Opinion
Syrie-Opposition :
Un paravent Kurde à la tête de
l'opposition off-shore 2/2
René
Naba
René Naba
Vendredi 14
septembre 2012
La France en Syrie: Le
retour du refoulé du fait d’un passif
colonial non purgé
La France a pâti de
quatre fautes majeures, initiées au
début du conflit, qui ont gravement
compromis son rôle pilote, le réduisant
à celui de caisse de résonnance de la
campagne de conditionnement médiatique
de l’opinion européenne, en diversion
aux opérations clandestines.
-Le placement de la
campagne anti syrienne sous l’égide de
Bernard Henry Lévy, en juillet 2011, en
association avec les Frères Musulmans,
sans tenir compte de la profonde
révulsion qu’inspire le philosophe
philo-sioniste dans le Monde arabe, a
constitué une erreur criminelle et
durablement détourné d’opposants
historiques de la structure off-shore,
de même que le parrainage ostentatoire
de la France à une opposition dirigée
par des universitaires syriens salariés
de l’administration française a obéré
son discours moral et humaniste en ce
que l’opération est apparue au sein de
larges couches d‘une opinion syrienne
farouchement nationaliste comme la mise
en selle d’ «arabes de service», sous
tutelle de l’ancien pouvoir colonial,
pour des équipées hégémoniques
occidentales en terre arabe.
-La confusion entre la
Libye, -un pays quasi désertique de six
millions d’habitants, dirigé par un
fantasque à l’armée désorganisée-, et la
Syrie, dont la densité de population est
trois fois supérieure à celle de la
Libye (18 millions d’habitants), dirigé
de surcroît par un robuste joueur de
billards à trois bandes, secondé par un
redoutable clan exerçant son emprise sur
l’ensemble des rouages de l’Etat, chasse
gardée de la Russie depuis 40 ans, a
aggravé la déconfiture de la France.
Une bataille mue par
des considérations électoralistes, par
essence démagogiques, est rarement
couronnée de succès. Nicolas Sarkozy
pensait se servir de la bataille de
Syrie comme d’un tremplin électoral à
l’effet de masquer son maigre bilan
diplomatique après la perte de ses deux
alliés tunisien (Ben Ali) et égyptien
(Moubarak). Le post gaulliste néo
atlantiste Alain Juppé compenser sa
relégation de l’affaire libyenne et se
pré-positionner pour le leadership
gaulliste post électoral.
Mais l’implosion de la
relation stratégique franco-turque du
fait du projet de criminalisation de la
négation du génocide arménien, en
février, 2012, en pleine bataille de
Homs-Bâb Amro, de même que l’absence de
crédibilité des salariés français de
l’opposition syrienne et la faiblesse de
leur prestation, a gravement compromis
le projet le précipitant vers l’impasse.
En assumant sans
inventaire l’héritage néo-atlantiste, le
tandem François Hollande Laurent Fabius,
captif de son tropisme pro israélien,
dans son refus obstiné d’ouvrir la
moindre négociation avec le régime Assad,
porte une lourde responsabilité dans les
dérives du conflit, la montée en
puissance des djihadistes erratiques
dans la direction des combats et les
destructions de Damas et d’Alep qui se
sont ensuivies.
L’histoire retiendra
que la France, artisan du démembrement
de la Syrie dans la décennie 1930 aura
été l’un des pays les plus actifs dans
sa désarticulation, soixante-dix ans
plus tard. Un retour du refoulé du fait
de son passif post colonial non purgé et
de la surprenante survivance d’une
«mentalité de colonisé» parmi les
binationaux franco syriens de
l’opposition, d’une manière plus
générale au sein d’une fraction des
binationaux franco arabes.
Comparaison n’est pas
raison. Mais a-t-on jamais vu un
binational franco israélien ameuter la
France pour une action contre Israël? Ou
plutôt se déployer dans le schéma
inverse, s’acharner à faire plier la
France aux fourches caudines
israéliennes y compris dans sa politique
la plus hideuse, la destruction et le
blocus de Gaza, la phagocytose de la
Palestine, la destruction de Beyrouth?
Que les opposants syriens de France
prennent exemple sur Arnold Klarsfeld,
réserviste de l’armée israélienne, et,
dans un registre sensiblement voisin, du
philosophe BHL, leur idole absolue,
plutôt que de se pâmer de son soutien
nullement désintéressé.
