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Elle a fait libérer des
terroristes en échange de l’otage détenu par Al-Qaïda
La dangereuse politique de la
France
Merzak Tigrine
Jeudi 25 février 2010
Alors qu’il prétend mener une lutte sans merci contre le
terrorisme, Paris a montré dans cette affaire de libération de
son otage, détenu par Al-Qaïda au Sahel en échange de
l’élargissement de quatre terroristes, que sa politique
sécuritaire est tributaire de ses propres intérêts, ignorant
totalement le danger que cela pourrait engendrer pour les autres
pays. L’affaire
de l’otage français, Pierre Camatte, libéré hier par la branche
Al-Qaïda au Maghreb islamique, a mis à nu les véritables
intentions de la France dans le cadre de la guerre contre le
terrorisme. Paris a montré qu’il ne recule devant rien pour
atteindre ses objectifs comme le démontre toute la pression
qu’elle a exercée sur Bamako pour l’élargissement de quatre
terroristes, tel qu’exigé par Al-Qaïda, en contrepartie de la
libération de son otage. L’Élysée a piétiné tous les principes
pour parvenir à ses fins.
En effet, alors qu’elle ne cesse de clamer à l’occasion de tous
les rendez-vous internationaux son engagement total dans la
guerre contre le terrorisme, la France a cédé avec une facilité
déconcertante devant les menaces terroristes. Pis, les
responsables français ont usé de leur influence pour obliger un
pays souverain, le Mali, à répondre favorablement aux exigences
d’Al-Qaïda qui demeure l’ennemi numéro un des Occidentaux.
Le plus grave dans l’affaire est que les terroristes élargis
sont recherchés dans d’autres pays, qui ont officiellement
demandé leur extradition, à l’image de l’Algérie. Cela n’a pas
empêché les autorités françaises de forcer la main au régime
d’Amadou Toumani Touré pour les libérer. Reste à savoir
également si une rançon n’a pas été versée à l’aqmi par Paris,
comme cela a été fait auparavant par les Autrichiens, les
Suisses et les Espagnols.
Par cette pratique, qui est en opposition avec les principes
internationaux de lutte contre le terrorisme, que sont notamment
le refus de négocier avec eux et de leur verser des rançons, la
France casse la dynamique de la guerre contre ce fléau.
Dans ce cadre, elle n’a pas hésité à placer l’Algérie sur sa
liste noire de pays sources de terrorisme, tout en sachant
pertinemment que notre pays est un symbole de la lutte contre ce
phénomène, pour avoir mené seule son combat malgré l’embargo
qu’elle lui avait imposé durant la décennie noire. Aujourd’hui,
Paris enfonce le clou en encourageant l’activité terroriste au
Sahel à travers ses agissements inexplicables, qui vont à
l’encontre des politiques en la matière d’autres pays
occidentaux, à l’instar des États-Unis et de la Grande-Bretagne,
qui refusent tout dialogue avec les terroristes.
D’ailleurs, Londres a désavoué cette manière de faire de la
France en annonçant officiellement qu’elle n’avait aucune raison
de mettre l’Algérie sur une liste de pays sources de terrorisme.
En visite à Alger, le porte-parole régional du Foreign Office,
Martin Day, a indiqué au sujet du paiement des rançons que “le
gouvernement britannique refuse toutes formes de concessions,
car, a-t-il expliqué, nous considérons que le paiement de
rançons mènera à d’autres enlèvements et de prises d’otages à
l’avenir”.
Voilà une politique qui a le mérite d’être claire, contrairement
à celle de la France, laquelle outre son alignement aveugle sur
Washington est souvent caractérisé par une versatilité pour le
moins intrigante, comme l’indique la déclaration peu
convaincante faite hier par le porte-parole du ministère
français des Affaires étrangères, Bernard Valero. “Notre
mobilisation demeure totale aux côtés des États de la région qui
sont tous confrontés à cette menace terroriste”, a-t-il affirmé.
Difficile de croire en la sincérité de Paris, quand cela vient
juste après la terrible pression sur les Maliens qui ont fini
par remettre dans la nature de dangereux terroristes.
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Publié le 25 février 2010 avec l'aimable autorisation de
Liberté.
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