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Après sept ans et demi de présence illégale
Les troupes
américaines de combat quittent l'Irak
M. A. Boumendil
Samedi 21 août 2010
Le bilan de
l’invasion est très lourd. Selon le secrétaire à la Défense,
Robert Gates, 4 419 soldats américains y ont laissé la vie. Pour
financer cette opération qui a duré plus de sept ans, mille
milliards de dollars ont été déboursés par les contribuables
américains, sans compter les dépenses indirectes liées à cette
guerre injustifiée.
La quatrième brigade
de la deuxième division d’infanterie de l’armée américaine, la
dernière présente en Irak parmi les troupes de combat, a quitté
le pays la nuit du 18 au 19 août par la frontière koweïtienne.
Les militaires américains étaient 140 000 en 2009, au moment où
Barack Obama accédait à l’investiture suprême aux États-Unis.
Après le retrait de la quatrième brigade, ils ne sont plus que
56 000, et 6 000 d’entre eux devraient avoir quitté le
territoire irakien d’ici le 31 août. Les 50 000 militaires
restants auront un rôle d’assistance et de formation auprès des
soldats et des policiers irakiens, mais ne seront pas
directement impliqués dans les opérations de maintien de
l’ordre.
D’ici à la fin de 2011, l’ensemble des troupes américaines
auront quitté le sol irakien, conformément à un accord établi
entre Washington et Bagdad. Mais ce retrait total programmé ne
rassure pas la population irakienne, qui continue de subir les
affres du terrorisme islamiste et les conséquences d’une guerre
interconfessionnelle entre chiites et sunnites. Ce sentiment est
partagé par le chef d’état-major de l’armée irakienne, le
général Babaker Zebari, qui a considéré, la semaine dernière,
que ce retrait total de l’armée américaine était prématuré.
Selon lui, les forces irakiennes ne seront pas en mesure
d’assurer pleinement la sécurité du pays avant 2020. Le
porte-parole du département d’État, Philip Crowley, a parlé pour
sa part de “moment historique” et se veut rassurant. “Nous ne
mettons pas fin à notre engagement en Irak. Ce n’est pas la fin
de quelque chose, mais une transition vers quelque chose de
différent. Nous sommes engagés à long terme en Irak”, a-t-il
déclaré.
Pour sa part, le gouvernement américain, comme pour justifier sa
décision, ne manque pas d’évoquer la baisse du niveau de
violence en Irak. 4 650 civils (seulement ?) ont été tués en
2009, le chiffre le plus bas enregistré depuis 2003, après
l’invasion du pays en vue de renverser le président Saddam
Hussein. Le bilan de l’invasion est très lourd. Selon le
secrétaire à la Défense, Robert Gates, 4 419 soldats américains
y ont laissé la vie.
Pour financer cette opération qui a duré plus de sept ans, mille
milliards de dollars ont été déboursés par les contribuables
américains, sans compter les dépenses indirectes liées à cette
guerre injustifiée.
Mais le bilan est encore plus lourd du côté irakien. Les morts
se comptent par centaines de milliers, civils et militaires
confondus, le pays est presque totalement détruit, les guerres
interconfessionnelles y font rage et l’Irak s’est transformé en
Mecque inespérée pour l’organisation El-Qaïda qui y a établi des
bases solides et multiplie les attentats sanglants. Cette guerre
aussi absurde qu’inique a eu aussi des conséquences négatives à
travers le monde, notamment dans les régions où l’islam est la
religion dominante, en suscitant des vocations djihadistes, pour
le plus grand bonheur des organisations islamistes radicales.
Si l’invasion de l’Irak en 2003 a été largement et énergiquement
condamnée en 2003, le retrait des forces américaines, sept ans
et demi après, suscite des interrogations. Non pas sur le plan
du principe, puisque ce retrait est inévitable et nécessaire,
mais du point de vue du calendrier, tenant compte des
circonstances.
Quand on sait que depuis les législatives du 7 mars dernier, le
pays est incapable de se doter d’un gouvernement, sachant que
les attentats font leur lot quotidien de victimes et que la
pseudo-démocratie installée se conjugue en clivages ethniques et
confessionnels, quel avenir pour l’Irak ?
Après avoir semé le chaos, les États-Unis ne peuvent prétendre
se racheter une virginité en respectant un calendrier de retrait
qui n’a reçu l’aval des dirigeants irakiens que pour des raisons
politiciennes évidentes.
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Publié le 21 août 2010 avec l'aimable autorisation de
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