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Opinion
Les révolutions
arabes contre Israël et les Etats-Unis
New Orient News
Beyrouth, le mardi 22 février 2011 Israël et l’impasse des
Etats-Unis / Les pires cauchemars d’Israël / Hassan Nasrallah
appelle la Résistance à se préparer à libérer la Galilée et à
venger Imad Moughnié / Michel Aoun met en cause la neutralité du
président Sleimane / Saad Hariri est lâché par l’Arabie saoudite
/ Les régimes arabes « modérés » se protègent grâce aux
divisions sectaires et tribales / La révolution s’étend.
La tendance générale
Israël et l’impasse des Etats-Unis
Les Etats-uniens et les Européens ont lancé ont intense
campagne de relations publiques et un série de conférences sur
la démocratie à l’adresse de l’opinion publique arabe dans le
but d’améliorer leur image après les révolutions tunisienne et
égyptienne qui ont renversé deux de leurs principaux amis, Zine
al-Abidine Ben Ali et Hosni Moubarak, qui ont été pendant des
décennies de fidèles serviteurs de Washington et d’Israël. Mais
comble de l’ironie, dans le même temps, les Etats-Unis ont
opposé leur véto au Conseil de sécurité à un projet de
résolution condamnant la poursuite de la colonisation juive dans
les territoires palestiniens. En parallèle à ce véto, le
président Barack Obama lançait des menaces contre l’Autorité
palestinienne si elle insistait à recourir au Conseil de
sécurité pour obtenir une résolution dénonçant la colonisation
ou réclamant la reconnaissance d’un Etat palestinien, en dépit
des concessions illimitée présentées par l’Autorité
palestinienne depuis les accords d’Oslo. Le fait que l’empereur
de l’Amérique menace une Autorité faible, dont les Israéliens
craignent l’évaporation après la chute de Hosni Moubarak, son
principal soutien depuis des décennies, est regrettable. Barack
Obama, président d’une grande puissance, montre ses muscles
devant une Autorité qui craint d’être balayée par la colère
populaire pour avoir, justement, appliqué à la lettre pendant
des années les instructions des Etats-Unis et d’Israël, sous le
parrainage du régime égyptien. Un régime dont les rescapés
semblent incapables de s’opposer à la fibre révolutionnaire d’un
peuple déterminé à empêcher toute tentative de réanimation de
l’ancien système à travers un changement de visages. Par
millions, les Egyptiens sont descendus dans la rue, vendredi 18
février, pour réaffirmer leurs revendications, et les principaux
slogans scandés par la foule exigeaient la levée du blocus
imposé à Gaza.
Tous ces développements montrent qu’Israël reste au cœur des
stratégies états-uniennes et occidentales dans la région, Et à
chaque fois qu’il est question de l’Etat hébreu, le double
langage des Etats-Unis et de l’Europe apparaît au grand jour et
il n’est plus question des discours tonitruants sur la
démocratie et les droits de l’homme.
La peur pour Israël et la crainte pour le plan de judaïsation
de Jérusalem et de la Cisjordanie d’une simple résolution au
Conseil de sécurité, et l’utilisation d’une manière excessive
des menaces, lèvent le voile sur la véritable politique des
Etats-Unis et de l’Occident et font tomber tous les discours sur
la prétendue légalité internationale.
Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) est utilisé sous
l’enseigne de ce slogan car il sert les intérêts d’Israël.
Washington, qui tient les fils du TSL au Conseil de sécurité,
bloque en revanche la mise en œuvre des résolutions 194,
stipulant le retour des réfugiés palestiniens, 242 et 338,
appelant au retrait israélien des territoires arabes occupés,
ainsi que de nombreuses autres résolutions.
La rue arabe, qui s’est révoltée en Tunisie, en Egypte et
dans de nombreux autres pays, adhère pleinement à la culture du
refus de l’occupation israélienne de terres arabes depuis 60
ans. Elle adhère encore plus à la culture du soutien à la cause
palestinienne. Tant que les Etats-Unis et l’Occident
considèreront qu’Israël est la prunelle de leurs yeux qu’il faut
protéger à tous prix, et que les pays arabes doivent se plier à
cette volonté, toute révolte qui éclatera dans le monde arabe
prendra pour cible l’influence politique occidentale. Et les
peuples arabes exprimeront un fort soutien aux mouvements de
résistance qui ont réussi à proposer un modèle convaincant,
alors que des décennies de négociations n’ont rien apporté aux
Palestiniens.
Les peuples arabes ont fait preuve d’un grand éveil et ne se
laisseront pas amadouer par quelques déclarations de soutien au
vent de démocratie qui souffle dans la région. Ils savent que
les dictatures qui les ont opprimées pendant des générations
étaient soutenues, nourries, armées et chouchoutées par
l’Occident et étaient les gardiennes des intérêts d’Israël. Les
peuples n’ont pas la mémoire courte et n’oublient rien ! Leur
attachement à la cause de la Palestine n’en sera que plus fort.
La tendance au Liban
Les pires cauchemars d’Israël
Les changements stratégiques intervenus dans la région
provoquent sans doute les pires cauchemars d’Israël depuis sa
création. Alors que le Premier ministre Benyamin Netanyahu
savourait ses réalisations politiques après avoir imposé son
agenda à l’Administration Obama et à la suite de la mise du
Congrès sous la coupe du lobby sioniste, il se retrouve face à
la victoire de la révolution égyptienne et de ses conséquences
désastreuses sur l’Etat hébreu. Ce bouleversement stratégique
est survenu à un moment où Israël n’avait pas encore digéré le
changement de cap de la Turquie, l’ascension de la Syrie et de
l’Iran en tant que puissances régionales, l’effondrement du
gouvernement Hariri au Liban, et son incapacité à empêcher le
réarmement du Hamas en dépit du blocus. Un blocus menacé lui
aussi d’effondrement après que le peuple égyptien eut ajouté ce
slogan à ses revendications. Une pression qui s’est traduite par
le fait que le Conseil suprême militaire égyptien a autorisé
deux bâtiments de guerre iraniens à traverser le canal de Suez
pour se rendre en Syrie. Tous ces changements sont le fruit d’un
long processus dont voici les étapes-clé :
1.
