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Le web de l'Humanité
Quand Netanyahou
fait un bras d'honneur à Sarkozy
Pierre Barbancey
Salah Hamouri
Lundi 17 août 2009
Israël . Le président français, qui avait demandé, en catimini,
une « mesure de clémence » envers Salah Hamouri, essuie un
arrogant refus du premier ministre.
Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a répondu
avec mépris à la France : il a rejeté, jeudi, la demande de
Nicolas Sarkozy de libérer notre compatriote Salah Hamouri. Un
rejet motivé comme suit : « Le premier ministre a décidé de
rejeter la demande de libération de ce Palestinien à la suite de
la recommandation de la commission de libération du ministère de
la Justice, qui a repoussé sa demande car il n’a jamais exprimé
de regret. » Le conseiller juridique du gouvernement israélien,
qui fait office de procureur général, Menahem Mazouz, a estimé,
dans un avis, que Salah Hamouri continuait à « représenter un
danger pour la sécurité du pays ».
C’est une véritable claque pour l’Élysée qui, jusqu’à
présent, avait traité ce dossier sans trop de considération.
Vérité à Tel-Aviv, erreur à Téhéran ? Il a fallu la pression du
comité pour la libération de Salah, des articles de presse, pour
que les autorités françaises commencent à s’inquiéter. Or,
contrairement à d’autres cas, le Quai d’Orsay recommandait la
« diplomatie silencieuse ». Comme si, en l’occurrence, il ne
fallait pas gêner Tel-Aviv. Nicolas Sarkozy n’a ainsi jamais
prononcé publiquement le nom de Salah Hamouri. Il n’a pas non
plus reçu sa famille, laissant ce soin, il y a seulement
quelques semaines, à l’un de ses conseillers. En revanche, il a
reçu et même écrit aux parents de Gilad Shalit, ce soldat
israélien possédant également la nationalité française, capturé
dans la bande de Gaza.
Sarkozy a rencontré les parents de Florence Cassez,
incarcérée au Mexique, et il est intervenu auprès de son
homologue mexicain pour la libération de la jeune femme. Ces
derniers jours, on a entendu le président français et son
ministre des Affaires étrangères exiger la libération de
Clotilde Reiss, cette universitaire française arrêtée en Iran,
où elle était lectrice. La France a dénoncé une arrestation
arbitraire de la part de Téhéran, des accusations « dénuées de
tout fondement » et a annoncé être prête à tout mettre en oeuvre
pour la libération de Clotilde. Le Figaro de samedi révèle même
que « le chef de l’État gère en direct l’affaire Clotilde Reiss ».
Le refus de Netanyahou doit amener les autorités françaises à
changer d’attitude. La France doit se faire plus pressante,
mettre tout en oeuvre pour obtenir la libération de Salah
Hamouri parce que les accusations portées contre lui sont
« dénuées de tout fondement », sauf à penser qu’un tribunal
militaire d’occupation, parce qu’il est israélien, aurait plus
de valeur qu’un tribunal iranien. Sauf à penser que le
« plaider-coupable » de Salah Hamouri - ce qui lui permettait
d’être condamné à une peine bien inférieure à celle qu’il aurait
reçue s’il niait - a valeur d’aveux. Salah pas plus que Clotilde
ne peuvent être condamnés dans de telles conditions.
Dans la lettre qu’il avait fait parvenir à Netanyahou, mais
jamais rendue publique comme si, là encore, on avait peur
d’indisposer Israël, Nicolas Sarkozy demande une « mesure de
clémence ». Ce qui laisse entendre que le président français,
pourtant avocat de formation, prêterait un quelconque crédit à
un tribunal militaire illégal. Le général de Gaulle était donc
coupable, en son temps, jugé sous occupation de notre pays ?
Netanyahou motiverait son refus par une absence de « regrets »
de la part de Salah ! Mais Salah est innocent, tout comme
Clotilde Reiss. Exprime-t-on des regrets pour un acte qu’on n’a
pas commis ?
Ce qui est plus grave, c’est que la discrétion dont font
preuve les autorités françaises s’agissant du cas de Salah
Hamouri est bien l’expression d’un soutien à la politique
israélienne. Paris, comme Bruxelles, serait bien inspiré de
prendre enfin des mesures de nature à ramener Tel-Aviv dans le
chemin du droit international, celui qui condamne l’occupation
des territoires palestiniens, la destruction de maisons
palestiniennes ou le blocus imposé à la population de la bande
de Gaza. Soutenir la libération de Salah Hamouri, c’est rejeter
l’arbitraire colonial qui fait de tout Palestinien un
« terroriste » en puissance.
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© Journal L'Humanité
Publié le 18 août 2009 avec l'aimable autorisation de
L'Humanité
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