Opinion
Entretien de Michèle Alliot-Marie avec la lettre du Crif
Michèle Alliot-Marie
Jeudi 20 janvier 2011
La Lettre du Crif : Madame le Ministre
d’Etat, vous effectuez actuellement une tournée au
Proche-Orient. Quels sont les buts de cette mission ? Que peut
faire la France pour aider à la relance des négociations entre
Israéliens et Palestiniens ?
Michèle Alliot-Marie : Israéliens et
Palestiniens n’ont d’autre choix que celui de la paix. La
priorité doit aller à la négociation. La garantie de sécurité
pour Israël, c’est la création d’un Etat palestinien viable et
démocratique, dans des frontières sûres et reconnues. C’est la
perspective tracée par le Premier ministre israélien,
M. Netanyahu dans son discours de Bar Ilan, que nous avons
salué.
Si j’ai souhaité effectuer ma première tournée au
Proche-Orient, c’est pour réaffirmer aux Israéliens et aux
Palestiniens que la France et l’Union européenne apporteront un
soutien sans faille à toutes les initiatives en faveur de la
paix. Il nous faut trouver au sein du Quartet, avec les
Etats-Unis, les moyens de relancer ce processus, aujourd’hui
dans l’impasse.
La Lettre du Crif : Comment se portent
les relations entre la France et Israël ? Peut-on parler de
différences d’appréciation en ce qui concerne la résolution du
conflit ? Ont-elles des conséquences sur les relations
bilatérales ?
Michèle Alliot-Marie : L’amitié entre la
France et Israël est très forte : elle est historique et
profonde. Depuis 62 ans, la France a toujours été aux côtés
d’Israël en apportant sa contribution à sa construction, à son
développement, à son rayonnement et à sa pérennité. La France a
toujours été au premier rang pour défendre le droit d’Israël à
vivre en paix et en sécurité. L’existence d’Israël n’est pas
discutable. Sa sécurité n’est pas négociable. Le gouvernement
français attache une grande importance à la relation entre nos
deux pays, entre nos deux peuples.
Notre relation a été marquée ces dernières années par la
visite d’Etat du président Shimon Peres en France et par le
grand discours de Nicolas Sarkozy à la Knesset. Cette relation
n’est pas que politique et diplomatique, elle est aussi
économique, judiciaire, universitaire, scientifique, culturelle,
affective aussi.
Israël est une grande démocratie et attend de la France
qu’elle lui parle en amie sincère. Nous nous parlons donc avec
franchise sur tous les sujets et notamment sur le processus de
paix.
La Lettre du Crif : La France a une forte
coopération culturelle avec Israël et les Territoires
palestiniens, notamment en ayant des centres culturels comme à
Jérusalem, Ramallah et Gaza dans lequel vous vous rendrez. Quel
est le message de la France alors que celui de Gaza a été le
récent théâtre d’appels au boycott ?
Michèle Alliot-Marie : Grâce à ses centres
culturels notamment, la France porte un message et des valeurs à
travers le monde. Promouvoir le dialogue et les échanges entre
culture française et culture locale, diffuser la langue et la
culture françaises sont les raisons d’une présence culturelle
française que ce soit à Jérusalem, Haïfa, Ramallah ou Gaza. La
France reste aujourd’hui le seul Etat étranger à maintenir à
Gaza un Centre culturel. Notre volonté est d’en faire un lieu de
dialogue, d’échanges, d’ouverture sur le monde : un lieu de
démocratie. Et si j’ai tenu à me rendre à Gaza, et notamment au
Centre culturel français, c’est pour montrer à la population
gazaouie qu’il n’y a d’autres issues que celle de la paix et du
dialogue. Je veux que le Centre culturel français de Gaza soit
le symbole de la paix future. Si ce lieu a pu servir à des fins
politiques et idéologiques, je le regrette vivement. Quant au
boycott des produits israéliens, ma position est connue et
particulièrement ferme, c’est celle d’une application stricte de
la loi française. Quand j’étais garde des Sceaux, j’ai adressé
en ce sens une circulaire aux parquets généraux, leur demandant
d’identifier et de signaler tous les actes de provocation à la
discrimination.
La Lettre du Crif : La France est
mobilisée depuis le premier jour pour obtenir la libération de
Guilad Shalit. Avez-vous l’espoir que votre mission permettra de
faire progresser ce dossier douloureux ?
Michèle Alliot-Marie : La libération de
Gilad Shalit est une priorité pour la France comme je l’ai
rappelé encore récemment au président Prasquier. En Israël, je
rencontrerai les parents de Gilad Shalit. J’évoquerai évidemment
sa situation avec l’ensemble de mes interlocuteurs sur place.
Tous les moyens sont mis en œuvre que Gilad retrouve la liberté
le plus rapidement possible
Michèle Alliot-Marie, Ancienne présidente
du parti gaulliste (RPR), ralliée à Nicolas Sarkozy. Ministre de
la Défense (2002-07). Ministre de l’Intérieur (2007-09).
Ministre de la Justice (2009-10). Ministre des Affaires
étrangères (depuis 2010). Elle exerça auparavant ses talents
d’expertise juridique au service de régimes autoritaires de la Françafrique, rédigeant aussi bien la Constitution de la
République islamique des Comores que les Codes pénal et civil du
Kivu.
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