Réseau Voltaire
Qui était la cible de la manipulation Clearstream :
Sarkozy ou Villepin ?
Samedi 30 janvier 2010
Le Tribunal de grande
instance de Paris a rendu son jugement dans l’affaire
Clearstream (Télécharger
le document). Il a condamné deux
prévenus et innocenté Dominique de Villepin. Cependant le
Parquet a immédiatement interjeté appel de cette décision, de
sorte que les déboires judiciaires de l’ancien Premier ministre
vont se poursuivre et entraveront les préparatifs de sa
candidature à la présidence de la République.
L’histoire n’est pas banale. De faux listings
bancaires ont circulé attestant mensongèrement que plusieurs
personnalités disposeraient de comptes occultes. Cela n’est pas
en soit bien grave, mais l’une des personnes diffamées, Nicolas
Sarkozy, a choisi d’en faire une grosse affaire, en espérant
démontrer que son rival, Dominique de Villepin, avait fait usage
des faux documents contre lui.
Durant la procédure, Dominique de Villepin se
vit interdire tout contact avec ses anciens collaborateurs, ce
qui par voie de conséquence l’empêchait de développer un
mouvement politique en vue de l’élection présidentielle. Le
président Sarkozy modifia le plan de carrière des magistrats
pour que des juges d’instruction particulièrement inquisiteurs
se chargent du dossier. Puis, lorsque le procureur de la
République conclu que les éléments rassemblés par une armée
d’enquêteurs ne justifiaient pas de passer en jugement, le
président Sarkozy su le convaincre de changer d’avis. Bafouant
la présomption d’innocence et sa charge de président du Conseil
de la magistrature, Me Sarkozy alla jusqu’à déclarer en privé
qu’il prendrait son rival de toujours à un croc de boucher, puis
à le qualifier de « coupable » lors d’un entretien télévisé. A
tout instant, il était apparu comme instrumentant la procédure.
Encore ne faudrait-il
pas se tromper et réduire ce combat à un simple conflit
d’ambition. C’est de l’opposition entre deux courants de la
droite française dont il s’agit ; une opposition qui divise le
pays depuis l’affrontement entre Edouard Balladur et Jacques
Chirac, un choc qui dépasse les enjeux franco-français depuis le
discours de Dominique de Villepin au
Conseil de sécurité de l’ONU
pour défendre le droit international face, tandis que Nicolas
Sarkozy affichait sa proximité avec George W. Bush.
Pour notre part, nous avons depuis longtemps
indiqué que cette affaire a été montée de toutes pièces par le
cabinet londonien Hakluyt & Co [1]. Il est désormais établi que
l’un des condamnés, Jean-Louis Gergorin, tenait ses informations
de ce cabinet [2], pourtant les juges d’instruction n’ont pas
voulu envisager qu’Hakluyt & Co ait pu organiser la
manipulation. Et pour cause : ce cabinet, notoirement lié à la
CIA et au MI6, est notamment administré par le beau-père par
alliance de Nicolas Sarkozy.
[1] « Opération
Sarkozy : comment la CIA a placé un de ses agents à la
présidence de la République française »,
par Thierry Meyssan, Réseau
Voltaire, 19 juillet 2008.
[2] Voir jugement p. 177.
Dossier politique
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