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Il a avoué dans un livre mémoire avoir ordonné la torture
Le TPI et la
CPI connaissent-ils George W. Bush
Merzak Tigrine
Dimanche 7 novembre 2010
Sans le moindre
remords ni crainte d’une quelconque juridiction internationale,
l’ancien président américain George W. Bush a avoué, dans ses
Mémoires, avoir personnellement donné son aval aux agents de la
CIA pour soumettre le cerveau des attentats du
11-Septembre, Khaled Cheikh Mohammed, à la simulation de noyade.
Dans le livre qui
doit paraître la semaine prochaine et intitulé Decision Points —
Instants décisifs, selon la traduction française, George Bush a
répondu “Oh que oui” à la question des agents de la CIA voulant
savoir s'ils pouvaient utiliser cette technique d'interrogatoire
sur le Pakistanais, apprend-on. Pour rappel, la simulation
de noyade consiste à déverser de l'eau sur les voies
respiratoires d'un individu immobilisé la tête en bas sous une
serviette imbibée, afin de provoquer une sensation de
suffocation. Justifiant son accord, George Bush affirme qu'il
croyait que le cerveau des attentats du 11 septembre 2001
possédait des informations vitales sur des complots terroristes
en préparation aux États-Unis, et qu'il reprendrait la même
décision concernant l'utilisation de la simulation de noyade sur
des détenus si cela pouvait sauver des vies américaines. Voilà
un aveu de poids, qui aurait dû faire réagir les juridictions
compétentes en la matière, notamment le Tribunal pénal
international ou la Cour pénale internationale. Ces deux
institutions s’étaient signalées en jugeant d’anciens chefs
d’État de l’hémisphère sud pour crimes de guerre et crimes
contre l’humanité. Des tribunaux pénaux internationaux ont été
mis en place pour la Yougoslavie, le Rwanda, la Sierra Leone. Le
président serbe Slobodan Milosevic est même mort dans sa cellule
à La Haye. Un décès, dont les causes ont soulevé moult
spéculations tant elles étaient opaques. Depuis maintenant deux
années environ, le procureur de la CPI, Luis Moreno-Campo, qui
s’acharne à vouloir traduire devant ses magistrats le président
soudanais en exercice, Omar Hassan El-Bachir, ne devrait-il pas
s’intéresser aux aveux de torture de l’ex-patron de la
Maison-Blanche ? Pour revenir à George Bush, des experts en
droits de l'homme ont indiqué au journal Washington Post que ces
aveux pouvaient en théorie conduire l’ex-locataire du bureau
ovale devant la justice. Jusqu’à présent, c’est le silence radio
du côté du TPI et de la CPI, qui n’ont peut-être pas estimé
nécessaire de s’intéresser à ce cas, qui est pourtant édifiant.
En effet, Bush est le premier responsable de la torture
pratiquée sur les détenus pour terrorisme, comme l’avait indiqué
Barack Obama en 2009 à son arrivée au pouvoir. Il avait
clairement affirmé que les agents de l'agence de renseignement
américaine, qui avaient conduit des interrogatoires de détenus
en utilisant la simulation de noyade, ne pourraient pas être
poursuivis en justice car ils avaient obéi aux ordres de leurs
supérieurs. Et le responsable direct est George Bush, qui
reconnaît publiquement dans un livre avoir ordonné ces
pratiques. Mais il faut croire qu’il ne risque rien, car les
États-Unis, qui ont signé la Convention de Rome, ne l'ont pas
ratifiée. Sachant qu’ils sont particulièrement vulnérables du
fait de la forte présence de leurs troupes à l'étranger, les
États-Unis, qui avant que le quota de soixante États ayant
ratifié le Statut n’ait été atteint, ont exercé des pressions
importantes (interruption de l'aide économique, fin d'avantages
douaniers, etc.) auprès des États s'apprêtant à ratifier le
Statut. Par ailleurs, les États-Unis établissent également des
accords bilatéraux avec les États signataires garantissant que
les Américains qui seraient amenés à répondre de leurs actes
devant la CPI soient rapatriés aux États-Unis. Certains
spécialistes disent que ces accords posent le problème d'un pays
dont les ressortissants seraient au-dessus des lois
internationales. Il serait donc utopique d’espérer voir George
Bush devant le TPI ou la CPI !
Copyright © 1998-2010 Tous droits réservés LIBERTE.
Publié le 7 novembre 2010 avec l'aimable autorisation de
Liberté.
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