|
Israël n'aura pas besoin d'un veto américain
Moscou s'oppose à l'examen du
rapport Goldstone au Conseil de sécurité !
Merzak Tigrine
Richard Goldstone
Mardi 20 octobre 2009
Décidément, les
alliés d’Israël sont nombreux et parfois méconnus, si l’on en
juge par la position de la Russie qui a assuré les responsables
israéliens qu’elle s’opposera à l’examen du rapport Goldstone au
Conseil de sécurité.
Si l’on se fie aux
révélations d’un haut responsable israélien, Moscou a assuré
Tel-Aviv qu'elle s'opposerait à l'examen du rapport Goldstone au
Conseil de sécurité de l'ONU. Voilà une position qui va à
contre-sens des rapports de la Russie avec les Palestiniens et
le monde arabe, lesquels sont généralement marqués par un
soutien de Moscou aux initiatives arabes pour le règlement de ce
conflit. En effet, alors que les observateurs s’attendaient à un
veto des États-Unis pour empêcher l’examen par le Conseil de
sécurité de l’ONU du rapport Goldstone, qui met à nu les crimes
de guerre et contre l’humanité pendant la dernière guerre contre
Gaza, Moscou s’aligne sur les positions israéliennes et s’oppose
au traitement du rapport Goldstone par l’organe exécutif des
Nations unies.
La source israélienne révèle que l’ambassadeur de Russie en
Israël, Peter Stegnï, a transmis, à la fin de la semaine
dernière au ministère israélien des Affaires étrangères, un
message écrit du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov,
qui rassure Tel-Aviv sur la question. Le diplomate israélien
annonce que "le message de M. Lavrov affirme que Moscou n'a pas
l'intention de soutenir l'examen du rapport Goldstone par le
Conseil de sécurité". Pourtant, Moscou avait voté en faveur de
l’adoption par le conseil onusien des droits de l’homme du
rapport Goldstone, approuvé par 25 voix contre 6 et 11
abstentions. Selon le quotidien israélien Haaretz, le ministre
israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, partisan
d'un renforcement du "dialogue stratégique" avec Moscou, avait
ressenti le vote russe "comme une gifle personnelle". Lieberman,
originaire de l'ex-URSS, a parlé pas moins de dix fois avec son
homologue russe pour tenter de le convaincre de ne pas voter la
résolution à Genève.
De son côté, le quotidien anglophone Jérusalem Post affirme
qu'aux yeux d'Israël, le vote de la Russie pourrait remettre en
cause la tenue d'une conférence globale sur le Proche-Orient que
Moscou tente d'organiser depuis deux ans. D’ailleurs, le
vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Danny Ayalon,
cité par ce journal, indique que le vote russe "n'aide pas à la
promotion" d'une telle conférence.
Il faut dire que la Russie n’aura pas perdu beaucoup de temps
pour se racheter auprès de l’État hébreux avec cette décision de
s’opposer à l’examen du rapport Goldstone par le Conseil de
sécurité. Elle ne pouvait rendre de meilleur service aux
Israéliens, qui n’auront plus à se soucier d’une éventuelle
ouverture d'une procédure devant la Cour pénale internationale
(CPI) de La Haye contre des dirigeants politiques et des hauts
gradés israéliens. Commandité par l'ONU et présenté par le juge
sud-africain Richard Goldstone, ce rapport controversé accuse
notamment Israël et des groupes armés palestiniens de "crimes de
guerre", commis pendant les 22 jours de l'offensive militaire
israélienne lancée à la fin décembre 2008 pour mettre fin aux
tirs de roquettes palestiniennes vers Israël. Au cours de cette
campagne militaire, plus de 1 400 Palestiniens ont été tués,
selon des sources médicales à Gaza, ainsi que 13 Israéliens.
Copyright © 1998-2008 Tous droits réservés LIBERTE.
Publié le 20 octobre 2009 avec l'aimable autorisation de
Liberté.
|