|
Israël refuse de s'excuser auprès de la Turquie
Tel-Aviv et
Ankara au bord de la rupture
Merzak Tigrine
Ahmet Davutoglu - © RIA Novosti. Eduard Pesov
Mardi 6 juillet 2010
La tension est montée d’un cran, hier, entre l’État
hébreu et la Turquie, qui sont désormais sur le point de rompre
leurs relations diplomatiques après le refus du gouvernement de
Netanyahu de répondre favorablement à la demande d’excuses
officielles formulée, hier, par le chef de la diplomatie turque.
Devant le silence dans
lequel s’est confiné Israël, qui refusait de présenter des
excuses comme l’exigeait la Turquie pour le sanglant raid du 31
mai dernier contre un des navires turcs de la “flottille de la
liberté”, Ankara a haussé le ton hier en exigeant, par la voix
de son ministre des Affaires étrangères, lequel a menacé d’une
rupture des relations diplomatiques entre les deux pays si
Tel-Aviv campait sur ses positions. Fidèle à sa politique de
provocation, le gouvernement israélien a immédiatement mis la
Turquie au pied du mur en affirmant, par la voix d’un haut
responsable du bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu,
qu’Israël “ne s'excusera jamais pour avoir défendu ses
habitants.
Nos jeunes soldats ont le droit de se défendre lorsque leur vie
est en danger immédiat face à une bande de voyous qui tentaient
de les lyncher”. Sous le couvert de l’anonymat, ce responsable
insiste : “Nous avons le droit d'empêcher le transfert d'armes
de l'Iran vers Gaza.” Avant d’ajouter : “Bien sûr, nous
regrettons les pertes en vies humaines, mais ce n'est pas Israël
qui a déclenché les violences.” Il emboîtait le pas à son
Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui avait affirmé à la
télévision publique qu'Israël ne pouvait “pas s'excuser du fait
que ses soldats ont dû se défendre pour échapper à un lynchage
de la part d'une foule”. Si ces déclarations ont le mérite
d’être claires, elles mettent la Turquie dans une position
inconfortable. Elle devra aller au bout des menaces formulées
quelques heures auparavant par son ministre des Affaires
étrangères, Ahmet Davutoglu, lequel affirmait à la presse que
son pays romprait ses liens avec Israël si l'État hébreu ne
s'excusait pas pour l'abordage, tout en confirmant la fermeture
de l'espace aérien turc aux vols militaires israéliens.
Contrairement à des déclarations précédentes, le chef de la
diplomatie turque n'a cependant pas rejeté la commission créée
par Israël pour enquêter sur l'affaire de la “flottille
humanitaire”, alors que la Turquie réclamait jusqu'à présent la
création d'une commission d'enquête internationale et
indépendante. Il dit que “si cette commission conclut que le
raid était injuste et s'ils s'excusent, cela serait aussi
suffisant”. Davutoglu a aussi annoncé la fermeture totale de
l'espace aérien turc aux vols militaires israéliens, une
décision de rétorsion prise “pour isoler Israël” une semaine
après son raid. Il a souligné que “cette décision n'a pas été
prise pour un ou deux avions seulement”, précisant qu'elle
pourrait éventuellement être élargie aux vols civils. Toutefois,
Tel-Aviv ne semble pas prendre au sérieux cette menace, si l’on
se fie aux propos du porte-parole du ministère des Affaires
étrangères, Ygal Palmor, qui estime que “lorsqu'on demande des
excuses, on ne recourt pas à des menaces ou des ultimatums”.
Selon lui, “tout nous porte à croire que la Turquie vise un
autre objectif dans cette affaire”. Tout indique que rien ne va
plus entre Ankara et Tel-Aviv, qui sont au bord de la rupture.
Reste à savoir pourquoi Israël, qui sera le grand perdant si la
Turquie, son allié le plus important dans la région, passe à
l’acte en rompant les relations entre les pays, persiste dans
son attitude provocatrice en direction du gouvernement Erdogan ?
Copyright © 1998-2010 Tous droits réservés LIBERTE.
Publié le 5 juillet 2010 avec l'aimable autorisation de
Liberté.
Les analyses de Merzak Tigrine
Les dernières mises à
jour
|