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Blog René Naba
La
conférence d’Annapolis, la Palestine en contrechamps
René Naba
Paris, le 21 novembre 2007
Afin que les murmures de Yad
Vachem n’étouffent pas les cris de douleur du peuple
palestinien, injustement dépossédé de sa patrie, cette
intervention est dédiée, au-delà du lectorat de cet article, au
nouveau président de la République française, Nicolas Sarkozy,
afin qu’il ne développe pas de facultés auditives sélectives.
I. La permanence du géotropisme occidental ou le
complexe de Gibraltar.
Il serait fastidieux et vain de dresser une chronologie de l’Histoire
de la Palestine, c'est-à-dire le récit linéaire des événements
tels qu’ils se sont produits depuis la promesse Balfour jusqu’à
nos jours, plus exactement depuis la promesse de création d’un
Foyer National Juif en Palestine, jusqu’à la prolifération et
la consolidation de bantoustans sous occupation israélienne,
autour des grandes agglomérations urbaines palestiniennes,
Ramallah, Bethlehem, Naplouse, Hébron et Djénine. Des
Bantoustans, en guise de Foyer National Palestinien, ayant
vocation à constituer le futur état palestinien que les pays
occidentaux veulent ériger en guise de solde de tout compte
d’un conflit centenaire et dont la responsabilité première
incombe exclusivement aux pays occidentaux.
Pas une histoire totale donc, mais une histoire problématisée,
c'est-à-dire une histoire qui essaye d’expliquer les raisons de
ces évènements. Il incombe, pour ce faire, de procéder à un décryptage
de l’histoire récente ou plutôt à la déconstruction des
mythes fondateurs de la stratégie occidentale à l’égard de la
rive méridionale de la Méditerranée, sa rive arabo-musulmane.
A- La théorie du vaccum, "le Res Nullus"
L’Europe, qui a longtemps symbolisé l’Occident, n’a
jamais pardonné aux Arabes non seulement la conquête de la rive
méridionale de la Méditerranée mais aussi la rive africaine de
l’Océan Atlantique. A une époque où la navigation maritime
constituait la principale voie de ravitaillement des Métropoles,
la présence de l’Islam sur les rives africaines de l’Atlantique
a été perçue par l’Europe une menace stratégique sur la
navigation transocéanique occidentale, celle reliant l’Europe
à l’Amérique Latine (via Dakar). Au delà de la conquête de
marchés captifs et des réserves de matières premières, la
colonisation de la Méditerranée a répondu au souci de
neutraliser cette menace potentielle ou virtuelle. Cela quand bien
même nulle poussée arabe n’a été enregistrée en direction
de l’Europe depuis près de quatre siècles, soit pour les
Arabes, depuis la perte de Grenade en 1492 et la restauration de
la souveraineté catholique sur l’Espagne. Nulle poussée
musulmane, non plus, depuis le retrait des troupes musulmanes de
l’Empire ottoman des portes de Vienne, le 13 avril 1683. Sous
couvert d’une motivation religieuse (la libération du tombeau
du Christ à Jérusalem), les Croisades répondaient à cette préoccupation.
La colonisation aussi.
Les grands principes universels découlent rarement de considérations
altruistes. Elles répondent davantage à des impératifs matériels.
Du temps des Croisades, le mot d’ordre mis en avant était la «libération
du tombeau du Christ». Le sac de Constantinople constituera, à
cet égard, selon l’historien Jacques Le Goff, une des pages
honteuses de l’histoire de l’Occident.
Du temps de la colonisation, ce sera «le fardeau de l’homme
blanc» et son double corollaire économique, -la liberté de
navigation et la liberté du commerce et de l’industrie-, c'est-à-dire
la liberté pour l’Europe de façonner à son image les
territoires conquis, d’asservir les peuples, et sous prétexte
de civilisation et de modernité, de coloniser leurs territoires
pour son expansion économique.
