Syrie
Démasqué, le
président du Conseil des ministres
s'enfuit
Réseau Voltaire
Mardi 7 août
2012
Se sentant démasqué,
le président du Conseil des ministres
syriens, Riad Hijab, a été exfiltré par
l’OTAN vers le Liban, dimanche 5 août
2012.
L’agence de presse nationale syrienne
(SANA) n’a pas rendu compte de
l’événement, se contentant de signaler
qu’il avait été « démis de ses fonctions
».
La Syrie étant un régime présidentiel
(comme les États-Unis), les ministres
sont nommés directement par le président
de la République et cette vacance n’a
pas d’incidence sur le reste du
gouvernement. Le président Bachar el-Assad
a demandé à l’un des quatre
vice-présidents du Conseil, Omar
Ghalawanji, d’exercer les fonctions de
président du Conseil des ministres.
Le chef de l’Armée syrienne libre a
annoncé que M. Hijab avait fait
défection avec d’autres ministres. La
télévision syrienne a montré des images
panoramiques de la réunion du Conseil
des ministres sous la présidence d’Omar
Ghalawanji afin que chacun puisse
constater que nul ne manque à l’appel.
En outre, le ministre des Biens cultuels
–dont le nom avait été cité par une
agence de presse- a fait une déclaration
à la télévision sur un sujet secondaire
afin de mettre un terme aux rumeurs de
la presse occidentale le concernant.
La trahison de Riad Hijab est la
première d’importance depuis le début de
la crise. Selon son porte-parole,
Mohamed Otri, qui s’est exprimé depuis
la Jordanie, M. Hijab travaillait
secrètement au renversement de Bachar
el-Assad bien avant d’accepter les
fonctions de président du Conseil des
ministres, il y a six semaines, le 23
juin.
Le président du Conseil des ministres
coordonne la mise en œuvre de la
politique intérieure, mais n’a aucun
pouvoir en matière de Politique
étrangère et de Défense, « domaines
réservés » du président de la
République.
Comme dans le système constitutionnel
états-unien, les principaux pouvoirs de
nomination reviennent au président de la
République. Le président du Conseil des
ministres n’a donc pas pu placer des
hommes à lui à des postes stratégiques
de l’État.
À ce stade de l’enquête, il semble
que l’opération « Volcan de Damas et
séisme de la Syrie », qui a échoué,
devait consister en un coup d’État
militaire auquel Riad Hijab aurait donné
une onction civile. Washington et ses
alliés pensaient qu’après la
décapitation du commandement militaire
(attentat du 18 juillet), des généraux
et leurs régiments s’empareraient du
pouvoir avec l’aide des mercenaires
entrant depuis la Jordanie, puis ils
l’auraient remis dans les mains de M.
Hijab. Le département d’État aurait
alors applaudi à la victoire de la «
démocratie ».
On ignore à quel moment les services
de sécurité ont commencé à douter de la
loyauté du président du Conseil des
ministres. Celui-ci n’avait pas été
inquiété et participait encore hier à
une inauguration officielle, mais il
avait évité de retourner à son bureau
depuis deux jours.
Bien qu’ayant exercé des fonctions au
sein du Baas, Riad Hijab était un
technocrate, pas un leader politique.
Ancien préfet de Lattaquié, jouissant
d’une excellente réputation
d’administrateur, il avait été nommé
ministre de l’Agriculture, puis
président du Conseil des ministres parce
que n’étant pas lié à un courant
politique, il semblait plus apte que
d’autres à œuvrer à l’unité nationale.
C’est le contraire qui s’est produit.
N’étant lié à aucun groupe, il a pu
changer de bord sans être retenu par un
engagement.
Lors d’une conférence de presse, le
ministre de l’Information, Omrane al-Zohbi,
a souligné que -à la différence de
l’Arabie saoudite- la Syrie est un État,
et que la disparition d’un homme ne peut
affecter la marche de l’État.
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