniens. Le porte-parole du «
14 mars » l’a expliqué : il s’agit
de montrer que la Palestine ou la
question palestinienne n’est pas
l’exclusivité du Hezbollah ou du
front de la dissuasion, mais de
toute la nation. Et comme dans
l’islam, l’intention prime sur
l’acte, nous pouvons d’ores et déjà
dire que la visite est nullifiée,
puisqu’il ne s’agit pas de soutenir
la résistance palestinienne, mais de
« marquer un point » contre la
résistance islamique au Liban. Le « 14 mars »
prétend soutenir la résistance
palestinienne, à présent, contre
l’ennemi sioniste. Une caricature a
circulé à ce sujet, où le premier
ministre Haniyyé se demande
précisément si la délégation n’est
pas plutôt venue pour « exiger le
désarmement de la résistance » comme
le réclame le « 14 mars » au Liban.
Car pourquoi soutenir la résistance
et les armes de la résistance à
Gaza, et non au Liban, puisque
l’ennemi est le même ? Ceux qui
n’ont cessé, depuis 2005, de ternir
l’image de la résistance islamique
au Liban, ceux qui ont reçu de
l’argent sale des Américains pour ce
faire, ceux qui n’ont cessé de
combattre le Hezbollah avec le
soutien des chancelleries
occidentales, ceux qui n’ont pas eu
la décence de visiter le sud du
pays, meurtri par la guerre
israélienne et apporter leur soutien
à la population victorieuse du sud
du Liban, ceux qui n’ont pas visité
le musée de la Résistance à Mlita,
les voici soudainement à Gaza, qui
fêtait il y a moins d’une semaine sa
récente victoire contre l’occupant. Pourquoi alors cette
visite ? S’agirait d’effacer les
traces des combattants du Hezbollah
qui avaient affronté les menaces et
les dangers pour faire passer des
armes et des fusées, utilisées au
cours de la dernière guerre, aux
combattants de la résistance
palestinienne à Gaza ? S’agirait-il
de tracer un chemin « légal » pour
la diplomatie et les « bonnes œuvres
» vers Gaza, qui remplacerait celui
souterrain et « illégal » emprunté
par les combattants et les armes ?
C’est en tout cas ce que l’on peut
en déduire, étant donné le nombre de
délégations venues « bénir » la
victoire de la résistance, dans le
sillage de la visite de l’émir de
Qatar et de son épouse, avant la
guerre. S’il est important
que le blocus soit brisé, il est
aussi important pour les combattants
de la Palestine que les armes
puissent arriver. Hajj Abu ‘Imad
Rifaï, représentant au Liban du
mouvement du Jihad islamique en
Palestine l’a affirmé, au cours de
la dernère guerre : ce sont des
armes dont le peuple palestinien, à
Gaza et ailleurs, a besoin avant
toute chose. Ce sont les armes de la
résistance qui ont empêché
l’invasion terrestre de la bande de
Gaza, ce sont les armes de la
résistance d’abord qui ont imposé
une trêve, le ballet diplomatique
n’a fait qu’entériner ce que les
armes sont parvenues à faire. Ce
sont les armes de la résistance et
la fermeté politique des dirigeants
palestiniens qui ont empêché le plan
sioniste visant à séparer Gaza de la
Cisjordanie pour la remettre à
l’Egypte. Mais comme le dit si bien
le représentant du Jihad islamique,
il faut craindre que la victoire de
Gaza ne soit le prélude, pour
certains Etats, à un autre accord
d’Oslo. La visite de la délégation
du « 14 mars », qui inclut un
collaborateur des Forces Libanaises,
ne présage rien de bon.
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