Opinion
Nous ne serons pas
complices des Pétain palestiniens (3)
Pierre-Yves Salingue
Mercredi 25 août 2010
3ème
partie : Une autre voie est possible.
Trois balises pour un soutien sans réserves ni conditions.
1/ la satisfaction des droits d’un peuple opprimé se fait
nécessairement au détriment de l’oppresseur.
La
cause palestinienne est la cause d’un peuple opprimé, victime
d’une colonisation sioniste historiquement encouragée par les
puissances occidentales et aujourd’hui menacé de destruction par
un Etat colonial activement soutenu par l’impérialisme.
Comme dans tous les conflits qui opposent des adversaires de
force très inégale
et comme dans toutes les situations d’oppression de longue
durée, il y a place pour des actions humanitaires d’aide aux
populations victimes de l’agression.
Ce
n’est pas faire offense à ces actions, pour certaines d’entre
elles utiles aux
populations, que de dire qu’elles n’ont rien à voir avec un
soutien politique à la cause nationale palestinienne. Le mieux
qu’on puisse attendre d’elles, c’est qu’elle ne renforce pas
l’oppresseur en contribuant à
anesthésier la volonté de lutte de l’opprimé.
De même, l’objectif de la paix s’étant transformé en un
subterfuge sophistiqué pour prolonger l’occupation et pour
s’opposer au droit à l’autodétermination du Peuple palestinien,
toute solidarité qui met « la recherche de la paix » au centre
de ses objectifs, en lieu et place de la pleine satisfaction des
droits du peuple
opprimé, devient inévitablement un instrument de canalisation de
l’énergie populaire spontanément favorable au peuple qui lutte
pour sa liberté et se retrouve placée au service d’un projet
politique qui entrave la lutte des Palestiniens pour leurs
droits.
La
solidarité avec la cause palestinienne ne peut être qu’un
soutien sans conditions ni réserves à la lutte de libération
nationale du peuple colonisé opprimé.
En
tant que mouvement anticolonial, le mouvement de soutien
défend le droit du peuple palestinien à disposer de
lui-même, droit à l’autodétermination dont le droit au retour
des réfugiés est une
composante majeure.
Ce
droit s’oppose terme à terme à l’existence d’un Etat
colonial dont l’idéologie fondatrice et toujours active
exige l’expulsion des arabes palestiniens vivant sur la terre
convoitée.
C’est pourquoi, sans devoir ni pouvoir trancher les termes de la
solution que les peuples concernés mettront en œuvre, nous
devons dire sans ambiguïtés que l’émancipation des peuples
arabes exige le démantèlement de l’Etat sioniste, parce qu’il
est l’incarnation d’un projet colonial et raciste au service de
l’impérialisme.
Notre mouvement de soutien doit pouvoir le dire sans craindre
d’être taxé d’ouvrir la porte à l’extermination des juifs
israéliens et sans se retrouver soupçonné d’être
antisémite voire parfois
révisionniste ou négationniste.
Il
est probable que ceux qui ont fait spécialité d’invoquer
systématiquement « le risque d’antisémitisme » dès que le propos
est une remise en cause de l’Etat sioniste d’Israël et pas
seulement de la politique de ses gouvernements, ne croient même
pas sérieusement que l’accusation est fondée.
Mais l’existence d’une telle police de la pensée agit à deux
niveaux : elle terrorise les militants qui craignent en
permanence qu’un propos trop radical contre Israël les
disqualifie aux yeux des acteurs de la solidarité et elle jette
la suspicion sur ceux qui n’acceptent pas la censure et
affirment leur analyse quand les procureurs sont incapables
d’argumenter au fond.
Il
se trouve que cette police est souvent exercée par des individus
appartenant au courant qui s’oppose au droit à
l’autodétermination de tout le peuple palestinien et au droit au
retour effectif des réfugiés dans leurs foyers.
Le
mouvement de soutien aux droits des Palestiniens devrait donc
tracer un cordon sanitaire rigoureux .Non pas pour isoler
celles et ceux qui, dans les manifestations notamment, expriment
très sainement un antisionisme spontané qu’il convient de
nourrir d’explications historiques et de perspectives
politiques, mais pour isoler les spécialistes de l’insinuation
et de l’amalgame, qui excellent davantage dans la recherche
obsessionnelle des traces hypothétiques de liens avec des
supposés antisémites que dans le soutien sans réserve à la
résistance des Palestiniens.
