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Opinion
Golfe Armement:
Autant en emporte le vent Part 1/2
René Naba
Samedi 19 février 2011 Ce papier est dédié aux trois
personnalités suivantes :
• Mohamad Bouazizi, décédé le 4 janvier
2011, des suites de ses blessures. Son immolation sur la place
publique de Sidi Bouzid, en Tunisie, en signe de protestation
contre l’arbitraire tunisien, a servi d’étincelle au soulèvement
populaire qui provoqua la chute de la dictature du Général Zine
El Abidine Ben Ali.
• Ahmad Jaafar Kassem, artisan du
spectaculaire attentat contre le QG du commandement
israélien de Tyr, le 11 novembre 1982, dans le cadre d’une
opération de la résistance libanaise contre l’occupation
israélienne du sud Liban
• Mountazar Al Zaïdy, journaliste irakien,
le Spartacus des temps modernes, le lanceur de sa chaussure
contre George Bush jr.
I • Le Golfe, une gigantesque base
flottante américaine, une pompe à finance des déficits
américains.
L’effondrement du dispositif occidental sur la rive arabe de
la Méditerranée avec les révoltes populaires en Tunisie et en
Egypte sur fond d’une contestation généralisée des supplétifs de
la stratégie américaine dans la sphère arabo musulmane, au terme
d’une furieuse décennie de «guerre contre le terrorisme», de
même que les révélations du site américain Wikileaks sur la
position belliqueuse des pétromonarchies face à l’Iran,
illustrent la logique de vassalité des «émirats mirage» face à
l’Amérique, particulièrement dans le domaine de la défense, en
ce qu’ils incitent les Américains à faire la guerre à leur
voisin iranien pour neutraliser son potentiel nucléaire, plutôt
que de doter le Monde arabe d’une capacité d’autosuffisance
stratégique.
Le contrat de l’ordre de 123 milliards de dollars, conclu à
l’automne 2010 entre l’Amérique et quatre pays du Golfe, en vue
de renforcer leur capacité défensive «face à l’Iran».en
constitue un témoignage éloquent de cette politique de
dilapidation financière pour des motifs d’armement.
Face à l’Iran, la constellation des pétromonarchies du Golfe
s’est ainsi transformée en une véritable base flottante
américaine, au point que se pose la question de la viabilité
stratégique et de la pertinence politique du plus important
contrat d’armement de l’histoire, jamais conclu, en temps de
paix, entre les Etats Unis et quatre pays membres de la zone. Un
singulier contrat à tous égards, de l’ordre de 123 milliards de
dollars, qui outrepasse les capacités d’absorption des
bénéficiaires de même que les capacités d’assimilation de cet
armement par ses servants locaux.
Si l’on excepte sa piètre démonstration militaire au Yémen,
l’été 2010, l’Arabie saoudite n’a jamais mené de guerre directe
contre aucun de ses adversaires potentiels, encore moins contre
Israël, l’ennemi officiel du monde arabe, dont elle est le
principal opposant sur le plan théorique, se bornant à financer
des guerres obliques de déstabilisation,jamais contre Israël,
toujours contre les pays arabes ou musulmans ; Contre l’Egypte
nassérienne au Yémen, dans la décennie 1960 par monarchistes
interposés, contre la Syrie baasiste, dans la décennie 1970, par
Frères Musulmans interposés, ou encore contre la Révolution
islamique de l’Iran, dans la décennie 1980, via l’Irak
Baasiste de Saddam Hussein, ou enfin contre l’Union Soviétique,
en Afghanistan, dans la décennie 1980, via sa légion islamique
sous la houlette de son homme lige Oussama Ben Laden.
La transaction, conclue à l’occasion de la fête nationale
saoudienne, le 23 septembre 2010, implique la modernisation de
la flotte aérienne et de la marine saoudiennes. Soixante
milliards de dollars seront affectés à la vente à l’Arabie
saoudite de 87 chasseurs bombardiers « F-15», de 70 hélicoptères
de combat «Apache» et de 72 hélicoptères «Black Hawk», 36
hélicoptères Little Bird AH-6, ainsi que des bombes, des
missiles, y compris la bombe guidée par GPS, JDAM, produite par
Boeing et le missile guidé par laser Hellfire. Trente milliards
de dollars complémentaires seront affectés à la fourniture de
bâtiments de guerre et d’un système de défense balistique,
complémentaire au réseau de missiles de type Patriot et au
reconditionnement des anciens appareils de l’armée de l’air et
de la marine.