Sauf à s’exposer au
risque d’être perçu comme un
«supplétif», le devoir d’un opposant
syrien ou arabe est de porter le combat
dans son pays contre ses dirigeants,
sans l’hypothéquer par le soutien des
anciennes puissances coloniales, les
Palestiniens du Royaume uni, promoteur
de la déclaration Balfour, à l’origine
de leur plus grand malheur, les Syriens
de la France, équarisseur de leur pays
(Alexandrette), de même que les
Algériens pour Sétif et son rôle positif
dans l’instauration du code de
l’Indigénat dans leur pays. L’exemple du
Vietnam est à méditer, qui a octroyé aux
Etats Unis, sans la moindre concession
de sa part, la faveur de déminer son
territoire, en guise de repentance,
repoussant sèchement le souhait du
général Bigeard d’être enterré à Dien
Bien Phu, la terre de sa défaite. Le
respect de soi est la meilleure voie
pour gagner le respect d’autrui.
Les avatars de la
France dans son pré carré africain du
Nord Mali, par ricochet de la Libye, de
même que la mésaventure de l’envoyé
spécial de la chaîne française France 24
en Syrie, le journaliste
franco-libanais, Chadi Chalala, portent
témoignage du degré de préventions que
nourrit l’opposition islamiste syrienne
à l’égard de la France, l’un des pays
dont le propos xénophobe et islamophobe
est le plus récurrent dans le débat
public.
La Syrie s’est révélée
coriace. Une proie nullement facile.
Pour avoir enfreint les principes
universalistes qu’elle professe, la
France en portera les séquelles,
cicatrice béante dans le sillon de
l’Histoire.
Le poète Adonis et la
trahison des idéaux de la révolution
française.
Devant tant de dérives,
le plus grand poète syrien vivant, exilé
à Paris, Adonis, bravera les lois de
l‘hospitalité, accusant la France
d’avoir «trahi les principes de la
révolution française en soutenant les
régimes et les mouvements
fondamentalistes réactionnaires».
« Au lieu d’œuvrer pour
soutenir les courants séculiers,
démocratiques et pluriels à même de
jeter les fondements d’une révolution
globale susceptible de sortir les
sociétés arabes du Moyen Âge vers la
modernité, la France apporte, au
contraire, son soutien à tous les
mouvements fondamentalistes
réactionnaires et collabore, au nom des
droits de l’homme, avec les régimes
fondamentalistes réactionnaires »,
déplore Adonis dans une interview à la
revue Afrique Asie.
« Si c’est la défense
des Droits de l’homme qui l’anime, les
occasions de le montrer ne manquent pas,
particulièrement en Palestine, mais
aussi au Soudan, en Arabie Saoudite et
dans l’ensemble des pays du Golfe, dont
certains ne disposent pas encore d’une
Constitution », dit-il, critiquant « ces
tribus et ces États inconstitutionnels,
fondés sur la violence et la répression
».
« Personne ne peut et
ne doit défendre un quelconque régime
arabe. Mais il ne faudrait pas pour
autant remédier au mal que représentent
ces régimes par un autre. Or, c’est
exactement ce que font la France et
l’Europe aujourd’hui », conclut Adonis,
de son vrai nom Ali Ahmad Saïd Esber,
âgé de 82 ans.
Cf. A ce propos:
http://www.lorientlejour.com/category/À+La+Une/article/762176/La_France_trahit_
ses_principes_en_soutenant_des_fondamentalistes%2C_estime_Adonis.html
Une guerre par
procuration avec pour objectif la
configuration du nouvel ordre
international.
En dix-huit mois de
conflit, la guerre de Syrie a dévié de
ses objectifs initiaux, -le combat pour
l’avènement contre la dictature, pour
devenir, sur le plan local, une guerre
sectaire entre la minorité alaouite et
ses alliés régionaux face à la majorité
sunnite pro américaine du Monde arabe,
avec en superposition un conflit de
puissances entre le bloc atlantiste et
ses alliés pétro monarchiques et leurs
anciens adversaires de la guerre froide,
la Russie et la Chine.
L’issue de la bataille
devrait configurer le nouvel ordre
international de la première phase du
XXI me siècle. La victoire du bloc
atlantiste en Syrie, dans la foulée de
la phagocytose de la Palestine, de la
désarticulation de l’Irak et de la Libye
et du démembrement du Soudan, scellerait
la tribalisation politique de la zone et
sa finlandisation, prélude à sa
soumission à l’impérium
israélo-américain. Sa défaite signerait
l’avènement d’un nouvel ordre
international multipolaire, marqué par
l’émergence du BRIC et son contingent de
nouvelles puissances (Inde, Afrique du
Sud, Brésil), avec en filigrane, l’Iran,
première puissance islamique à accéder
au statut de puissance du seuil
nucléaire hors consentement de l’Otan.
