Les
actualités du droit
Le Coordonnateur
humanitaire de l'ONU exhorte Israël
à lever le blocus qui asphyxie Gaza
Gilles Devers
Cette
carte est à jour et précise. Elle montre
notamment
comment l'arbitraire "zone de sécurité"
empiète sur le territoire et la mer
Vendredi 16 août 2013
Le rétablisseur de
démocratie Abdel Fattah Al-Sissi a
décidé de fermer le passage de Rafah. Le
passage de Rafah…
Le territoire
palestinien de Gaza se présente comme un
bande de terre de 6 à 10 km sur 40, avec
pour voisins au Sud l’Egypte, au Nord et
à l’Est, Israël et à l’Ouest la mer,
c’est-à-dire en fait Israël, qui bloque
tout accès, sans même respecter les eaux
territoriales.
Il s’agit d’un
territoire occupé, au sens de la IV°
Convention de Genève, comme le reconnait
même le Conseil de sécurité, car Israël
exerce un contrôle militaire permanent
sur ce territoire. Aussi, Israël,
puissance occupante, à l’obligation
d’assurer la protection de la population
civile. Au lieu de cela, Israël impose
un blocus, en violation du droit
international.
Il n’existe qu’un
point de passage pour les marchandises
et les (rares) personnes : c’est la
porte d’Erez, à la limite Nord de Gaza,
donc vers Israël. Au Sud, c’est la porte
de Rafah, qui ouvre vers l’Egypte. Dans
le cadre du génial processus de Camp
David, Rafah est interdit au passage des
marchandises. Ne sont autorisés que les
personnes et le matériel médical. Cette
interdiction stupide et illégale, car
l’Egypte n’a aucun droit pour pratiquer
cette ségrégation, a eu pour conséquence
la création des fameux tunnels, car le
peuple gazaoui a le droit de vivre.
Sous Moubarak,
Rafah ne laissait passer les personnes
que par exception. Le régime s’était
assoupli depuis la Révolution
égyptienne. Il restait très restrictif
pour les sorties de Palestiniens, mais
de nombreuses personnes et délégations
ont pu se rendre à Gaza, où ils étaient
magnifiquement accueillies.
C’est donc le
retour à la période Moubarak, mais il
faut garder à l’esprit que la contrainte
essentielle est le blocus imposé par
Israël. L’Egypte de Morsi ne s’était pas
risqué à accepter le passage du matériel
par Rafah, préférant l’hypocrisie de
l’économie des tunnels. Il n’en reste
pas moins que c’est une nouvelle période
d’isolement renforcé, alors que le
blocus pèse tant déjà sur la population.
Evoquer Gaza, pour
dire que les habitants sont victimes des
agissements illégaux de la puissance
occupante, c’est s’attirer un procès en
en partialité et en obscurantisme.
Aussi, je vous livre-ci-dessous un récit
objectif, celui du Coordonnateur
humanitaire des Nations Unies pour les
territoires palestiniens occupés, James
W. Rawley, publié sur le site de l’ONU
ce mois de juillet.
Chacun pourra ainsi
mesurer les désastres que cause la
politique illégale de la puissance
occupante, au vu et au su de tout le
monde.
James W. Rawley a
exhorté mercredi le Gouvernement
israélien à lever les restrictions à la
libre circulation des personnes et des
biens dans la bande de Gaza. Il venait
de rencontrer des agriculteurs et des
pêcheurs palestiniens dont les moyens de
subsistance ont été ruinés par le blocus
israélien.
« L'impact des
restrictions imposées par Israël, dont
certaines ont été mises en place depuis
plus d'une décennie, a considérablement
réduit les moyens de subsistance des
familles de Gaza, comme celles des
agriculteurs et pêcheurs que nous avons
rencontrés aujourd'hui », a déclaré M.
Rawley, dans un communiqué de presse.
« Ces restrictions,
qui touchent particulièrement les plus
pauvres, entravent le développement
d'une économie durable et aggravent la
dépendance à l'aide », a-t-il ajouté.
Sa visite à Gaza
intervient alors que le Bureau de la
coordination des affaires humanitaires (OCHA)
a publié un rapport qui souligne que les
restrictions à la circulation des
personnes et des marchandises en
provenance et à l'intérieur de la bande
de Gaza participent à la détérioration
des conditions de vie des 1,7 millions
de personnes vivant dans cette région de
Palestine.
« Un nombre
considérable des restrictions actuelles,
imposées au début des années 1990, ont
été renforcées en juin 2007, après la
prise de pouvoir du Hamas à Gaza et
l'imposition d'un blocus par Israël », a
rappelé M. Rawley.
Selon des
évaluations récentes de l'OCHA, 57% des
habitants de Gaza n'ont pas les moyens
de s'acheter de la nourriture, 80% des
familles dépendant d'une forme d'aide
internationale.
« L'économie est
tributaire des dépenses publiques, de
l'aide internationale et du commerce
informel qui transite par les tunnels
entre Gaza et l'Égypte, pour lequel des
milliers de travailleurs, dont certains
sont des enfants, risquent chaque jour
leur vie», a affirmé l'OCHA.
En outre, le
maintien de l'interdiction de
l'acheminement de produits et
marchandises de Gaza vers les marchés de
Cisjordanie et d'Israël a sapé le
caractère durable de la croissance
économique. Moins d'un camion de
marchandises par jour en moyenne est
parvenu à sortir de Gaza durant la
première moitié de 2013, à comparer aux
38 camions début 2007, avant
l'imposition du blocus.
Tout en soulignant
la légitimité des préoccupations
d'Israël en matière de sécurité, le
Coordonnateur humanitaire a rappelé que
l'imposition de restrictions à la libre
circulation des personnes et des biens
devait être conforme au droit
international. « Les réponses doivent
être proportionnées aux menaces et ne
pas revêtir un caractère punitif ».
« Les Palestiniens
de Gaza ont les capacités pour édifier
une économie sur des bases durables » a
affirmé M. Rawley, à condition de lever
complètement les restrictions qui les
empêchent de le faire.
La porte
de Rafah, fermée par abus de pouvoir
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