Le contrat est complété par une série d’accords similaires
avec trois autres pétromonarchies du Golfe (Koweït, Emirats
arabes Unis et sultanat d’Oman) portant le montant total de la
transaction à 123 milliards de dollars.
Les pétromonarchies arabes, un des principaux ravitailleurs
du système énergétique mondial, sert en même temps de
gigantesque base militaire flottante de l’armée américaine, qui
s’y ravitaille à profusion, à domicile, à des prix défiants
toute concurrence. Tous, à des degrés divers, y paient leur
tribut, accordant sans états d’âme, des facilités à leur
protecteur.
La zone est, en effet, couverte d’un réseau de bases
aéronavales anglo-saxonnes et françaises, le plus dense du
monde, dont le déploiement pourrait à lui seul dissuader tout
éventuel assaillant éventuel, rendant superflu un tel
contrat. Elle abrite à Doha (Qatar), le poste de commandement
opérationnel du Cent Com (le commandement central américain)
dont la compétence s’étend sur l’axe de crise de l’Islam qui va
de l’Afghanistan au Maroc; A Manama (Bahreïn), le quartier
général d’ancrage de la V me flotte américaine dont la zone
opérationnelle couvre le Golfe arabo-persique et l’Océan indien.
En complément, l’Arabie saoudite abrite, elle, une escadrille
d’awacs (Air borne Warning and Control System), un système de
détection et de commandement aéroporté, dans la région de Riyad.
Le Koweït, très dévoué à son libérateur, fait office de zone de
pré positionnement et de ravitaillement à la gigantesque
infrastructure militaire américaine en Irak, le nouveau champ
d’expérimentation de la guerre moderne américaine dans le
Tiers-monde. S’y ajoute, dernier et non le moindre des éléments
du dispositif, Israël, le partenaire stratégique des Etats-Unis
dans la zone, ainsi que la base relais de Diégo Garcia (Océan
indien), la base aérienne britannique de Massirah (Sultanat
d’Oman) ainsi que depuis janvier 2008 la plate forme navale
française à Abou Dhabi.
De surcroît, des barrages électroniques ont été édifiés aux
frontières de l’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis pour
décourager toute invasion ou infiltration. Le barrage
électronique saoudien a été édifié avec le concours des
Français, celui d’Abou Dhabi, avec le concours de la firme
israélienne AGT (Asia Global Technologies), dont le contrat de
trois milliards de dollars concerne aussi bien la protection des
frontières que la protection de quinze sites pétroliers de
l’émirat, ainsi que la fourniture de Drones, les avions de
reconnaissance sans pilote, de fabrication israélienne
Faiblement peuplées, entourées de puissants voisins tels
l’Iran et l’Irak, de création récente et inexpérimentées en la
matière, les pétromonarchies ont longtemps confié leur
protection à des pays amis aguerris, ou, à défaut, à des
compagnies militaires privées, les mercenaires des temps
modernes, et, les fabuleux contrats d’armement qui excédaient
les capacités d’absorption des servants locaux, étaient
généralement perçus comme des polices d’assurance déguisées, en
raison des mirifiques rétro commissions qu’ils généraient.
La protection de l’espace aérien saoudien a été longtemps
confiée aux aviateurs pakistanais, le territoire national du
Sultanat d’Oman aux bédouins de la légion arabe jordanienne, les
mercenaires occidentaux se chargeant du reste, avec une
répartition des rôles entre les Anglais, surtout présents dans
leur ancienne zone d’influence, notamment les émirats pétroliers
du Golfe, et les Américains ayant la haute main sur l’Arabie
Saoudite et le reste du Moyen-Orient.