Par trois fois, la
Russie et la Chine, soutenues par les
nouvelles autorités morales du XXI me
siècle, l’Afrique du sud et l’Inde, ont
mis en échec au Conseil de sécurité des
Nations Unies, les menées occidentales
en Syrie et, en appui à la diplomatie
russo-chinoise, six bâtiments de la
flotte russe dotés de péniches de
débarquement et de leurs contingents de
fusiliers-marins montent la garde aux
larges des ports syriens de Banyas et de
Tartous, signe indiscutable de la
détermination russe d’éviter un nouvel
abus de comportement occidental sur le
modèle libyen.
Stratèges en chambre,
salonnards intellectuels émargeant sur
le budget français ou pétro monarchique,
les Etats–Unis veulent bien de la chute
de Bachar Al-Assad, mais pas de
l’avènement d’une internationale verte
au pouvoir dans un pays limitrophe
d’Israël. La bataille de Syrie a pour
fonction principale de siphonner les
salafistes et djihadistes de tous bords,
dans une opération de déroutement vers
la Syrie, en vue de vider les
pétromonarchies de leur présence
menaçante, dans une réédition du schéma
afghan en ce qui concerne la Palestine.
La Conférence des
Non-Alignés, projetée fin Août à
Téhéran, quinze jours après le sommet
islamique de La Mecque,-convoqué
inopinément par l’Arabie saoudite, en
plein Ramadan pour y exclure la Syrie-,
apparaît, dans ce contexte, comme la
réplique iranienne à la manœuvre
saoudienne de mainmise sur le dossier
syrien. Premier forum de cette
importance dans la capitale iranienne
depuis l’avènement de la République
islamique iranienne, il y a trente-trois
ans, le sommet des Non-Alignés de
Téhéran, avec participation égyptienne,
répond au souci de ses promoteurs de
consacrer, dans l’ordre symbolique,
l’Iran, comme La Mecque de l’islam
révolutionnaire, le pays incontournable
de l’équation régionale.
Kofi Annan, le
solitaire
Seul de toute la
diplomatie internationale, Kofi Annan,
ancien secrétaire général des
Nations-Unies, mettra un bémol aux
concerts de critiques des médias
occidentaux sur les responsabilités de
la guerre de Syrie.
Il reprochera aux
Occidentaux, dans la recherche d’une
solution, de mettre à l’écart l’Iran, un
des acteurs clés de la zone, de tout
faire porter à la Russie en termes de
responsabilité, occultant le jeu des
autres fournisseurs d’armes
pro-occidentaux (Qatar, Arabie saoudite,
Turquie, Jordanie), déplorant enfin la
réaction de l’opposition off-shore au
protocole de Genève, en juin 2012.
Kofi Annan
démissionnera de son poste le 2 août
2012 au moment même où la France prenait
la présidence mensuelle du Conseil de
sécurité de l’ONU, sans doute par souci
de ne pas cautionner les dérives d’un
conflit qu’en dix-huit mois de combat
aura provoqué une déviation du combat
vers des affrontements sectaires dans le
sillage de la prépondérance de la
mouvance djihadiste dans la direction de
la bataille, reléguant au second plan
les aspirations démocratiques du départ,
sacrifiés sur l’autel de la realpolitik
des enjeux de puissances.
Son successeur,
l’algérien Lakhdar Brahimi, beau-père du
frère du Roi de Jordanie, devrait
s’assurer de sérieux gages auprès des
grandes puissances avant de se lancer
dans cette aventure, de crainte de se
carboniser prématurément.
Cf. à ce propos:
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/07/07/kofi-annan-sur-la-syrie-a-l-
evidence-nous-n-avons-pas-reussi_1730658_3218.html
La Turquie et le
règlement de la question kurde sur les
débris de la Syrie et de l’Irak
Le zèle de la Turquie
vise à s’emparer du leadership sunnite
régional du fait de la défaillance
saoudienne et égyptienne afin de se
poser en gardien du dogme de
l’orthodoxie sunnite face aux hérétiques
chiites iraniens. Son rôle prééminent de
soutien à l’opposition syrienne
off-shore, ainsi que l’installation sur
son sol du bouclier anti missiles dirigé
principalement contre l’Iran, la Russie
et la Syrie en témoignent. Avec à
l’arrière-plan le vœu secret de régler
la question kurde par l’aménagement
d’une zone autonome en territoire syrien
dans la zone frontalière de Jisr al
Choughour, théâtre d’une furieuse
bataille entre les deux pays fin 2011.
