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Aujourd'hui le Maroc
Proche-Orient:
Annapolis, la conférence de tous les dangers
Nadia Sweeny

Mahmoud Abbas et Ehud Olmert
26
novembre 2007 Les préparatifs
de la conférence de paix au Proche-Orient, qui aura lieu à
Annapolis mardi 27 novembre, vont bon train. Les invitations sont
envoyées aux quatre coins du monde, mais le document conjoint
israélo-palestinien n’est pas prêt. Selon
le ministre palestinien de l’Information et des Affaires étrangères,
Ryiad Al Maliki, les modérés de la Palestine risquent gros
s’ils ne reviennent pas d’Annapolis avec des éléments
concrets. «Les Israéliens ainsi que la communauté
internationale doivent se rendre compte que le camp des modérés
en Palestine risque gros si nous rentrons les mains vides de la
conférence de paix d’Annapolis», prévient Ryiad Al Maliki.
Le ton est donc à l’inquiétude du côté palestinien,
notamment suite au refus d’Israël de geler totalement
l’activité coloniale en Cisjordanie, en se contentant de
stopper les nouvelles colonies, tout en permettant aux anciennes
de continuer à se développer. «Avant la rencontre d’Annapolis,
les Israéliens n’ont qu’à signer un papier qui gèlerait le
développement des constructions coloniales, ce qu’ils refusent
de faire», explique énergiquement Ryiad Al Maliki, rencontré
dans son bureau à Ramallah. «Notre part du marché concerne la sécurité
avec la récolte des armes illégales et le démantèlement des
milices que nous avons commencé à mettre en place avec succès.
Personne ne pourra nous montrer du doigt et nous dire que l’échec
de la conférence de paix nous incombe», insiste-t-il. «Nous
avons effectué notre part du marché, les Israéliens non».
Concernant la bande de Gaza et les inquiétudes émises par tout
un chacun suite à la perte du pouvoir de l’Autorité
palestinienne dans la bande côtière au profit du Hamas, le
ministre renvoie aux difficultés internes israéliennes. «Nos
inquiétudes envers les Israéliens sont les mêmes, car si un
accord est trouvé, Lieberman ainsi que le parti d’extrême
droite Shaas quitteront le gouvernement israélien» et
provoqueront donc de nouvelles élections, ce qui remettra en
question un éventuel accord, conclut le ministre.
Des deux côtés, les espoirs sont amoindris par une légitimité
gouvernementale mise à mal d’un côté par la montée du Hamas
et la perte du pouvoir sur toute une partie du territoire, et de
l’autre par une coalition gouvernementale bancale et dirigée
vers l’extrême droite, opposée à la création d’un Etat
palestinien, qui force Olmert a être particulièrement vigilant
sur les sacrifices que sont près à faire les Israéliens en vue
d’un règlement du conflit.
Tous ses facteurs ont pour conséquence un investissement limité
dans le processus de paix. Cette réalité est mise en avant par
la publication par le quotidien israélien Haaretz, d’une ébauche
d’un document joint daté du 17 novembre. Ce document est
consternant de légèreté et d’imprécisions concernant les
grandes questions du conflit. Les frontières de 67 sont juste évoquées,
Jérusalem à peine citée, le statut des réfugiés n’y
figurant tout bonnement pas. La volonté d’application de la
Feuille de route semble être une évidence, Palestiniens
insistant pour qu’elle soit «immédiate et parallèle», israéliens
refusant cette mention. Dans cette ébauche de document joint, le
gouvernement palestinien demande à ce que la date limite de la
signature d’un traité de paix après la conférence d’Annapolis
soit de 8 mois, Israël précisant clairement ne pas vouloir «d’accord
sur la date limite».
Les résolutions de l’ONU sont évoquées, mais reste à définir
si les négociations seront «basées sur», comme le demandent
les Palestiniens, ou simplement «guidées par» ces résolutions,
selon Israël.
Des détails qui paraissent insignifiant semblent devenir de véritables
barrières qui empêchent tout document joint consistant d’être
pour le moment, édité. Malgré la participation de la Ligue
arabe, la réalité d’échec de production d’un document
conjoint israélo-palestinien, ne permet pas d’espoirs démesurés
quant à des résultats concrets de cette conférence de paix. Par : Nadia Sweeny
DNC à Ramallah
Droits de reproduction et de diffusion réservés
© Aujourd’hui le Maroc 2007
Publié le 27 novembre 2007 avec l'aimable autorisation de : Aujourd'hui le Maroc
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