Opinion
Bachar : la
réforme oui, la chienlit non !
Louis
Denghien
Walid al-mouallem,
ministre syrien des Affaires étrangères
Lundi 8 août 2011
« La Syrie
tiendra des élections libres et
transparentes qui donneront naissance à
un Parlement représentant les
aspirations du peuple syrien ». La
déclaration faite le 6 août par Walid
al-Mouallem, ministre syrien des
Affaires étrangères, engage évidemment
tout le régime, tant devant l’opinion
internationale que devant le peuple
syrien. Tout le monde attend en effet ce
test – le plus déterminant – de la
volonté de réforme proclamé à plusieurs
reprises par le président Bachar al-Assad.
Le moins qu’on puisse dire c’est que ce
dernier a pris des décisions – et des
responsabilités – historiques, acceptant
que soit mis fin à la suprématie
historique du parti Baas, et que soient
créées de nouveaux partis, extérieurs à
la coalition gouvernementale du Front
national patriotique. On le sait cette
libéralisation ne s’applique pas aux
formations qui procéderaient des Frères
musulmans, qui sont considérés – à bon
droit – par le pouvoir comme des
partisans d’une théocratie contraire à
la tradition – et à la constitution –
laïques du pays, comme les principaux
responsables des violences en cours,
notamment à Hama, et qui sont par
ailleurs liés d’assez près aux Saoudiens
et à leurs homologues égyptiens.
Walid al-Mouallem a assuré que ces
élections législatives auraient lieu « avant
la fin de l’année ». Voici
plusieurs semaines que la législature de
l’actuel Parlement est arrivée au terme
de ses quatre ans.
Reste à savoir si les secteurs les
plus responsables de l’opposition
accepteront de jouer le jeu.
S’ils ne le font pas, ils seront – on
prend peu de risques à le prédire –
débordés et marginalisés par la frange
radicale du mouvement, très minoritaire
mais très organisée et bien armée.
La Syrie est donc à la croisée des
chemins et la balle est plutôt dans le
camp de cette opposition réformiste.
Le syndrome du refoulé
politique
Autre geste de bonne volonté du
pouvoir, Bachar al-Assad a accepté de
s’entretenir au téléphone avec le
secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon,
lequel lui a, entre autres choses,
demandé de « mettre
fin immédiatement à l’utilisation des
militaires contre les populations
civiles » Le problème étant
que si cette demande est légitime, elle
repose sur des prémices quelque peu
faussées par plus de quatre mois de
désinformation intensive, en Occident et
ailleurs. On ne se lassera pas
de répéter que tous les manifestants
anti-régime ne sont pas des civils
désarmés et modérés, et que lorsqu’un
mouvement insurrectionnel violent se
déclenche, à Hama, à Homs ou dans la
région frontalière de la Turquie, le
régime n’a d’autre ressource que
d’envoyer la force armée. N’importe quel
pays – fut-ce la France de Sarkozy –
confronté à ce type de situation agirait
de même.
C’est d’ailleurs ce qu’a dit en
substance le président syrien au
ministre libanais des Affaires
étrangères, Adnan Mansour, dimanche 7
août ; pour Bachar al-Assad, il est du
devoir de l’Etat de protéger les Syriens
contre « les
hors-la-loi qui coupent les routes,
bouclent les villes et terrorisent les
citoyens ». Bien entendu, ces seuls
mots suffiront aux commentateurs
euro-américains pour anathémiser une
nouvelle fois le dirigeant syrien. Quand
bien même ces commentateurs se doutent
confusément que des opposants violents
s’efforcent par tous les moyens de créer
une situation de guerre civile dans
plusieurs villes du pays. Mais pas
question de renoncer pour autant à leur
schéma simpliste et bien pensant. En
psychanalyse on parle du « refoulé »,
ensemble de sentiments inavouables ou
inassumables et donc enfouis dans
l’inconscient : que le pouvoir
syrien ne soit pas seul responsable des
violences et des victimes, qu’il ait le
soutien d’une majorité de Syriens, voilà
le genre de sentiments, d’idées que ne
peuvent assumer la grande majorité des
commentateurs français. Et
qu’ils refoulent du mieux qu’ils
peuvent, tant que c’est possible. Au
fait, les journalistes et éditorialistes
français ont bien refoulé profondément
leurs doutes – si tant est qu’ils en
aient eu – sur les « armes de
destruction massives » de Saddam
Hussein ? Ils n’en sont donc plus à un
« refoulé » près.
Quand TF1
faisait trembler la ménagère de 50 ans
avec Saddam et ses super-pouvoirs
Publié le 8 août
2011 avec l'aimable autorisation d'Info
Syrie
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