Les victoires des résistances libanaise, en 2006, et
palestinienne, en 2009, l’ascension de la Syrie et de l’Iran,
l’échec US en Irak, sont autant d’événements qui ont provoqué
des changements radicaux dans le contexte stratégique. Analystes
et experts israéliens craignent que ces bouleversements ne
constituent un danger pour l’existence même d’Israël, surtout
que ces défaites et ces échecs ont eu lieu sous la protection de
centaines de milliers de GI’s déployés près des frontières
syriennes et alors que les Etats-Unis et l’Occident exerçaient
toutes sortes de pressions par le biais du Conseil de sécurité,
avec la complicité et le soutien parfois direct des Arabes dits
« modérés ». La plus grande source d’inquiétude d’Israël vient
du fait que tous ses adversaires ont pu former un bloc régional
homogène, qui a réussi à briser le blocus imposé aux mouvements
de résistance et empêcher l’isolement de chacun des acteurs de
ce bloc en prévision de leur liquidation. Les rapports
israéliens font état d’une nette amélioration des capacités de
dissuasion des mouvements de résistance à Gaza et au Liban en
dépit du blocus maritime et terrestre imposé au territoire
palestinien et des tentatives états-uniennes d’établir un étau
sur le Liban depuis le vote de la résolution 1701. La
détermination de la Syrie à poursuivre son soutien aux
mouvements de résistance a joué un rôle décisif dans
l’établissement des nouveaux rapports de force régionaux.
2.
Il est clair que la victoire de la révolution égyptienne va
jouer un rôle de premier plan dans la redéfinition d’un nouveau
contexte régional. Les efforts états-uniens destinés à
contourner les effets de la révolte des Egyptiens, au sujet
notamment de ses implications sur le conflit israélo-arabe, ont
échoué en raison de la détermination du peuple égyptien à voir
son pays rejouer un rôle régional central.
3.
Les rapports des centres de recherche et des stratèges
israéliens envisagent l’éventuel effondrement de la monarchie
hachémite en Jordanie et de l’Autorité palestinienne en
Cisjordanie, suite à la révolution égyptienne. Si le changement
en cours en Egypte constitue, aux yeux des Israéliens, un danger
réel sur l’équilibre des forces instauré depuis les accords de
Camp David, les menaces d’une guerre totale contre l’Iran, la
Syrie, le Liban et Gaza tiennent de la plaisanterie. Israël n’a
pas les moyens de sortir victorieux d’un tel conflit qui
constituera un danger pour son existence et accélèrera le vent
de révolte qui souffle sur les régimes arabes pro-US.
4.
Lors de son dernier discours, le secrétaire général du
Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, a jeté de l’huile brûlante
sur la tête des dirigeants israéliens en annonçant deux
nouvelles décisions stratégiques :
• Riposter à l’assassinat du leader Imad Moughnié est une
décision irrévocable qui sera exécutée au moment et à l’endroit
choisis par la Résistance. Il a appelé les dirigeants et les
généraux à « bien vérifier que leurs têtes sont toujours là ».
Juste après le discours de sayyed Hassan, Tel-Aviv a pris la
décision de fermer certaines ambassades par crainte d’une
attaque-surprise.
• En cas d’invasion terrestre israélienne contre le Liban, les
combattants de la Résistance pourraient recevoir l’ordre
d’occuper la Galilée et de libérer le nord de la Palestine.
Connaissant la crédibilité dont jouit le chef du Hezbollah, les
Israéliens savent que ses propos doivent être pris au sérieux,
surtout qu’ils savent que les capacités militaires de la
Résistance se sont considérablement améliorées quantitativement
et qualitativement. Les Israéliens savent que toute attaque
pourrait se transformer en guerre totale et que toute percée du
Hezbollah en Galilée pourrait s’accompagner d’une offensive
syrienne en direction du Golan occupé.
Israël est impuissant et paralysé. Il sait qu’il peut à tout
moment être mis au défi si Imad Moughnié est vengé.
L’encerclement stratégique de l’Etat hébreu est pratiquement
terminé.
Déclarations et prises de positions
Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah
« Ehud Barak a demandé à ses troupes de se tenir prêtes car
elles pourraient être amenées à occuper de nouveau le Liban.
Moi, je demande aux moujahidin de se tenir prêts car leur
commandement pourrait leur demander de libérer la Galilée, si
Israël lance une nouvelle attaque contre le Liban. Le Hezbollah
n’a toujours pas répondu à l’assassinat du leader Imad Moughnié.
