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MORTS EN UNE SEMAINE DE COMBATS EN PALESTINE
Un périlleux engrenage
Karim MOHSEN
Malgré
la nouvelle trêve cautionnée par Abbas et Mechaâl, les
affrontements se sont poursuivis hier à Ghaza.
Les
partisans du Hamas et du Fatah continuaient, hier, à se battre,
en dépit de l’accord de cessez-le-feu auquel sont parvenus
vendredi soir le président palestinien, Mahmoud Abbas, et le
leader du mouvement islamiste Hamas, Khaled Mechaâl. La nouvelle
trêve n’aura tenu au final que quelques heures. Les
affrontements de jeudi et vendredi se sont soldés par la mort de
25 personnes, qui viennent s’ajouter aux 35 tués dans la
courant de la semaine, alors que l’on comptabilisait plus de 250
blessés, un bilan tragique pour les Palestiniens qui
s’entretuent, alors que la priorité était ailleurs et
consistait en la libération des territoires palestiniens. En
retournant les armes contre leurs frères, les Palestiniens ont
franchi une ligne rouge que d’aucuns avaient estimé inviolable
dans le contexte qui est celui du conflit israélo-palestinien.
Or, Hamas et le Fatah pour des raisons de pouvoir et de suprématie,
l’ont fait remettant en cause tout ce que le peuple palestinien
a réalisé ces dernières décennies pour édifier son Etat indépendant.
Les deux mouvements oublieux de la réalité de la situation qui
est la leur et qui est celle du peuple palestinien, qui souffre
dans sa chair et dans son honneur d’une occupation humiliante,
se conduisent en revanche comme des bandes «de fort-à-bras»
avides de règlements de compte. Le fait que l’appel de MM.Abbas
et Mechaâl soit resté lettre morte auprès de la base des deux
mouvements, dit bien que des deux côtés, des extrémistes sont
prêts à passer le point de non-retour. Plusieurs accords de
cessez-le-feu ont été conclus entre les deux mouvements, mais
n’ont tenu que quelques jours. Le dernier en date, entré en
vigueur mardi, n’a pas plus duré à la suite de l’embuscade
tendue jeudi par des éléments du Hamas à un convoi soupçonné
de transporter des armes aux forces du Fatah. Par ailleurs, des
inconnus ont incendié dans la nuit de jeudi à vendredi l’Université
Al-Quds à Khan Younès (sud de la bande de Ghaza), proche du
Fatah, alors que des combats se sont déroulés jusqu’au sein du
campus de l’université islamique de Ghaza, un des bastions du
Hamas. Aussi, il est à se demander si la réunion prévue ce
mardi à La Mecque entre Mahmoud Abbas et Khaled Mechaâl,
n’intervient pas un peu tard et à un moment où les esprits ne
semblent pas réceptifs, plus préoccupés de revanche. L’arrivée
de Hamas à la tête du gouvernement palestinien à la suite de sa
victoire aux législatives de janvier 2006, a ouvert une crise
politique qui perdure jusqu’à ce jour et immobilisé le
semblant de vie politique dans les territoires palestiniens occupés.
situation aggravée par la décision des Etats-Unis et de l’Union
européenne de couper l’aide financière à l’Autorité
palestinienne, embargo conforté ensuite par l’arrêt similaire
pris l’an dernier par le quartette (USA, UE, Russie et ONU) de
boycotter les instances gouvernementales palestiniennes dirigées
par le Hamas, tant que ce dernier n’aura pas reconnu Israël,
renoncé à la violence et accepter les accords antérieurs signés
entre l’Etat hébreu et l’OLP. De fait, lors de sa réunion de
vendredi à Berlin, le quartette a maintenu le boycott et réaffirmé
ses exigences envers le Hamas, qu’il soumet, depuis un an, à un
embargo financier tant qu’il ne reconnaîtra pas Israël.
Question: un mouvement de libération peut-il reconnaître un Etat
(Israël en l’occurrence) qui occupe les territoires de son
peuple et contre lequel il se bat? Voilà un préalable qui
n’existe ni dans le droit international, ni n’a de précédent
quand les représentants des grandes puissances mondiales somment
un mouvement de libération de reconnaître l’Etat qui occupe
son pays et fait souffrir son peuple, alors que ce même Etat
(Israël) est exonéré de toute pression, même pas celle de mise
en garde contre les activités qu’il mène en Cisjordanie
(agrandissement des colonies de peuplement) en sus de la
construction du «mur de l’apartheid» qui morcelle le
territoire palestinien rendant l’érection d’un Etat indépendant
aléatoire. Certes, le quartette s’est accordé vendredi sur la
nécessité d’accélérer la création d’un Etat palestinien
alors qu’il sait qu’Israël fait tout pour rendre cette édification
impraticable et peu fiable. La présidence palestinienne, à
l’instar du Hamas, a dénoncé hier le refus du quartette de
lever le boycott international. Ismaïl Radouane, porte-parole du
Hamas, a condamné une «politique de deux poids, deux mesures»
qui «ne contribue pas à la paix et à la sécurité au
Moyen-Orient» alors que Nabil Abou Roudeina, porte-parole de
l’Autorité palestinienne quelque peu déçu, a de son côté
indiqué: «Nous nous attendions à ce que le Quartette décide
de lever le siège injuste imposé au peuple palestinien, pour
mettre fin aux souffrances de la population et créer les
conditions favorables à la reprise du processus de paix». Il
faut déplorer cependant le fait que le quartette ait épousé la
position américaine, trop favorable à l’une des parties (Israël),
ne prenant pas en compte la nature du conflit israélo-palestinien
qui est et reste la décolonisation et la libération des
territoires palestiniens occupés par Israël, quand aucune
pression n’est faite sur l’Etat hébreu pour le contraindre à
se mettre en conformité avec les résolutions du Conseil de sécurité
sur le retrait des soldats israéliens des territoires
palestiniens et d’El Qods-Est. Car, c’est celui-là le problème
qui est encore et toujours l’occupation par Israël de
territoires reconnus palestiniens tant par l’ONU que par la
communauté internationale et que le quartette prétend
solutionner sans exiger d’abord qu’Israël applique
rigoureusement toutes les résolutions de l’ONU attachées au
conflit israélo-palestinien.
Publié
avec l'aimable autorisation de l'Expression
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