La protection du Cheikh Zayed Ben Sultan Al-Nahyane, Emir
d’Abou Dhabi et président de la Fédération des Émirats du Golfe,
ainsi que l’encadrement des troupes omanaises dans la répression
de la guérilla marxiste du Dhofar, dans les années 1965-1970,
ont relevé de la responsabilité de «Watchguard», une des deux
compagnies de mercenaires britanniques, dont le siège est à
Guernesey. Fondée en 1967 par David Sterling, un ancien des
commandos de l’air britanniques (Special Air Services), elle
passe pour être un instrument d’influence de la diplomatie
britannique. Outre Blackwater, qui s’est fâcheusement illustrée
en Irak, les États-Unis comptent, eux, deux grandes sociétés
privées militaires: Vinnell Corp, dont le siège est à Fairfax,
en Virginie, et BDM international. Toutes deux filiales de la
multinationale Carlyle, elles apparaissent comme les bras armés
privilégiés de la politique américaine en Arabie et dans le
Golfe. Vinnel corp, dont la mission saoudienne a fait l’objet
d’un attentat à Khobbar en 1995, a la haute main sur la
formation de la Garde nationale saoudienne, tandis que BDM gère
la formation du personnel de l’armée de l’air, de la marine et
des forces terrestres saoudiennes.
II • L’Iran, un prétexte pour éponger
le surplus de pétrodollars arabes
Israël, un prétexte pour maintenir la dépendance
technologique arabe
Ce contrat qui devra être soumis au Congrès pour
ratification, témoigne des «relations spéciales» entre les
Etats-Unis et le Royaume d’Arabie saoudite depuis la signature
du Pacte de Quincy en 1945. Une relation spéciale, certes, mais
de vassalité en ce qu’il vise à «renforcer les capacités
combatives du Royaume face à l’Iran» sans faire peser des
risques sur Israël.
Les avions saoudiens seront en effet privés d’armes de longue
portée afin de sécuriser l’espace aérien israélien et leurs
performances, tant en ce qui concerne leur équipement que leur
maniabilité. Ils seront, en tout état de cause, de moindre
capacité que le nouveau appareil que les Etats-Unis envisagent
de vendre à Israël, 20 chasseurs-bombardiers américains F-35
Lightning II (JS F-35), le super bombardier de supériorité
technologique, dont le coût unitaire atteint la somme
considérable de 113 millions de dollars pièce. Israël dispose
ainsi d’un quasi-droit de regard sur l’équipement militaire des
alliés arabes des Etats-Unis.
Ainsi donc par un subterfuge que les politologues américains
désignent du vocable de «Politics of Fears», la politique de
l’intimidation, qui consiste à présenter l’Iran comme un
croquemitaine, l’Arabie saoudite est contrainte de se doter, non
d’une défense tous azimuts, mais d’une posture défensive anti
iranienne, autrement dit de renforcer le royaume «face à
l’Iran», puissance du seuil nucléaire, et non Israël, puissance
nucléaire de plein exercice, de surcroît puissance occupante de
Jérusalem, le 3me haut lieu saint de l’Islam.
Alors que le Monde arabe accuse un retard manifeste tant au
niveau de la recherche scientifique que du développement des
nouvelles technologies et que le chômage atteint des proportions
rarement égalées ailleurs dans le monde, quatre pétromonarchies
vont débloquer la colossale somme de 123 milliards de dollars,
pour résorber le chômage…. des Etats-Unis, maintenir un bassin
d’emploi de 75.000 poste sur cinq ans, et justifier, sous
l’apparence d’un faux équilibre, une transaction qualitativement
supérieure entre les Etats-Unis et Israël.
Indice d’une dépendance complémentaire à l’égard des
Etats-Unis, Abou Dhabi s’est d’ores et deja engagé à ne pas
utiliser la technologie américaine pour développer des armes
nucléaires, renonçant à enrichir de l’uranium et à recycler les
déchets. Une décision qui contraint les principautés pétrolières
à importer le combustible nécessaire au fonctionnement des
réacteurs de leurs centrales nucléaires de production
d’électricité.
En d’autres termes, les exigences américaines aboutissent à
préserver le monopole de la production nucléaire au bénéfice des
pays occidentaux, de la Chine et de la Russie et de maintenir en
état de dépendance les pays émergents.
