Le gouvernement
israélien
veut « combattre » Oumma.com Hicham
Hamza
Mardi 18 juin 2013
Exclusif. A l’issue d’un
colloque international organisé -fin
mai- à Jérusalem, le gouvernement
Netanyahu a pointé du doigt le site
Oumma.com, accusé d’alimenter «
l’antisémitisme et l’antisionisme ».
Interrogé sur le qualificatif de
« traître » employé à son propos
par l’ancien vice-Président Dick
Cheney, Edward Snowden, auteur des
divulgations sur la
surveillance secrète de la NSA, a
répondu hier qu’il s’agissait du
« plus grand honneur qu’on puisse faire
à un Américain », notamment de la
part d’un
homme co-responsable de la guerre
« trompeuse » contre l’Irak.
Découvrant la charge virulente -à son
encontre- d’un gouvernement israélien
dirigé par un extrémiste notoire, Oumma
peut se dire aujourd’hui également
« honoré » d’être désigné comme une
cible.
A l’issue de cette réflexion produite
par
dix groupes de travail, un document
officiel, constituant une synthèse des
discussions, fut publié par le site du
ministère. Dans un chapitre intitulé
« Les principaux facteurs derrière les
expressions de l’antisémitisme parmi les
Français musulmans », un paragraphe
est consacré à « Internet ».
Lors du colloque, le Web et sa liberté
d’expression étaient
au cœur des préoccupations. Voici ce
que l’on peut lire à propos des
internautes français :
« Depuis que la haine des Juifs
et la haine d’Israël ont démontré leur
puissance à rassembler des musulmans
issus de parcours différents, celles-ci
sont souvent la tendance dominante de
plateformes islamiques populaires du web
en France telles oumma.com et
saphirnews.com.
Dans la majorité des cas,
l’antisémitisme se déguisera en
antisionisme afin d’éviter les sanctions
judiciaires ».
A l’image de
l’esprit qui
anima le rassemblement, le reste du
compte rendu est à l’avenant : reprenant
un syllogisme cher aux radicaux de la
mouvance sioniste, toute critique
d’Israël est considérée comme de
« l’antisionisme » et tout
antisionisme est assimilé à de
« l’antisémitisme ».
Qui pouvait bien avoir suggéré au
gouvernement israélien de pointer du
doigt Oumma.com ? Quel est donc ce
citoyen, à ce point hostile envers le
premier site d’information
à
destination de la communauté
musulmane francophone ? Un militant
ultra-sioniste quelque peu irrité de
lire des articles
dénonçant les
violations des droits de l’homme
commises par le
régime de Tel-Aviv ? Un chantre des
barbares djihadistes
en Syrie qui s’offusque de voir
Oumma donner la parole aux opposants à
tout armement des « rebelles » ?
Ou bien un
musulman qui a compris que se
présenter comme un « modéré »
qui
déplore le prétendu antisémitisme
consubstantiel de ses coreligionnaires
était le meilleur moyen de s’assurer
rapidement une ascension sociale et
médiatique à peu de frais ? Bingo.
Lorsqu’on consulte jusqu’au bout le
document qui qualifie Oumma de site
« antisémite », on découvre le
patronyme du
personnage truculent ayant inspiré
ce rapport officiel : Hassen Chalghoumi.
Image mise
en ligne sur le site du ministère
israélien des Affaires étrangères
Présenté comme un « orateur
populaire » et « rassembleur »
dont l’inscription de ses enfants
en école catholique serait un « acte
exemplaire d’intégration », l’imam
de Drancy a bel et bien
participé à ce colloque. C’était le
jeudi 30 mai.
A gauche,
Hassen Chalghoumi; au centre,
l’Australien Jeremy Jones
Un enregistrement
vidéo de son intervention est visible
sur le compte Youtube du ministère
israélien des Affaires étrangères.
L’homme dont la déclaration complète a
été synthétisée ensuite par écrit ne
s’en prend pas uniquement à Oumma
et Saphir mais également au site Al-Kanz
ainsi qu'au Collectif Cheikh
Yassine.
Enjoy.
La rancœur
« un peu nerveuse » d’Hassen
Chalghoumi à l’encontre d’Oumma
s’explique aisément : nous avons été les
premiers -dès
2010- à démystifier, de manière
étayée, le personnage et ses artifices.
