Algérie
Algérie-France :
le temps est-il mûr pour une
réconciliation du type franco-allemand ?
Kharroubi
Habib
Jeudi 20 décembre
2012 La
réconciliation franco- allemande que
l'on cite en exemple pour plaider à
l'avènement d'un acte similaire entre
l'Algérie et la France n'a été possible
que parce que l'Allemagne n'a eu aucune
réticence à admettre et assumer les
torts historiques dont elle a été
coupable durant l'ère nazie à l'égard du
monde et du voisin français. Ce qui
n'est pas le cas pour la France
concernant son histoire coloniale et en
particulier la page algérienne de
celle-ci. En se refusant à reconnaître
la noirceur de celle-ci sans lui trouver
d'aspects "bénéfiques", elle ferme la
porte de ce fait à une véritable
réconciliation algéro-française qui
permettrait aux deux nations d'envisager
de regarder vers l'avenir et de nouer
entre elles des relations apaisées,
confiantes et mutuellement profitables.
Il n'est pas utopique de croire que cela
arrivera un jour. On peut même avancer
que c'est une certitude et que l'Algérie
et la France y vont lentement mais
sûrement. Des deux côtés de la
Méditerranée, ils sont de plus en plus
nombreux ceux qui estiment, à juste
titre, que la France et l'Algérie ont
tout à gagner à apurer leur contentieux
historique. François Hollande est l'un
d'entre eux qui, en tant que président
de la République, peut faire beaucoup
pour rendre possible cette perspective.
C'est la raison principale de sa visite
en Algérie. Les Algériens ne pouvaient
que lui réserver un accueil chaleureux,
démonstratif de la sympathie qu'ils ont
pour sa volonté de regarder avec
"lucidité" ce que la présence française
en Algérie a eu de traumatisant et de
terriblement dommageable pour leur
peuple. Il ne dira, ni ne fera,
néanmoins, tout ce que des partisans de
la réconciliation algéro-française lui
ont préconisé à l'occasion de son voyage
en Algérie. Son empathie pour l'Algérie
et les Algériens ne sera pas à récuser
en doute s'il s'abstenait de faire les
gestes et à prononcer les paroles
définitives qu'ils auront espérées.
François Hollande est un homme d'Etat
et, à ce titre, il est tenu de composer
avec les réalités. Il ne lui échappe pas
qu'il y a beaucoup de Français qui sont
encore réfractaires à la notion de
reconnaissance franchement déclarée par
leur Etat des méfaits de la période
coloniale en Algérie. Encore moins à
celle de "repentance" pour ces méfaits
que d'aucuns en France et en Algérie
voudraient l'entendre déclamer à Alger.
Mais Hollande sait également que sur le
problème mémoriel qui empêche la réelle
réconciliation des deux nations, il doit
faire plus que ses prédécesseurs,
Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, mais
sans aller trop loin, faute de quoi, il
se mettrait à dos ces Français nombreux
encore à considérer que c'est aller
contre "l'honneur" de la France à
déclarer que des crimes de guerre et
contre l'humanité ont été commis en son
nom. La France est une grande puissance
même si son statut de la sorte est sorti
amoindri du conflit de la Deuxième
Guerre mondiale. Elle est un acteur
d'importance sur la scène
internationale. Tant en termes de poids
et d'influence économique, militaire et
politique. Le contentieux mémoriel
qu'elle a avec l'Algérie, et qu'il
faudra bien apurer un jour, ne justifie
pas que certains en Algérie avancent
l'exigence de n'entretenir avec elle
aucune relation et de refuser toute
forme de partenariat ou de recherche de
terrain d'entente et de convergence sur
des dossiers ou problèmes multiformes
aussi importants pour les deux pays du
point de vue de leur intérêt national.
Ce serait un succès de la visite d'Etat
de François Hollande en Algérie qu'il se
dégage entre les deux pays une
plateforme de ce genre qui baliserait le
partenariat qui s'impose à eux.
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