La géographie des
minorités de Turquie sous-tend sa
géopolitique. Héritage de l’Empire
Ottoman, la Turquie est un pays multi
ethnique et multi religieux.
Consubstantiels à son histoire, la
problématique des minorités arméniennes
et kurdes a longtemps conditionné les
choix diplomatiques de la Turquie post
Atatürk, quand bien même ils étaient
masqués du halo de la modernité et de
l’occidentalisation.
Le choix atlantiste de
la Turquie repose sur un pacte tacite
conclu avec le camp occidental, fondé
sur l’occultation de la responsabilité
de la Turquie dans le génocide arménien
en contrepartie de l’implication de ce
pays de culture musulmane non seulement
dans la défense du «Monde libre» face à
l‘Union soviétique, mais aussi dans une
alliance stratégique avec Israël contre
le Monde arabe.
Une mainmise turque sur
le secteur de Jisr Al-Choughour
permettrait la mise sur pied d’un état
kurde indépendant avec débouché sur la
Méditerranée, par la jonction des deux
zones kurdophones de Syrie et de l’Irak,
autrement dit, de purger le problème des
Kurdes de Turquie sur les débris de la
Syrie et de l’Irak, par le raccordement
du secteur kurdophone de Syrie, (Jisr
Al-Choughour) au Kurdistan irakien, la
nouvelle plateforme israélienne face à
l’Iran.
La bataille d’Alep,
pilotée depuis le quartier général
d’Adana par les Turcs avec le soutien du
Qatar, de l’Arabie saoudite et des
forces spéciales de l’Otan (Etats-Unis,
Royaume Uni et France), vise à établir
une tête de pont en territoire syrien,
un abcès de fixation, en vue d’y
aménager un zone franche pour y abriter
le siège d‘un gouvernement provisoire
syrien, sur le modèle du gouvernement de
Benghazi, installé en 2011, en Libye,
lors de l’offensive de l’Otan contre le
Colonel Kadhafi.
Dans cette bataille, la
Turquie joue son destin de pôle de
référence diplomatique régionale, et,
Ahmad Daoud Uglu, le ministre des
Affaires étrangères, abusivement
qualifié de «Kissinger au bonnet
ottoman», le stratège de la
déstabilisation syrienne, son destin
politique. L’éviction d’une quarantaine
d‘officiers supérieurs de l’armée
turque, fin juillet 2012, la deuxième
purge en un an, porte témoignage des
tensions au sein de l’appareil
politico-militaire à propos de la
stratégie néo-ottomane du gouvernement
islamiste turc.
La Turquie abrite une
forte minorité kurde contestataire (15
millions de personnes) et une non moins
substantielle minorité alaouite (10 pour
cent de la population, soit près de 7,5
millions de personnes), soit le tiers de
la population turque; deux fractions qui
pourraient, en cas de poursuite du
conflit, impulser un fort mouvement
centripète au pays. Dans cette
perspective, la désignation d’un kurde
fantoche à la tête de l’opposition
syrienne off-shore ne relève pas d’un
pur hasard.
L’équation kurde.
S’il est légitime de
songer à fédérer les diverses
composantes ethnico-religieuses de la
société syrienne, il est non moins
indispensable de veiller à ne pas faire
office de paravent à une entreprise de
démolition d’un pays, le dernier du
champ de bataille face à Israël. A cet
égard le précédent irakien prête à
prudence.
A l’instar de ses
prédécesseurs, Sida est peu connu au
sein de l’opposition et quasiment
inconnu dans les rangs des formations
combattantes kurdes. Son choix parait
destiné à impliquer les Kurdes, des
sunnites, contre le pouvoir alaouite,
schismatique, dans une démarche
occidentale visant à les
instrumentaliser, sans leur accorder
satisfaction sur leur revendication à
l’indépendance.
Sans état de service
significatif au sein de l’opposition
syrienne ni en faveur de la cause kurde,
Sida paraît voué à un rôle fantoche. A
moins que s’armant des exemples de ses
illustres prédécesseurs, il déjoue les
pronostics et se forge un destin en
mettant fin à cette guerre par
procuration dont les victimes exclusives
sont la Syrie et le peuple syrien.
