Tendances de l'Orient - La Syrie
Un pouvoir solide
face à une opposition divisée
New
Orient News
Photo :
Sana
Mercredi 21 septembre
2011
Six mois après le début des troubles en
Syrie, le régime fait preuve d'une
solide cohésion, et rien n'indique qu'il
soit sur le point de lâcher prise. Plus
de 600 militaires et membres des forces
de sécurité ont été tués au cours
d'embuscades ou d’attaques, reflétant la
militarisation croissante de la
contestation, dont les chefs, installés
et téléguidés de l’étranger, n’hésitent
plus à réclamer ouvertement une
«protection internationale».
Malgré les moyens gigantesques mis à sa
disposition par l’Occident, les
pétromonarchies et la Turquie,
l’insurrection se heurte à plusieurs
obstacles qui déterminent les contours
et les limites de son action. La
mobilisation des foules autour des
mosquées, notamment après les prières du
vendredi, l'absence de toute alternative
viable en cas de vacance de pouvoir, la
désorganisation et les divisions qui
caractérisent l'opposition, la crainte
que suscite le retour annoncé des Frères
musulmans, ainsi que la menace d'un
dérapage vers une guerre civile
instrumentalisée par les puissances
régionales et internationales,
dissuadent la majorité silencieuse, qui
évite de prendre part au mouvement de
contestation. Dans la foulée de cette
guerre pour l'opinion publique, le
président Bachar al-Assad peut encore
compter sur le soutien de plus de la
moitié de la population. Une autre
partie importante a choisi la
neutralité. La crainte d'une réédition
des précédents irakien et libanais hante
les minorités religieuses qui
représentent 30% de la population, ainsi
que la bourgeoisie urbaine, soucieuse de
ses intérêts, ce qui explique le calme
qui prévaut à Damas et à Alep, ou
résident la moitié des 23 millions de
Syriens. La révolte reste confinée
aujourd'hui à six foyers principaux:
Homs, Hama, Deraa, Idlib, Deir Ezzor,
ainsi que la banlieue sunnite de Damas.
Le calme règne dans les huit autres
provinces.
L'opposition mise depuis le début du
soulèvement sur la défection de l'armée,
afin de renverser l'équilibre des forces
à son avantage. Même si un petit nombre
de militaires sont entrés en dissidence,
le régime a réussi après six mois de
vaines tentatives de la part de
l’opposition et de ses tuteurs
étrangers, à préserver la cohésion de
l'armée et des services de sécurité, qui
restent soudés derrière le président.
Aucun responsable civil, aucun
diplomate, ou militaire haut gradé n'a
fait défection, dissipant ainsi toute
possibilité de fracture au sein du
pouvoir.
Les tentatives d'internationalisation de
la crise exacerbent les tensions sur le
plan régional, suscitant une levée de
boucliers de la part des alliés de la
Syrie, en particulier l'Iran, le
Hezbollah et la résistance
anti-américaine en Irak. C'est dans ce
contexte que le président russe Dmitri
Medvedev a soutenu les réformes
annoncées par le président Assad, tout
en estimant que parmi les
contestataires, figurent «des
extrémistes, dont certains peuvent même
être qualifiés de terroristes». Il s'est
dit «prêt à soutenir plusieurs options
pour résoudre la crise, à condition
qu'elles ne soient pas basées sur une
condamnation unilatérale visant le
président Bachar al-Assad, ou même la
performance du gouvernement», tout en
rappelant que «cela va dans l'intérêt de
la Russie, car la Syrie est un pays ami,
avec laquelle nous entretenons
d'étroites relations politiques et
économiques». Une façon de dire au monde
que face à la propagation de l'islamisme
et à l'endiguement américain de la
Russie, Moscou n'abandonnera jamais son
seul et dernier allié en Méditerranée.
Malgré toutes les pressions, y compris
celles exercées par la Ligue arabe,
devenue un instrument aux mains des
pétromonarchies et de la Turquie, le
pouvoir syrien poursuit, imperturbable,
l’application de l’agenda de réformes
qui répond aux seuls intérêts nationaux.
La nouvelle loi sur les partis vient
d'être ratifiée alors qu'une commission
chargée de recevoir les demandes
d'autorisation des nouvelles formations
politiques a été mise sur pied. Le
pouvoir vient de lancer aussi un
dialogue national décentralisé, dans les
quatorze provinces du pays. Les
discussions, qui portent sur les
réformes politiques, économiques et
sociales, regroupent entre autres les
représentants du Baas, des dignitaires,
intellectuels, opposants et
représentants de la société civile.
En parallèle, l’opposition de
l’intérieur s’est réunie samedi 17
septembre dans une banlieue de Damas,
pour élire un comité central de 60
membres. La réunion s’est déroulée sans
que la police ne tente de l’interdire.
Désormais, les «Conseils», «Ligues de
coordination» et «comités» qui affirment
parler au nom de l’opposition ne se
comptent plus.
Sur le terrain, le pouvoir a encore
marqué des points dans sa lutte contre
l’insurrection armée. L'armée syrienne a
arrêté le lieutenant-colonel Hussein
Harmouch, qui avait fait défection le 9
juin dernier et annoncé la formation
d'un fantomatique «Mouvement des
officiers libres». Cette arrestation
permettra au régime d'intercepter le
réseau de militaires dissidents au sein
de l'armée et de dissuader d'éventuelles
nouvelles défections. Dans des aveux
retransmis à la télévision syrienne,
Hussein Harmouch reconnait avoir été
financé par des personnalités de
l’opposition, mais affirme, amer, avoir
surtout reçu des promesses non tenues.
Le sommaire des Tendances d'Orient
Le dossier
Syrie
Les dernières mises à jour
|