Au prétexte de la sécurité d’Israël, les Etats-Unis veillent
particulièrement à barrer la voie aux pays arabes à accéder à la
capacité nucléaire. L’Egypte a dû ainsi attendre trente ans le
feu vert américain pour se lancer dans le nucléaire civil, une
autorisation accordée lorsque l’Iran est devenue une puissance
du seuil nucléaire, enregistrant un considérable retard
scientifique par rapport aux autres grands acteurs régionaux.
Pire, signe de son dégagement du conflit et de la précarité du
pouvoir de Hosni Moubarak, les forces de sécurité et brigades
anti émeutes dépassent en nombre celui des forces armées, 1,4
millions contre un million, selon les indications fournies par
Mohamad Hassaneine Heykal, l’ancien confident de Gamal Abdel
Nasser sur le chaîne «Al Jazira, le 17 décembre 2010.
Les Etats-Unis cherchent de même à imposer à la Jordanie un
accord qui autoriserait le Royaume à extraire l’uranium qu’il
recèle en son sol, tout en lui interdisant de le transformer en
combustible. Cette exigence réduit également toute possibilité
pour la Jordanie de devenir un centre régional d’enrichissement
d’uranium.
La Jordanie, habituellement docile à l’égard des Diktats
américains, paraît devoir passer outre. Elle a déjà commencé à
développer les infrastructures nécessaires pour répondre à ses
ambitions nucléaires et a prévu la construction de sa première
centrale en 2019. AREVA (France) a signé en 2010 un accord
d’exploitation conjointe pour l’extraction de l’uranium dans le
centre de la Jordanie dans le cadre d’une concession accordée
pour 25 ans.
Bien qu’antérieure à l’émergence de l’Iran comme puissance
nucléaire virtuelle, la forte concentration militaire
occidentale dans le golfe arabo-persique est néanmoins présentée
dans les médias occidentaux comme destinée à protéger les
princes du pétrole contre les convoitises du régime islamique de
Téhéran.
Force pourtant est de constater que l’unique intervention
militaire iranienne contre les pétromonarchies s’est produite à
l’époque où l’Iran se situait dans la mouvance occidentale dans
la décennie 1970 sans que la protection américaine n’ait été
d’un grand secours aux protégés arabes qui se sont vus amputer
ce jour là de trois îlots appartenant à l’Emirat d’Abou Dhabi:
(la grande et la petite Thomb et l’ïle d’Abou Moussa. Il est
vrai que le Chah d’Iran Mohamad Reza Pahlevi faisait office à
l’époque de gendarme du Golfe pour le compte des Américains et
que les princes arabes ne pouvaient qu’obtempérer, sur
injonction américaine, au super gendarme régional qui leur avait
été assigné.
Sous couvert de guerre contre le terrorisme ou de
démocratisation du Moyen orient, deux des objectifs déclarés de
la diplomatie américaine, la présence militaire américaine vise
à maintenir cette zone énergétique d’importance stratégique sous
contrôle occidental, alors que la guerre pour le contrôle des
matières premières redouble d’intensité tant en Asie qu’en
Afrique au moment où la Chine opère une percée remarquable sur
le flanc méridional de l’Europe.
Oasis de prospérité sécurisée de l’économie occidentale face
à la «zone de pénurie» du versant méditerranéen frondeur du
Monde arabe, cette constellation de micro états balance entre
gigantisme économique et nanisme politique, face au triple péril
résultant de leur trop grande dépendance vis-à-vis de la main
d’œuvre étrangère, de leur trop grande dépendance militaire vis
à vis des Etats-Unis d’Amérique et des incessantes frasques
monarchiques au point d’accentuer le discrédit et de fragiliser
les six pétromonarchies du golfe du fait de leur complet
décalage avec le combat mené par les mouvements contestataires
arabes contre l’hégémonie occidentale tant au Liban (Hezbollah),
qu’en Irak (Moqtada Sadr) qu’ en Palestine (Hamas).
