Opinion
Un Etat en
confetti
K. Selim
Le premier
ministre du Qatar, le cheikh Hamad ben
Jassem Al-Thani
Photo: AFP/STR
Jeudi 21 février
2013 Le Premier
ministre du Qatar a-t-il menacé le
représentant de l'Algérie à la Ligue
arabe d'un méchant «votre tour viendra»
?Personne n'en est vraiment certain mais
le sujet intéresse énormément
d'Algériens. Qui pour pourfendre un
«confetti» qui se prend pour le centre
du monde, une sorte de «Qatar Oum-Eddounia»
qui ferait rire conjointement - c'est
rare - les persifleurs d'Algérie et
d'Egypte ! Qui pour y voir une «preuve»
de plus que l'Algérie est la prochaine
dans la «liste» du complot ourdi alors
que manifestement les Algériens ont
cessé de suivre quiconque se pique
d'essayer de les mettre dans la rue.
Après tout, ils ont cher payé pour ne
plus foncer tête baissée derrière des
hommes et des sigles qui ne disent ni
qui ils sont, ni ce qu'ils veulent et
par quels moyens ils le veulent. Depuis
le «régime dégage» du début 2011 qui n'a
pas drainé grand monde et l'absentéisme
électoral, les Algériens envoient avec
entêtement un message subliminal aux
gens du système : vous avez créé
l'impasse, débrouillez-vous avec ! Et la
tonitruante lettre de Hocine Malti ne
fait que les convaincre de rester à
l'écart des bagarres du système. C'est
leur affaire, pas celle des Algériens !
Bref, les Algériens ont appris avec les
vicissitudes à ne plus s'engager dans
les fictions, ils préfèrent attendre du
solide, du sérieux, quitte à déplaire à
ceux qui pourfendent leur «immobilité»
et leur «renoncement». C'est dire qu'Al-Jazira
et le Gaz du Qatar réunis ne seront pas
en mesure de faire un «printemps» si
tant est qu'ils le veulent ! Il reste
que ce bouillonnement dans Internet, ce
buzz autour d'une altercation qui est
peut-être purement imaginaire, mérite
une explication ou une mise au point.
On attend donc toujours avec impatience
que M. Amar Belani, porte-parole des
Affaires étrangères - il a fermé son
compte Facebook mais il doit être resté
«branché» ! -, nous éclaire, comme cela
lui arrive parfois, sur la réalité de
cette «prise de bec» entre l'ambassadeur
d'Algérie au Caire et le Premier
ministre, ministre des Affaires
étrangères du Qatar. Cela fait partie du
service public de l'Etat d'éclairer
l'opinion des internautes, ceux qui se
sentent «blessés» par «l'arrogance» du
très médiatique Premier ministre du
Qatar. Le «secret» des débats à la Ligue
arabe ne peut être invoqué dans ce genre
d'affaires. Si vraiment Cheikh Hamad bin
Jassim Al-Thani a menacé l'Algérie, il
faut lui répondre de manière publique et
claire. Si cette histoire est une
fabrication, il faut y mettre fin au nom
de «l'amitié»officielle qui existe entre
Alger et Doha.
Pour le reste, dans son blog, notre ami
et confrère Akram Belkaïd a mis le doigt
sur les raisons qui font que le petit
Qatar a, aujourd'hui, une présence
internationale plus forte que celle
d'une Algérie, héritière d'une
révolution qui lui a donné une
formidable aura internationale. Le Qatar
a l'argent et la protection du parapluie
américain. Des pays comme l'Algérie ne
peuvent concurrencer sur ce registre. Ni
d'ailleurs défendre leurs positions
comme en témoigne notre attitude
défensive sur l'affaire libyenne et sur
le Mali. «Pays absent de la scène
internationale et producteur d'outardes
pour les chasses royales du Golfe… Pays
que l'on peut donc tancer à volonté :
c'est peut-être ainsi que le Qatar
regarde aujourd'hui l'Algérie… La
question étant, à qui la faute ?»,
écrit-il.
Des hommes d'expérience, comme
Abdelhamid Mehri, ont apporté une
réponse à cette question : un
gouvernement qui n'est pas fondé sur des
institutions qui bénéficient d'un appui
fort de sa population n'est pas en
mesure de défendre sérieusement les
intérêts du pays. Et c'est vrai, si
l'Algérie ne change pas, si ses
institutions ne cessent pas d'être un
simple décor, si les citoyens ne sont
pas éclairés sur les enjeux par une
scène politique libre, animée et
diversifiée, notre tour finira par
venir…
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