Les dirigeants de l’ennemi devraient s’attendre à ce que cela
soit fait et ce jour-là, ils ne seront pas à l’abri où qu’ils
soient dans le monde. Le nouveau chef d’état-major israélien
était le commandant des troupes d’occupation au Sud du Liban et
il a donc assisté à la défaite de son armée et de ses agents en
2000. Le Hezbollah fait parti des mouvements de résistance dans
la région, qui sont une réponse naturelle aux invasions, aux
occupations et aux projets d’hégémonie. Ces mouvements n’ont
jamais eu de projet de guerre, ils sont simplement une riposte à
une agression et ils défendent leur terre, leurs croyances et
leurs populations. Quelle que soit l’issue finale de la
révolution égyptienne, celle-ci aura des répercussions sur
l’ensemble de la région. L’après-Hosni Moubarak sera différent
de la période qui l’a précédée. Il y aura des changements
énormes. La première conséquence sera forcément sur Israël, mais
aussi sur l’ensemble du système états-unien dans la région, et
au Liban en particulier, car Hosni Moubarak a laissé des
orphelins en Égypte, en Palestine et au Liban. Ce qui reste du
14-Mars est déterminé à remettre sur le tapis le dossier des
armes du Hezbollah. Il n’y a jamais eu une unanimité sur ce
sujet. Mais au-delà des armes, c’est la résistance dans son
ensemble qui est remise en cause. Votre guerre contre les armes
du Hezbollah sera perdante. Si vous voulez continuer à miser sur
le TSL, alourdi par les fuites répétées, le dossier des faux
témoins, la corruption, les démissions et l’orientation vers une
seule piste, et si vous attendez les jugements émis avant même
le début de l’enquête, tout en considérant que le contenu
attendu de l’acte d’accusation sera la vérité, vous êtres
libres. Quant à nous, nous agirons en considérant qu’il s’agit
de falsification (…) Le 14-Mars doit bien lire les
développements internationaux et régionaux et cesser de monter
l’Occident et le monde contre le Premier ministre Najib Mikati.
Nul n’ignore les liens de ce mouvement avec Jeffrey Feltman,
John Bolton et avec tout le système états-unien dans la région,
dont le président égyptien déchu Hosni Moubarak. Vous voulez
savoir pourquoi je sens que ce camp est faible ? Parce qu’il
ment. Il se ment à lui-même et ment à ses partisans, en disant
notamment que le gouvernement que compte former Mikati est celui
du Hezbollah. Si c’était le cas, la formation n’aurait pas pris
plus de deux jours. Ils savent que ce n’est pas vrai. Ils
négocient avec le Premier ministre et savent qu’il leur parle
comme il le fait avec le Hezbollah. L’Occident le sait aussi. »
Michel Sleiman, président de la République
« Il y a dans la menace d’Ehud Barak (d’envahir le Liban,
ndlr) des intentions cachées de lancer une nouvelle attaque, ce
qui constitue une violation flagrante de la résolution 1701. Les
propos de Barak s’inscrivent essentiellement dans la volonté de
relever le moral de ses troupes et d’encourager le nouveau chef
d’état-major israélien. Car Barak sait qu’une agression contre
le Liban n’est plus une promenade. La meilleure preuve en est la
guerre de 2006 et ses conséquences en Israël même. Si Barak
croit pouvoir s’engouffrer dans les tiraillements internes
libanais dus à la formation du gouvernement pour exécuter son
agression contre le Liban, il se trompe et ses plans se
retourneront contre lui, car les Libanais, avec leur armée, leur
Résistance et leur peuple, sont prêts à affronter toute
agression contre leur pays, sa stabilité et sa sécurité. »
Michel Aoun, principal leader chrétien
libanais, allié du Hezbollah
« J’ai pris connaissance du communiqué du bloc parlementaire
du Futur. Ses revendications sont impossibles à satisfaire. Il
est donc impossible qu’il prenne part au cabinet. Nous avons
donné trop de temps pour la formation du gouvernement. Il est
temps qu’il voie le jour. C’est le conflit autour du dossier des
faux témoins qui a fait chuter l’ancien gouvernement. Nous ne
pouvons pas permettre que la nouvelle équipe subisse le même
sort pour les mêmes raisons. Nous sommes disposés à accorder le
tiers des sièges ministériels à la partie adverse si elle se
conforme au programme politique de la nouvelle majorité. Il faut
qu’il y ait un minimum d’harmonie entre les parties qui
composent une équipe ministérielle. Le 14-Mars doit reconnaître
qu’il est devenu une minorité. Dans un gouvernement de 30, je
dois être représenté par 12 ministres et par 10 ministres dans
un gouvernement de 24, sur base de ma représentation
parlementaire. Les portefeuilles de la Défense, des Finances, de
l’Intérieur doivent nous être impartis du moment qu’ils avaient
à leur tête des chrétiens. La répartition communautaire des
ministères doit rester la même. Le Premier ministre désigné peut
nommer tous les ministres sunnites et peut les choisir parmi des
personnalités de l’opposition sunnite à Tripoli, à Saïda, à
Beyrouth et dans la Békaa-Ouest. Saad Hariri est fini. Il est
sorti du gouvernement avec un aller simple pour l’Arabie
saoudite ou la destination de son choix. Les dossiers financiers
et de la corruption sont trop importants pour qu’il puisse
revenir (…) Le prochain gouvernement doit abroger le protocole
d’entente entre le Liban et l’Onu au sujet du Tribunal spécial
pour le Liban. Il n’est certes pas possible de supprimer le TSL,
mais nous ne coopérerons pas avec lui. Nous ne pouvons pas
continuer d’alimenter un tribunal qui ne permet pas de réaliser
la justice à cause du manque de transparence de ses actions. Le
président Michel Sleiman s’est tenu du côté de la majorité et
n’a pas fait montre de neutralité durant les votes en Conseil
des ministres ou lors des élections à Jbeil et dans le Kesrouan.
Il composait des listes contre nous et convoquait les candidats.
