Syrie
Pas d'entité kurde
en Syrie, dit le chef des Frères
Musulmans...
Gilles Munier
Gilles
Munier
Samedi 29
septembre
2012
Concernant leur
avenir dans une Syrie post-Assad, les
Kurdes de Syrie savent à quoi s’en tenir
si le
CNS (Conseil national syrien), et
plus particulièrement si l’actuelle
direction des
Frères Musulmans sa principale
composante, parvient au pouvoir. Dans
une interview au quotidien turc
Cumhuriyet, Mohammed Riad al-Shaqfa,
secrétaire général de la confrérie, a
dit clairement qu’il est
«opposé à l’établissement d’une entité
kurde en Syrie»
(1). On s’en doutait, surtout depuis
le refus du CNS au Caire, le 2 juillet
dernier, d’introduire un paragraphe
reconnaissant le peuple kurde en tant
que nation ou tout du moins lui permette
d’exercer ses droits linguistiques et
culturels. Les délégués du
PYD (Parti de l’union démocratique)
et du
CNK
(Congrès national kurde) avaient
alors quitté la salle et la réunion
s’était achevée par un pugilat !
Le lendemain, des
membres de l’opposition syrienne ont
enlevé un jeune kurde à Afrin
(au nord-ouest d’Alep) et l’ont
décapité. Poursuivis, les assassins ont
été rejoints et tués. Salih Mohammad
Muslim, chef du
PYD, a accusé l’ASL
(Armée syrienne libre) d’être
l’auteur du crime. En novembre 2011, il
déclarait à
kurdwatch.org : les
Frères Musulmans
«
ont signé un accord avec la Turquie par
lequel ils nieront l'existence des
Kurdes s'ils viennent au pouvoir en
Syrie », tous ceux qui siègent au
CNS sont des
«
sbires de la Turquie » (2).
Depuis, suite à un
accord secret avec le
PKK (Parti des Travailleurs du
Kurdistan), dont le
PYD est la branche syrienne, les
troupes et les services de
renseignements du régime de Damas se
sont quasi totalement retirés de la
région kurde, pour contenir le
soulèvement populaire à Alep et à Homs.
La photo d’Abdullah Ocalan, chef du
PKK emprisonné en Turquie depuis
février 1999, trône dans tous les
bureaux officiels.
La région kurde
syrienne est désormais contrôlée par le
PYD, sous couvert du
Congrès national kurde (CNK) créé
les 9 et 10 juillet dernier à Erbil sous
la houlette de Massoud Barzani,
président de la Région autonome du
Kurdistan irakien. Des
Comités de défense du peuple se sont
transformés en
Forces armées kurdes (YPG). Près de
Dohouk, en Irak, un camp d’entraînement
accueille les déserteurs kurdes et les
prépare à l’après-Assad. Selon Barav
Hassan, un des représentants du
CNK, un millier de membres et de
cadres du
PKK a passé la frontière syrienne
pour entraîner militairement les
militants kurdes syriens
(3).
A
kurdwatch.org qui lui demandait, fin
2011, ce qui se passerait si Damas
changeait de stratégie, Salih Mohammad
Muslim, chef du
PYD, a répondu :
«
Nous verrons ce qui arrivera ».
(1)
Leader of Muslim
Brotherhood Opposes Kurdish Entity in
Syria, par
Adib
Abdulmajid
(Rudaw
- 22/9/12)
http://www.rudaw.net/english/news/syria/5231.html
(2)
Interview
deSalih Mohammad
Muslim
(Kurdwatch
– 8/11/11)
http://www.kurdwatch.org/index?aid=2182
(3)
PYD Accused of
Abuse of Power in Kurdish Areas of
Syria, par
Hevidar Ahmed
(Rudaw
- 18/9/12)
http://www.rudaw.net/english/news/syria/5214.html
(4)
Interview
deSalih Mohammad
Muslim
(Kurdwatch
– 8/11/11)
http://www.kurdwatch.org/index?aid=2182
© G. Munier/X.
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Publié le 4 octobre avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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