L’affaiblissement militaire et économique des Etats-Unis, la
nouvelle tonicité de la Russie après la guerre de la Géorgie, en
août 2008, l’activisme chinois en Afrique font craindre aux
stratèges occidentaux la consolidation du groupe de Shanghai
(Chine, Russie, Iran), à l’effet de modifier les rapports de
force régionaux notamment au Moyen-orient, au détriment des
pétromonarchies alliées du camp occidental.
La transaction militaire américano arabe de 123 milliards de
dollars représente le 1/5me du flux global consenti par la
Réserve fédérale américaine pour relancer l’économie américaine
en 2010-2011. L’Iran sert ainsi de croquemitaine pour éponger le
surplus de pétrodollars des réserves pétro monarchiques.
Les pétromonarchies, coutumiers du fait, ont déjà volé au
secours de l’économie américaine au moment du krach bancaire de
2008-2009, enregistrant au passage, sans plainte ni complainte,
une perte sèche de 150 milliards de dollars au cours du
troisième trimestre 2008, du fait de leurs placements sur les
marchés occidentaux.
III • Les dépenses d’armement
arabe ……. Un effroyable gâchis
Les lourds investissements, notamment dans le domaine
militaire, paraissent stimulés parfois, non pas tant par les
impératifs de sécurité, mais par la perspective alléchante des
commissions et rétro commissions. A l’indice mondial de la
corruption, l’Arabie Saoudite se situe hors classement. A
croire que les surfacturations tiennent lieu de «police
d’assurance tous risques» contre d’éventuelles tentatives de
déstabilisation, de rétribution déguisée pour un zélé
protecteur, une sorte de mercenariat officieux.
Dans la foulée de la première guerre contre l’Irak, l’Arabie
a ainsi consacré, en 1992 et 1993, vingt neuf milliards de
dollars pour sa défense contre 26,5 milliards à l’éducation
nationale, une somme équivalent, compte tenu de sa faible
densité démographique (12,3 millions de nationaux) et de la
faiblesse numérique de ses forces armées (200.000 entre armée
régulière et garde nationale), à une dépense moyenne de 75
millions dollars par an pour chaque militaire, et, à l’échelle
du pays, un million de dollars par an par habitant, proportion
inégalée partout ailleurs dans le monde.
Pour prix du concours américain, l’Arabie saoudite a déboursé
la coquette somme de cinquante milliards de dollars à titre de
contribution à l’effort de guerre, dont dix sept milliards de
dollars au titre de «prime de débarquement» sur le sol saoudien,
en prélude aux frappes anti-irakiennes. Autrement dit, la
monarchie saoudienne aura débloqué cinquante milliards de
dollars à l’Amérique pour l’autoriser à accentuer son emprise
sur le Royaume et à camoufler la corruption régnante.
Le Général Khaled Ben Sultan, (57 ans), propre fils du
ministre de la défense, abusivement auto proclamé commandant en
chef de la coalition internationale anti-irakienne, alors qu’il
n’était en réalité que l’interface saoudien du véritable
commandant américain, le général Norman Schwarzkopf, a réussi,
dans ces circonstances dramatiques pour son pays, le tour de
force, de prélever près de trois milliards de dollars au titre
de commissions sur les transactions sur l’équipement et le
ravitaillement des troupes de la coalition estimée à l’époque à
500.000 soldats de 26 nationalités.
Une telle ponction, exorbitante, et à certains égards
indécente au regard des enjeux de l’époque et de la contribution
réclamée par des tiers pour la défense du territoire national,
aurait été passible partout ailleurs d’une comparution immédiate
devant la cour martiale. Elle n’a donné lieu à aucun rappel à
l’ordre familial, tout juste une discrète mise à l’écart
provisoire de l’indélicat, qui s’est traduite pour l’exilé
milliardaire de Londres par le rachat du journal «Al-Hayat».
Un traitement identique a été réservé à son frère, le
prince Bandar Ben Sultan, ambassadeur d’Arabie saoudite aux
Etats-Unis, mis en cause dans le scandale des rétro commissions
de la commande d’avions de combat de fabrication britannique
Toronado», promu par la suite président du Conseil National de
Sécurité du Royaume. Une prime à la prévarication en quelque
sorte.