Le promontoire de Gibraltar qui contrôle la jonction Mer Méditerranée-Océan
Atlantique est bien revenu sous souveraineté européenne, en fait
anglaise, mais les Occidentaux ne se sont jamais libérés du
complexe de Gibraltar. Gibraltar (Jabal Tareq), qui tire son nom
du conquérant arabe Tarek Ben Ziad continue de retentir dans le
subconscient occidental comme un camouflet stratégique majeur.
Toutes les voies de communications maritimes de l’espace
arabe sont ainsi depuis quatre siècles sous contrôle occidental.
Gibraltar et de même que le site radiophonique de Tanger et la
base aérienne américaine de Kenitra (Maroc) pour la jonction Méditerranée-Océan
atlantique, l’île de Massirah dans le sultanat d’Oman, qui
contrôle le détroit de Bab et Mandeb, pour la jonction Golfe
arabo-persique/Océan indien, enfin Chypre, ou plutôt les bases
d’Akrotiri et de Dékhélia pour la jonction Méditerranée-
Golfe-Océan indien, via le Canal de Suez.
Les deux bases de souveraineté anglaise de Chypre ont été aménagées
en base anglaise de repli après la perte du Canal de Suez,
auparavant sous condominium franco-anglais. La nationalisation du
canal en 1956 par Nasser a d’ailleurs donné lieu à une expédition
punitive franco-anglo-israélienne, première opération militaire
conjointe israélo-occidentale contre le Monde arabe destinée à
châtier un dirigeant nationaliste arabe, Gamal Abdel Nasser,
coupable d’avoir cherché à récupérer sa principale richesse
nationale, le Canal de Suez.
D’autres expéditions punitives ont eu lieu depuis Suez. Les
guerres croisées des Etats-Unis en Irak pour le compte d’Israël,
depuis 2003, la guerre d’Israël au Liban contre le Hezbollah
pour le compte de l’Amérique, en 2006, constituent de parfaites
illustrations de l’intrication d’Israël dans la stratégie
occidentale. Tout le monde garde présent à l’esprit
l’injonction du président Jacques Chirac plaidant la nécessité
de «mesures coercitives» contre le Hezbollah, au tout début de
l’offensive israélienne contre le Liban, en juillet 2006, avant
de réduire ses prétentions dès les premiers revers israéliens.
Au passage notons que de l’expédition «punitive» de Suez aux
mesures «coercitives» contre le Hezbollah, les réflexes
coloniaux demeurent vivaces en France et tenaces.
B- De la vacuité géographique: Un peuple sans
terre pour une terre sans peuple
Le Foyer National Juif s’est déployé en Palestine, précisément,
et non à Madagascar ou en Argentine comme cela était prévu dans
le projet originel pour l’évidente raison que la mise en place
de cette entité occidentale au cœur du Monde arabe répondait
avant tout à un géotropisme permanent des puissances coloniales:
le verrouillage de l’espace arabe au prétexte de la liberté de
navigation et de la sécurité de la route des Indes: Gibraltar,
le Canal de Suez, l’Ile de Massirah, la côte des pirates auront
ainsi tout au long de l’histoire moderne constitué autant de
jalons de l’expansion européenne, autant de places fortes de
garnison et de vigiles de l’Empire britannique.
L’implantation du Foyer National Juif en Palestine a été précédée
de la conquête de l’Algérie, en 1830, du protectorat de la
France sur la Tunisie, en 1881, du protectorat anglais en Egypte,
en 1882. Elle est concomitante du Mandat français sur la Syrie et
le Liban, en 1920 et du Mandat anglais sur l’Irak et la
Palestine. Soixante ans après l’indépendance des pays arabes,
au lendemain de la Deuxième guerre mondiale, la présence
militaire occidentale est plus forte qu’à l’époque
coloniale.
L’ensemble arabo-musulman est ainsi enserré dans un
maillage, sans doute l’un des plus denses au monde. Qu’on en
juge: L’Irak est occupé, le Bahreïn abrite le QG de la V me
flotte américaine opérant dans la zone Golfe-Océan indien et le
Qatar, le QG du commandement central, qui couvre une zone allant
de l’Afghanistan au Maroc.
