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Aujourd'hui le Maroc
Paris renoue à
reculons avec le Hamas
Mustapha Tossa
Ismaël Haniyeh - Photo CPI
21 mai 2008 Nicolas Sarkozy
dévoile la carte des contacts avec le Hamas à la veille de deux
événements majeurs de l’agenda présidentiel des prochaines
semaines.
Joli pataquès que le journal «Le Figaro» a provoqué en dévoilant
qu’un diplomate à la retraite, ancien ambassadeur français en
Irak, Yves Aubin de La Messuzières a rencontré les maîtres de
Gaza assiégée par l’armée israélienne, le chef du gouvernement
Ismaël Haniyeh et un des opérationnels politiques du Hamas,
Mahmoud Zahar.
Belle cacophonie médiatique que celle lancée par le ministre des
Affaires étrangères Bernard Kouchner lorsque, invité à confirmer
la réalité de ces rencontres, il use de l’euphémisme politique
jusqu’à plus soif : «Ce serait difficile de l'infirmer (…) Ce ne
sont pas des relations, ce sont des contacts (…) Nous ne sommes
pas les seuls à en entretenir (…) nous ne sommes chargés
d'aucune négociation».
Belle crise diplomatique entre Paris et Washington en
perspcetive qui se lit à travers les déclarations commentaires
de l’administration Bush. Un des ses porte-parole du département
d'Etat, Sean McCormack utilise l’artillerie lourde et distille
des menaces à peine voilées : «En général, nous pensons qu'il
n'est ni sage ni judicieux d'avoir des contacts avec le
Hamas (…) Nous sommes convaincus que ce genre d'efforts ne nous
rapproche pas de la paix. En fait, dans certains cas, ils nous
en éloigne (…) Notre position reste que le Hamas devrait être
forcé de faire un choix».
L’intérêt d’une telle révélation et les contorsions
diplomatiques qui l’accompagnent est que pour la première fois,
Paris admet publiquement avoir violé un code de conduite à
l’égard du mouvement Hamas fixé par l’Union européenne et la
diplomatie américaine selon lequel il est strictement interdit
d’avoir des contacts avec le Hamas, catalogué comme organisation
terroriste, tant que ce dernier ne renonce pas à la violence et
en reconnaît pas l’Etat d’Israël.
Bien entendu, le Hamas a profité de cette polémique en Europe
lancée par les Français pour se livrer à un efficace exercice de
communication : «Nous confirmons l'existence de contacts entre
le mouvement et plusieurs parties européennes, y compris avec
des responsables français (…) Ces contacts montrent que l'Europe
réalise de plus en plus que sa politique consistant à isoler et
boycotter le Hamas était erronée».
Pour Nicolas Sarkozy, grand chantre de la mise sous quarantaine
du Hamas, il s’agit d’un vrai tournant. Les observateurs avaient
déjà noté une inflexion dans son approche de cette crise lors de
son intervention télévisée du 24 avril lorsqu’il était invité à
commenter la décision de l’ancien président américain Jimmy
Carter de rencontrer à Damas le chef du bureau politique du
Hamas Khaled Meshâal. Le président français eu cette phrase
énigmatique qui, mise sous la lumière de l’actualité
d’aujourd’hui , prend tout son sens : «Qu’il y ait des
passerelles pour discuter, après tout, moi je ne me permets pas
de juger ce que font les uns et les autres. Peut-être que ce
sera utile un jour».
Nicolas Sarkozy dévoile la carte des contacts avec le Hamas à la
veille de deux événements majeurs de l’agenda présidentiel des
prochaines semaines. Le premier est son voyage qui se veut
historique en Israël prévu fin juin. Le second, le début de la
présidence française de l’Union européenne suivi immédiatement
par un sommet fondateur de l’Union pour la Méditerranée (UPM).
Pour le voyage en Israël, Nicolas Sarkozy ne court pas un grand
risque de le voir gâché par cette initiative. D’abord parce des
voix et non des moindres au sein de la classe politique
israélienne commencent à exiger l’ouverture d’une dialogue avec
le Hamas. Et puis, le Premier ministre Ehud Olmert ne vient-il
pas de faire une déclaration d’amour à l’oriental en parlant des
relations entre la France et Israël : «Ce n'est pas seulement
une lune de miel, c'est une histoire d'amour ! Je pense que
Nicolas Sarkozy est un très bon ami d'Israël».
Pour le second point de l’agenda régional, il n’est pas exclu
que des pays arabes de la rive sud de la Méditerranée aient
conseillé à Nicolas Sarkozy de tenter de sortir du piège dans
lequel la guerre tous azimuts contre le Hamas l’a enfermé, de se
distinguer de la rigidité américaine sur le sujet pour pouvoir
rallier les soutiens à son projet et lui ouvrir une perspective
de réalisation. Droits
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Aujourd’hui le Maroc 2008
Publié le 23 mai 2008 avec l'aimable
autorisation de : Aujourd'hui le Maroc
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