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Al-Ahram Hebdo
Echec anticipé
Inès Eissa
Photo: Al-Ahram
Hebdo
Mercredi 15 décembre 2010
Processus de paix.
Les dirigeants palestiniens ont accueilli très fraîchement, sans
cacher leur scepticisme, les déclarations de Hillary Clinton en
vue d’une hypothétique relance du processus de paix via des
négociations indirectes avec Israël.
Face
à l’échec de la stratégie de l’administration Obama, qui n’a pas
réussi à obtenir d’Israël un nouveau gel de la colonisation, la
secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a proposé de donner
un nouvel élan aux négociations, pour sortir le processus de
paix israélo-palestinien de l’impasse des colonies, appelant les
deux parties à s’attaquer sans délai au fond du dossier. « Nous
allons pousser les parties à présenter leurs positions sur les
sujets-clés sans délai et en détail », a déclaré la secrétaire
d’Etat américaine à Washington, dans un discours prononcé face à
de nombreux responsables politiques des deux camps. « Les
Etats-Unis ne seront pas un partenaire passif », a-t-elle
promis. « Nous travaillerons à réduire les désaccords, en posant
les questions difficiles, en attendant de vraies réponses et en
proposant nos idées quand cela sera nécessaire », ajoute-t-elle.
Celle-ci s’exprimait quelques jours après l’annonce que
Washington renonçait à obtenir d’Israël un nouveau moratoire sur
la colonisation juive en Cisjordanie. Cette question lancinante
a empoisonné le processus de paix, conduisant à l’interruption,
à peine un mois après son lancement en septembre, du dialogue
direct que Washington avait réussi à rétablir entre Israël et
les Palestiniens. Ces derniers ont d’ailleurs répété avec force,
toute cette semaine, qu’une reprise du dialogue direct était
exclue tant que la colonisation continuera.
D’ailleurs, la proposition de Clinton a été accueillie avec
scepticisme par les dirigeants palestiniens. « Les Etats-Unis
remettent sur le tapis des négociations indirectes avec Israël,
ce qui veut dire qu’ils n’ont rien à proposer pour le moment »,
a déclaré le négociateur palestinien Mohammed Shtayyeh. « Il
n’est pas raisonnable que les Etats-Unis s’abstiennent de
prendre position et laissent les parties négocier sans fixer
d’objectif final », a-t-il estimé.
En
rappelant que depuis 19 ans, Israël et les Palestiniens
négocient en vain, en référence à la conférence de Madrid de
1991 qui avait lancé le processus de paix, il a réclamé à
Washington une position plus ferme face à Israël.
Selon Shtayyeh, elle devrait consister à reconnaître un Etat
palestinien dans les frontières d’avant la guerre israélo-arabe
de juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, ou du moins
annoncer que tel sera l’objectif final des négociations. Mahmoud
Abbass ne cachait pas son soupçon, en rejetant « l’ancien mode
de négociations et son cortège de réunions » sans résultats. «
Au bout du compte, nous aurons perdu encore une année et on nous
dira alors que l’administration (américaine) ne peut
s’impliquer, vu qu’elle est absorbée par les préparatifs des
élections » présidentielles, a-t-il souligné.
Côté
israélien, le cabinet réuni dimanche s’est abstenu de réagir
officiellement, tout en laissant apparaître des désaccords
internes. Baignant dans l’ironie et le ridicule, l’entité
sioniste fait la victime, en faisant croire, par le biais de son
ministre de l’Environnement Gilad Erdan, qu’elle va continuer à
œuvrer pour la paix, étant bien entendu que son prix ne soit pas
tel qu’il menacerait son existence et son avenir, tout en
écartant un retrait global de la Cisjordanie et d’Al-Qods-Est.
Erdan a fait savoir que le gouvernement n’était pas prêt à
discuter des questions-clés du conflit « un chronomètre à la
main » sous la pression américaine. De sa part, Netanyahu
lui-même a désavoué son ministre de la Défense Ehud Barak, qui a
évoqué à Washington l’hypothèse d’une partition de Jérusalem
dans le cadre d’un règlement de paix. « Jérusalem sera discuté à
la fin (...) Jérusalem-Ouest et les (quartiers) juifs pour nous,
les quartiers arabes peuplés de réfugiés pour eux, et une
solution négociée pour les lieux saints », a prévenu M. Barak,
chef du Parti travailliste (centre-gauche).
Un
responsable du bureau de Netanyahu a affirmé que les
commentaires du ministre de la Défense ont été exprimés sans la
moindre coordination avec le premier ministre. « Ils
représentent des opinions connues depuis longtemps (de M. Barak)
mais certes pas les vues du gouvernement », a-t-il ajouté. Une
opinion partagée par Benyamin Ben Eliezer, l’un des ministres
travaillistes, qui a évoqué la menace d’un départ de son parti
du gouvernement si les « négociations de paix sont gelées » du
fait de l’intransigeance d’Israël. Dans cette optique,
l’émissaire américain, Washington, a dépêché à cet effet, pour
une énième tournée dans la région, l’émissaire américain George
Mitchell qui va reprendre son bâton de pèlerin et devra
rencontrer Benyamin Netanyahu et le président palestinien
Mahmoud Abbass. Mme Clinton veut amener les parties, chacune en
tête-à-tête avec les Etats-Unis, à se concentrer désormais sur
les paramètres centraux d’un accord de paix : la question des
frontières, celle du statut de Jérusalem, celle des réfugiés et
le sort définitif des colonies. « Si les Etats-Unis n’ont même
pas pu convaincre les Israéliens de geler les colonies, comment
pourront-ils les persuader des questions aussi cruciales que
Jérusalem, les réfugiés ou les frontières ? », s’est interrogé
l’analyste palestinien Hani Al-Masri.
Droits de reproduction et de diffusion réservés. ©
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Publié
le 15 décembre 2010 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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