La commission
Trilatérale contrôle le gouvernement
Obama
Patrick Wood
Kissinger
à la Maison-Blanche pour coordonner avec
Obama les travaux de la Trilaterale,
à gauche George Shultz -
Maison Blanche, 20 mai 2009
Jeudi 24 novembre
2011
L’oligarchie US défend ses
intérêts de classe et garde le
contrôle du pouvoir politique à
l’échelle nationale en
s’appuyant sur des sociétés
secrètes telles que les
Skull & Bones ou des
clubs sélects comme le
Council on Foreign Relations
(CFR). Au plan international,
elle utilise des groupes
élitistes, par exemple le groupe
de
Bilderberg qui
cherche à intégrer à son projet
les oligarchies d’autres pays
pour l’émergence d’une
gouvernance mondiale. Notre
collègue Patrick Wood explique
comment fonctionne la Commission
Trilatérale, une autre pièce de
ce système complexe, dont le
rôle a récemment été remis en
lumière avec la nomination du
chef de sa section Europe, Mario
Monti, comme Premier ministre
italien.
Pendant ses dix
premiers jours de sa présidence, Barack
Obama a nommé onze hauts fonctionnaires
issus de la Commission trilatérale
à des postes clés de son administration,
introduisant ainsi une puissante force
extérieure dans le leadership de son
gouvernement, mais avec un agenda de
base qui porte plutôt préjudice aux
citoyens des États-Unis.
Outre ces nominations, Obama a appelé
à la Maison-Blanche plusieurs membres
illustres de la Commission trilatérale,
dont Zbigniew Brzezinski, son principal
conseiller en politique extérieure.
Brzezinski est cofondateur de la
Commission (1973) avec David
Rockefeller.
Kissinger,
l’ex-Secrétaire d’État étasunien est la
véritable cheville ouvrière de
l’oligarchie US
La Commission trilatérale a une
grande responsabilité dans l’état actuel
du monde. Elle fut constituée en 1973
comme un forum mondial de « penseurs »,
devenus les artisans du tournant
multinational pris par le capitalisme
dans le sens d’une radicalisation du
courant de pensée keynésien le plus
classique de l’économie : rôle de
l’État, intensification de
l’exploitation mondiale du travail,
hégémonie militaire mondiale des pays
les plus riches de la planète et de
leurs compagnies transnationales.
Henry
Kissinger avec Sarah Palin, John McCain,
Hillary Clinton et George Bush Jr
La Trilatérale est une sorte de grand
parti politique mondial. D’après son
site Web, elle fut créée par des
personnalités du Japon, de l’Union
européenne, et d’Amérique du Nord
(États-Unis et Canada) dans le but de
promouvoir et de construire une
coopération plus étroite entre les
principales régions démocratiques et
industrialisées du monde [en opposition
au camp socialiste de l’époque] pour
partager les responsabilités dans la
direction d’un système international
élargi.
Selon sa liste officielle, la
Commission trilatérale compte 424
membres, dont 87 seulement sont
États-uniens. Ainsi, au cours de ses
deux premières semaines à la
Maison-Blanche, le nombre de
représentants gouvernementaux désignés
par Obama constitue 12 % de la
représentation des États-Unis à la
Commission. Il entretient bien d’autres
liens avec la Trilatérale, comme par
exemple la présence en qualité de membre
permanent de William Jefferson Clinton,
le mari de la Secrétaire d’État, Hillary
Clinton. Voici les onze personnes
désignées par Obama :
Tim
Geithner, secrétaire au Trésor
Susan
Rice, ambassadrice auprès des Nations
unies
le
général James L. Jones, conseiller à la
Sécurité nationale
Thomas
Donilon, conseiller pour les questions
de Sécurité nationale
Paul
Volker, président de la Commission pour
la reprise économique
L’amiral
Dennis C. Blair, directeur du
Renseignement national
Kurt
M. Campbell, secrétaire d’État adjoint
pour l’Asie et le Pacifique
James
Steinberg, Député secrétaire d’État
Richard
Haass, envoyé spécial du Département
d’État
Dennis
Ross, envoyé spécial du Département
d’État
Richard
Holbrooke, envoyé spécial du Département
d’État
L’administration Obama et la
Commission trilatérale entretiennent
bien d’autres liens. À titre d’exemple,
signalons que le groupe informel de
conseillers du secrétaire au Trésor, Tim
Geithner, réunit les membres de la
Commission : E. Gerald Corrigan,
banquier et ancien président de la
Réserve fédérale ; Paul Volker,
aujourd’hui à la tête pensante de la
relance économique d’Obama ; Alan
Greenspan, le dernier responsable de la
Réserve fédérale, et Peter G. Paterson,
éminent banquier et investisseur.
