Opinion
Affaire Dhina :
Ubu roi... à Alger
Gilles
Munier
Vendredi 22 juin
2012
Cinglant désaveu
pour le gouvernement algérien et les
généraux qui dirigent en sous main le
pays - et avertissement du Ciel,
diront certains - Mourad Dhina,
un des fondateurs du mouvement
d’opposition Rachad (Droiture) -
incarcéré depuis janvier à la prison de
la Santé, à Paris - devrait être
libéré le 4 juillet prochain qui, comme
par hasard, est la date choisie pour
allumer les feux d’artifice célébrant le
50ème anniversaire de
l’indépendance !
Il aura tout de
même fallu six mois, et attendre la fin
de la campagne et les résultats des
élections législatives en Algérie, pour
que la Chambre d’instruction de la Cour
d’appel de Paris constate que la demande
d’extradition de l’opposant algérien
n’était pas fondée. Comme la justice
suisse l’avait fait il y a quelques
années, les accusations portées contre
lui en 2004 - constitution d’un
réseau terroriste, achat d’un avion pour
assurer la liaison entre les membres de
ce dernier - étaient une pure
fabrication du DRS, police politique du
régime militaro-civil.
Mercredi 20 juin,
l’avocat général, Jean-Charles Lecompte,
s’est donc déclaré « défavorable »
à l’extradition de Mourad Dhina en
Algérie, compte tenu des «
incohérences », des «
approximations » et de nombreuses
« discordances » dans les documents
transmis. Le magistrat est même allé,
jusqu’à qualifier la justice algérienne
d’ « ubuesque ». En effet, les
documents transmis par la justice
algérienne étaient en contradiction avec
ceux justifiant la demande d’extradition
… Il s’avérait que Samir Hamdi Bacha,
l’intermédiaire qui aurait acheté
l’avion et qui aurait accusé Mourad
Dhina de lui avoir remis les 52 000$
nécessaires, en fait…l’avait mis hors de
cause ! Le Tribunal criminel d’Alger
avait même acquitté Bacha le 20 juin
2005.
Algérie : Etat
de fait
Prenant la parole,
Mourad Dhina a déclaré que son procès
prouve une fois encore l’absence d’un
« Etat de droit » en Algérie, le
régime qui y gouverne n’étant qu’un «
Etat de fait ». Au-delà de son
modeste cas, a-t-il ajouté, des milliers
de prisonniers croupissent dans les
geôles de son pays, et qu’en matière de
justice, la situation est bien telle que
l’a qualifiée l’avocat général :
ubuesque.
Mardi dernier,
justement, l’arrestation à Relizane –
à l’ouest d’Alger - de Hadj Smaïn,
ancien vice-président de la Ligue
algérienne des droits de l’homme (LADDH),
69 ans, en a donné un nouvel exemple
(1). Cette personnalité respectée
est connue pour son soutien aux familles
accusant la milice gouvernementale
locale d’avoir fait disparaître
plusieurs dizaines de personnes
soupçonnées d’appartenir au Front
Islamique du Salut (FIS) dissout,
entre 1993 et 1997.
(1)
L’arrestation du militant des droits
humains Hadj Smaïn rouvre le dossier des
disparus
http://www.la-laddh.org/spip.php?article1296
Sur le même sujet,
lire aussi :
La décision absurde
d’arrêter l’opposant algérien Mourad
Dhina
lhttp://0z.fr/vuI4C
Ce que cache
l’arrestation de Mourad Dhina
http://0z.fr/eb1ar
L’arrestation de
Mourad Dhina et les élections
législatives de mai en Algérie
http://0z.fr/4mUOl
Algérie : les
élections du 10 mai contestées
http://0z.fr/lhzOp
© G. Munier/X.
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Publié le 22 juin 2012 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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