2/ L’absence actuelle d’orientation stratégique palestinienne
alternative à la faillite de l’OLP est une situation temporaire.
L’Histoire a placé le Peuple palestinien au centre d’une
confrontation qui dépasse le simple face à face entre d’un côté
une population autochtone qui résiste et de l’autre une
puissance coloniale qui veut l’expulser de terres qu’elle
convoite.
L’Etat israélien fait partie du dispositif impérialiste de
domination de la région, il
est même un élément
clef de
sa division.
Parce qu’Israël et l’impérialisme s’opposent à l’émancipation de
tous les peuples de la région, la seule issue pour les
Palestiniens est dans le développement d’une lutte d’ensemble,
contre l’état colonial sioniste, contre l’impérialisme et contre
des régimes réactionnaires arabes soumis
et disposés à normaliser leurs relations avec Israël pour
prendre leur place dans le plan impérialiste de Grand Moyen
Orient.
Même s’il ne peut vaincre seul et du fait même de la profonde
interaction entre la cause de la Palestine et les luttes
populaires de la région, il est essentiel qu’un mouvement de
libération se reconstruise, tirant les leçons des erreurs et des
défaites, pour sortir le Peuple palestinien de la spirale de
l’échec et affirmer, dans les faits et par les actes, qu’il ne
cèdera pas et que
la reddition annoncée des « représentants » autoproclamés
choisis par l’impérialisme ne mettra en aucune manière un terme
définitif à la lutte pour ses droits fondamentaux.
Pour y parvenir, les Palestiniens ont besoin de temps, pour
reprendre des forces, pour comprendre les raisons de la faillite
de leur mouvement de libération, pour rebâtir une alternative.
Les choses changeront. La génération qui a fait la première
Intifada et dont de nombreux membres, un temps frustrés et
découragés, n’ont pas pour autant rejoint le camp de la
normalisation avec l’occupant, saura tirer les leçons. Ils/elles
permettront à la jeunesse palestinienne, -celle qui n’a pas
connu les illusions destructrices des années Oslo et qui ne
connait d’Israël que les colonies, les check-points humiliants,
les arrestations arbitraires, la guerre contre le Liban et celle
contre Gaza – de renouer le fil d’une lutte qui prend ses
racines dans le combat pour la liberté, d’abord contre
l’occupant britannique puis contre la colonisation sioniste.
Pour qui veut vraiment soutenir ce combat, l’impatience n’est
pas de mise et les illusions néocolonialistes doivent être
écartées : La
libération du peuple palestinien ne peut être accomplie que par
sa propre mobilisation et aucune solution ne viendra des
instances de la « Communauté internationale » ni des Etats qui
la composent.
Il
appartient et il appartiendra donc aux Palestiniens de choisir :
leurs objectifs, leur stratégie, leurs formes de résistance à
l’occupation, leurs représentants Etc.
Mais encore faut-il
qu’ils aient les
moyens de faire ces choix : du temps, un rapport de force moins
défavorable, la rupture de l’isolement, une dépendance
matérielle et financière moindre que seuls peuvent faciliter des
« donateurs » qui ne conditionnent pas leur soutien au respect
par les Palestiniens d’un projet politique qui va à l’encontre
de leurs aspirations et de leurs droits fondamentaux .
Il y a là un immense
chantier pour un mouvement de soutien qui se concevrait avant
tout comme une ressource au service de la lutte
et pas seulement comme investi d’une mission de protection en
attendant que les choses changent sur le terrain.
Car un vrai mouvement de soutien peut être un facteur qui influe
sur le changement possible, sans décider à la place des
Palestiniens ni prétendre mieux savoir qu’eux ce qu’il faut
faire, mais comme une contribution aidant
les Palestiniens à avoir réellement « le choix des
armes »
Un
tel mouvement affirmerait que sa responsabilité immédiate est
d’abord de desserrer l’étau de l’occupation et du blocus qui
asphyxient les Palestiniens dans leur vie quotidienne et dans
leur action pour changer
leur avenir.
La
campagne BDS est évidemment
un moyen privilégié pour isoler Israël et faire évoluer
le rapport de forces encore aujourd’hui
si défavorable aux Palestiniens.
