Elle avertit que
le recours à la force contre les
soulèvements est «inutile»
La Ligue arabe
opte pour la démocratie
Merzak Tigrine
La Ligue
arabe
Lundi 29 août 2011
Connue habituellement pour
ses positions rigides en opposition
totale avec la réalité du terrain,
la Ligue arabe change carrément de
cap et se met à jour en apportant un
soutien inattendu aux soulèvements
populaires dans le monde arabe.
Un vent de rénovation a soufflé sur
la Ligue arabe, qui adopte un
nouveau mode de fonctionnement plus
en adéquation avec ce qui se passe
autour d’elle. En effet, le
successeur d’Amr Moussa, l’Égyptien
Nabil el-Arabi a jugé samedi
“inutile le recours à la force”
contre les soulèvements dans le
monde arabe, dans une allusion
claire à la situation prévalant
actuellement en Syrie.
Le nouveau chef de la Ligue arabe,
qui inaugurait une réunion
ministérielle extraordinaire de son
instance au cours de laquelle les
ministres des Affaires étrangères
des 22 membres de la Ligue arabe ont
discuté de la situation en Syrie et
en Libye, a affirmé que les
événements avaient prouvé que “la
solution sécuritaire et le recours à
la force sont inutiles” face aux
“révolutions” et aux “soulèvements”
qui “réclament des changements
radicaux” et dont “les
revendications sont légitimes”. Il
insistera sur cette nouvelle vision
en ajoutant : “Nous devons réagir
positivement aux demandes de la
jeunesse arabe” car “la mise en
application rapide des projets de
réformes” est le moyen
efficace d'éviter “des interventions
étrangères”. Dans le même ordre
d’idées, le chef de la diplomatie
omanaise Youssef Ben Aloui,
président en exercice du Conseil
ministériel de la Ligue arabe, a
souligné de son côté que “la Syrie
fait face à des circonstances
difficiles et connaît des événements
graves, ce qui requiert des
consultations sur ce que nous
pouvons présenter aux frères en
Syrie de façon à ce qu'ils puissent
surmonter la crise actuelle sur la
base de l'entente”. À en croire des
diplomates arabes, les ministres ont
convenu, au cours d'une réunion
informelle samedi en début de
soirée, de dépêcher une délégation
ministérielle arabe en Syrie pour
transmettre au président Bachar al-Assad
“un message sur la nécessité
d'arrêter les opérations militaires”
contre les civils. Elle se compose
du secrétaire général de la Ligue
arabe et six ministres arabes des
Affaires étrangères. À signaler que
le président du Conseil exécutif du
Conseil national transitoire,
Mahmoud Jibril, a présidé la
délégation libyenne à cette réunion,
où le drapeau vert du régime de
Mouammar Kadhafi a été remplacé dans
la salle où se sont réunis les
ministres par “le drapeau de
l'indépendance” que les rebelles
libyens ont restitué.
Il a notamment insisté auprès des
délégations présentes au Caire sur
le fait que le CNT avait besoin
d'urgence d'une aide financière,
mettant en garde contre “une
instabilité” en Libye “si les
rebelles ne parvenaient pas à
rétablir les salaires et les
services” dont la population a
besoin. Pour rappel, la Ligue arabe
avait décidé le 22 février de
suspendre la participation de la
Libye aux réunions de
l'organisation, en raison du conflit
dans ce pays. Mais son secrétaire
général a annoncé jeudi que le CNT
représenterait désormais la Libye au
sein de l'organisation panarabe.
Devant le siège de la Ligue arabe,
au centre du Caire, des dizaines de
Libyens et de Syriens résidant en
Egypte manifestaient réclamant “le
départ” du président syrien et de
son homologue yéménite Ali Abdallah
Saleh.
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Publié le 29 août 2011 avec l'aimable
autorisation de Liberté.
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