Tout le monde est au courant de cela. Si le chef de l’État doit
être représenté par des ministres au gouvernement, il faut que
cela soit prévu dans la Constitution. Je ne lui céderai aucun
ministre de ma part. »
Saad Hariri, Premier ministre libanais
sortant
« À un moment donné, j’ai été très soucieux de mettre la
question des armes (du Hezbollah, ndlr) sur la table de dialogue
et j’arrondissais les angles. Mais aujourd’hui, je considère que
le retour à la politique des angles arrondis n’est pas dans
l’intérêt national. Il y a un problème dans le pays qui doit
être traité avec beaucoup de franchise et d’honnêteté, et nous
ne devons pas nous enfouir la tête dans le sable, surtout quand
ces armes deviennent un moyen de faire pression sur la vie
politique. Cette situation est inacceptable, parce que nous ne
pouvons pas construire un État de cette manière. Le pays a une
armée, une autorité et un État qui devraient rassembler tous les
citoyens autour de lui. Et après toutes les expériences amères
subies par le Liban, certains se trompent en disant que nous
tentons de contourner les armes de la Résistance, parce que la
vérité est très différente. Notre priorité est qu’aucune arme
d’aucune partie ne soit un moyen de s’en prendre à la paix
civile et au système démocratique. Nos alliés et nous au sein du
14-Mars sommes d’accord sur la même ligne. Nous nous
rassemblerons le 14-Mars 2011 comme nous l’avons fait le 14 mars
2005. Ce sera un jour décisif dans l’histoire du Liban (…) Nous
ne voulons pas que l’on nous dise que le tribunal international
est israélien, ce tribunal n’est ni israélien ni américain. Les
gens doivent connaître la vérité et savoir qui a assassiné non
seulement Rafic Hariri, mais tous les martyrs tombés depuis six
ans. »
Samir Geagea, chef chrétien allié de Saad
Hariri
« Si les exactions perpétrées par l’autorité de tutelle (la
Syrie Ndlr.) ont mené à la révolution du Cèdre, alors il faut
savoir que le seul fait de voir poindre l’autorité de tutelle
une nouvelle fois donnera lieu à des révolutions du Cèdre sans
fin, jusqu’à l’extraction totale de la maladie. Nous nous sommes
libérés du fardeau du pouvoir, nous pouvons désormais vivre
selon nos convictions, nos principes, en toute liberté et
aspirer à les traduire de toutes nos forces. Aujourd’hui, plus
que n’importe quel autre moment, c’est le Liban d’abord, le
Liban qui doit primer, pour que l’État libanais puisse voir le
jour, un État effectif, au pouvoir unique, avec une armée unique
en application des résolutions 1559, 1680, 1701 et 1757, un État
clairement déterminé dans ses frontières et de manière
définitive. Les détenus et les disparus dans les prisons
syriennes, c’est maintenant, la justice sociale, c’est
maintenant, et tout ce en quoi nous croyons pour améliorer et
faire évoluer la vie des citoyens. Maintenant, surtout
maintenant, la guerre sur la corruption, maintenant que les
diables de la corruption de l’étape précédente sont de retour.
Le Tribunal spécial pour le Liban est une réalisation historique
pour le peuple de la révolution du Cèdre, et le fruit d’une
lutte de trente ans, contre l’occupation, la répression, le
meurtre, l’assassinat et la soumission. Nous n’allons pas
accepter que le tribunal soit sacrifié ou que son existence soit
menacée. »
Nabih Berry, président du Parlement
« L’accord avec le TSL s’est fait d’une façon non
constitutionnelle. Le président de la République n’a pas signé
cet accord et ne l’a pas soumis à la Chambre. Le TSL est non
constitutionnel et contraire au Pacte national. L’enquête menée
par le tribunal est politisée et a misé sur les faux témoins et
la fabrication de scénarios. Nous avons affirmé à plusieurs
reprises lors de la conférence de dialogue que nous sommes avec
le tribunal qui devrait laisser la vérité éclater au grand jour
et non fabriquer ou falsifier la vérité. »
Presse
Al Akhbar (Quotidien libanais proche de la nouvelle
majorité, 18 février 2011)
Nicolas Nassif
Le Premier ministre désigné Najib Mikati reste optimiste, et ne
ferme pas la porte au dialogue avec l’autre camp, bien qu’il
soit sûr qu’il va présider un gouvernement monochrome. Il sent
qu’il n’est pas obligé de fixer une date à la naissance du
gouvernement avant d’avoir épuisé tous les efforts et tous les
contacts à cette fin.
Les ministres proches de lui, du président de la République et
du député Walid Joumblatt sont considérés comme consensuels, et
doivent garantir l’équilibre du gouvernement afin qu’aucune
partie ne l’emporte sur l’autre. Ce qui peut être une référence
à l’octroi à ces ministres du tiers+1. Ce qui revient également
à dire que les ministres du 8-Mars n’obtiendront pas les deux
tiers des sièges ministériels comme ils le souhaitent…
Mikati est aussi convaincu qu’aucune partie libanaise ne peut
gouverner toute seule ou monopoliser le pouvoir. Et quelles que
soient les difficultés, il n’a pas l’intention de renoncer à
former le gouvernement. Dans le même temps, il s’attache à
maintenir le dialogue avec tous, bien qu’il semble sûr que les
forces du 14-Mars ne participeront pas à son gouvernement.
Mis à part le seul engagement qu’il a fait au Hezbollah
concernant la protection de la Résistance, Mikati s’estime
libéré de toute contrainte. Il n’a d’ailleurs fait aucune
promesse aux forces du 8-Mars au sujet du TSL.
An Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars, 18
février 2011)
Sarkis Naoum
Des informations en provenance de Washington indiquent que
l’administration Obama a fait savoir au Premier ministre désigné
Najib Mikati qu’elle n’avait rien contre lui personnellement en
tant que chef du futur gouvernement mais qu’elle préférerait un
cabinet à son image, composé de personnalités modérées,
centristes, disposées à œuvrer pour colmater la brèche entre le
8-Mars et le 14-Mars. L’administration états-unienne aurait
également défini les lignes rouges à ne pas franchir : elles
concernent essentiellement le TSL et les engagements
internationaux du Liban.
