Opinion
ONU: la mascarade
continue !
Louis
Denghien
Sur notre
photo : Hillary Clinton et l'un de ses
principaux collaborateurs
Mardi 23 août 2011
C’est suite à
une proposition pressante des
Etats-Unis, de l’Union Européenne et de
quatre pays arabes dont trois au moins
sont connus pour leur intransigeance en
matière de libertés démocratiques –
Arabie Saoudite, Koweit, Qatar, Jordanie
– que le Conseil des droits de l’homme
de l’ONU a accouché mardi 23 août d’une
résolution demandant la création d’une
commission d’enquête internationale
indépendante sur les « violations
des droits de l’homme en Syrie« .
Harcèlement
américano-onusien
C’est donc
l’énième épisode d’un feuilleton
politico-diplomatique qui s’étire depuis
l’échec, courant juillet, du projet de
résolution franco-euro-américain destiné
à faire condamner Damas par le Conseil
de sécurité. On se rappelle peut-être
que les mêmes avaient obtenu une
« condamnation » symbolique, par le
Conseil de sécurité, du gouvernement
syrien, invité à cesser les violences
contre les manifestants (voir
notre article « ONU
: Tout ça pour ça« , mis en ligne le
4 août).
Mais pas
question pour l’axe
Washington-Paris-Londres-Bruxelles d’en
rester là : ne pouvant obtenir
l’essentiel – la résolution
anti-syrienne du Conseil de sécurité –
les « alliés » multiplient menaces
verbales, pressions diplomatiques et
sanctions économiques (voir
notre article « Les
Occidentaux ne renoncent pas… les Russes
non plus« , mis en ligne le 22 août)
; et en ce qui concerne la diplomatie,
c’est visiblement l’ONU et son obligeant
secrétaire général, Ban Ki-moon, qui
sont chargés de donner un nouveau
souffle à l’offensive anti-syrienne :
après donc le vote début août de cette
« condamnation » à vrai dire sans
effets, après la constitution d’une « commission
d’enquête »
accouchant d’un « rapport »
envisageant la possibilité d’une
condamnation de Damas pour « crimes
contre l’humanité« ,
et prévoyant l’envoi d’une « mission
humanitaire »
sur place, après la menace d’une saisine
de la Cour pénale internationale, c’est
donc cette commission d’enquête,
beaucoup plus internationale
qu’indépendante, qui est chargée de
poursuivre l’instruction à charge contre
la Syrie et son gouvernement.
Naturellement le dossier est surtout
plein des allégations toujours
invérifiables et très souvent
mensongères de l’opposition, qui
continue d’asséner ses bilans truqués –
2 200 morts civils – et de dresser de la
société syrienne un tableau
apocalyptique qui ne manque pas
d’étonner la plupart des étrangers se
rendant sur place, pour ne pas parler de
la masse des Syriens eux-mêmes. La
haut-commissaire des Nations-Unies aux
droits de l’homme, Mme Navi Pillay,
parlait ainsi, lundi 22 août,
d’utilisation de « l’artillerie
lourde » par
l’armée syrienne contre les opposants,
ces opposants qui avaient déjà prétendu,
via l’OSDH, que la marine de guerre
syrienne avait pilonné le quartier
d’al-Ramel à Lattaquié.
On peut donc dire
que cette commission d’enquête a déjà
prononcé ses conclusions, avant même que
de se rendre en Syrie. Conclusions
qu’elle remettra, qu’on se le dise, à
Ban Ki-moon « fin novembre » : de quoi
collationner un maximum d’informations
exclusives – et pour cause – auprès de
l’OSDH et des opposants à téléphone
portable.
Quand Ban Ki-moon
met l’ONU à l’heure de l’OTAN
On a déjà écrit
ici que l’ONU, sous le « règne » de Ban
Ki-moon, semble s’être transformée en
« chambre d’enregistrement » des
directives géopolitiques américaines et
associées : les mêmes qui n’ont pas mots
et de textes assez durs contre Bachar
al-Assad, Ahmadinejad ou Kadhafi sont
d’une discrétion de violette démocrate
sur les régimes du roi Abdallah et des
émirs du Golfe, sur la répression de la
révolte au Bahrein ou au Yémen, ou sur
les violations répétées des résolutions
de l’ONU sur la colonisation et la
répression israélienne dans les
Territoires occupés, ceux qui réclament
une transition démocratique immédiate en
Syrie sont moins impétueux en ce qui
concerne la création officielle d’un
Etat palestinien. C’en est au point
qu’on serait tenté de dire qu’un Etat ou
un dirigeant condamné ou sermonné par
l’ONU sont à coup sûr des Etats, des
dirigeants libres, non alignés sur le
Nouvel Ordre Mondial.
Le « machin »
jadis moqué par De Gaulle est vraiment
devenu « la chose » de la Maison
Blanche, du Département d’Etat et du
Pentagone : l’ONU, qui n’autorise rien
contre Israël, a déjà donné son « feu
vert » à l’OTAN contre l’Irak, la
Yougoslavie, la Libye – quitte à laisser
« élargir » quelque peu, dans ce dernier
cas, la mission initiale.
Et s’il n’y avait la Russie, la Chine et
quelques autres, elle aurait dit « go
! » au G.i.’s pour se ruer sur la Syrie
et l’Iran.
Faysal Khabbaz
Hamoui, représentant de la Syrie auprès
des Nations-Unies, n’a pu que dénoncer
« le langage
utilisé dans le projet de résolution (…)
odieux » et
qui ne fera que prolonger la crise en
Syrie. Tout en soulignant le caractère
politique « à
100% » de la
résolution, le diplomate a confirmé,
mardi 23 août, que son gouvernement
autoriserait néanmoins la mission du
Haut-commissariat aux droits de l’homme
« aussitôt
que l’enquête indépendante syrienne aura
terminé ses propres investigations« .
Et ceux qui ricanent déjà à propos de
l’indépendance des enquêteurs syriens
devraient éclater d’un rire franc
relativement à l’indépendance des
employés de Ban Ki-moon !
Faysal
Khabbaz Hamoui : la voix de la Syrie à
l'ONU est réduite à la protestation
Publié le 24 août
2011 avec l'aimable autorisation d'Info
Syrie
Le
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