Tendances de
l'Orient
La cohésion de la
Syrie face à l’offensive
turco-occidentale
New
Orient News
Lundi 13 juin 2011
Malgré les immenses moyens de subversion
financiers et médiatiques et de
renseignements, mis en place par les
Etats-Unis, leurs alliés européens et
arabes et la Turquie, la situation en
Syrie reste sous le contrôle du régime,
avec la reprise en main par l’armée de
la région de Jisr al-Choughour,
contrôlée par des extrémistes armés
(Voir ci-dessous) et la poursuite des
réformes politiques et administratives
profondes dont les résultats concrets
commencent à se faire sentir.
Le plan fomenté contre la Syrie était
pourtant élaboré avec beaucoup de
minutie. Un document britannique
confidentiel, dévoilé par un Centre de
recherches, révèle que le président de
la commission des Affaires étrangères au
Sénat américain, John MacCaine, aurait
demandé à ses conseillers de rencontrer
des opposants syriens dans plusieurs
capitales, notamment à Londres, Paris et
Istanbul, ainsi qu’aux Etats-Unis, pour
les encourager à s’organiser et élaborer
un plan qui va crescendo pour
déstabiliser et décrédibiliser le régime
et le pousser à la faute.
Le point fort de ce plan consistait à
s’emparer d’une région puis de
constituer un petit fief sur le
territoire syrien pour en faire le
bastion des insurgés et une tête de pont
pour l’intervention de l’Occident. Il
prévoit aussi de trouver une figure,
jeune de préférence, pour dénoncer les
horreurs du régime, Les opposants
feraient de cette région «libérée» leur
capitale, un peu comme l’est Benghazi
pour les rebelles libyens.
Ce plan a d’abord été mis en œuvre à
Deraa, une ville choisie en raison de sa
proximité avec la Jordanie. Il y a eu
ensuite l’affaire montée en épingle du
jeune Hamza Khatib, un adolescent qui
avait participé à une manifestation et
qui a été retrouvé mort. Les médias
dirigés se sont saisis de l’affaire,
assurant que le garçon avait été
torturé, alors que le médecin légiste le
niait fermement.
Devant l’échec du plan à Deraa, le choix
s’est porté sur une autre zone
frontalière, au Liban celle-ci. A Tall
Kalakh, des groupes armés ont pris le
contrôle de la ville et poussé les
habitants à l’exode vers le Liban, pour
créer un «drame humanitaire» justifiant
une intervention occidentale. C’est sous
ce prétexte humanitaire que l’Otan et
l’Occident étaient intervenus dans le
Nord de l’Irak, au début des années 90,
et en ex-Yougoslavie, à la fin de la
même décennie. Nouvel échec, en raison
de la riposte vigoureuse mais ciblée de
l’armée syrienne, qui fait preuve d’une
cohésion remarquable face aux menaces de
démembrement de la Syrie et de guerre
civile programmée.
Après l’échec de cette nouvelle
tentative, les Etats-Unis et leurs
alliés ont utilisé les grands moyens,
faisant entrer en scène la Turquie.
Celle-ci a d’abord accueilli sur son
sol, à Antaliya, non loin de la
frontière avec la Syrie, une réunion
d’opposants syriens hétéroclites. Juste
après la fin de cette réunion, une
escalade sans précédent a eu lieu sur le
terrain, couronnée par la prise de
contrôle de Jisr al-Choughour, non loin
de la frontière turc. Mais dans cet
épisode, les groupes extrémistes ont
montré leur vrai visage, massacrant 120
membres des forces de sécurité
syriennes, dont certains ont été
décapités.
Les autorités turques ont immédiatement
monté un camp pour accueillir les
réfugiés, facilitant l’arrivée de
journalistes du monde entier pour
diffuser les images du «drame
humanitaire». Dans le même temps, la
France et la Grande-Bretagne se
débattaient au Conseil de sécurité pour
faire voter une résolution condamnant le
régime syrien. Faut-il des preuves
supplémentaires pour montrer à quel
point les parties de ce plan sont
synchronisées entre des acteurs
régionaux et internationaux pour
atteindre l’objectif fixé qui est
d’affaiblir la Syrie, voire de la
démembrer, si possible?
Les responsables turcs affirment, pour
justifier leurs ingérences, que les
problèmes de la Syrie concernent la
Turquie, les tissus sociaux des deux
pays étant extrêmement étroits,
notamment par le biais des communautés
kurdes et alaouites. Mais leurs
arguments humanitaires ne masquent pas
leurs visées sur le territoire syrien.
Face à ce troisième épisode, le régime
syrien a réagi avec un mélange de
fermeté et d’ouverture, accélérant le
processus de réformes et décidant de
reprendre le contrôle de Jisr al-Choughour.
Il a aussi envoyé des messages indirects
à Ankara, affirmant qu’il ne tolèrerait
aucune atteinte à la souveraineté
nationale.
Le bras de fer se poursuit donc, mais le
régime reste soudé, gardant l’appui des
institutions, notamment l’armée, le
parti Baas et la classe commerçante et
la grande masse des citadins.
Les stratèges de Langley ont manqué
d’imagination. Ils pensaient qu’ils
pourraient reproduire facilement le
modèle libyen en Syrie. Mais c’était mal
connaitre l’attachement des Syriens à
l’unité et la souveraineté de leur pays
et ignorer à quel point le sentiment
national est ancré dans leur mémoire
collective. Sinon, comment expliquer le
fait que trois mois après le début des
troubles, et en dépit des moyens énormes
déployés, pas un seul officier,
diplomates, hommes politiques ou
responsable du Baas, n’ait fait
défection. Face à cette cohésion, les
médias dirigés ont été contraints
d’inventer des histoires de dissidences,
comme celle de l’ambassadrice de Syrie à
Paris, Lamia Chakkour, ou du
pseudo-lieutenant Abdel Razzak Tlass. De
tristes histoires à dormir debout qui ne
font l’honneur ni de France 24 ni d’Al-Jazeera.
La
Syrie
est un pays qui
joue
un rôle-clé dans des dossiers cruciaux
de la région, en Irak, en Palestine, au
Liban, en Jordanie et même en Turquie.
Il ne sera pas facile de la faire
tomber, même pour les plus brillants
stratèges israélo-américains.
Le
dossier Syrie
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