Le Koweït, zone de pré positionnement des troupes américaines
dans le golfe, sert de base arrière pour le ravitaillement stratégique
des troupes combattantes américaines dans la zone. L’Arabie
saoudite abrite sur la base du prince sultan, dont la superficie
excède la superficie de Paris, les avions radars Awacs, et le
Maroc, la base aérienne de Kenitra pour la surveillance aérienne
depuis la rive arabe du passage de Gibraltar. Enfin le Sultanat
d’Oman, sur l’Ile de Massirah relevant de sa souveraineté,
une base aéronavale anglaise verrouille la jonction Océan
Indien-Golfe arabo-persique. L’énumération ne serait pas complète
si l’on ne mentionnait pas le mandat de fait exercé sur le
Liban par les Etats-Unis et la France depuis l’assassinat du
premier ministre libanais Rafic Hariri, en février 2005, les
accords de coopération militaire conclus avec la Jordanie et l’Egypte
notamment dans le domaine la délocalisation de la torture (rendition)
et de la sous-traitance d’opérations de maintien de l’ordre
dans les pays limitrophes. Au passage, relevons que la
quasi-totalité des monarchies arabes se trouvent en situation de
subordination ou, pour être charitable, de «servitude volontaire»
vis-à-vis des puissances occidentales. L’importance de
l’implantation du Foyer National Juif en Palestine apparaît rétrospectivement
ainsi un élément du maillage.
Le choix de la Palestine s’est fait en vertu du principe de
la vacuité géographique. L’habillage idéologique à cette
entreprise de prédation se résumait par ce slogan «Un peuple
sans terre pour une terre sans peuple». Un slogan mystificateur
car il revenait à nier l’existence d’une population dont les
ancêtres s’étaient frottés victorieusement aux Croisés, en
Palestine, nier l’existence d’une civilisation, marquée par
une économie agricole réputée pour son huile, ses vins, le vin
de Latroun, ses agrumes, les oranges de Jaffa célèbre dans
l’ensemble de la Méditerranée, bien avant la fertilisation du
désert par les vaillants Kiboutznik, autre mystification de la légende
sioniste.
La notion de vacuité s’est depuis lors déclinée dans
toutes ses variantes. De la vacuité géographique nous sommes
ainsi passés à la vacuité culturelle puis à la vacuité
politique.
-La vacuité culturelle : La Palestine a été
décrétée en situation de vacuité par application de la théorie
de Metternich «le Res Nullus» (1), tout simplement parce
qu’elle a eu la mauvaise idée de se situer du mauvais côté de
la frontière et de l’imperium européen: «En dehors des frontières
de la civilisation, il était loisible d’insérer librement, au
milieu des populations plus ou moins arriérées –et non contre
elles- des colonies européennes qui ne pouvaient être que des pôles
de développement».
Autrement dit, la Palestine n’était pas un territoire vide démographiquement,
mais culturellement, vide d’une sorte de vacuité culturelle,
car ne répondant pas au standard européen. Près de cent ans
plus tard, l’Irak était, à son tour, frappé de «vacuité
politique», qu’il importait de lui appliquer la démocratie américaine,
avec les déplorables conséquences que l’on constate
quotidiennement sur le terrain.
-La vacuité politique : La théorie de la
vacuité palestinienne s’applique d’ailleurs d’une manière
discontinue depuis 1948 sur le plan politique. L’absence de
progrès dans la recherche de la paix a toujours été imputée à
l’absence de volonté de paix chez les Arabes, ce qui a été
vrai un certain temps, mais qui n’est plus vrai depuis 1982
(adoption du plan de Fès-Maroc), et surtout à l’absence
d’interlocuteurs palestiniens, ce qui n’a jamais été vrai.
Des «animaux à quatre pattes», selon l’expression de
l’ancien premier ministre Golda Meir, aux «cafards» d’Avigor
Liberman, le chef de file de la droite radicale, les Palestiniens
ont rarement été identifiés pour eux mêmes, pour ce qu’ils
sont, des Palestiniens, les habitants originels de la Palestine.
