Résistance
Lettre de prison : Ameer Makhoul dénonce
la manipulation sioniste
Rim al-Khatib
Ameer Makhoul
Jeudi 24 juin 2010
« J’ai l’occasion de vous écrire ce court
message de l’intérieur de ma prison, à Gilboa, après avoir été
autorisé de sortir de mon isolement total et après avoir obtenu
une feuille de papier et un crayon, trois semaines après avoir
été coupé du monde entier.
C’est pour moi
une grande occasion pour témoigner de mes remerciements et de ma
considération à tous les collègues, amis et personnes solidaires
avec moi, les associations, les individus, les étrangers et les
Arabes dans la région, les Israéliens et les Palestiniens, dans
le pays et dans l’exil. J’exprime ma gratitude spéciale à tous
ceux qui ont rendu visite à ma famille et l’ont soutenue après
le choc vécu le 6 mai dernier, en pleine nuit (lors de
l’arrestation d’Ameer par la police sioniste).
C’est également
l’occasion d’exprimer ma reconnaissance à toutes les
associations internationales et locales de défense des droits de
l’homme qui ont élevé la voix dans cette affaire. Et j’exprime
ma reconnaissance aux organisations partenaires de Ittijah, dans
le monde entier, qui a soutenu mon/notre combat pour la justice
et l’obtention d’un procès équitable afin de prouver mon
innocence.
Ma souffrance physique est toujours aussi
grande, mais je garde le moral, car la solidarité me procure une
sensation extraordinaire.
Mon histoire se
résume dans le fait que les appareils de renseignements
israéliens, le shabak, ont supposé quelque chose, sans en avoir
aucune connaissance ni de preuves. Ils m’ont demandé et m’ont
contraint à leur expliquer en détail, avec beaucoup de
précision, comment j’ai fait ce que je n’ai pas fait. Lorsqu’ils
font face à un problème logique pour compléter les arguments,
ils ont des moyens juridiques susceptibles de combler les
failles grâce à ce qu’ils appellent les « preuves secrètes » que
ni moi, ni les avocats qui me défendent, n’avons le droit de
connaître.
Selon les médias en Israël, je suis
coupable dès à présent et je suis terroriste, je soutiens
également le terrorisme. Les règles du jeu affirment que je suis
coupable, que je sois en mesure de prouver le contraire ou non.
Cette supposition collective est assurée avant même la réunion
du tribunal et le début des mesures du procès.
La manipulation
des preuves et les mesures juridiques légales sont tranchées.
L’appareil du shabak est capable de broder des mensonges devant
le tribunal par le biais de ce qu’il appelle « les preuves
secrètes » et au moyen de l’interdiction de contacter les
avocats, d’interdire la diffusion des renseignements,
l’imposition d’un isolement total et d’autres moyens de torture
très sophistiqués, qui ne laissent aucune trace directe, malgré
leur dureté (voir le rapport de Adalah, sur adalah.org, centre
juridique de la minorité arabe en Israël). Je considère que mon
cas peut donner l’occasion à l’étude de ces outils qui sont des
outils de criminalisation de tous ceux qui défendent les droits
de l’homme.
Je souhaite une fois encore insister sur
votre soutien et votre solidarité. Vos efforts sont un message
essentiel et décisif pour soutenir la victime et stopper la main
du bourreau. Je vous en remercie. Poursuivons ensemble le chemin
pour réaliser la justice, la dignité humaine, les droits humains
et la garantie d’un procès équitable.
Avec toute ma considération
Ameer Makhoul
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