La Syrie, qui gère la crise gouvernementale au Liban, a laissé
le Premier ministre désigné, le 8-Mars et le 14-Mars essayer
toutes les recettes et n’a rien proposé elle-même, bien qu’elle
maintienne les concertations avec ses alliés au Liban. Elle
compte d’ailleurs continuer à suivre la même approche en
attendant l’un des deux scénarios suivants : le 8-Mars conduit
par le Hezbollah, et son allié Najib Mikati, parviennent à une
impasse, et se tournent vers Damas ; les Etats-Unis parviennent
à la conviction que c’est la Syrie et non le Hezbollah, qui
représente la référence, le guide, ou le tuteur du nouveau
gouvernement.
An Nahar (17 février 2011)
Une cinquantaine de dignitaires religieux sunnites a considéré
que Dar el-Fatwa a perdu son rôle religieux et politique et a
appelé le mufti de la République, cheikh Mohammed Kabbani, à
démissionner, avant de mettre en garde contre toute obstruction
des efforts du président Najib Mikati. Les cheikhs réunis dans
un hôtel à Bir Hassan ont souligné que leur position claire de
ne pas traiter avec le TSL ne revient pas à renoncer à la vérité
et à la justice, mais plutôt à rectifier le parcours de la
justice et à rechercher la vérité. Ils ont également appelé
l’ancien Premier ministre Fouad Siniora à honorer ses
engagements et à rendre l’argent volé aux caisses de Dar
el-Fatwa par des proches du mufti Kabbani.
Magazine (Hebdomadaire libanais francophone
indépendant, 18 février 2011)
Paul Khalifeh
Le haririsme ne vit pas, aujourd’hui, ses meilleurs moments. Une
série d’événements locaux et régionaux montre que le Moustaqbal
(Courant du Futur Ndlr.) traverse une grave crise et se trouve,
actuellement, sur une courbe descendante. Une brèche s’est
ouverte dans la question de la représentation sunnite,
permettant à Najib Mikati de s’y engouffrer pour disputer à Saad
Hariri le titre de « premier sunnite du Liban. » Cette brèche
n’est pas apparue fortuitement. Elle est le résultat d’une
conviction saoudienne de la nécessité de revenir à une plus
grande diversité au niveau de la représentation sunnite, après
une quasi-exclusivité exercée par la famille Hariri pendant près
de 20 ans (…) Il existe des indices montrant que Najib Mikati ne
mène pas son combat sans appui régional. Chose inimaginable il y
a quelques semaines, des journaux saoudiens n’hésitent plus à
critiquer Saad Hariri et à défendre son successeur. Pas plus
tard que le 15 février, Daoud al-Charyane, un journaliste proche
du roi Abdallah, écrivait dans al-Hayat : « Certains
discours du 14-Mars ne sont pas dignes de la politique. Ils
affirment qu’en acceptant sa désignation, Mikati trompe son
milieu communautaire. Comme si la présidence du Conseil au Liban
était l’exclusivité d’un homme ou d’un courant et celui qui la
convoite devient kidnappeur ou traitre. Le plus grave c’est que
Dar el-Fatwa joue un rôle politique qui ne fait pas
traditionnellement partie de ses compétences. » Un peu plus loin
on peut lire : « Le contexte régional a changé (…) La sagesse
appelle à la participation (du 14-Mars au gouvernement, ndlr.)
et à la stabilisation du Liban en attendant les résultats du
tribunal. Le fait que le Courant du futur insiste à passer à
l’opposition sans protecteur régional présage que la scène
libanaise sera le théâtre de tensions. » Déjà, le 25 janvier,
les milieux saoudiens avaient lancé un signal fort à l’adresse
des Libanais. Le site Internet Elaph.com, proche du
pouvoir, publiait un « sondage » effectué auprès de 150
personnalités saoudiennes dont des membres du Conseil
consultatif, des universitaires, des chercheurs et des
journalistes. Les sondés étaient invités à répondre à trois
questions, la plus importantes étant la suivante : Pensez-vous
que Saad Hariri représente à lui seul les sunnites au Liban ?
Dans son commentaire du sondage, l’auteur écrit : « Le plus
surprenant a été de constater une quasi-unanimité autour du fait
que Saad Hariri n’est pas le seul représentant des sunnites au
Liban. Parmi les personnes interrogées, beaucoup ne le
considèrent même pas comme un leader sunnite. »
Al Hayat (Quotidien saoudien, 18 février 2011)
Des sources haut placées de la nouvelle majorité au Liban ont
relevé l’ampleur des dégâts politiques essuyés par cette
majorité en raison de la « bombe » déclenchée par le général
Michel Aoun, dont les éclats ont atteint le président de la
République Michel Sleiman et le Premier ministre désigné Najib
Mikati. D’autant plus qu’Aoun s’est érigé en seul maître à bord
en ce qui concerne la composition, le programme, l’agenda et la
déclaration ministérielle du futur gouvernement. Selon ces
sources, le président Sleiman est fortement agacé par les
dernières déclarations de Michel Aoun, et a rappelé son
attachement plein et entier à ses prérogatives. L’opposition à
toute représentation du chef de l’Etat au sein du prochain
gouvernement est rejetée par le président Mikati ainsi que par
des figures de proue de la nouvelle majorité. Le Hezbollah,
principal allié du général Aoun, aurait été surpris par les
conditions extrêmes de son allié concernant sa participation au
gouvernement, et que le mouvement Amal n’a pas vu d’un bon œil
de telles conditions. Le Hezbollah chercherait à assouplir la
position du chef du CPL pour parvenir à un compromis hâtant la
mise en place du gouvernement.