Quand ils n’étaient pas qualifiés de «terroristes», ils ont
été tour à tour, arabes israéliens ou habitants des
territoires (lesquels?) ou alors, selon leur appartenance
communautaire ou ethnique (druzes, bédouins) jamais arabes
palestiniens ou tout simplement palestiniens.
La négation de l’identité palestinienne a trouvé son
illustration la plus achevée avec la mise en résidence forcée
de Yasser Arafat, Président démocratiquement élu de la
Palestine et prix Nobel de la Paix, par le dirigeant israélien le
plus controversé pour ses pratiques terroristes, le premier
ministre Ariel Sharon avec la complicité des pays occidentaux. En
revanche, les tortuosités israéliennes relèvent elles du
registre de la générosité. Tout le monde se souvient des «offres
généreuses» de Ehoud Barak, le prédécesseur de Sharon, lors
des négociations israélo-palestiniennes de Way Plantation sous
l’égide du président Bill Clinton. La mystification des «offres
généreuses» n’a pas tenu longtemps car elle a été vite dénoncée
par des journalistes israéliens eux-mêmes, puisqu’elles
consistaient à obtenir de Yasser Arafat une reddition sans
condition tant sur le statut futur de Jérusalem que sur le statut
des réfugiés palestiniens, que sur leur Droit au retour).
La promesse Balfour est en fait une promesse faite, le 2
novembre 1917, par le ministre anglais des Affaires étrangères
Arthur James Balfour à Lors Walther Rotschild d’aménager un «
Foyer National Juif en Palestine». Arthur Koestler, un écrivain
nullement suspecté d’antisémitisme, en tirera un accablant
constat qui se passe de commentaires: «Pour la première fois
dans l’histoire, écrira, cet auteur hongrois anticommuniste
philosioniste, «une nation promet solennellement à une autre
(nation en gestation) le territoire d’une troisième nation».
(2) Une fraction de la Palestine est promise aux Juifs non pour
les dédommager des atrocités commises à leur égard par les
Palestiniens ou les Arabes, mais en compensation des persécutions
qu’ils ont eu à subir en Europe. En somme, comme cela se dit
vulgairement, c’est à dire dans le langage populaire, «on les
dédommage sur le dos de la bête».
Plus cruellement, l’Occident chrétien a pensé purger son
passif avec le judaïsme et lui témoigner sa solidarité
expiatoire en créant l’Etat d’Israël en vue de normaliser la
condition juive diasporique dans des composantes nationales
claires (Abraham B. Yehoshua). Mais il a dans le même temps
transmuté son contentieux bimillénaire avec une religion
longtemps considérée comme «déicide» en un conflit israélo-arabe
et un conflit islamo-judaique, en négation avec la symbiose
andalouse. Ce faisant, l’Occident a transféré en terre arabe
les problèmes lancinants de l’antisémitisme récurrent des
sociétés occidentales.
L’histoire du Monde arabe contemporain demeurera incompréhensible
à quiconque ne prendra en considération la blessure originelle
représentée par l’implantation de l’Etat d’Israël en
Palestine tant il est vrai que de toutes les grandes dates qui
jalonnent l’Histoire des Arabes, la date du 15 Mai 1948, est
sans doute la plus traumatique.
Au-delà des considérations bibliques, la création d’une
entité occidentale au coeur du Monde arabe à l’intersection de
sa rive asiatique et de sa rive africaine, scellait la rupture définitive
de la continuité territoriale de l’espace national arabe, la
rupture du point d’articulation entre la voie continentale et la
voie maritime de la «Route des Indes», la voie marchande des
caravanes reliant le couloir syro-palestinien à son prolongement
égyptien, une rupture stratégique du continuum au point de
confluence des voies d’eau arabes (le Jourdain, le Yarmouk, le
Hasbani et le Zahrani) et de ses gisements pétroliers, source de
sa richesse, de son décollage économique et de sa puissance
future.
