A la Grande
Mosquée de Strasbourg, Manuel Valls
demande sèchement qu'on l'applaudisse
Hicham Hamza
Lundi 1er octobre
2012
Matamore.
Jeudi, le ministre de l’Intérieur a
inauguré la Grande Mosquée de Strasbourg
avec un style plutôt martial.
Illustration en images.
Depuis son ascension dans les
sondages, les médias lui font les yeux
de Chimène. Manuel Valls n’est-il pas,
après tout, « l’homme le plus
puissant de France » selon
l’expression qualifiant d’ordinaire le
ministre de l’Intérieur ? Son
tempérament nerveux est désormais
édulcoré par les journalistes
politiques.
Révélée l’an dernier par Oumma, son
allégeance envers Israël -nation
étrangère et
colonialiste envers laquelle il
s’est déclaré être
« lié de manière éternelle »-
est de notoriété publique sur les
sites alternatifs mais demeure
totalement passée sous silence par les
éditorialistes de la presse classique.
Seul l’écrivain Marek Halter s’est
publiquement
réjoui d’une telle connivence
communautaire. Et même discrétion des
faiseurs d’opinion quand Manuel Valls
bombe le torse de manière outrancière :
cela ne fait plus l’objet d’un
commentaire médiatique.
Ainsi en va-t-il de sa
prestation lors de
l’inauguration de la
Grande Mosquée de Strasbourg. Jeudi
dernier, en sa qualité de ministre en
charge des cultes, Manuel Valls avait
soufflé
le chaud et le froid sur l’islam de
France, reconnaissant la liberté de
culte des musulmans tout en menaçant
régulièrement d’expulser du territoire
ceux qui, se « réclamant de l’islam
», ne cessent de « défier les
lois de la République ».
A l’occasion d’une énième envolée
contre les « prédicateurs de haine
», visiblement nombreux au regard
de l’énergie verbale qu’il leur accorde,
Manuel Valls s’est interrompu,
admonestant le public présent avec une
rudesse inhabituelle pour ce type de
cérémonie : « Vous pouvez applaudir
aussi, mesdames et messieurs ! ».
La
vidéo intégrale de son discours est
disponible sur le compte Dailymotion du
ministère de l’Intérieur. Dans cet
extrait repéré et découpé par Oumma,
Manuel Valls conclut sa diatribe
alarmiste en affirmant également qu’il
n’y a « qu’une seule communauté qui
vaille, qui s’impose : la communauté
nationale ». Il faut saluer ici la
remarquable évolution personnelle de
l’élu socialiste : en juin 2011, l’homme
affirmait plutôt « être lié, par sa
femme, de manière éternelle à la
communauté juive et à Israël ». A
moins qu’il ne s’agisse d’un double
discours, Manuel Valls semble donc avoir
désormais saisi le principe essentiel de
la laïcité : une stricte neutralité
affichée par tout élu républicain à
l’égard de chaque composante religieuse
de la société. Autrement dit : ni
traitement de
faveur, ni
paternalisme envers tel ou tel
culte.
Barbouze sous Valls
L’image qu’il renvoie sur ce thème
-son rapport aux religions- lui tient à
cœur : en mars dernier, invité à
débattre de la laïcité au
Consistoire central israélite de France,
Manuel Valls a vivement fait savoir
qu’il n’avait pas apprécié le succès sur
le web de la révélation d’Oumma faisant
état de ses accointances religieuses et
politiques. L’ex-directeur de
communication de François Hollande avait
même utilisé une métaphore quelque peu
ordurière, évoquant ce que « charrie
» Internet pour qualifier notre
article à son sujet.
Reste à espérer que Manuel Valls ne
sera pas rancunier à l’encontre d’Oumma.
Dans le cas contraire, il confirmerait
alors une
information rapportée en 2008 par
Alexandre Adler : selon l’intellectuel
proche des réseaux du pouvoir, le site
Oumma.com serait surveillé« en
permanence » par le ministère de
l’Intérieur. Une
sorte de
police politique, toujours
en place sous
François Hollande? C’est nous faire
trop d’honneur, mais en cette période
d’économie budgétaire, nous serions
ravis, par patriotisme, de voir les
valeureux fonctionnaires du
Renseignement intérieur exercer
leurs talents ailleurs. Sur
eux-mêmes, par
exemple.
Hicham Hamza,
journaliste
Publié le 5
octobre 2012 avec l'aimable
autorisation d'Oumma.com
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