OFII : Valls
remplace Klarsfeld par
un autre partisan « indéfectible »
d'Israël Hicham
Hamza
Mardi 15 janvier
2013
Le
changement dans la continuité. Lundi, le
ministère de l’Intérieur a désigné Rémy
Schwartz pour présider l’Office français
de l’immigration et de l’intégration.
Problème : cet éminent juriste est
également un dirigeant communautaire
engagé, comme son prédécesseur, aux
côtés d’Israël.
Souvenez-vous
: en novembre dernier, Oumma avait
appelé à la démission d’Arno Klarsfeld,
alors président en exercice de l’Office
français de l’immigration et de
l’intégration, en raison de son soutien,
révélé par notre site, en faveur des
derniers bombardements israéliens de la
bande de Gaza. Ce faisant, il trahissait
manifestement son devoir de réserve, sur
le plan politique, en tant que
responsable d’un organisme public sous
tutelle du ministère de l’Intérieur.
Aujourd’hui, le
Journal Officiel annonce le
remplacement d’Arno Klarsfeld par
Rémy Schwartz, nommé hier par décret du
Président de la République.
Réaction laconique de l’ex-soldat de
l’armée israélienne : « La gauche
est plus sectaire que la droite sur les
nominations. Mais en gros, je m'en fous
de me faire virer, ce qui compte c'est
le discours de François Hollande sur le
Vel'd'Hiv ».
Laïcité à géométrie
variable
Si son successeur est inconnu du
grand public, il est, en revanche,
réputé pour les spécialistes des
questions communautaires. Conseiller
d’Etat, Rémy Schwartz avait été, en
2003, le rapporteur de la Commission
Stasi, à l’origine de l’interdiction des
signes religieux -et plus
spécifiquement, du foulard islamique- à
l’école. Six ans plus tard, il était
également intervenu en faveur de la
prohibition du niqab dans l’espace
public.
Président et
cofondateur en 1995 de la Communauté
juive libérale (CJL)
d’Ile-de-France, l’homme a construit, en
parallèle, une image de
chantre de la
laïcité lors de ses interventions
devant les parlementaires à propos du
foulard à l’école ou du niqab. Ce grand
écart ne l’a pas empêché de rendre
hommage,
dans une lettre de décembre 2007, à
Jacques Chirac et Bertrand Delanoë au
sujet de leur assistance matérielle pour
consolider son centre communautaire.
Extraits :
« Monsieur le Maire, nous vous
remercions de votre témoignage d’amitié.
Nous vous exprimons bien évidemment
notre gratitude pour le soutien sans
faille que vous nous avez manifesté tout
au long de ces années et qui nous a
permis de réaliser ce centre
communautaire. Sans vous, il n’aurait pu
voir le jour. Nous tenons à exprimer
également notre gratitude à vos
prédécesseurs, le Président Jacques
Chirac qui, maire de Paris, avait mis un
local à notre disposition au tout début
de notre communauté, à l’époque où nous
nous réunissions dans un appartement.
Jamais nous n’oublierons son aide
immédiate et fondatrice. Notre gratitude
va également à Jean Tibéri qui avait
engagé la ville à conclure avec nous un
bail emphytéotique ici même, rue Moufle.
Vous avez amplifié le soutien de la
municipalité, apportant aussi une aide
décisive à notre association culturelle
Nitsa (…)Notre gratitude s’exprime aussi
à l’égard de la région Ile-de-France,
qui a elle aussi apporté une aide
importante à notre association
culturelle Nitsa, aux élus du 11ème et à
son maire qui nous ont accueilli
chaleureusement et à votre adjointe,
médiatrice de la ville, Frédérique
Calandra, qui nous a toujours aidé à
surmonter les difficultés
administratives. Notre centre
communautaire vous doit beaucoup ».
Le Nouvel Observateur du 13 avril
2006 faisait déjà savoir que « le
bâtiment appartient à la Mairie de Paris
qui a accordé un bail emphytéotique de
50 ans » tout en précisant que la
municipalité avait également débloqué
une« subvention de 250 000 euros »
à destination de ce centre cultuel
présenté comme une « association
culturelle ». Quant aux fonds
provenant du Conseil régional, ils ont
atteint la somme de 150 000 euros.
Sur la question d’Israël, Rémy
Schwartz n’affiche pas exactement une
attitude « libérale »ou progressiste si
l’on en juge par ses propos relatés dans
la même lettre :
« Enfin, nous vous savons gré de
vos voeux de sécurité pour Israël. Vous
connaissez notre attachement
indéfectible à cet Etat, si petit dans
le monde mais objet du maximum de haine.
Il n’est pas d’autre Etat dans le monde
de moins de 7 millions d’habitants sur
un confetti de territoire qui soit, sans
discontinuité depuis sa création, menacé
en permanence de destruction. S’il est
une singularité de notre pays, c’est
bien dans sa façon dont les médias ont
pu traiter Israël pendant des années,
présentant cette démocratie isolée dans
son environnement, comme le responsable
de l’essentiel des malheurs du Proche
Orient ».
De même que l’islamophobie attisée
par les lois anti-foulard et anti-burqa
de 2004 et 2009 n’a jamais fait l’objet
d’une quelconque condamnation pour celui
qui fut impliqué dans la procédure
législative, de même le sort des
Palestiniens n’est pas évoqué dans sa
plaidoirie en faveur du régime de Tel
Aviv. Dans un
entretien accordé en 2008 à la revue
Droit et Société, l’intéressé rend par
ailleurs hommage à Jean-Pierre
Elkabbach, à l’origine de la
retransmission audiovisuelle des
auditions de la Commission Stasi, ainsi
qu’à la romancière
Chahdortt Djavann -qu’il avait
personnellement sollicité- pour son
témoignage virulent
contre le voile, comparé
systématiquement à « l’étoile jaunede la
condition féminine ». D’origine
iranienne, celle qui fut conviée par
Rémy Schwartz à participer aux auditions
avait ainsi favorisé sa propre carrière
médiatique à la faveur d’une expression
alors en vogue et maintes fois répétée :
le
« fascisme islamique ».
La signature de Valls
Arno Klarsfeld avait sans doute le
tort d’être trop proche de Nicolas
Sarkozy pour demeurer dans ses
fonctions. Qu’il se rassure : Rémy
Schwartz, dont il salue aujourd’hui la
« compétence », partage les
mêmes accointances idéologiques.
Cependant, sur le fond, il n’est pas
certain que la désignation d’un
activiste communautaire, attaché de
manière « indéfectible » à
Israël et propulsé à la tête d’un
organisme chargé de l’intégration
française, soit un signe de concorde
nationale. Imagine-t-on un seul instant
Manuel Valls suggérer à François
Hollande la nomination à la présidence
de l’OFII d’un leader musulman -à la
fois culturel et religieux- de Barbès
qui aurait déclaré sa flamme pour la
Palestine ?
Publié le 16
janvier 2013 avec l'aimable autorisation
d'Oumma.com
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