Par ailleurs des initiatives devraient être prises contribuant à
donner le maximum de marges d’action à tous ceux et celles qui
n’abandonnent pas et qui n’acceptent pas d’être mis sous tutelle
par les gouvernements et les ONG qui imposent des conditions
politiques à leur
« aide »
Tous les moyens de la solidarité
devraient être consacrés à des initiatives qui
encouragent l’action collective,
qui préservent l’autonomie de l’action de résistance
populaire et l’indépendance politique de celles et ceux qui
y participent.
Les champs sont divers, comme le soutien à des initiatives
concourant à l’indépendance économique (coopératives de
production), le développement d’activités sociales et
culturelles (bibliothèques, aides financières pour les études…),
la défense des droits des femmes, l’aide directe à toutes les
formes de résistance Etc.
3/ L’impérialisme manifeste sa volonté d’en finir avec la
question palestinienne
et veut infliger une défaite politique majeure se traduisant par
l’éradication, du moins pour une longue période, de toute
ambition collective de libération et de satisfaction des droits
fondamentaux.
L’actualité de cet objectif
s’explique par le fait que son accomplissement
conditionne l’essor du plan américain de Grand Moyen
Orient
Ce
n’est pas la condition unique mais c’est une condition sine qua
non.
C’est ce qui explique le forcing exercé par Washington sur Abbas
pour que l’OLP accepte la reprise des négociations bilatérales
avec le gouvernement israélien, bien que celui-ci n’ait
nullement accepté « la condition » de l’arrêt de la
colonisation.
C’est aujourd’hui chose faite et on nous annonce la
tenue imminente de
réunions au sommet.
Il
est difficile de prévoir le devenir de cette nouvelle séquence
de négociations qui peut tout aussi bien capoter très rapidement
qu’inaugurer une nouvelle série de rencontres destinées à
chloroformer toute velléité de résistance véritable, notamment
par rapport au blocus de Gaza.
On
ne peut pas non plus exclure l’hypothèse d’une tentative de
passage en force visant à imposer une capitulation rapide des
Palestiniens avant que la caution d’Abbas n’ait perdu tout
intérêt.
Pour que le mouvement soit capable d’affronter cette situation
et ses possibles bifurcations, pour de ne pas être une nouvelle
fois manipulés, il est d’autant plus nécessaire de consolider
les bases du soutien à long terme et
aussi de clarifier quelques sujets actuels.
Dans l’immédiat, quelques clarifications nécessaires:
1/ BDS
La campagne BDS peut être un bon vecteur pour nous aider à être
aux côtés des Palestiniens qui résistent.
Mais pas un BDS relooké, vidé de son contenu de libération
nationale pour devenir un simple instrument de pression sur les
gouvernements occidentaux, un nouvel outil au service des
illusionnistes qui sont prêts à se rallier à « une solution »
qui ne satisferait pas les exigences des Palestiniens.
BDS n’est pas qu’un sigle et on ne peut pas faire la campagne à
laquelle nous appellent les initiateurs de l'appel avec des
organisations qui sont contre les exigences globales de l’appel
et qui proposent de choisir ce qui leur convient, voir de
remplacer par autre chose ce qui ne leur convient pas.
Si dans ces campagnes on élimine la revendication du droit au
retour des réfugiés dans leurs foyers, l’existence et les
exigences des Palestiniens de 48 Etc. et si on ramène « l’état
palestinien indépendant aux côtés de d’Israël » en lieu et place
de l’exigence d’autodétermination de tout le Peuple palestinien,
ceci voudrait dire que, au motif invoqué d’efficacité et
d’unité, on met l’action au service d’autres objectifs
politiques que ceux fixés et constamment rappelés par les
initiateurs. [7]
2/ le blocus de gaza.
Le
message envoyé par les auteurs du blocus est limpide. Pour les
habitants de Gaza c’est la misère croissante : vous refusez de
vous soumettre, vous aurez le ventre vide ! C’est aussi leur
rappeler que le déclenchement de la terreur, comme fin 2008, est
à tout instant possible.
A
tous les Palestiniens le message est : voyez Gaza, c’est ce qui
vous attend si vous vous obstinez à vouloir rester sur cette
terre de Palestine ! La mort lente en attendant un nouvel
épisode de Nakba.
C’est évidemment un blocus criminel.
Mais, pas plus que pour le Mur ou les colonies, il ne s’agit
d’abord d’une question de droits de l’homme mais d’un
épisode particulièrement violent de l’offensive contre un peuple
qui lutte pour sa libération nationale.
