La raison du plus fort est toujours la pire : nous l'allons
montrer tout à l'heure.
Débat symptomatique à Ce soir
ou jamais sur la question secondaire (quoique
monstrueuse) des crimes de guerre commis par le commando
israélien contre des membres de la flottille internationale
livrant des secours aux assiégés du mouroir à tombeau ouvert
qu'est Gaza.
- Lévy se montre surexcitée et hystérique comme son pendant
sioniste masculin Finkielkraut (un excellent débatteur, faux
philosophe et médiocre intellectuel). Elle crie pour camoufler
qu'elle défend un point de vue indéfendable et en passe d'être
démasqué : qu'Israël pratique depuis sa création récente la
politique de la loi du plus fort qui était jusqu'à maintenant
l'apanage des financiers
libéraux de la City de Londres et de l'Empire
britannique. Comme ce plus fort s'effondre, Israël se retrouve
en première ligne (de mire), partagé entre la tentation de
s'émanciper de la tutelle de ses protecteurs en déconfiture (le
parti de la force aveugle) et son instrumentalisation de plus en
plus chaotique et indéfendable par des marionnettistes qui ont
besoin de boucs émissaires (et qui se servent d'Israël à cet
effet).
La défense d'Israël est tout simplement indéfendable. Raison
pour laquelle les portes-paroles qui sont dépêchés par les
sionistes pour tenter de défendre le parti d'Israël s'empêtrent
dans des arguties aussi tortueuses que nauséabondes (on ne sait
pas, soyons prudents, la guerre c'est la guerre...). Sur ce
plateau, comme s'ils s'étaient partagés les rôles, nous avons
l'excitée virulente, voire violente, Élisabeth Lévy la
passionaria (passagère)
de la cause sioniste, dont on peut se demander ce qu'elle
fabrique dans cette galère, et dans un positionnement en repli
et en modération, le sophiste mineur et creux Enthoven Jr.
Il est curieux de constater que les porte-paroles sionistes de
l'heure sont des hystériques plus ou moins patents comme
Finkielkraut ou les deux Lévy (BHL et Élisabeth). Serait-ce que
la défense indéfendable d'Israël implique par compensation un
surinvestissement dans
la virulence verbale pour masquer l'impéritie de fond (la
gradation criminelle et
psychopathique d'Israël)? Ou bien le niveau des
représentants du sionisme et/ou d'Israël dégringolerait-il avec
la dégringolade conjointe et première des protecteurs du
sionisme qui sont historiquement et factuellement les milieux
oligarchiques de la City de Londres? Il est vrai qu'avec en
France des énergumènes comme Barbier, BHL ou Élisabeth Lévy,
Finkielkraut, Bruckner ou les Enthoven, l'absence de fond est
remplacé (fictivement) par la débauche de forme!
- Enthoven Sr. est loué sur le plateau pour avoir conseillé la
modération et le sens des responsabilités. Que dit-il?
"Avant même que nous ne connaissions les faits, l'opinion
publique s'est emparée de cet événement pour lui donner le sens
qu'elle voulait et il y a de ce point de vue me semble-t-il de
la part des responsables politiques une responsabilité
considérable qui consiste à garder une certaine forme de mesure.
(...) Il faut attendre un peu et être plus prudent que l'opinion
publique en général".
1) Enthoven Jr. admet que l'opinion publique serait en majorité
contre l'action criminelle israélienne et pour les victimes
palestiniennes. Terrible aveu qu'une reconnaissance
involontaire! Serait-ce que la majorité des gens sont injustes
ou Israël est injuste?