Un choc à tous égards traumatique. Il sera vécu à juste
titre comme tel, comme une amputation du patrimoine national, une
spoliation de l’identité arabe. Il conditionnera durablement la
relation du Monde arabe et de l’Occident à l’époque
contemporaine et explique une large part de sa nature
conflictuelle, de ses dérives successives, de ses déflagrations
répétitives, et, enfin dernière et non la moindre des conséquences,
l’aversion révulsive et la méfiance instinctive que continue
de nourrir le camp arabe face à toute initiative occidentale.
II. Découplage Golfe Méditerranée: la paix comme
appât à la caution arabe d’une politique belliciste
occidentale.
Au delà de la théorie du vaccum, la stratégie occidentale a
toujours cherché à opérer un double découplage:
-Découpler la zone du golfe de la zone méditerranéenne du
monde arabe, c'est-à-dire la zone d’abondance repue et docile
de la zone de pénurie, découpler sa chasse gardée pétrolière
de la turbulence de la démographie frondeuse de la Méditerranée.
-Découpler les problèmes du golfe arabo-persique du conflit
israélo-arabe, utilisant le règlement de la question
palestinienne comme un appât pour obtenir une caution arabe à sa
politique belliciste à l’égard du monde arabe, quand bien même
elle a, elle-même, pris l’initiative de subordonner le règlement
du problème palestinien au règlement des problèmes plus généraux
du Moyen-Orient.
-La conférence de Madrid, en 1991, s’est tenue, en
novembre-décembre 1990, dans la foulée de la première guerre
contre l’Irak. Une belle parade diplomatique sans lendemain. La
première percée significative sur la voie de règlement du
conflit israélo-palestinien a eu lieu avec les accords d’Oslo,
en 1993.
Elle a pu se produire car elle a été opérée, en catimini,
entre Israéliens et Palestiniens, à l’insu des impératifs de
la diplomatie américaine, non par un élan de générosité israélienne
à l’égard des Palestiniens mais pour la simple raison que le
premier ministre israélien de l’époque Itzhak Rabin était
parvenu à la conclusion, au terme de la première Intifada, que
ce conflit de basse intensité, saignait l’économie israélienne
en une lente hémorragie, altérait l’image d’Israël, alors
que l’occupation pervertissait la moralité de la jeunesse israélien.
Les accords d’Oslo prévoyaient la constitution d’un Etat
palestinien dans un délai de cinq ans. La feuille de route de
George Bush, lancée en 2003 dans la foulée de l’invasion américaine
de l’Irak, prévoyait, elle aussi, l’édification d’un Etat
palestinien dans un délai de cinq ans, c'est-à-dire en 2008. Le
dernier forcing de Condoleeca Rice au Moyen-Orient, trois voyages
au premier trimestre 2007, vise à soulager la pression anti-américaine
sur l’Irak.
Entretemps, la diplomatie occidentale s’est fixée un
objectif de diversion:
Combattre le péril chiite, suscité par les Américains en décapitant
les deux adversaires idéologiques -et sunnites- de l’Iran
chiite révolutionnaire, les Talibans, en Afghanistan, en 2001, et
l’Irak baasiste et laïc de Saddam Hussein, en 2003. L’Iran
est devenue une puissance régionale redoutée non pas tant sous
l’effet d’une politique volontariste, mais par effet
d’aubaine consécutive à la politique erratique américaine.
Combattre aussi la menace nucléaire iranienne suscitée par la prépondérance
militaire israélienne et son hégémonie régionale du fait de sa
possession de l’arme atomique et son refus de se soumettre aux
contrôles prévus par le Droit International.
L’Islam sunnite, sous l’égide du président égyptien,
Gamal Abdel Nasser, puis de Yasser Arafat, chef de l’Organisation
de Libération de la Palestine, a été diabolisé lorsqu’il
s’est identifié au combat nationaliste arabe pour la
restauration des Droits Nationaux Palestiniens. Nasser comme
Arafat ont été traités d’ «Hitler» par les médias israéliens
et leurs alliés occidentaux, alors que les Chiites sous
l’autorité du Chah d’Iran étaient cités en modèle de
modernité et d’intégration occidentale.