Frais émoulu de l’Université,
Geithner se mit immédiatement au service
du « trilatéraliste » Henry Kissinger,
aux bureaux Kissinger & Associates. Un
autre membre de la Commission
trilatérale, le général Brent Scowcroft,
un commerçant devenu banquier, fut
conseiller officieux d’Obama et mentor
de l’actuel secrétaire à la Défense
Robert Gates. Robert Zoelick, ancien
secrétaire au Commerce et actuel
président de la Banque mondiale nommé
sous l’administration G.W. Bush, est lui
aussi membre de la Commission.
Le site Web signale : « La
Commission trilatérale est composée de
près de 400 noms illustres du monde des
affaires, des médias, des universités,
des services publics (à l’exception des
ministres de cabinets nationaux
actuels), des syndicats et d’autres
organisations non gouvernementales des
trois régions. Trois présidents (un dans
chacune des trois régions du monde
susmentionnée), des présidents
régionaux, un vice-président et des
directeurs constituent la direction de
la Commission Trilatérale, en
collaboration avec un Comité exécutif
incluant une quarantaine d’autres
membres ».
Depuis 1973, la Commission
trilatérale se réunit régulièrement en
séances plénières pour discuter de
manifestes politiques élaborés par ses
membres. Les politiques sont débattues
jusqu’à obtention d’un consensus. Les
membres regagnent leurs pays respectifs
pour appliquer ou faire appliquer les
politiques ainsi approuvées par
consensus. L’objectif initial du groupe
était l’instauration d’un « Nouvel
ordre économique international » [ce
qu’on appelle aujourd’hui la
mondialisation]. Son discours actuel
encourage une « coopération plus
étroite entre les régions
industrialisées démocratiques dominantes
du monde, qui assument des
responsabilités partagées dans la
conduite d’un système international
élargi ».
Prix Nobel
de la Paix (comme Obama), Henry
Kissinger est impliqué dans plusieurs
génocides
Depuis l’administration Carter, les
membres de la Commission trilatérale ont
exercé leur influence à de hauts postes
contrôlés par le gouvernement des
États-Unis : six des huit derniers
présidents de la Banque mondiale ; les
présidents et les vice-présidents des
États-Unis (à l’exception d’Obama et de
Biden) ; plus de la moitié de l’ensemble
des secrétaires d’État des États-Unis ;
et les trois quarts des secrétaires à la
Défense.
Durant la période 2009-2012, l’agenda
de la Commission reposera sur deux
grandes convictions. Premièrement, la
Commission trilatérale est appelée à
jouer un rôle plus important que jamais
pour préserver la direction partagée des
pays riches dans un système
international élargi. Deuxièmement, la
Commission « élargira son cadre pour
refléter des changements plus vastes
dans le monde ». Ainsi, le Groupe
japonais s’est transformé en Groupe
Asie-Pacifique, qui inclut des membres
venus de Chine et d’Inde, tandis que des
personnalités du Mexique ont rejoint le
Groupe Amérique du Nord (Canada et
États-Unis). Et le Groupe Europe
continue d’augmenter avec
l’élargissement de l’Union européenne.
Mise à jour de Patrick
Wood (d’August Review.com)
La question de l’« influence indue »
nous interpelle, lorsque l’on constate
le nombre de membres de la Commission
trilatérale nommés à des postes élevés
au sein de l’administration Obama. Ils
ont la mainmise sur des domaines liés à
nos besoin nationaux les plus urgents :
crise financière et économique, sécurité
nationale et politique extérieure.
Le conflit d’intérêts est flagrant.