2) Pis, Enthoven Jr. trahit qu'il défend le point de vue
oligarchique en s'opposant à l'opinion publique. Il fait mine de
parler depuis la position du philosophe (mondain et précieux)
dépassant l'opinion, mais l'expression d'opinion
publique indique qu'Enthoven Jr. méprise la majorité du
troupeau, selon le vocable nietzschéen (Enthoven Jr. est
nietzschéen), et qu'il estime que la vérité est l'affaire d'une
minorité, voire de quelques voix. Cette conception indique qu'Enthoven
Jr. est favorable à la vérité du plus fort et qu'il fait sienne
cette morale de La Fontaine : "La
raison du plus fort est
toujours la meilleure :
Nous l'allons
montrer tout à l'heure."
Le mépris du porte-parole oligarchique, fût-il en apparence
pondéré, pour le peuple, qualifié d'opinion publique, signifie
que l'opinion (l'erreur exprimant la bêtise) est publique
(majoritaire). D'où : la vérité est minoritaire, voire
individuelle. Ce n'est pas forcément faux dans certains cas,
mais comme conception de la vérité, c'est si faux et si grossier
que nous nous situons tout près du fascisme. D'ailleurs,
Enthoven Jr. est l'ami de notre Barbier de l'Express,
que j'ai surnommé Barbier de Gaza (une coïncidence), un joyeux
luron qui appelait récemment dans un éditorial à l'avènement
d'un "putsch légitime".
La modération dont se réclame Enthoven Jr. est typique du
compromis en vogue à l'heure actuelle, qui consiste non pas à
agir selon la vérité, mais selon l'équilibre des forces en
présence. Du coup, du moment que l'on trouve une position
d'équilibre, fût-elle parfaitement injuste ou précaire, on se
montre modéré et tolérant. Voire. On fait le jeu des plus forts
au détriment des plus faibles. Cas d'école : dans le cas
d'Israël, un compromis entre le point de vue israélien et le
point de vue des victimes de la flottille aboutirait à la
reconnaissance implicite de la légitimité de l'action
israélienne, alors même qu'elle ressortit d'un crime de guerre
irréfutable!
Ce genre de compromis qui se fonde sur la convention et sur le
refus de la vérité (l'homme est mesure de toute chose selon
Protagoras) est un subtil moyen d'inféoder l'idée de justice
platonicienne sous la férule sophistique de la justice du plus
fort qui comme son nom l'indique n'est pas la justice.
L'intervention énergique de Roland Dumas est emblématique de
l'évolution des rapports de force, car Dumas est tout sauf un
honnête homme. Peut-être l'approche de la mort le pousse-t-il
vers une certaine rédemption, mais il a montré par le passé
qu'il était un avocat mû par l'intelligence au service de son
intérêt.
De ce fait, la colère de Dumas exprime en creux l'impudence du
parti pro-israélien. Dumas est un habile qui sent le changement
poindre. Il prévoit la possibilité de la guerre en Occident et
le renversement inéluctable du Frankenstein Israël, qui se sera
mis à dos les opinions internationales à force de crimes de plus
en plus vils et veules. Dumas illustre par son discours
d'opportunisme dirigé contre l'Eve Lévy, qui selon lui ne
comprend rien (lucide vérité à propos d'une
succube-propagandiste qui ferait mieux de se taire), à quel
point les rapports de force changent.
Israël est en train de se faire lâcher (larguer) par ses
protecteurs occidentaux, dont les néoconservateurs français. On
comprend que notre Lévy enrage, mais il est trop tard. Un Dumas
indique la direction que prennent les élites occidentales face à
l'incendie furieux qui les menace : lâcher n'importe quel poids,
y compris Israël. Dumas n'incarne pas le discours de la vérité
ou de l'honnêteté, mais celui de l'intérêt bien compris. En
face, Lévy qui défend le sionisme (et Israël) témoigne d'un
extrémisme malhabile et désaxé qui rend fou furieux Dumas.