Des exemples de Kurdes
patriotes abondent dans l’histoire de
Saladin (Salah Eddine al Ayoubi) à
Salman al Halaby, l’assassin de Kleber
au Caire. Qu’il tire profit des erreurs
de ses prédécesseurs et fédère
l’opposition en ce qu’elle contient de
personnalités de qualité tels l’alaouite
Riad Seif, le chrétien Michel Kilo, le
sunnite Haitham Al-Maleh, ou encore
Haytham Al-Mannah, ou enfin et surtout
«le Mandela syrien», le communiste Riad
Turk, tous d’authentiques patriotes
nullement suspectés de la moindre
velléité conspirationniste.
Que le nouveau chef
kurde inscrive son combat pour la
liberté et la démocratie en Syrie dans
le prolongement d’un combat nécessaire
pour la démocratisation des
pétromonarchies du Golfe, dans le
prolongement nécessaire d’un combat pour
la libération de la Palestine, plutôt
que de mener une guerre par procuration
pour le compte de ses seigneurs qui
auront été tout au long de l’histoire
les saigneurs de son peuple.
Qu’il épargne enfin aux
Kurdes les affres d’une nouvelle guerre
intestine inter-kurde par Syrie et
Turquie interposées.
Par glissement
successif, le PKK (Parti des
Travailleurs du Kurdistan) a pu
réactiver son front ouest à la frontière
syro-turque, avec le soutien de Damas en
vue d’harceler l’armée turque qui épaule
l’Armée syrienne libre (ASL), alors que
des miliciens sunnites de Libye, de
Tunisie, du Koweït et de Jordanie
auraient rejoint les insurgés. Autant de
symptômes d’une transposition des
conflits régionaux sur le territoire
syrien mais aussi d’une polarisation
religieuse des affrontements et des
risques d’une contagion régionale.
La livraison de
missiles stringer anti aérien à
l’opposition off-shore, selon le schéma
afghan, loin de résoudre le problème, ne
ferait qu’en accentuer les pertes et les
dégâts.
La censure de fait
imposée aux médias syriens par les
pétromonarchies et le bloc atlantiste,
en interdisant leur accès aux satellites
arabes, Arabsat et Nilesat, et au
satellite européen Hotbird, au mépris
des règles du fonctionnement de la
démocratie dont ils se réclament,
peuvent occulter cet aspect du conflit
aux yeux de l’opinion occidentale et
arabe, mais ne sauraient en nier la
réalité.
Sida, un redoutable
ignorant
Dans sa première
démarche diplomatique, Sida s’est révélé
être un redoutable ignorant du
fonctionnement du système international
de prise de décision. Sans craindre la
contradiction, ce kurde syrien a réservé
sa première déclaration à la Turquie, le
pays parrain de l’opposition syrienne,
qui qualifie néanmoins de «terroriste»
ses propres citoyens kurdes.
A Antakia, l’ancienne
Antioche, le 24 juillet 2012, Sida a
déploré la vétusté des règles de
fonctionnement du Conseil de sécurité.
«Un système, a-t-il dit, qui date de la
fin de la 2eme Guerre mondiale et qui
permet à des puissances de disposer du
droit de véto et de s’opposer à la
volonté de la communauté
internationale».
Ce faisant, il
occultait, voire plus grave, ignorait
que c’est précisément sur ce principe
que s’est construite l’hégémonie
diplomatique occidentale et
l’expansionnisme israélien, en ce que la
France lors de la Guerre d’Algérie et
les Etats-Unis, d’une manière continue,
ont fait un usage abusif du droit de
véto pour assurer une impunité absolue à
Israël dans son action visant à la
phagocytose de la totalité de la
Palestine.
Le chef kurde de
l’opposition syrienne off-shore en lutte
contre le régime baasiste de Syrie, dans
la foulée d’un président kurde irakien
dans l’Irak post baasiste de
Saddam…Abdel Basset Sida se doit, en
priorité, de dissiper la suspicion
permanente qui pèse sur le rôle
supplétif des Kurdes dans la stratégie
israélo-américaine de démembrement du
Monde arabe.
Sauf à connaitre le
sort d’un Ahmad Chalabi en puissance,
son compère irakien artisan de
l’invasion américaine de l’Irak…Le rôle
d’une pitoyable potiche.
© René Naba
Reçu de René Naba pour publication
Le sommaire de René Naba
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|