Il
en résulte que la revendication doit être
la levée du blocus, immédiate et sans conditions,
avec libre accès pour entrer comme pour sortir, côté Israël
comme côté Egypte et aussi côté maritime, sans contrôle ni par
les Israéliens ni par une force internationale.
Parce que l’exigence de levée du blocus est une exigence
politique : les Palestiniens de Gaza ont le droit de vivre
débarrassé de l’occupation et ont le droit de disposer
d’eux-mêmes. Si ces droits sont reconnus, comme ceux de tous les
Palestiniens, il n’y aura plus de problèmes de nourriture ou de
pénurie de médicament à Gaza qui n’est pas un territoire
sous-développé et sans ressources.
Si
la bataille contre le blocus concerne au premier chef Israël, la
question des responsabilités de l’Egypte ne saurait être
négligée.
La
profonde interaction entre les luttes populaires de la région,
notamment en Egypte, et la cause palestinienne, le fait qu’aucun
mouvement progressiste ne peut se développer au MO sans se lier
à la cause palestinienne impose en retour qu’un mouvement
de solidarité avec les Palestiniens contre le blocus de
Gaza ne peut pas respecter la politique de Moubarak et doit se
lier aux militants égyptiens.
La
question du libre accès
est également fondamentale.
Accepterons-nous demain la mise en œuvre de la proposition du
Parlement européen réclamant
un contrôle des points de passage et une force
internationale pour surveiller le rivage ? [8]
Evidemment non, car d’une part la revendication de la
souveraineté s’y oppose et d’autre part nous ne sommes pas
pour que les Palestiniens soient dans l’incapacité de se
défendre.
Cette exigence devrait donc être appliquée aux « bateaux de la
liberté » et les
organisateurs doivent refuser par avance tout contrôle, au
départ et à chaque éventuelle étape. Seuls les Palestiniens, à
l’arrivée à Gaza, doivent être en mesure de contrôler ce qui
leur est amené.
Encore une fois il faut s’interroger sur l’objectif de
toutes les actions contre le blocus.
Leur finalité est-elle d’arriver à Gaza (« briser le siège ») ou
de construire une rapport de forces permettant d’exiger la levée
inconditionnelle du blocus ?
Pourquoi la revendication « Dénoncer et briser le siège
israélien contre Gaza » et pas la
levée immédiate et sans conditions du blocus ?
Le siège est-il seulement israélien ?
Et
comment critiquerons-nous cette atteinte à la souveraineté si
nous acceptons le contrôle des bateaux ?
Voulons nous démontrer
que « nous ne sommes que des humanitaires » ?
3/ l’attitude à
l’égard de l’Autorité palestinienne de Abbas et Fayyad :
« Les
Palestiniens et leurs alliés doivent rester clairement axés sur
la simple vérité que ceux qui continuent à se coordonner avec
les forces d'occupation israéliennes pour traquer les
Palestiniens la nuit ne peuvent endosser le manteau de la
résistance populaire le jour. »
[9]
Aucun comité, aucun collectif
réellement engagé en défense de la cause palestinienne ne
devrait accepter de rencontrer ici des représentants de
l’Autorité palestinienne, à commencer par celles et ceux qui ne
sont que les agents diplomatiques et les « ministres » salariés
d’Abbas et de Fayyad et qui ne « représentent » donc aucunement
les Palestiniens qui ne les ont pas choisis !
En
Cisjordanie et à Jérusalem aucune délégation ne devrait
accepter de les rencontrer pour les mêmes raisons.
S’agissant d’évènements publics non organisés par l’AP (comme
une conférence à l’initiative d’un comité populaire), toute
délégation devrait signifier clairement son refus de collaborer
avec des « représentants » non légitimes et sa volonté de
travailler directement avec les organisations populaires.
Ce
sera d’ailleurs une aide pour les Palestiniens qui sont parfois
obligés d’accepter une forme de tutelle, notamment pour des
raisons financières.
4/ Soutenir les
actions de résistance populaire sans imposer aux Palestiniens
les formes
de résistance : la question de la non-violence
Il
ne s’agit pas ici de traiter de la stratégie de la non-violence
et de sa pertinence éventuelle dans le cas de la lutte des
Palestiniens contre l’occupation israélienne.
Cette question devra être sérieusement discutée au sein du
mouvement de soutien.