Oumma a également
démontré la propension au mensonge
de l’homme présenté par certains comme
«l’imam des lumières » ou
« l’honneurdes
musulmans ». Nouvelle
illustration : le 10 juin, Hassen
Chalghoumi n’a pas hésité à recourir,
encore une fois, à l’art de la
contre-vérité en
affirmant à des
parlementaires belges que notre
site, basé en France, ne pouvait être
fermé car il était « hébergé à
l’étranger ». Enfin, nous avons
aussi
révélé ses propos discriminatoires
qui lui ont d’ailleurs valu une
nomination aux derniers Y’a Bon
Awards.
En filigrane, une heureuse nouvelle
transparaît de toute cette histoire :
que le gouvernement israélien en vienne
à utiliser Hassen Chalghoumi comme un
expert de l’antisémitisme
franco-musulman permet de déduire qu’ils
n’ont trouvé personne d’autre pour
accomplir le «sale boulot ». Espérons
que les diplomates américains et
israéliens en poste à Paris auront ainsi
matière à discussion, les premiers ayant
estimé « remarquable »,
et non pas « antisémite », le
site d’Oumma. Quant au
président autoproclamé de la
« Conférence des imams », nous lui
souhaitons fraternellement un bon voyage
à Rome : Hassen Chalghoumi a bientôt
rendez-vous,
cela ne s’invente pas, avec le pape
François.
Bonus : pour
en savoir plus sur Benyamin Netanyahu
-l’instigateur de ce colloque, voici, en
exclusivité pour les lecteurs d’Oumma,
l’extrait inédit d’un ouvrage rédigé par
l’auteur de ces lignes et intitulé
Israël et le 11-Septembre : le grand
tabou.
« Le jour de la tragédie, Netanyahu
avait fait savoir à un reporter
du
New York Times que les
attentats étaient « une très bonne
chose » pour les relations
israélo-américaines avant de se
corriger, précisant que ce n’était
« pas très bon mais que cela suscitera
une immédiate sympathie ».
En 2008, face à un public israélien,
Netanyahu prendra pourtant moins de
précautions oratoires : « Nous
bénéficions d’une chose, et il s’agit de
l’attaque sur les Tours jumelles et le
Pentagone, ainsi que du combat américain
en Irak ».
Le 13
septembre 2001, il s’était déjà
exprimé sur la chaîne NBC,
reprenant exactement le discours de
Barak à propos de la « guerre
contre le terrorisme » devant
impliquer l’Irak et l’Iran. Il avait
également rappelé qu’il avait lui-même
envisagé, dans un ouvrage paru en 1995
– deux ans après le premier attentat
contre le World Trade Center –, l’usage
futur d’une « bombe
nucléaire » contre les Tours
jumelles.
Faisant un nouveau parallèle avec
Arafat, Netanyahu avait mis en garde
l’Amérique contre le risque d’un
attentat plus considérable dans l’avenir
si Washington n’intervenait pas de
manière radicale contre les groupes et
les États qualifiés de
« terroristes ». Il réitéra cette
menace le lendemain, lors d’un entretien
accordé à la chaîne
Fox News, en comparant les objectifs
des terroristes à ceux de
« l’Allemagne nazie ». Une semaine
plus tard, ce sera au tour du
New York Post de publier la
tribune va-t-en-guerre de Netanyahu,
intitulée – à l’instar du titre du
célèbre
éditorial du Français
Jean-Marie Colombani ou de la
citation de l’Allemand
Peter Struck – : « Aujourd’hui,
nous sommes tous Américains ».
Lors d’un récent
débat consacré à l’islamisme, le
journaliste Alexis Lacroix rapporta (à
23’) que l’expression avait été, en
réalité, suggérée à l’ex-directeur du
Monde par l’historien
Alexandre Adler dont la belle-tante,
Annie Kriegel, fut l’une des
rares personnalités françaises à
participer à la « Conférencede
Jérusalem sur le terrorisme
international », organisée – en
1979 – par Netanyahu.
Le 24 septembre 2001, l’ex-Premier
ministre israélien aura même droit aux
honneurs du
Sénat américain pour développer sa
thèse. Sa proximité avec les
parlementaires – devant lesquels il a
soutenu l’idée, chère
à
son cœur, d’une intervention en
Irak – ne se démentira plus
par la suite.
Dans l’interview de NBC, Benyamin
Netanyahu n’omet pas, comme il le fera
à plusieurs autres reprises, de se
poser comme le Cassandre du
11-Septembre. À juste titre :
depuis 1979, la « guerre
internationale contre le terrorisme »
est un concept qu’il a contribué à
formuler et propager dans l’opinion
publique américaine.
