Opinion - El Watan
Ces jeunes Algériens
qui s'immolent par désespoir
Mokrane Ait Ouarabi
Photo: El Watan
Lundi 17 janvier 2011
Les actes de désespoir se multiplient ces derniers jours à
travers différentes régions du pays. Hier, à Mostaganem, un
homme de 34 ans, chômeur, a tenté de mettre fin à ses jours
devant la direction de la sûreté de wilaya.
A la recherche d’un emploi, sans succès, ce trentenaire a
voulu se donner la mort de manière spéctaculaire en
s’immolant par le feu. Samedi, trois Algériens vivant dans
des régions différentes ont tenté le même acte suicidaire
pour protester contre leurs conditions sociales intenables.
Certes, ces actes ne sont pas nouveaux dans notre pays où la
population est totalement livrée à elle-même, sans repères
ni perspectives. La nouveauté est le fait que ces actes de
désespoir se sont produits en l’espace de 48 heures
seulement et en des endroits différents. Le premier est un
homme de 41 ans qui a tenté de s’immoler, mercredi dernier,
dans l’enceinte de la daïra de Bordj Menaïel, à Boumerdès, à
70 km d’Alger, où il travaillait comme agent de sécurité.
Père de six enfants, ce quadragénaire n’a trouvé que cet
acte suicidaire pour protester contre son exclusion de la
liste des bénéficiaires de logements sociaux de sa localité,
Cap Djinet. Le deuxième est un jeune de 26 ans, originaire
de Jijel, qui n’arrive plus à faire face à ses problèmes
sociaux et le troisième, un jeune de 27 ans de la commune de
Boukhdra, à 35 km au nord de Tébessa, à l’est du pays.
La rue algérienne n’a pas hésité à faire le parallèle
entre ces actes et celui du jeune Tunisien de Sidi Bouzid, à
l’origine la vague de violences qui a fait tomber le régime
autoritaire de Ben Ali. La révolte des Tunisiens est la
première du genre dans le monde arabe. L’effet de contagion
est à craindre, surtout que les ingrédients que l’on trouve
en Tunisie sont aussi présents en Algérie. Les inégalités
sont de plus en plus importantes. A l’asservissement du
peuple s’ajoutent la corruption généralisée et la misère.
Des centaines de milliards de dollars ont été dépensés dans
des programmes de développement, sans que cela ne se
répercute positivement sur la vie quotidienne des Algériens,
dont le pouvoir d’achat ne cesse d’être érodé par
l’inflation grandissante. Les signes de la misère sociale
sont visibles partout dans notre pays.
Le désespoir bat son plein. Au verrouillage politique
s’ajoute l’injustice sociale qui s’est répandue à travers
l’ensemble du territoire et qui s’est aggravée durant la
première décade du XXIe siècle. Le retour relatif de la paix
n’a pas ramené le progrès longtemps souhaité. Les politiques
de colmatage et de replâtrage n’ont fait que creuser l’écart
entre le pouvoir et la société. La rue algérienne gronde. Il
suffit d’une étincelle pour allumer un brasier…30;30;
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