Comment un fin stratège comme lui peut-il se trouver confronté à
une excitée qui menace de lui envoyer un verre à la figure en
guise d'argument? Comment un jeunet présomptueux comme Enthoven
Jr. peut-il s'autoriser à le reprendre, croyant sans doute
réitérer le demi-coup médiatique qu'il avait réussi avec Barre
peu de temps avant sa mort (insinuer que l'ancien Premier
ministre était antisémite)? Enthoven croit-il qu'il tutoie en
petit marquis de la cour intellectualiste
germanopratine les
ministres et les politiciens? Comment ne pas mépriser Lévy et
Enthoven Jr. (qui croit qu'en faisant assaut de politesse
obséquieuse il manifeste de l'habileté et convainc son
auditoire) qui se tortillent ou enflent pour rendre défendable
le monstrueux?
Spectacle qui m'évoque l'hilarant face-à-face entre Finkielkraut
et Michaud à propos de l'affaire Polanski. Finkielkraut essayait
par tous les moyens d'atténuer la sévérité des charges pourtant
irréfutables et injustifiables portées par la justice
californienne contre le cinéaste; Michaud riait sous cape. Il en
va de même avec ce spectacle où Lévy connaît le même sort qu'un
boxeur roué de coups par son adversaire supérieur. Lévy est
groggy, Lévy et KO. Lévy est sonnée. Enthoven Jr. qui flaire la
tempête et quitterait le navire si possible se tait et lâche
prise. Lévy s'entête, prête aux pires extrémités : menaces et
pugilat.
Il est trop tard, Élisabeth, la dernière syllabe de ton prénom
témoigne de ton comportement inqualifiable. L'injustifiable est
au service du droit du plus fort, qu'incarne Israël jusqu'à la
lie. Pour contrer cette dérive, il serait temps de pointer du
doigt les vrais responsables, ainsi que le réclamait avec une
toute autre intention (noyer le poisson) Enthoven Jr. Ce sont
bien entendu ceux qui ne sont jamais nommés et qui dirigent de
manière oligarchique le système financier international moribond
et condamné.
Le moment cardinal de cette émission intervient quand Dumas,
excédé par les interruptions de Lévy, lui lance qu'elle
manifeste un comportement proto-hitlérien. Lévy s'étrangle de
l'insulte : insulter une juive d'hitlérienne! Malgré les
récriminations modalisées
d'Enthoven Jr, il s'agit pourtant de la stricte vérité :
de même que Netanyahu est l'héritier autant généalogique
qu'idéologique du fasciste sioniste Jabotinsky, autant la
défense par Lévy d'Israël revient à défendre des comportements
proches du nazisme. C'est absolument terrible (la posture du
bourreau au nom de la victime), mais c'est aussi parce que c'est
la vérité que Lévy se fâche tout rouge (et qu'Enthoven Jr. prend
sa défense en croyant qu'il est habile d'abonder en formules
rhétoriques aussi creuses que sa pensée nulle et nouille).
C'est peut-être triste, mais l'évolution du sionisme tend de
plus en plus vers son repoussoir honni, le fascisme. C'est ce
que remarquait avec prémonition le philosophe israélien
Leibowitz en citant le prophète Jérémy : "Je
vous couvrirai d'un opprobre éternel, d'une honte éternelle
qu'on n'oubliera jamais." Lévy ferait bine de
méditer cette sentence, qui indique qu'elle s'est fourvoyée dans
le camp des perdants, ceux qui se sont crus les plus forts
éternels alors qu'ils ne furent que les plus forts d'un temps
succinct.
L'évolution des rapports de force, où l'on voit le sionisme
perdre la face de manière inédite en France contemporaine, est
l'indication plus profonde d'un changement qui dépasse de loin
la question du sionisme/d'Israël et qui tient à l'effondrement
systémique. Changement d'ensemble, période de mutation, dans
laquelle les rapports de force évolue et les lois du plus fort
présentes, toujours limitées et indéfendables, suivront
l'évolution des principes qui les guident et qui sont fondés sur
la vérité et la justice - eux.
Pour finir, je donnerai la parole à la comédienne Darina al-Joundi
: "Aujourd'hui on est dans le mur, on n'est plus devant."
Publié le 3 juin
2010 avec l'aimable
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