En 1981, à l’âge de 32 ans, le jeune
diplomate israélien,
traumatisé par la
mort – en
1976 – de son
frère Yonatan, lors d’une
prise d’otages en Ouganda, avait
déjà publié son premier ouvrage sur la
question.
Les
années 80 seront celles de l’ascension
de celui que les médias américains
surnommeront rapidement, avec affection,
« Bibi ». Devenu l’ambassadeur
d’Israël à l’ONU, Netanyahu se fait
remarquer par ses talents de communicant
et sa propension à décliner sans cesse
son sujet fétiche. Quitte à abandonner
le langage feutré de la diplomatie : le
thème sous-jacent de sa bataille
idéologique consistait à attiser une
« haine anti-arabe et anti-musulmane »
selon l’universitaire
américano-palestinien Edward Saïd.
Lorsque les attentats du 11 septembre
2001 sont survenus, sa parole trouva un
écho grandissant dans la classe
politique américaine. Son dernier livre
sur la question fut immédiatement
réédité.
Né en 1949 à
Tel-Aviv, l’homme, originaire d’une
famille de Lituanie, est un pur produit
des années Reagan. Il passe son enfance
à Jérusalem et son adolescence à
Philadelphie, aux États-Unis, avant de
revenir
en 1967 en Israël pour intégrer une
unité secrète de l’armée,
sous le commandement de son futur
rival du Parti travailliste, Ehud Barak.
Figure éminente d’un nationalisme
teinté d’ultra-libéralisme
et adepte du tout-sécuritaire, Netanyahu
est également un
suprémaciste religieux, dans la
lignée de son père, l’historien Ben-Tzion
Netanyahu.
Celui-ci fut un
personnage-clé de la mouvance terroriste
de l’Irgoun,
alors dirigée par
Menahem Begin lors du mandat
britannique sur la Palestine. Les deux
hommes partagent le culte d'Eretz
Israël : la volonté de bâtir un
territoire qui s’étendrait aux
frontières bibliques, ce qui inclurait
la Cisjordanie. Leur figure tutélaire
demeure l’idéologue à l’origine du
sionisme révisionniste,
Ze’ev Jabotinsky, dont
Ben-Tzion Netanyahu fut le
secrétaire personnel.
La carrière médiatique de Netanyahu
démarra à la faveur de la guerre du
Golfe
en 1991 : intervenant régulier sur
CNN, il confirma le charisme que les
commentateurs politiques avaient déjà
remarqué au cours des années
précédentes. Cinq ans plus tard, devenu
Premier ministre, il cultivera cependant
de
mauvais rapports avec
l’Administration Clinton, notamment en
raison de son intransigeance durant les
négociations avec l’Autorité
palestinienne.
L’un de ses premiers gestes
significatifs consistera à commander un
bref
rapport auprès de
personnalités influentes, dénommé
« A clean break : a new strategy for
securing the realm » (« Une coupure
nette : une nouvelle stratégie pour
sécuriser le royaume »).
Prônant le
remodelage du Moyen-Orient
en faveur des intérêts américains et
israéliens, ce programme sera
repris, un an plus tard, dans la
structuration du
mouvement néo-conservateur autour du
think-tank du PNAC.
Quelques mois après avoir quitté son
poste de Premier ministre, Benyamin
Netanyahu sera également surpris par une
caméra cachée en train d’affirmer,
en privé, un propos stupéfiant pour
l’ex-leader d’un pays allié aux
États-Unis : « Je sais ce qu’est
l’Amérique. L’Amérique est une chose que
vous pouvez manipuler très facilement,
manipuler dans la bonne direction ».
Les attentats du 11 septembre 2001
lui donneront raison.
Récapitulons : sur le terrain, aux
abords de New York, des agents
apparentés du Mossad se réjouissent, dès
l’impact du premier avion, d’un attentat
dont ils avaient, selon toute
vraisemblance, préalablement
connaissance. Depuis 1998, leur
directeur, Ephraïm Halevy, a servi
successivement trois dirigeants
israéliens : Benyamin Netanyahu, Ehud
Barak et Ariel Sharon. Ces hommes
entretiennent une amitié de longue date
avec les principaux responsables de la
gestion du World Trade Center : Larry
Silverstein, Frank Lowy, Ronald Lauder
et Michael Cherkasky (…) ».
Publié le 19 juin
2013 avec l'aimable autorisation
d'Oumma.com
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