IV • Ahmad Jaafar Kassem et Montazar
al Zayédi, un contrepoint au comportement de vilénie
En contrepoint à ce comportement de vilénie, des actes de
bravoure donneront ses titres de gloire au combat arabe. Tel le
cas de Mohamad Bouazizi, mort le 4 janvier 2011 des suites de
son immolation sur la place publique de Sidi Bouzid, en Tunisie,
en signe de protestation contre l’arbitraire tunisien,
l’étincelle au soulèvement populaire tunisien qui provoqua la
chute de la dictature du Général Zine El Abidine Ben Ali, au
terme de 23 ans d’arbitraire, de népotisme et de corruption.
Mohamad Bouazizi a mis en application, dans sa chair, au prix de
sa vie, la dernière partition de l’hymne national tunisien, «Namoutou
Wa Yahya Al Watan», «Nous mourrons pour que vive la nation».
Ou encore le cas de Ahmad Jaafar Kassem, qui se livrera à une
mission sacrificielle, uniquement mu par le sens de l’honneur et
l’amour de sa patrie, opérant un spectaculaire dynamitage du
quartier général du commandement militaire israélien à Tyr, au
sud Liban, provoquant la mort de 45 soldats israéliens et près
de 200 blessés. Un bilan infiniment supérieur à la totalité des
pertes cumulées infligées aux Israéliens tant par les 50.000
arabes afghans de la Légion islamique d’Afghanistan que par
l’Arabie saoudite, dont les dépenses en armement se sont élevées
au cours des cinquante dernières années à près de 300 milliards
de dollars sans avoir tiré un seul coup de feu contre Israël.
Né le 1er septembre 1963 à Deir Kanoun, au sud Liban,
dans la zone limitrophe d’Israël, mort le 11 novembre 1982 dans
l’attaque du QG israélien de Tyr, Ahmad Jaafar Kassir, membre de
la résitance islamique du Liban, est passé à la postérité
comme l’initiateur des premières opérations de commando suicide
contre les forces d’occupation israéliennes au sud Liban, qui
déboucheront en 2000 sur le retrait israélien en l’an 2000,
premier dégagement israélien d’un pays arabe non assorti d’un
traité de paix ou d’une reconnaissance de l’Etat Hébreu.
Ou encore le cas de
Mountazar Al Zaïdy, l’homme aux mains nues, qui a
symboliquement brisé les chaînes qui entravaient ses
compatriotes, en lapidant de sa chaussure, dans son fief de la
zone verte de Bagdad, l‘enclave américaine transformée en camp
retranché, l’homme le plus puissant de la planète, le 43me
Président des Etats-Unis, le néo-conservateur George Bush jr. Le
journaliste irakien, le plus célèbre lanceur de chaussures de
l’histoire de l’humanité est apparu ainsi à de larges fractions
de l’hémisphère sud, pas uniquement le Monde arabe et musulman,
mais également en Amérique du sud, en Afrique, en Asie
Pacifique, dans les banlieues d’Europe et d’Amérique du nord,
comme un personnage de légende, le Spartacus des temps modernes,
faisant du «bashing bush», le plus prisé des jeux de la
blogosphère, c’est-à-dire dans le monde de l’information réelle.
«Au nom des veuves et des orphelins d’Irak, prend donc ce baiser
d’adieu, fils de chien», a-t-il asséné à l’envahisseur de son
pays.
Mohamad Bouazizi, Ahmad Jaafar Kassem et Montazar Al Zaïdy
ont retourné à leur compte la métaphore du faible au fort, se
réappropriant le mythe du petit David bravant le géant Goliath,
forçant au respect l’opinion internationale, sans la moindre
rétribution, ni la moindre prébende, ni commissions ni rétro
commissions, le lot quotidien des transactions militaires pétro
monarchiques.
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partielle de cette page faite sans le consentement écrit de René
Naba serait illicite (Art L.122-4), et serait sanctionnée par
les articles L.335-2 et suivants du Code.
Publié le 19 février 2011 avec l'aimable autorisation de René Naba.
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