Maintenant que l’équation s’est retournée, les dirigeants
arabes sunnites, affidés de l’Occident, se voient gratifiés
d’un vocable qui se veut flatteur «l’axe de la modération»,
alors que figurent au sein de cette alliance certains des
dirigeants les plus rétrogrades de la planète.
C’est Israël qui a introduit la course aux armements
atomiques au Moyen Orient et cela depuis cinquante ans et c’est
l’Iran qui constitue l’unique danger nucléaire de la zone. Ce
sont quinze Saoudiens qui participent aux attentats aériens du 11
septembre 2001 contre des objectifs américains et c’est l’Irak
baasiste et laïc qui est soupçonnée de connivence avec A
l’organisation fondamentaliste sunnite Al Qaeda, quand bien même
il est de notoriété publique que l’ordonnateur des attentats
du 11 septembre 2001 est le poulain commun des Saoudiens et Américains
Oussama Ben Laden.
Cette drôle de logique illustre le discours disjonctif
occidental à l’égard du monde arabo-musulman, une logique
variable en fonction des intérêts des occidentaux. Un discours
qui explique largement les déboires occidentaux en terre arabe.
Au passage signalons, qu’Israël est le seul état du Monde
à vouloir désigner au préalable ses interlocuteurs, en délimitant
au préalable l’ordre du jour, en anticipant, au préalable, ses
propres résultats, sans que cette morgue ne suscite la moindre
critique dans les cercles dirigeants occidentaux, plongés dans
une sorte de léthargie amnésique pour tout ce qui concerne le
problème palestinien.
Au délà de la diversité des composantes de la fédération
américaine, l’Amérique s’est dotée par la force d’un état
fédéral de cinquante états -«les Etats-Unis d’Amérique»-
et cherche à s’adjoindre le Canada et le Mexique au sein de
l’ALENA, l’Europe, à son tour, s’applique à édifier une
Union Européenne de 25 membres, mais tant l’Amérique que l’Europe
veillent à maintenir le monde arabe dans un état de
balkanisation. Ils répugnent à la constitution d’un ensemble
arabe au nom du particularisme des diverses composantes du Monde
arabe (sunnites, chiites, druzes et alaouites, kurdes et arabes,
chrétiens et musulmans, Machreq et Maghreb) alors que cet
ensemble de près de 300 millions de personnes représente
davantage de similitude culturelle et linguistique qu’un
plombier polonais et un pécheur maltais ou un résident de l’Etat
huppé du Massachussets et un texan de San Antonio, ou encore
qu’un basque et un breton.
L’Amérique veut imposer par la force la démocratie dans le
monde arabe, mais n’en tire pas toutes les conséquences lorsque
les résultats d’un scrutin démocratique lui sont défavorables.
Elle récuse le Hamas au prétexte qu’il ne reconnaît pas Israël,
mais ne souffle mot ni des assassinats extrajudiciaires des
dirigeants palestiniens (160 en quatre ans), illégaux au regard
du Droit international, ni de l’annexion rampante de la
Cisjordanie et du Golan syrien, ou de la judaïsation de Jérusalem,
ou enfin du blocus quasi permanent aux populations palestiniennes
sous occupation israélienne.
III. Rappel à l’ordre des circonvolutions des
divers plans depaix.
Le «Plan de partage» des Nations unies aux Palestiniens
proposait 47% des 100% du territoire de la Palestine du mandat
britannique qui appartenait aux Palestiniens à l'origine. Puis
par une sorte de réduction successive, toutes les autres
initiatives de paix proposaient des plans dégressifs :
-Les «Accords d'Oslo» (1993) proposaient aux Palestiniens une
superficie réduite de moitié: 22% des 100% qui leur
appartenaient à l'origine.
-L'«Offre généreuse» de Barak aux Palestiniens, réduisait
l’offre à sa portion congrue: 80% des 22% des 100% de votre
territoire d'origine.
