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Les incidents se multiplient entre extrémistes juifs et musulmans
L'esplanade des Mosquées ou la
poudrière de Jérusalem
Merzak Tigrine
Mardi 27 octobre 2009
Troisième lieu saint de l’Islam après La Mecque et
Médine, l’esplanade des Mosquées de Jérusalem, qui est placée
sous la garde d’un Office des biens musulmans, le Waqf,
constitue une véritable poudrière pouvant exploser à tout
moment, d’autant plus que les provocations des extrémistes juifs
se multiplient ces derniers jours.
“Jérusalem est une ligne rouge à ne pas
franchir”, avait averti le porte-parole de l’Autorité
palestinienne, Nabil Abou Roudeïna, en réaction aux nouvelles
provocations des extrémistes juifs. Mais, l’état hébreu fait
tout ce qui est en son pouvoir pour envenimer la situation et
pousser au pourrissement. Les derniers incidents ont éclaté
lorsqu’un groupe d’extrême droite juif a pressé ses partisans de
“monter en ordre” vers le mont du Temple, avec la complicité de
la police israélienne, laquelle n’est intervenue que tardivement
pour tenter de ramener le calme en protégeant bien sûr les
extrémistes juifs. Vingt-quatre Palestiniens et neuf policiers
ont été légèrement blessés, ainsi qu’une journaliste
australienne.
La police a également arrêté dix-neuf manifestants, dont un
ex-ministre palestinien chargé de Jérusalem, Hatem Abdelqader,
appréhendé pour “incitation à la violence”. Pour rappel,
l’esplanade des Mosquées est bâtie sur le site du second Temple
juif détruit par les Romains en l’an 70 de l’ère chrétienne,
dont le principal vestige est le Mur des lamentations, l’endroit
le plus sacré du judaïsme et premier site touristique israélien
avec six millions de visiteurs par an. Elle est le troisième
lieu saint de l’Islam après La Mecque et Médine. Elle est placée
sous la garde d’un Office des biens musulmans, le Waqf, et
accueille l’emblématique mosquée Al-Aqsa et le dôme du Rocher à
l’étincelante coupole dorée.
Bien que la loi religieuse, aucun Juif n’a le droit de fouler ce
mont vénéré, des activistes ultra-nationalistes appellent
régulièrement à le faire, déclenchant la colère des musulmans,
qui rejettent le processus de “judaïsation” de Jérusalem-Est, le
secteur oriental de la Ville sainte annexée par Israël en juin
1967, sur fond de poursuite de la colonisation. En outre, les
musulmans accusent les archéologues israéliens de creuser sous
l’esplanade, une “colonisation souterraine”, laquelle vise à
mettre la main sur leurs lieux sacrés et menace la structure
même de la mosquée Al-Aqsa. Malgré les démentis des autorités
israéliennes, le département israélien des Antiquités a dégagé
des tunnels antiques, visités par sept cent mille touristes en
2008, et conduit des fouilles au pied du mur occidental, dit Mur
des lamentations, en contrebas de l’esplanade, du côté du
quartier juif de la Vieille ville. L’ingénieur en chef des
travaux, Ofer Cohen, assure que les fouilles ne mettent pas en
péril la mosquée Al-Aqsa, en affirmant : “Nous avons multiplié
par dix la stabilité structurelle du site ces dernières années.
Nous avons même renforcé les zones qui menaçaient de
s’effondrer.
La sécurité est notre priorité.” Pour rappel, c’est en septembre
2000 que le chef de la droite israélienne de l’époque, Ariel
Sharon, lors d’une visite sur l’esplanade, a déclenché la
seconde Intifadha, dite “l’Intifadha d’Al-Aqsa”, qui avait
embrasé les territoires palestiniens. Quatre ans avant,
l’ouverture par la municipalité israélienne de Jérusalem d’un
tunnel à proximité de l’esplanade des Mosquées avait déclenché
des émeutes qui avaient fait plus de quatre-vingts morts
palestiniens et israéliens. Ceci étant, le calme est revenu hier
sur les lieux, au lendemain de heurts entre Palestiniens et
policiers israéliens qui ont fait une trentaine de blessés. Les
ruelles de la Vieille ville ont retrouvé le calme après avoir
été le théâtre d’affrontements entre jeunes Palestiniens et
forces de l’ordre.
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Publié le 27 octobre 2009 avec l'aimable autorisation de
Liberté.
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