Al Moustaqbal (Quotidien appartenant à la famille
Hariri, 17 février 2011)
Rouba Kabbara
Des sources qui suivent les tractations de la formation du
gouvernement prédisent un retard pour des raisons aussi bien
intérieures qu’extérieures. La plus importante raison intérieure
est liée à la volonté du Premier ministre désigné Najib Mikati
d’éviter un gouvernement monochrome. Parmi les raisons
extérieures, par contre, on trouve en particulier le peu
d’empressement syrien à voir se mettre en place un gouvernement
qui exclut le camp du 14-Mars, en attendant de connaître les
répercussions du renversement du régime de Hosni Moubarak et la
suite des événements au Bahreïn, en Libye, en Jordanie ou au
Yémen, ajoutent les mêmes sources.
As Safir (Quotidien libanais proche de la nouvelle
majorité, 15 février 2011)
Le 14 février 2011, un camp politique libanais a célébré
l’assassinat de Rafic Hariri sans se poser un minimum de
questions, après six années de revers à la chaîne :
Pourquoi Michel Aoun s’est-il dissocié du 14-Mars ? Pourquoi
Walid Joumblatt en a-t-il fait de même ? Pourquoi Nassib Lahoud
et Mohammad Safadi ont-il décidé de se démarquer du 14-Mars ?
Plus important encore : pourquoi le grand public libanais, qui
n’appartenait pas aux partis politiques du 14-Mars, a-t-il pris
ses distances ?
Où Saad Hariri amène-t-il son public ? Là où le souhaite Samir
Geagea, assassin de Rachid Karamé, ou Amine Gemayel, qui est
allé au BIEL en laissant son cœur chez Mikati ?
Voilà donc Saad Hariri qui renouvelle son départ politique à
partir du point par où il avait commencé il y a 6 ans, en
reconnaissant pour la première fois qu’il était inexpérimenté et
que sa performance a été entachée d’une bonne dose d’immaturité.
Concrètement, il est possible de dire que Hariri a cessé de
reconnaître la déclaration ministérielle de son gouvernement
pour ce qui concerne l’équation armée-peuple-résistance. Il a
annulé le rôle du dialogue national concernant la stratégie de
défense, en érigeant la nécessité de faire face aux armes en
priorité. Hariri a ainsi confirmé son passage à l’opposition, en
comptant sur l’artillerie oratoire de Samir Geagea, dirigée
exclusivement cette fois-ci contre Damas, l’Iran et le
Hezbollah.
Par ailleurs, en donnant une image approximative de l’acte
d’accusation du TSL, Hariri semblait en connaître le contenu. Il
ne s’est pas rendu compte qu’il contredisait ainsi des
déclarations qu’il avait faites précédemment lorsqu’il a riposté
au Secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, en
assurant qu’il ne lui avait pas communiqué le contenu de l’acte
d’accusation en mai 2009 et ne lui a pas dit que des individus
seront montrés du doigt et qu’il compte déclarer publiquement
que ceci ne revient pas à accuser toute une communauté
religieuse ou tout un parti politique ! Hier, il a donc dit ce
qu’il avait nié à un certain moment : « Ce tribunal accusera des
individus et ne le fera pas au hasard. »
New York Times (Quotidien états-unien, 14 février
2011)
Six années après avoir été assassiné, Rafic Hariri a laissé un
héritage qui semble se dégrader alors que le Liban se déchire
concernant l’enquête sur le meurtre de l’ancien Premier
ministre. Selon Assaad Abou Khalil, professeur à la California
State University, le camp du Premier ministre libanais sortant,
Saad Hariri, a « ’subi un certain nombre de revers ». « ’Il
serait cependant trop tôt pour déclarer sa mort car les facteurs
qui ont donné naissance au mouvement du 14-Mars existent
toujours », explique le professeur.
Mais aujourd’hui, la donne a changé pour Hariri et ses alliés
pro-occidentaux. « Six ans plus tard, les choses s’annoncent
plutôt sombre pour la coalition formée après l’assassinat de
Rafic Hariri », explique-t-il. « Le fossé le plus profond au
sein de la société libanaise de ces dernières années concerne le
tribunal. Les forces opposées au Tribunal ont réussi à miner sa
crédibilité ». « Pendant longtemps, bataille a été menée sur la
perception de l’opinion publique libanaise de la crédibilité et
de la légitimité du tribunal. Je pense que sur ce terrain, le
Hezbollah a été très habile. »
Asia Times (Journal online asiatique, 14 février 2011)
Sami Moubayyed
Le premier ministre Najib Mikati a probablement accueilli avec
soulagement la révolte égyptienne. Pas pour des raisons
géostratégiques, mais tout simplement pratiques. Elle lui a
permis de travailler sous une moindre pression à la formation de
son gouvernement.
Aujourd’hui, les Libanais se rendent compte que la seule chose
de commun entre Hariri, Moubarak, l’ex-président tunisien Ben
Ali et l’ex-Premier ministre jordanien Samir al-Rifaï, est leur
soutien à la politique étrangère des Etats-Unis qui, en retour,
renforçait leur pouvoir. Privé de ses alliés égyptiens et
saoudiens, qui lui reprochent d’avoir torpille l’initiative
syro-saoudienne, Hariri s’apprête à vivre une difficile année
2011. Chef de file d’une dynastie au pouvoir depuis 20 ans, il
est aujourd’hui à la tête d’un mouvement éjecté du pouvoir et à
bout de souffle.
The National (Quotidien australien, 14 février 2011)
Les réalisations de la Révolution du Cèdre semblent limitées. Il
est a ce propos troublant de constater la foule qui a envahi la
place des Martyrs en 2005 ressemble terriblement a celle qui a
occupé la place Tahrir. Cette solidarité et cet enthousiasme qui
transpire au Caire ont aussi transpiré à Beyrouth. L’armée
syrienne a quitté le pays, mais en laissant le champ libre a un
Hezbollah encore plus puissant. L’armée syrienne a quitté le
pays, mais il est toujours plongé dans son instabilité
chronique. L’armée syrienne a quitté le pays, mais il est
toujours aussi vulnérable, sinon plus, aux interférences
étrangères. Aujourd’hui, le nouveau premier ministre Najib
Mikati semble bénéficier d’un large soutien. Le décrédibiliser
dès à présent serait prématuré car le voici les mains dans le
cambouis.