-La «Feuille de route» envisagée par Bush pour les Palestiniens
en vue d’obtenir la caution arabe à la guerre contre l’Irak
soumet la création d’un Etat palestinien à diverses conditions
qui constituent un chef d’œuvre d’hypocrisie diplomatique et
de mauvaise foi.
La création d’un Etat palestinien est soumise aux conditions
suivantes:
1- La renonciation à la lutte armée, c'est-à-dire
la résistance à l'occupation, ainsi que la neutralisation de
tous les combattants et leur démobilisation.
2- La renonciation au Droit au retour des réfugiés
vers les maisons de leurs ancêtres,
3- La désignation de représentants
politiques agréés par les Etats-Unis et Israël.
4- L’acceptation des faits accomplis sur le
terrain notamment la séparation de la Cisjordanie de Jérusalem
via le Mur de Sharon, ainsi que les routes de contournement
militaire des agglomérations palestiniennes, réservées à
l’usage exclusif des Israéliens. Ce dispositif brise la
continuité territoriale palestinienne, de la même manière que
l’Etat d’Israël avait brisé le continium stratégique arabe.
5- La renonciation à Jérusalem pour
capitale.
6- La modification des programmes scolaires
dans un sens agrée par les Américains et les Israéliens.
7- L’instauration d’un planning familial
et de la limitation des naissances en vue de brider la démographie
galopante des Palestiniens.
La satisfaction de ses sept conditions pourrait ouvrir la voie
à la constitution d’un état palestinien au terme de négociations
avec les Israéliens qui porteraient 80% des 22% des 47 pour cent
de votre territoire d’origine
Pour toutes ses raisons, il m’a paru nécessaire de vous offrir
cette lecture en contrechamp de l’Histoire de la Palestine tant
il est vrai que le passé éclaire très cruellement le présent,
et sans doute l’avenir, qu’il est tout aussi vain de vivre
dans la pénombre et la périphrase, et, d’admettre enfin, et là
je m’adresse aux amis de l’Etat hébreu qui se déclarent
attacher à son existence, qu’Israël ne connaîtra une légitimité
que lorsqu’il aura été pleinement reconnu par sa victime, les
Palestiniens, librement, souverainement, sans condition préalable.
Les Occidentaux soutiennent le droit à la sécurité d’Israël
et le Droit à l’existence du peuple palestinien, sans
l’assortir de considérations sur sa sécurité. A en juger par
les multiples actions préventives menées par Israël au cours de
son histoire, l’équation vraie, le bon droit, consiste à réclamer
non un droit à la sécurité d’Israël et un devoir d’insécurité
pour les pays arabes, mais un droit égal à la sécurité pour
l’ensemble des pays de la zone, y compris la Palestine, car il
est tout aussi légitime pour Israël que pour les pays arabes de
disposer d’un droit égal à la Sécurité.
Souvenons nous en, in fine, tant qu’existe un revendicateur
un Droit ne se perd pas et une fausse symétrie ne sert pas une
bonne administration de la justice.
Références bibliographiques :
1- «Israêl, fait colonial?» Maxime Rodinson,
Revue des Temps Modernes N°253 bis/Mai 1967, pages 17-88/ Et «Israêl
et le refus arabe» ? Maxime Rodinson. Ces deux ouvrages sont épuisés.
2- «Les cent clés du proche Orient» Alain
Gresh et Dominique Vidal/ Editions l’Atelier.
Pour une plus grande documentation sur la question
-«Le Sionisme contre Israël » Nathan Wienstock- Editions
Franois Maspero 1968, épuisé.
-«Le Proche-Orient éclaté» (1956-2006) Georges Corm
Folio/Histoire N°93
-Mythes et réalités du conflit israélo-palestinien, Norman
Finkielstein, préface de Dominique Vidal- Editions Aden. Colloque
Caen- 24 Octobre 2007.
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partielle de cette page faite sans le consentement écrit de René
Naba serait illicite (Art L.122-4), et serait sanctionnée par
les articles L.335-2 et suivants du Code.
Publié le 21 novembre 2007 avec l'aimable autorisation de René
Naba
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