L'UMP et le PS
font cause commune pour Israël
Hicham Hamza
Jeudi 5 avril 2012
Union sacrée.
Mardi, le « Congrès des amis d’Israël »
s’est tenu à Paris en présence de
nombreux représentants de la classe
politique. Oumma a fait un
passage-éclair à la soirée VIP.
Reportage.
St-Germain-des-prés
est assiégé : en plein cœur de Paris,
plus de vingt cars de gendarmerie sont
stationnés dans un périmètre extrêmement
réduit. Le but ? Protéger la modeste
foule venue dans la grande salle de la
Mutualité pour assister au
premier congrès organisé par
l’association « Les amis d’Israël».
Cette cérémonie, également encadrée par
le
CRIF et la Fondation France-Israël,
est particulièrement bunkerisée. Pour
accéder au lieu, il est nécessaire de
contourner deux ou trois barrages
policiers en montrant patte blanche
avant d’atteindre le service d’ordre de
la soirée. Muni d’un sésame pour
atteindre la salle, vous devez au
préalable passer par un portique
électronique après avoir laissé vos
affaires métalliques sur le côté. Une
quinzaine de jeunes gens scrutent dans
le hall d’entrée l’arrivée des convives
tandis que les professionnels de la
sécurité vous observent fixement dans
vos moindres faits et gestes. Ici, on
redoute visiblement le kamikaze
terroriste, surtout s’il paraît avoir la
figure du
« musulman d’apparence »
comme dirait Nicolas Sarkozy.
Dans les rangées peu occupées, un
public plutôt âgé, blanc et aisé
applaudit aux interventions les plus
chaleureuses à l’égard de l’Etat hébreu.
La guest star de la soirée est
le ministre des Affaires étrangères :
prolongeant une singulière
complaisance-signalée
auparavant par Oumma-
envers Tel Aviv, Alain Juppé a déclamé
dans un
long discours son attachement
indéfectible à l’amitié
franco-israélienne,
renforcée, suggère-t-il, par les
tueries de Toulouse-Montauban. Au
passage, l’ancien Premier ministre
n’hésite pas,
à l’instar de Jean-Luc Mélenchon, à
relayer la
légendaire menace -mensongèrement
imputée au président iranien- de
détruire Israël. Cela ne l’empêchera pas
de se faire huer par quelques
spectateurs visiblement insatisfaits par
cet exercice d’allégeance.
Love Parade
A la tribune, outre Pierre Lellouche,
Christine Boutin et Christian Estrosi,
un certain Manuel Valls, directeur de
communication de la campagne de
François Hollande, a
salué une « grande nation parmi
les nations » et rendu hommage au
« texte remarquable » de la
« proclamation d’indépendance » de
l’Etat hébreu. Oumma avait déjà
révélé l’an dernier le propos
particulièrement atypique du
député-maire d’Evry, confessant être
« lié de manière éternelle à Israël ».
Quant au reste de la gauche, elle n’est
pas en reste : hormis les écologistes et
les communistes-toujours considérés
comme indésirables par les militants les
plus sionistes, de nombreux socialistes
ont signé, pour cette occasion, « la
Chartedes Amis d’Israël
», sorte d’engagement sur l’honneur
à défendre inconditionnellement le
régime de Tel Aviv. Le sénateur David
Assouline, le député Julien Dray ou le
maire de Strasbourg, Roland Ries, y
figurent, entre autres élus.
Absent de la soirée, Jean-François
Copé, secrétaire général de l’UMP, a
transmis ses meilleurs vœux par vidéo
interposée. Sans l’autorisation
d’introduire l’équipement approprié,
Oumma a néanmoins brièvement saisi
les images -et surtout les propos- de
l’homme qui aspire ouvertement à
succéder à Nicolas Sarkozy à la
présidence de la République. Extraits.
Le congrès a
également été émaillé d’incidents,
notamment
l’expulsion du
pacifiste israélo-palestinien Ofer
Bronstein, indigné par la présence sur
place de la Ligue de Défense juive.
Outre la terreur suscitée vers 21h par
un sac abandonné, une autre péripétie
s’est produite, une heure plus tard, par
l’éviction musclée d’un homme arborant
une kippa et tenant des propos agités.
L’individu, évacué par le service
d’ordre, a rapidement disparu et n’a pas
pu être en mesure de fournir des
explications aux
rares journalistes présents.
Parmi les interventions les plus
édifiantes de la soirée, il faut relever
celle du numéro 2 du CRIF, l’avocat
Gilles-William Goldnadel, selon lequel
« soutenir Israël, c’est
s’interroger pour comprendre comment un
jeune musulman né en France peut
assassiner des enfants juifs afin de
venger des enfants palestiniens de Gaza
! ».Dans la vision de
l’avocat polémiste, Mohamed Merah
n’est plus un « salafiste », un «
islamiste » ou un « terroriste» mais
simplement un « jeune musulman ».
Poison et antidotes
Les évènements de Toulouse-Montauban
ont été évoqués, disséqués, exploités
par la plupart des acteurs de la soirée,
soucieux de
dénoncer le « nazislamisme ».
Le député-maire UMP Claude Goasguen y
voit l’occasion de rappeler son vœu :
envoyer des Français musulmans en Israël
pour les « informer de la réalité »
déformée, selon lui, par le « poison
» des médias qu’il accuse de parti
pris pro-palestinien. De retour des
Etats-Unis où il a
noué des contacts auprès de
l’American Jewish Commitee, l’élu
célébra par ailleurs «
l’intelligence israélienne », si
différente, à ses yeux, de la «
suffisance française » incarnée,
entre autres, par le Quai d’Orsay ou
l’AFP.
Quant à
Richard Prasquier, c’est à lui que
revient la mission de clôturer la soirée
par un discours particulièrement
détonnant. Après avoir estimé que «
ce ne sont pas des musulmans mais des
soldats » qui ont été tués à
Toulouse-Montauban, le président du CRIF
conclut son propos par une menace
inédite : si la classe politique et
médiatique ne devait pas reconnaître le
facteur spécifique et aggravant de
l’antisémitisme dans les tueries
imputées à Mohamed Merah, il faudra
alors songer à remettre en question
« la pérennité de la présence juive »
en France. Message à peine crypté à
l’attention de l’élite hexagonale :
acceptez notre grille de lecture ou nous
inciterons, tacitement et
progressivement, les Français juifs à
s’exiler en Israël.
French AIPAC
Le rituel controversé du
dîner annuel du CRIF est désormais
complété par ce « congrès »
pro-israélien d’un genre nouveau,
promis, à l’instar de son
homologue américain de l’AIPAC, à un
bel avenir politique. Moment solennel,
enfin, quand les organisateurs de la
soirée, parmi lesquels
l’élue UMP Nicole Guedj, se tiennent
côte à côte sur l’estrade afin
d’entonner l’hymne israélien suivi de la
Marseillaise.
Applaudissements et
ravissements sur les lèvres. C’est le
moment idéal pour s’éclipser avant que
les gros bras de la LDJ ne remarquent
l’incongruité du détachement affiché par
l’intrus d’Oumma
Publié le 5 avril
2012 avec l'aimable autorisation
d'Oumma.com
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