Avec 75 % des membres non-US, quelle
influence cette écrasante majorité
continue-t-elle d’exercer sur les 25 %
restant ? Par exemple, lorsque Chrysler
s’est placé sous la protection et le
contrôle de la loi états-unienne sur les
faillites dans le cadre du plan de
sauvetage de l’administration Obama, un
accord a été conclu à la hâte avec le
groupe italien Fiat pour sauver cette
compagnie. La personne désignée pour
conclure l’accord fut le secrétaire au
Trésor ou ministre des Finances Timothy
Geithner, membre de la Commission
trilatérale. Seriez-vous surpris si on
vous disait que le président de Fiat,
Luca di Montezemolo, est lui aussi un
membre de la Commission ? Le Congrès
aurait dû interdire ce partenariat au
moment où il a été suggéré.
Beaucoup des membres européens de la
Commission trilatérale sont aussi de
hauts dirigeants de l’Union européenne.
À quelles oscillations politiques et
économiques sont-ils soumis par la
branche états-unienne ?
Si on faisait un sondage sur la
question, la grande majorité des
ressortissants US diraient que les
affaires des États-Unis leur
appartiennent, et qu’ils doivent se
fermer à toute influence étrangère
dictée par des programmes non
étasuniens. Mais l’immense majorité des
citoyens US n’a pas la moindre idée de
ce qu’est la Commission trilatérale, et
encore moins de l’énorme pouvoir qu’elle
a usurpé depuis 1976, quand Jimmy Carter
a été le premier membre de la
Trilatérale élu président des
États-Unis.
À la lumière de la crise financière
actuelle sans précédent, les « trilatéralistes »
seraient voués à l’exécration s’ils
lisaient les déclarations de Zbigniew
Brzezinski (cofondateur de la Commission
avec David Rockefeller) consignées dans
son livre paru en 1971 intitulé « Entre
deux âges : le rôle de l’Amérique à
l’ère technotronique ». Brzezinski
signalait : « La nation-État, en tant
qu’unité fondamentale de la vie
organisée de l’homme, a cessé d’être la
principale force créatrice : les banques
internationales et les corporations
transnationales sont [à présent] les
acteurs et les architectes au sens que
prenaient autrefois ces termes appliqués
à la nation-État ». [Autrement dit,
il a jeté au placard les concepts de
base d’État-nation, de souveraineté des
pays et du rôle de l’État dans la
société, pour défendre la vision d’un
monde gouverné par les banques et les
corporations transnationales].
C’est exactement ce à quoi nous
assistons dans toutes les sphères. Les
banques et les corporations mondiales
sont des cercles qui se resserrent
autour de la nation-État, y compris les
États-Unis. Elles n’ont aucun respect
pour aucun processus, ni pour le
Congrès, ni pour la volonté des peuples.
Pourquoi ont-elles maintenu les
citoyens US dans l’ignorance sur un
sujet qui ébranle les fondations mêmes
de notre pays ?
La Trilatérale contrôle
les grands médias
La réponse est simple : on compte
parmi les patrons des grands médias de
nombreux membres de la Commission
trilatérale, et ils peuvent détourner
les informations pertinentes mais
dérangeantes. Parmi ces décideurs
figurent :
David
Bradley, président d’Atlantic
Media Company.
Karen
Elliot House, ex-vice-président senior
de
Dow Jones & Company, et éditrice
du
Wall Street Journal, qui
appartient à Rupert Murdoch.
Richard
Plepler, coprésident de
HBO.
Charlie
Rose, de PBS, Service public de radio et
télévision des États-Unis.
Fareed
Zakaria, rédacteur du
Newsweek
Mortimer
Zuckerman, président de l’U.S.
News & World Reports.
Il existe beaucoup d’autres
connexions avec la haute direction des
médias, résultant de l’appartenance ou
de la participation aux leviers de
commande des transnationales et de
l’actionnariat commun. Pour plus
d’information, consulter mon livre
publié originalement en 1978 « Trilaterals
Over Washington », disponible [en
anglais] en format électronique et
gratuitement sur
www.AugustReview.com. Ce site
contient aussi beaucoup d’articles qui
traitent divers aspects de l’hégémonie
de la Commission trilatérale aux
Etats-Unis et dans le monde.
Sources
« August Review.com », 30
janvier 2009, « Obama :
Trilateral Commission Endgame »,
par Patrick Wood.
Etudiant chercheur Sarah Maddox.
Tuteur : Peter Phillips,
Université d’Etat de Sonoma.
Patrick Wood (August Review.com)
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