RIA Novosti
Israël-Palestine: l'histoire se répète?
Marianna Belenkaïa
Photo RIA Novosti
8 août 2007
Ehud Olmert a été le premier chef de gouvernement israélien
depuis le début de l'Intifada en septembre 2000 à se rendre dans
la ville de Jéricho en Cisjordanie le 6 août dernier, pour y
rencontrer le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud
Abbas. Fait intéressant: cette ville a été parmi les premières
à être transférée sous juridiction palestinienne par les Israéliens
en 1994, au tout début du processus de paix. Ce n'est pas la
seule analogie marquante de l'entretien Olmert-Abbas. De nombreux
rapprochements peuvent être faits, aussi bien avec l'époque où
Israël et l'Autorité palestinienne entretenaient de saines
relations, qu'avec la fin de cette idylle en 2000.
Pour la première fois depuis sept ans, la partie israélienne
se dit prête à discuter avec les Palestiniens des moyens visant
à mettre fin au conflit et à créer un Etat palestinien. Ces
dernières années, les rares rencontres entre Israéliens et
Palestiniens avaient plutôt été consacrées à la stabilisation
de la situation, à la coopération économique et humanitaire et
aux questions de sécurité, qu'à la reprise du dialogue.
Les dernières discussions au sommet, tout comme celles à
venir, ont eu pour objectif de poser les principes fondamentaux
d'un Etat palestinien, en prévision d'une grande conférence
internationale sur le Proche-Orient prévue pour cet automne, à
l'initiative du président George W. Bush. Le chef de la Maison
Blanche avait en effet promis de dénouer la crise palestino-israélienne
avant l'expiration de son mandat, soit d'ici 17 mois.
Avec quel bagage les parties arriveront-elles à la conférence?
Selon les médias, Israël espère parvenir à un accord avec les
Palestiniens sur les principes d'un règlement bilatéral du
conflit, sans entrer dans le détail. Les implications de ces
principes ne sont pas toujours claires, hormis l'accord des deux
parties sur la création d'un Etat palestinien dans un proche
avenir.
En 1993, les Israéliens et les Palestiniens avaient signé la
Déclaration de principes. Il s'agissait entre autres d'établir
une Autorité palestinienne intérimaire autonome, de transférer
les compétences du gouvernement militaire israélien aux
Palestiniens après le retrait de la bande de Gaza et de la région
de Jéricho, de préciser les paramètres de coopération et de
redéployer les forces armées israéliennes. Les parties s'étaient
engagées à entamer les négociations sur le statut permanent des
territoires palestiniens, au cours desquelles seraient abordées
les sujets urgents, dont Jérusalem, les réfugiés palestiniens,
les colonies juives et les frontières.
La période de transition fixée à cinq ans en avait duré 15.
Les dernières discussions sur le règlement définitif du conflit
et les autres questions en suspens ont eu lieu au sommet de Camp
David de 2000, en présence du leader palestinien Yasser Arafat et
du premier ministre israélien Ehud Barak, invités par le président
américain de l'époque, Bill Clinton. Les négociations avaient
échoué, les conclusions ne pouvant satisfaire ni les
Palestiniens ni les Israéliens. Cet échec avait été l'un des
catalyseurs de la seconde Intifada qui avait interrompu le
processus de paix.
Aujourd'hui, les Israéliens et les Palestiniens visent de
nouveau l'idée d'une déclaration de principes. Et cette fois
encore, les questions brûlantes vont être remises à plus tard,
jusqu'à la convocation en novembre d'une conférence
internationale sur le Proche-Orient. D'ailleurs, toute la
chronologie des pourparlers entre Israël et les Palestiniens dans
le passé nous montre que leur solution ne sera pas réalisable
cette fois-ci non plus. Les discussions prévues pour l'automne
prochain pourraient s'enfoncer dans l'impasse aussi bien que
celles entre MM. Arafat, Barak et Clinton en 2000.
En effet, la conjoncture régionale a changé, notamment
l'attitude du monde arabe à l'égard d'Israël et la situation
dans les territoires palestiniens (pour le pire dans plusieurs
cas). Mais les principes pour lesquels les Palestiniens avaient
opté il y a sept ans, en vue de créer leur Etat indépendant,
sont, eux, restés les mêmes: Jérusalem-Est comme capitale, le
retour des réfugiés palestiniens, la restitution (totale ou en
partie) des territoires occupés par les Israéliens en 1967. La
dernière initiative de paix arabe repose justement sur ces
principes et les Palestiniens s'appuient sur cette initiative lors
des négociations.
Le chef des négociateurs palestiniens Saëb Erekat a déclaré
à l'issue de la rencontre Olmert-Abbas que les Palestiniens
n'avaient besoin d'aucune initiative autre que celle de la Ligue
arabe. Ils souhaitent qu'un plan d'actions préalable visant à créer
un Etat palestinien indépendant soit esquissé lors de la future
conférence internationale sur le Proche-Orient. Les principes d'établissement
d'un tel Etat restent donc indiscutables pour les Palestiniens.
Toutefois, cela ne signifie pas que les deux parties sont
incapables de trouver un compromis. C'est tout à fait faisable.
Cependant, en Israël comme au sein de l'Autorité palestinienne,
il vaut mieux préparer d'avance l'opinion publique à d'éventuelles
concessions, puisqu'elles pourraient être douloureuses pour les
deux parties. Sans quoi tous les accords et déclarations ne
prendront jamais effet. Ni Mahmoud Abbas ni Ehud Olmert ne bénéficient
d'un assez large soutien de la population pour pouvoir faire les
concessions indispensables au règlement définitif du conflit.
Les événements de ces derniers jours nous rappellent de plus
en plus la situation de 2000. A l'époque, Bill Clinton avait
pressé les Israéliens et les Palestiniens de parvenir à une
entente avant le terme de son mandat présidentiel. D'un côté,
il faut saluer la volonté des deux parties de relancer à nouveau
le processus de paix comme il y a sept ans. Mais de l'autre, il ne
faut pas oublier que l'échec des négociations avait alors entraîné
une nouvelle Intifada. Est-il possible que l'histoire se répète?
Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la
stricte responsabilité de l'auteur.
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