Corriere della Sera (Quotidien italien, 14 février
2011)
Des sources policières révèlent qu’un jeune Palestinien lié à un
groupe islamiste sunnite du Liban, inspiré idéologiquement par
Al-Qaïda, a été arrêté en Grèce. Ghaleb Taleb a été interpellé à
Athènes et sera expulsé pour entrée illégale sur le territoire
grec après son interrogatoire sur les moyens détournés qu’il a
utilisés pour y arriver. Ce Palestinien serait un membre du
groupe extrémiste sunnite Fatah al-Islam. Il est arrivé
clandestinement il y a des mois en Grèce pour préparer des
attentats en Europe. Un autre membre présumé du Fatah al-Islam,
Mohammed Musa, se trouve aux mains des autorités grecques depuis
des mois et va être lui aussi expulsé pour entrée illégale en
Grèce.
La tendance dans le monde arabe
Les régimes se protègent grâce aux divisions
sectaires et tribales
L’attention de l’opinion publique arabe se focalise sur les
révoltes qui secouent le Yémen, Bahreïn, la Jordanie et la Libye
pour réclamer des changements politiques et économiques. Alors
que ces mouvements de protestations, qui ont fait des centaines
de morts et de blessés, se poursuivent, on peut d’ores et déjà
faire les observations suivantes :
1.
Manifestement, les régimes arabes sont déterminés à réprimer
férocement les protestataires avec l’appui des Etats-Unis.
L’affaire s’est transformée en scandale à Bahreïn, où les
autorités ont utilisé des mercenaires étrangers, encadrés par
des officiers de services de renseignement britanniques et
états-uniens pour protéger un régime chargé de gérer une
importante base militaire considérée comme essentielle face à
l’Iran.
L’histoire nous apprend qu’elle ne se répète pas
systématiquement. Les derniers événements révèlent des divisions
verticales dans les sociétés arabes et une tendance chez les
régimes à exploiter ces divergences pour se protéger contre le
vent de changement, quitte à provoquer des conflits et des
guerres civiles entre des groupes sectaires et tribaux qui leur
sont hostiles ou favorables.
2.
Ces réalités mettent à nu les faiblesses et les carences des
mouvements politiques arabes et leur incapacité à surmonter les
divisions sociales traditionnelles. Ces mouvements vont se
retrouver face à des défis intellectuels, politiques et de
nature organisationnelle. Certains ne pourront pas dépasser les
clivages sectaires et tribaux pour initier un véritable
changement politique. D’autres, comme le « Mouvement sudiste »
au Yémen, luttent pour la sécession afin de gouverner un
mini-Etat.
En dépit de ces obstacles que les régimes exploiteront pour
rester en place et éviter le même sort que les régimes tunisien
et égyptien, la détermination des mouvements de protestation se
soldera nécessairement par l’apparition de nouvelles réalités
qui obligeront les régimes à faire des compromis, comme cela
sera probablement le cas en Algérie, où le régime s’entoure
d’une base sociale relativement large et évolue d’une manière
relativement indépendante de l’Occident. L’existence de grandes
ressources dans ce pays facilitera des politiques de
développement couplée à des concessions politiques. En Libye,
Moammar Kadhafi a choisi, contrairement à Abdel Aziz Bouteflika,
de s’ouvrir sur l’Occident, alors que le président algérien
s’est opposé à l’occupation de l’Irak, en 2003, prenant des
positions proches de celles de la Syrie.
3.
L’évolution de la situation laisse penser que le monde arabe
n’est pas à la veille de changements dramatiques qui vont
renverser tous les régimes en l’espace d’un mois, conformément à
l’effet domino, comme l’ont prévu des analyses naïves parues
dans la presse occidentale. Il est cependant certain que les
peuples arabes ont retrouvé leur âme et ont repris l’initiative,
sous l’impulsion d’une jeunesse qui aspire à la liberté, à la
justice sociale et à la dignité nationale.
Evénement
Libye
Des centaines de milliers de personnes se sont rassemblées
dimanche à Benghazi, deuxième ville de Libye, pour enterrer les
manifestants tués par les forces de sécurité. Les violences de
la nuit de samedi à dimanche ont porté à 173 le nombre de
personnes tuées en quatre jours d’affrontements, centrés sur
Benghazi et les villes avoisinantes, selon un bilan établi par
l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights
Watch (HRW), dont le siège est à New York. « Cent mille
manifestants se rendent actuellement au cimetière pour les
obsèques de dizaines de martyrs. Nous craignons un nouveau
massacre car la route menant au cimetière est proche des
casernes des forces de sécurité », a dit à Reuters un habitant
de la capitale de la Cyrénaïque. « Nous ne céderons pas tant que
le régime ne sera pas tombé. Nous appelons les Nations unies à
intervenir tout de suite pour arrêter ce massacre », a dit cet
homme. Un autre témoin a indiqué à Reuters que des centaines de
milliers de personnes, dont des femmes et des enfants, s’étaient
réunies pour prier devant 60 corps, exposés près d’un tribunal
du nord de Benghazi, qui compte 700 000 habitants. « Un massacre
a été commis ici hier soir », a déclaré dimanche un habitant qui
a requis l’anonymat. Les forces de sécurité ont eu recours à des
armes lourdes et, a-t-il ajouté, « nombre de soldats et de
policiers sont passés dans le camp des manifestants ». Il semble
que les rues de Benghazi soient sous le contrôle des
manifestants et que les forces de sécurité se soient retranchées
dans un complexe appelé le « Centre de commandement », d’où
elles ont tiré sur la foule. Un chef de tribu qui a requis
l’anonymat a lui aussi laissé entendre que les forces de
sécurité étaient confinées dans ce centre de commandement. « Il
n’y a plus aucune présence des autorités dans la ville, les
forces de sécurité sont retranchées dans leurs casernes et la
ville est dans un état de mutinerie civile », a-t-il dit à
Reuters. La répression sanglante a poussé une cinquantaine de
dignitaires musulmans à publier un appel, envoyé à Reuters, qui
exhorte les membres des forces de sécurité, en tant que
musulmans, à mettre un terme au massacre. A Tripoli, plusieurs
milliers de partisans du régime se sont rassemblés sur la place
Verte, près de la médina, aux premières heures de la matinée de
dimanche, a constaté un journaliste de Reuters. « Dieu, Libye et
Mouammar ! », ont-ils scandé, ou encore : « Mouammar est le
pionnier du nationalisme arabe ! »
Bahreïn
Un haut responsable de l’opposition bahreïnie, Abdel Jalil
Khalil Ibrahim, a exigé la démission du gouvernement et le
retrait des forces armées des rues de Manama pour répondre à
l’offre de dialogue faite par le prince héritier de Bahreïn.
