L’administration Obama a choisi de favoriser les Frères musulmans au détriment de l’opposition démocratique en Syrie, dans la perspective d’un changement de régime. C’est l’Hudson Institute, agence de conseil attitrée du ministère américain de la défense, qui le dit. Le gouvernement américain entend en effet travailler avec la Turquie et la confrérie des Frères musulmans explique Herbert London, président de de l’H.I., Barack Obama ayant finalement évacué l’option « opposition démocratique ».
Dans son rapport, intitulé significativement « L’Amérique trahit l’opposition syrienne« , l’Hudson Insitute déplore ouvertement ce choix stratégique : « Il aurait été préférable de soutenir les tendances démocratiques – les organisations politiques qui ont besoin de soutien – en dépit de leur relative faiblesse en ce moment » Car, ajoute Herbert London, « ce sont ces groupes religieux et laïcs qui représentent le véritable espoir d’avenir et un contrepoids à l’influence des Frères musulmans. »
Hillary Clinton ou la préférence islamique
Too late (trop tard) ! En juillet, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton a invité les dirigeants des Frères syriens à travailler avec la Turquie pour chasser Bachar. Cette invitation, précise London, n’a pas été faite aux leaders kurdes, sunnites modérés, assyriens et chrétiens. Et Hudson de citer le cas du Conseil démocratique syrien (SDC) qui rassemble un vaste éventail de minorités religieuses et ethniques, « oublié » par le Département d’Etat. Herbert London estime que l’exclusion du SDC est une « insulte » aux forces pro-démocratie. Et le patron de l’Hudson Institute de faire état de rapports selon lesquels la confrérie des Frères musulmans jouait un rôle majeur dans les attaques contre les forces de sécurité syriennes (tiens, tiens !)
Mais justement, pourquoi privilégier les Frères par rapport aux opposants modérés ? « Du point de vue du Département d’Etat, explique le rapport, mieux vaut promouvoir la stabilité (en Syrie) même si cela signifie s’aligner sur les objectifs d’ennemis possible. Mais c’est un jeu dangereux qui non seulement place les intérêts américains dans la main des Frères musulmans, mais aussi laisse penser que le retrait des forces américaines de la région (Afghanistan et Irak) ne laisse que très peu d’options politiques aux Etats-Unis. » On peut en effet voir les choses comme ça…
D’autant plus que jusqu’à présent les Frères avaient dédaigneusement boycotté les « colloques » d’opposants syriens généreusement sponsorisés par les Américains au motif que ces réunions incluaient des organisations rejetées par le mouvement islamiste.
« Au moins, Hillary Clinton devrait écouter les arguments du SDC » regrette London dans son rapport. « Exclure cet organisme du débat sur la Syrie est une insulte à tout ce que l’Amérique prétend défendre. » Herbert London fait là preuve, peut-être, d’un certain angélisme typiquement américain : qu’il aille demander par exemple aux opposants chiites et kurdes à Saddam Hussein lâchés par Bush en 1991 après qu’il les a incités à se soulever ce qu’ils pensent des principes et de la parole américains… En tout cas, Oussama ben Laden doit ricaner dans son linceul !