L'art de la guerre
La « sécurité » de
l'empire
Manlio
Dinucci
Photo: RIA
Novosti
Mardi 5 février
2013
Heureusement que dans un
monde aussi dangereux il y a quelqu’un
qui pense à notre sécurité. C’est ce que
font les influents représentants qui se
retrouvent à Munich pour l’annuelle
Conférence internationale sur la
sécurité. A l’édition 2013 (1er-3
février), à laquelle ne pouvait manquer
le ministre de la défense (italien) Di
Paola[1],
c’est Joe Biden, vice-président des Usa,
qui trace
les lignes directrices. Avant
tout la déclaration de principe : «Nous
n’admettons pas qu’une nation, quelle
qu’elle soit, ait sa sphère d’influence
». Principe que Washington considère
comme sacro-saint pour tous les pays,
sauf les Etats-Unis. Ils ne l’appellent
cependant pas influence, mais
leadership. Comme celui que les Usa
exercent avec la motivation de la lutte
contre la menace terroriste qui
–prévient Biden- est en train de se
répandre en Afrique et au Moyen-Orient,
en prenant pour cible « les intérêts
occidentaux outre-mer ». A ce sujet les
Usa « applaudissent » l’intervention de la France au Mali, en lui fournissant
renseignement, transport aérien de
troupes et approvisionnement en vol des
chasseurs bombardiers. L’Europe demeure
un partenaire indispensable des
Etats-Unis dans le cadre de l’Otan, qui
s’élargira encore en incluant
la Géorgie et
des Etats baltes. En Afghanistan,
précise Biden, l’Europe a fourni 30mille
soldats et dépensé 15 milliards de
dollars. En Libye, grâce à l’Europe, «
l’Otan a agi de façon rapide, efficace
et décidée ».C’est maintenant le tour de
la Syrie : les
Usa ont dépensé 50 millions de dollars
pour l’assistance militaire aux «
rebelles », à quoi s’ajoutent à présent
365 millions comme « aide humanitaire »,
dans le cadre d’une allocation qui, avec
la contribution européenne, monte à un
milliard et demi de dollars. Un autre
objectif est l’Iran vers qui –clarifie
Biden- les Usa, avec l’Europe, adoptent
non pas une politique de
contenmaint, mais une action pour
empêcher que ne se développe « le
programme nucléaire illicite et
déstabilisant ». Prêche qui vient du
pupitre de celui qui possède des
milliers d’armes nucléaires et, il y a
deux mois à peine, a effectué un autre
test nucléaire pour en construire de
nouvelles. Mais il y a bien autre chose
à l’horizon. Grâce à la plus grande
alliance militaire du monde –explique
Biden- les Etats-Unis sont une puissance
atlantique mais, comme l’indique la
nouvelle stratégie,
ils sont en même temps une «
puissance du Pacifique ». Dans la région
Asie/Pacifique se trouve l‘autre
puissance,
la Chine : les
Usa veulent qu’elle soit « pacifique et
responsable » et qu’elle « contribue à
la sécurité globale », évidemment telle
qu’elle est conçue à Washington, à
savoir fonctionnelle pour le système
politico-économique occidental dominé
par les Etats-Unis. Le déplacement du
centre focal de la politique étasunienne
de l’Europe au Pacifique –assure Biden-
est aussi dans l’intérêt des alliés
européens qui devraient y participer
pleinement.
Washington fait donc pression sur
les membres européens de l’ « alliance
atlantique », déjà présents avec leurs
navires de guerre dans l’Océan Indien,
pour qu’ils ouvrent de nouveaux fronts
encore plus à l’est, dans le Pacifique.
Argument qui, dans le «
débat politique sur l’Europe », est
absolument tabou.
Edition de mardi 5
février 2013 de
il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20130205/manip2pg/14/manip2pz/335516/
Traduit de l’italien par
Marie-Ange Patrizio
[1]
Le ministre dit de la défense
français
J-Y. Le Drian y était «
attendu » aussi, avec son
collègue ministre des affaires
étrangères, Laurent :
http://www.ambafrance-de.org/Laurent-Fabius-et-Yves-Le-Drian-a
Curieusement, cette visite
attendue n’a fait l’objet
d’aucun compte-rendu ou
communiqué officiel ou
médiatique accessible du moins
sur Internet.
A propos de
Laurent, ministre des affaires
étrangères français, voir aussi
: «
Laurent Fabius refuse de
prononcer le nom de famille du
président syrien ».
http://www.voltairenet.org/article177273.html
On peut
suivre sa consigne en la lui
appliquant à lui aussi (NdT pour
la version française).
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