« Pour envisager le dialogue, le gouvernement doit démissionner
et l’armée doit se retirer des rues » de la capitale, a déclaré
M. Ibrahim, chef du bloc parlementaire du Wefaq, le principal
groupe de l’opposition. « Nous n’assistons pas à un langage de
dialogue mais à celui des armes », a-t-il ajouté, en évoquant
les tirs de l’armée vendredi soir contre des manifestants, qui
ont fait 95 blessés. Ces tirs étaient survenus alors que le
prince héritier, Salman Ben Hamad Al-Khalifa, s’exprimait à la
télévision d’Etat pour promettre un dialogue avec l’opposition
une fois le calme revenu. Le roi Hamad Ben Issa Al-Khalifa a
aussitôt chargé son fils, de mener un « dialogue avec les
parties et communautés sans exception ».
Yémen
Au Yémen, des heurts entre opposants et partisans du président
Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans et allié des
Etats-Unis, ont tourné à la bataille rangée samedi dans la
capitale, Sanaa. Dimanche, une cinquantaine de militants
favorables au régime ont attaqué un rassemblement d’un millier
d’opposants qui scandaient « Dégage, Ali ! » devant l’université
de la capitale. L’un des partisans de Saleh a ouvert le feu avec
un fusil d’assaut mais on ne fait pas état de victimes. Samedi
déjà, les partisans du régime ont tenté de prendre d’assaut le
campus de l’université. « Le peuple veut la chute du régime »,
scandaient les étudiants. Un journaliste de l’AFP a vu un
étudiant s’effondrer, atteint d’une balle au cou et noyé dans
son sang.
A Aden, dans le Sud, les protestations ont continué après une
nuit d’émeutes. Un adolescent a été tué par une balle perdue,
selon une source hospitalière. Trois personnes ont été blessées,
dont deux filles de 9 et 11 ans, quand la police a ouvert le feu
pour disperser un rassemblement de plusieurs centaines de
personnes, selon des témoins et des sources médicales. Douze
personnes ont été tuées au Yemen, dont 10 à Aden, depuis le
début de la semaine.
Maroc
Plusieurs milliers de Marocains ont manifesté dimanche à
Casablanca et Rabat pour réclamer des réformes politiques et une
limitation des pouvoirs du roi, premier mouvement de ce type
dans le pays depuis le début des révoltes qui secouent le monde
arabe. Des banderoles proclamaient : « Le roi doit régner et non
gouverner » ou « Le peuple veut une nouvelle Constitution »,
tandis que des groupes de gauche demandaient « moins de pouvoirs
à la monarchie ». Aucun incident n’avait été signalé dans les
deux villes en fin de matinée. Dans la foulée des événements de
Tunisie et d’Egypte, de jeunes Marocains avaient lancé sur
Facebook le mouvement « du 20-Février », appelant à manifester
pacifiquement pour réclamer une nouvelle Constitution limitant
les pouvoirs du roi et plus de justice sociale. L’appel a
rapidement rassemblé des milliers de sympathisants. Il a été
appuyé par des ONG comme l’Association marocaine des droits
humains (AMDH) et des journalistes indépendants. L’organisation
de la jeunesse du mouvement islamiste Justice et bienfaisance a
appelé elle aussi à manifester « pacifiquement » dimanche. Les
principaux partis politiques marocains dont l’Istiqlal (du
Premier ministre Abbas el-Fasi) se sont en revanche prononcés
contre l’appel.
Algérie
En Algérie, des centaines de personnes ont tenté de se
rassembler dans la capitale aux cris de « Algérie libre et
démocratique », « Pouvoir assassin », « Le peuple veut la chute
du régime », et ont été repoussées par d’importantes forces de
sécurité. Une dizaine de manifestants ont été blessés, dont deux
grièvement, selon la Coordination nationale pour le changement
et la démocratie (CNCD). S’il n’était pas clair, la position du
gouvernement a été rendue publique une fois de plus dimanche.
« L’effet domino est une invention des médias y compris les
médias algériens qui sont très libres. Je ne crois pas que cela
s’applique à l’Algérie. L’Algérie n’est pas l’Egypte ou la
Tunisie », a déclaré un ministre algérien dans cette interview à
El Pais.
Un député du Rassemblement pour la culture et la démocratie
(RCD), Tahar Besbas, a été grièvement blessé par la police,
selon des membres de son parti.
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