|
Quatre partis de l’opposition
demandent la démocratisation réelle du pays
La mainmise des Moubarak de plus
en plus contestée
Merzak Tigrine
Hosni Moubarak
Lundi 15 mars 2010
Comme l’illustre cette blague circulant au
sein des milieux politiques égyptiens, dans laquelle, en réponse
à une question d’un journaliste qui voulait savoir ce qu’il
pouvait dire aux Égyptiens pour ses adieux, après sa maladie,
Hosni Moubarak a rétorqué : “Pourquoi, le peuple s’en va où ?”,
le clan du raïs n’envisage guère de quitter le pouvoir, malgré
la multiplication des appels à la démocratisation.
Avec le retour au pays
de l’ancien patron de l’Agence internationale de l’énergie
atomique (AIEA) Mohammed El-Baradei, qui ne cache pas ses
ambitions présidentielles, l’opposition s’enhardit et revendique
désormais une plus grande ouverture démocratique de la part du
régime Moubarak. Ainsi, hier, l’hôtel Sheraton du Caire a abrité
une réunion qui a regroupé les chefs de quatre partis politiques
de l’opposition avec pour but de s’entendre sur les
revendications à présenter, notamment les amendements à apporter
à la Constitution, totalement verrouillée actuellement. Mahmoud
Abadha, président du parti Wafd, le Dr Rifaat Saïd, président du
Parti du rassemblement, le Dr Oussama al-Ghazali Harb, président
du Front démocratique, et Dhiaouddine Douad, président du Parti
nassérien, se sont réunis pour peaufiner leur stratégie visant à
remettre en cause l’hégémonie du Parti national démocratique au
pouvoir. La principale revendication demeure l’amendement de la
Constitution, particulièrement les articles qui empêchent toute
candidature à l’élection présidentielle sans la caution du parti
au pouvoir en raison du nombre de signatures d’élus exigées.
En effet, si le PND refuse de cautionner un candidat, nul ne
peut postuler à la magistrature suprême à l’exception des
membres du parti politique de Hosni Moubarak, contrôlé par son
fils Gamal, que l’on annonce comme successeur de son père. Les
participants à la réunion d’hier se sont accordés dans leur
feuille de route à “refuser le monopole exercé par les personnes
au pouvoir pour désigner les responsables à la tête de l’État,
notamment le président de la République, sans prendre en
considération la volonté des autres membres du peuple égyptien”.
Ils contestent également “la concentration du pouvoir entre les
mains du chef de l’État”. Le document qu’ont discuté les quatre
chefs de partis politiques insiste sur le fait que “pendant les
six dernières décennies, l’Égypte a été incapable d’accomplir la
moindre amélioration démocratique à même de permettre au peuple
de se prendre en charge à travers son droit de choisir ses
gouvernants par sa volonté active, ainsi que son droit de les
contrôler et de leur demander des comptes, et les changer dans
le cadre des institutions constitutionnelles équilibrées et
stables”. Il est également signalé la défaillance de l’appareil
politique actuel depuis trois décennies à mettre en branle le
développement pour hisser l’Égypte au rang de pays développé.
Enfin, les quatre leaders estiment qu’il ne sera pas possible au
successeur de Hosni Moubarak d’assumer toutes les prérogatives
dont ont jouit les derniers présidents de l’Égypte, d’où la
nécessite d’amender les articles de la Constitution inhérents
afin d’éviter un effondrement des institutions.
En d’autres termes, l’objectif est que le régime égyptien
redevienne réellement républicain, avec le rééquilibrage de la
répartition du pouvoir et l’élargissement de sa base afin
d’aboutir à un équilibre entre les différents pouvoirs,
exécutif, législatif et judiciaire. Reste à savoir maintenant de
quelle oreille les Moubarak entendront l’appel de l’opposition,
qui ne compte pas rester les bras croisés en ces temps où la
maladie et l’âge avancé du président (81ans) lui ouvrent une
brèche pour se faire entendre.
Copyright © 1998-2010 Tous droits réservés LIBERTE.
Publié le 15 mars 2010 avec l'aimable autorisation de
Liberté.
Les analyses de Merzak Tigrine
Les dernières mises à
jour
|