Lorsque le maire socialiste d’une
des plus grandes capitales
culturelles du monde détruit le
patrimoine des parisiens, il y a peu
de journalistes pour dénoncer un
scandale qui pourtant devrait
défrayer la chronique. Champion
toute catégorie de la culture dans
les années 80 et 90, le Parti
socialiste s’était forgé une image
de défenseur des arts et d’ami du
patrimoine. A travers le très
controversé Jack Lang, le parti
avait imposé comme une constante
incontournable le volet culturel,
devenu une véritable arme politique,
un relai entre socialisme,
patrimoine et citoyens français.
Mais aujourd’hui, les temps
changent… mais dans une autre
direction que celle annoncée par le
célèbre slogan du président François
Hollande.
Le « maintenant », c’est en
effet la destruction de façades
datant de l’époque du plus
célèbre préfet de Paris,
Georges-Eugène Haussmann, qui
avait remodelé sous le Second
Empire la ville de Paris. Ainsi
a disparu sur une centaine de
mètres un pan du patrimoine
architectural de Paris, sans
compter une maison datant de
l’époque de Louis XVI, rasée
pour permettre à d’autres de
faire fructifier leurs affaires.
Le plus étonnant est que cette
destruction va profiter au
groupe LVMH, dont le patron
n’est autre que M. Bernard
Arnault. Pour mémoire, c’est un
des hommes les plus riches du
monde, sa fortune étant la
première de France et d’après le
classement du magazine
Forbes, à la 10e position
mondiale en 2013… soit la
bagatelle d’environ 29 milliards
de dollars, rien que cela.
L’homme est aussi connu pour
être l’un des amis proches de
Nicolas Sarkozy dont il fut en
1996 l’un des témoins lors de
son premier mariage avec Cécilia
Sarkozy. Il fit même partie des
invités du tristement célèbre «
banquet de la victoire » au
Fouquet’s un soir
d’élection présidentielle en
2007.
En avalisant la destruction
de ce patrimoine rue de Rivoli,
Bertrand Delanoë montre bien que
derrière les batailles
médiatiques, les clivages
politiques entre la droite et la
gauche n’existent plus depuis de
nombreuses années. Le projet
aurait toutefois dû attirer
l’attention du maire et de son
équipe. En détruisant
irrémédiablement ce patrimoine
historique, la mairie de Paris
démontre qu’une porte a été
ouverte, une ouverture très
dangereuse vers un non-respect
total des intérêts immédiat de
la ville de Paris et de ses
habitants. Cette ville, nous le
rappelons, est la plus visitée
au monde… son patrimoine est
donc son plus précieux capital.
Dans un pays qui accueille plus
de 80 millions de touristes
chaque année, nous pouvons
sérieusement nous demander : «
mais comment peut-on raser
des pans de notre histoire à
l’heure actuelle ?
Cela est possible à Paris,
avec son maire socialiste,
Bertrand Delanoë. Mais que
reste-t-il vraiment du
socialiste et du socialisme ?
Pour le premier questionnement,
il semble bien que cette
appartenance politique ne puisse
guère lui être attribuée qu’en
pointillé, lorsque nous
apprenons que la Commission du
vieux Paris, chargée de donner
son avis sur les projets
d’urbanisme et composée de
spécialistes du patrimoine, n’a
pas été consultée… Ce fait n’est
d’ailleurs pas un coup d’essai
puisque que l’avis de la
commission a été sciemment
ignoré en ce qui concerne la
conservation de la halle
Freyssinet dans le XIIIe
arrondissement, qui ne fut
sauvée in extremis, que par son
classement comme monument
historique par le gouvernement
Fillon. Un bel exemple donc de
compromission et d’autoritarisme
du pouvoir, ici au sein de la
commune de Paris, mais que nous
remarquons à tous les niveaux de
l’Etat.
Certes M. Chirac, lors de
ses mandats de maire, ne fut pas
exempt de critiques et accusé de
nombreuses atteintes au
patrimoine. Nous aurions pu
espérer de l’intérêt affiché et
brandi par les socialistes pour
la culture et le patrimoine, un
autre comportement que celui de
« se coucher » devant quelques
hommes d’affaire, aussi puissant
soient-ils d’ailleurs. Dans un
article plus précis,
l’Observatoire des subventions
va beaucoup plus loin (http://www.observatoiredessubventions.com/2013/les-promesses-non-tenues-de-delanoe/)
et indique que la fameuse
commission est désormais muselée
avec l’interdiction formelle de
communiquer avec les
journalistes, sans qu’il soit
précisé quel châtiment serait
réservé au contrevenant qui
oserait allumer un projecteur
sur les activités en matière
d’urbanisme de l’équipe de
Bertrand Delanoë… Il est
intéressant de noter que la
vénérable commission créée en
1897 est présentement présidée
par le maire en personne !
Etrange conception des
garde-fous du pouvoir que de
confier un tel poste à celui qui
possède également le pouvoir de
décision de détruire ou de
préserver. La commission, bien
entendu, ne doit pas avoir
souvent l’insigne honneur de
voir dans ses murs le
respectable maire. Elle est en
effet présidée par une adjointe
du maire, en l’occurrence Madame
Danièle Pourtaud, qui exerce
cette fonction en son nom. Douze
autres conseillers municipaux de
Paris siègent au sein de la
commission ainsi qu’un parterre
de personnes vraiment qualifiées
mais n’ayant, nous l’avons vu,
que le pouvoir de donner un
avis, malgré leur statut
d’autorité technique en la
matière, ainsi que le droit de
se taire pour ne pas déranger
des projets tel que la
reconstruction d’un magasin
aussi emblématique que La
Samaritaine. Petit clin d’œil
cocasse et cynique à la face de
l’histoire, Bertrand Delanoë fut
l’un des parlementaires parmi
les plus actifs au sein de la
Ligue des droits de l’Homme. Un
paradoxe, qui lorsque l’on se
trouve au pouvoir, n’est plus
guère encombrant.
Le maire de Paris est
d’ailleurs depuis longtemps
sujet à controverse. Notamment
et surtout dans la gestion de la
ville de Paris. Gestion dénoncée
par le journaliste Dominique
Foing dans son livre
Comptes et légendes de Paris de
la gestion Delanoë, paru
en 2011. Le journaliste y
dénonce une augmentation
vertigineuse des dépenses de
plus de 44 %, accompagnée d’une
hausse des impôts locaux entre
2001 et 2011 de plus 70 %. Dans
le même temps, la dette de la
ville de Paris qui était
relativement faible à l’arrivée
de Bertrand Delanoë aurait
augmenté de plus d’un milliard
d’euros, et les dépenses de
fonctionnement de plus de deux
milliards d’euros, sans compter
le recrutement de 8 000 nouveaux
fonctionnaires et agents de la
ville de Paris.
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