Pour s’interroger sur son efficacité : au fond, qu’est-ce que la
résistance non violente a apporté aux Palestiniens depuis
l’abandon, de fait, des actions armées en Cisjordanie et à
Gaza ? La colonisation a-t-elle reculé ? Le mur est-il tombé ?
Le blocus a-t-il été levé ? Des prisonniers ont-ils été
libérés ?
La
fin de la lutte armée a-t-elle interrompu le cycle
occupation/annexion des terres/expulsion ?
Les évènements tragiques de la flottille de la liberté auraient
sans doute mérité plus d’attention et il faudra y revenir.
Car qui peut nier que l’impact de cet événement est directement
corrélé aux 9 militants assassinés par l’armée israélienne ?
Et
pourquoi y a-t-il eu 9 morts sur ce bateau et pas sur les
autres ?
Le
débat devra donc être mené, d’autant qu’on voit poindre des
notions assez étranges : « Intifada sans pierres », « Intifada
blanche » Etc.
Le
problème qu’on veut ici poser est le suivant : appartient-il à
ceux qui déclarent
soutenir un mouvement de résistance de choisir la forme de
résistance appropriée ? Est-il convenable de conditionner son
soutien au choix de la forme de résistance retenue ?
Pendant des années les responsables du mouvement de solidarité
ont gardé une
certaine réserve.
On
percevait que
certains étaient défavorables à la lutte armée, mais un
consensus semblait établi : un peuple occupé a le droit de
résister, il lui appartient de choisir les moyens…Parfois le
doute s’exprimait, mais sur le registre de l’efficacité
recherchée : la lutte armée était-elle le moyen le plus adapté
dans le cas de la Palestine ?
Il semblerait qu’on soit passé du droit reconnu à la
conditionnalité. Il y a désormais une exigence à respecter pour
bénéficier de la solidarité : résister de façon exclusivement
non violente.
« Cela fait 5 ans que
nous vous soutenons. Et je veux dire : plus que jamais nous vous
soutenons. Cela pour au moins deux raisons fondamentales. La
première découle du fait que, si tout peuple occupé dispose du
droit absolu de résister, ce droit, ici, vous l’exercez
pleinement sous une forme appropriée que vous appelez « la
résistance populaire et non violente »
C’est une déclaration de JC Lefort,
s’exprimant en qualité de Président de l’AFPS à Bil’in
lors de la 5ème conférence en avril 2010.
C’est à ma connaissance la première fois qu’est affirmée la
déconnexion entre le soutien apporté et le droit du peuple
occupé de résister.
JC Lefort reconnaît aux Palestiniens leur « droit absolu de
résister » mais il leur dit que ce n’est pas pour cette raison
qu’il les soutient. La raison du soutien « découle du fait que
le droit de résister est exercé sous une forme appropriée »
Le président de
L’AFPS considère que la non-violence est « la forme appropriée »
et donc il soutient cette résistance.
Outre l’arrogance manifestée par le touriste occidental qui
vient passer une journée par an à Bil’in et donne la leçon
à celles et ceux qui y souffrent quotidiennement, on doit
bien constater que JC Lefort, Président de l’AFPS vient
d’expliquer aux habitants de Bil’in que ce n’est pas le droit de
résister à l’occupation qui justifie le soutien mais seulement
le choix d’une modalité de résistance conforme à ce que JC
Lefort juge « approprié »
Et
si Bil’in et les autres comités populaires
changeaient et diversifiaient leurs formes de
résistance?
Et
si ils décidaient d’user autrement de leur « droit absolu de
résister », seraient-ils abandonnés à leur sort?
Et
si demain, refusant la capitulation de ses « représentants »
autoproclamés et refusant de voir brader ses droits, la
jeunesse palestinienne se révolte et s’affronte à l’armée
d’occupation, renouant avec l’expérience de la 1ère
Intifada, on la
soutient ou on est avec l’armée sioniste et les flics de Dayton
et de Fayyad qui la répriment ?
[7] Cf.
PYS « en défense de BDS »
[8]
http://register.consilium.europa.eu/pdf/fr/09/st17/st17281.fr09.pdf
[9] « La
fausse campagne de boycott de
l'Autorité Palestinienne » Par Ali
Abunimah
1ère partie : A quoi sert Salam Fayyad ?
2ème partie : les fantassins français de Salam Fayyad
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